Stratégies à la sauce Madère

© Alexis Courcoux

L’anticyclone dicte sa loi. Situé entre Madère et Les Canaries, il va bientôt contraindre les solitaires de la Transat Bretagne – Martinique à un sérieux contournement par l’est. Journée studieuse donc pour les navigateurs qui se sont penchés à la table à cartes sur les fichiers météo, afin de préparer la route la plus rapide. Les compères qui avaient choisi de longer les côtes portugaises sont à la fête : Gildas Morvan (Cercle Vert), Fabien Delahaye (Macif 2012), Erwan Tabarly (Armor Lux – Comptoir de la Mer) et Yoann Richomme (DLBC – Module Création) semblent les mieux placés pour passer en premiers cette zone de molle. Pendant ce temps-là, la course reprend ses droits pour Eric Baray (Tektôn – AGM/Région Martinique) qui a quitté à 15h20 le port portugais de Lexoes…

Ca déboule à plus de 12 nœuds sous spi depuis la mi-journée… Les voilà donc délivrés du près dans la grosse brise ! Les solitaires naviguent toujours par un vent soutenu (20-25 nœuds) mais dans le bon sens pour avaler les milles comme sur une piste de Kilomètre Lancé. A l’est, on se pourlèche les babines. A l’ouest, on s’arrache les cheveux. Anthony Marchand (Bretagne – Crédit Mutuel Performance) avait l’air bougon ce matin à la vacation : « Notre option (ouest, ndlr) logiquement n’est pas payante, notre surplus de route ne paie pas. Aujourd’hui, ça va être pas mal. On va pouvoir combler un peu de retard car on a de l’avance sur le classement mais en réalité on a du retard. L’idée est de le combler en arrivant vers Madère pour essayer de ne pas être trop loin ». Gildas Morvan, au contraire, semblait tout sourire : « Le bilan est plutôt bien et positif tant pour le bateau que pour le bonhomme. Quand ta route est proche du routage, c’est que c’est pas mal… ». Aujourd’hui, chacun tente de placer son pion le mieux possible sur le grand échiquier de l’Atlantique en vue d’un anticyclone fauteur de trouble. Il va falloir passer à l’est, longer les côtes africaines, prendre la route touristiques pour garder du vent. « On va faire du tourisme je pense ! Je ne connais pas ce coin mais ça a l’air sympa » plaisantait Fabien Delahaye ce matin. Troublions de la logique de recentrage, Damien Guillou (La Solidarité Mutualiste) et Arnaud Godart-Philippe (Régates Sénonaises) continuent de pointer vers l’ouest. Bon coup ou erreur fatale ?

Madère, que les Figaros Bénéteau 2 sont en train de doubler demeure donc un point de passage décisif. Restera l’anticyclone à négocier jusqu’en dessous des îles Canaries. Rien n’est encore joué.

Les cinq premiers au classement à 16 heures

  1. La Solidarité Mutualiste (Damien Guillou) à 2 747,25 milles de l’arrivée
  2. Régates Sénonaises (Arnaud Godart-Philippe) à 18,26 milles
  3. Bretagne – Crédit Mutuel Espoir (Corentin Horeau) à 65,45 milles
  4. Bretagne – Crédit Mutuel Performance (Anthony Marchand) à 65,87 milles
  5. Sponsor Me (Kristin Songe-Moller) à 134,22 milles…

Ils ont dit :

Gildas Morvan (Cercle Vert)

Je vois à peu près comment vont se passer les prochaines heures. J’ai l’impression que depuis le départ de Brest, nous n’avons pas eu de temps mort. Nous avons eu un peu de glisse au niveau du Cap Finisterre mais sinon tout le reste était du sport. J’ai plusieurs fois changé de vêtements : niveau fringues tout est trempé. Dans un premier temps, je trouvais ça fort dans l’ouest et je voulais préserver le bateau. On ne peut pas tirer de conclusion pour le moment. J’ai réussi à dormir. Le bilan est plutôt bien et positif tant pour le bateau que pour le bonhomme. La route est encore longue.

Corentin Horeau (Bretagne – Crédit Mutuel Espoir)

Il y a encore 35 nœuds de vent. On n’a pas eu beaucoup de répit et il serait temps d’en avoir un petit peu. Il fait froid la nuit, on est pourtant bien dans le sud mais il fait encore froid j’ai hâte (d’avoir chaud) ! Il faut que j’affine ma trajectoire, je viens justement de récupérer mes fichiers. Il va falloir passer dans Les Canaries mais il faut que je ré-affine.
Je pense qu’on va passer proche de la côte africaine. Ca va être long çà encore. On va parcourir énormément de chemin. L’anticyclone nous barre un peu la route, donc on va se débrouiller pour faire avec. Je commence à en avoir un peu marre du rythme et des éléments. Cette nuit c’était horrible avec les grains, j’ai cru que j’allais tout casser encore.

Kristin Songe Moller (Sponsor Me)

Ca va bien ce matin. Je peux vous dire qu’il fait froid, vraiment très froid. J’ai un souci avec ma grand-voile, j’ai du l’affaler plusieurs fois et du coup j’ai des réparations à faire. Je rencontre des problèmes récurrents avec ma grand-voile.

Damien Guillou (La Solidarité Mutualiste)

On se dirige vers pas trop de vent. Du coup, on va faire une route qui nous fera passer au ras de la côte pour chercher le peu d’air qu’il y aura. On va descendre vers le Cap Vert pour aller chercher les alizés. Ca ne sera pas simple car il n’y a pas beaucoup de vent là ou on va. Il y aura du jeu et il se passera beaucoup de choses.

Simon Troël (Les Recycleurs Bretons)

On va aller au Maroc là ! L’anticyclone est assez est donc il faut qu’on le passe en dessous. Je n’ai pas réussi à prendre de fichier ce matin mais le routage est assez rigolo parce qu’il me fait passer à un mille du port de Tarfaya. On est un peu obligé, on raccourcirait bien la route mais pas possible. Je pense que niveau bouffe et autre ça va aller mais, c’est au niveau fioul qu’il va falloir commencer à faire gaffe.

Source

Rivacom

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