Encore une nuit agitée…

© Alexis Courcoux

Etalée sur 230 milles en latéral, la flotte, située à la latitude du cap Saint-Vincent, pointe désormais plein sud et fait route vers Madère et Les Canaries. Elle compte, depuis ce matin, un bateau en moins. Celui de Fred Duthil (Sepalumic) contraint d’abandonner suite au déchirement de sa grand-voile sur toute la largeur. Il reste donc douze solitaires étourdis par la tempête. Douze bateaux encore vaillants pour parcourir les 2 800 milles qu’il leur reste.

Le troisième abandon dans la Transat Bretagne-Martinique, qui plus est celui d’un favori de la course, démontre à quel point la première partie du parcours fut diablement difficile. Aujourd’hui, les conditions se sont améliorées, même si le vent demeure soutenu.
Décidément, le maillot de bain, ce ne sera pas pour demain… Car cette nuit, il est prévu que le vent se renforce par l’ouest. Au programme : 30 nœuds pour les occidentaux, contre 25 nœuds pour les sudistes, avec en prime, l’arrivée d’une ligne de grains qui risque d’engendrer des rafales à 35-40 nœuds pouvant atteindre 45 nœuds. Les Figaristes vont finir par se sentir à l’aise dans ces conditions, au regard des 57 nœuds qu’ont rencontrés Damien Guillou (La Solidarité Mutualiste) et Corentin Horeau (Bretagne – Crédit Mutuel Espoir) la nuit dernière.

Mais globalement le moral est bon. Les marins ont passé le plus dur. « Après cette dépression, il fallait sortir indemne et pas trop mal placé : mission accomplie, je peux voir l’avenir sereinement » indiquait Erwan Tabarly (Armor Lux – Comptoir de la Mer) à la vacation ce matin. N’empêche tous les skippers pansent leurs plaies et celles de leur monture. Les voiles ont pris cher : délaminage, traces d’usures, déchirement, et les drisses sont fatiguées. En plus de régater, il va falloir bricoler !
Les stratégies pour contourner l’anticyclone qui les attend entre Madère et Les Canaries ne sont pas encore définies. L’option ouest a-t-elle vraiment été bénéfique ? Les sudistes, les plus en forme, n’ont-ils finalement pas fait le meilleur choix ? Tous s’accordent à dire que la stratégie viendra dans 24 heures, à l’approche de Madère. D’ici là, tribord amures, les 12 Figaro Bénéteau filent à 9 nœuds, avides de dévaler l’Atlantique et rattraper le train des vents portants, les alizés.

Classement de 16 h

  1. Bretagne – Crédit Mutuel Espoir (Corentin Horeau) à 2 803,68 milles de l’arrivée
  2. La Solidarité Mutualiste (Damien Guillou) à 4,50 milles
  3. Bretagne – Crédit Mutuel Performance (Anthony Marchand) à 18,83 milles
  4. Régates Sénonaises (Arnaud Godart-Philippe) à 50,89 milles
  5. DLBC – Module Création (Yoann Richomme) à 97,29 milles…

Ils sont dit :

Fred Duthil (Sepalumic)

La première nuit de course, on a eu des vents supers forts avec des claques à 45/50 nœuds, à ce moment-là, j’ai pris un ris dans la grand-voile, je pense que la bosse de ris du deuxième ris a abîmé un peu la voile. Le temps de prendre le ris, ça a créé un délaminage. Quand nous sommes arrivés le long du Cap Finisterre, j’ai réussi à affaler la grand-voile et à faire un patch de réparation avec l’insigna et du sikaflex, j’étais serein sur le fait que ça résiste. Dans la baston, on a dû prendre deux ris et puis on a eu du vent très très fort et le fait de prendre le ris, ça a tiré sur le début d’amorce du délaminage existant. Dans le vent fort, j’ai vu qu’en renvoyant un ris hier soir, j’avais un grand début de délaminage sur tout le long du renfort. En renvoyant le dernier ris en fin de nuit, la voile a cassé et s’est ouverte sur toute la largeur du point d’écoute jusqu’à l’amure au niveau du deuxième ris.

Adrien Hardy (Agir Recouvrement)

Le début de nuit a été un peu mouvementé avec une bascule et quelques grains importants. À partir de 3h00 du matin, j’ai eu un peu de mal à retrouver du vent d’ouest pour atteindre l’objectif qui est Les Canaries. L’état de la mer s’est amélioré et je suis plutôt content de ce qu’il s’est passé là. Je sais que la route optimale n’est pas celle que j’ai prise, c’est certain que quelques bateaux vont me passer devant mais je ne sentais pas cette histoire.

Fabien Delahaye (Skipper Macif 2012)

J’ai remis de la toile, j’ai un génois devant, la grand-voile est haute et je suis revenu à une allure correcte. Mon choix d’aller le long des côtes portugaises, ce n’était pas vraiment de mettre la course entre parenthèses un moment, un peu quand même, mais je ne voulais pas prendre le risque d’aller dans le maxi fort. Pour les autres, je pense que ça a du être très violent, j’ai eu 10 nœuds de plus que prévu (35/40 au lieu de 30) et si ça a été le même ratio pour eux là-haut ça n’a pas du être beau. Malgré tout cela m’a permis de ne rien casser même si les sauts de vague ont été très effrayants (…). Finalement en faisant le tour du bateau tout a l’air impeccable. Les voiles sont en très bon état. J’ai envoyé mon ris ce matin, il n’y avait pas d’usure dessus …

Erwan Tabarly (Armor lux – Comptoir de la Mer)

Ca va plutôt pas mal. Le moral est bon, le classement n’est pas mauvais donc tout va bien. Pas trop de gros bobo sur le bateau, c’est le principal. Apres cette dépression il fallait sortir indemne et pas trop mal placé : mission accomplie, je peux voir l’avenir sereinement. J’ai deux trois patchs à mettre dans la grand-voile, mais rien de dramatique, ca va être pour la préserver et pour refaire un peu de propre sur les endroits qui ont un peu ragué. Maintenant on s’oriente vers la suite, qui est le contournement de l’anticyclone, on devrait avoir encore un peu de vent de travers comme on a toute la journée, plus soutenu que sur les fichiers.

Source

Rivacom

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