Descente virile vers les Açores

© Christophe Launay / www.sealaunay.com

Avec près de 500 milles dans le sillage de Sodebo en 24 heures, Thomas Coville a renoué sans transition avec la vitesse et l’adrénaline de la navigation en solitaire à bord de son maxi-trimaran. Parti de Cadix, au sud de l’Espagne, hier à la mi-journée, le skipper pourrait apercevoir les premières iles de l’archipel des Canaries, ce dimanche peu avant le coucher du soleil, soit une trentaine d’heures seulement après son départ.

‘’S’il distinguera surement la silhouette de la terre en fin de journée, Thomas entrera dans le canal entre Gran Canaria et Fuerteventura, ce soir vers 22 heures (HF),’’ précise le navigateur et routeur, Jean-Luc Nélias. ‘’La nuit s’annonce ensuite délicate car il va falloir minimiser les effets du dévent de ces îles volcaniques pour s’extraire au plus vite.’’

Le parcours officiel du record de la Route de Découverte oblige les concurrents à contourner par l’Est Gran Canaria qui culmine tout de même à 2 000 mètres, de quoi perturber sérieusement le vent sur la zone. Avec ce vent de Nord, Sodebo devrait néanmoins descendre à bonne vitesse jusqu’au cœur de l’archipel mais c’est au moment d’engager le virage vers l’Ouest, sous le vent de l’île, que les choses pourraient se corser. ‘’Ce passage, peu prévisible, est une figure imposée du record. Nous avons donné à Thomas la consigne de se reposer au maximum car il va être bien occupé cette nuit !’’

1 nuit ventée, 1 heure de sommeil volée et 1 empannage réussi

Paradoxalement, le repos reste l’une des clefs de la performance de la navigation solitaire. Joint brièvement en début d’après-midi, le skipper confiait avoir réussi à prendre une heure de sommeil, plus tôt dans la matinée. Un bon point quand on sait à quel point il est difficile de s’endormir en solitaire dans ces conditions puis de s’assoupir plus d’une vingtaine de minutes.

Depuis son départ, Sodebo a suivi une route plus Ouest que celle de son adversaire virtuel, Francis Joyon. Un choix guidé par plusieurs facteurs et notamment la sécurité. ‘’Naviguer plus près des côtes marocaines, c’était descendre plein vent arrière dans 40 nœuds de vent avec beaucoup d’empannages de nuit au milieu des pêcheurs,’’ poursuit Jean-Luc. ‘’Nous avons composé avec ce qui se présentait. Sur cette route plus au large, Thomas a quand même navigué dans 25/30 nœuds forcissants, avec une mer peu commode, mais nous avons réussi à limiter les manœuvres à un seul empannage, effectué à 10h30 ce matin.’’ En effet, Thomas était satisfait de cette manœuvre très bien réalisée malgré une mer cabossée et un vent particulièrement variable en force comme en direction.

Sodebo au mieux de sa forme

Sous petit gennaker de brise et deux ris dans la grand voile depuis le départ, à l’exception d’un petit passage sous trois ris au plus fort du vent cette nuit, Sodebo a avalé 493 milles en 24 heures, pour une vitesse moyenne de 20,5 nœuds. Et s’il accuse un retard de 81 milles sur le détenteur du record, le challenger est dans les temps de son routage initial pour cette première portion de parcours entre l’Espagne et les Canaries. ‘’Les pilotes automatiques suivent très bien le vent même quand le bateau est ballotté comme ça,’’ explique Thomas, enthousiaste. ‘’La barre réagit aussi à la perfection, notamment avec notre nouveau système qui me permet de régler l’angle que je souhaite lui donner. A moi d’être au millimètre sur tous les réglages et lorsqu’il est sur ses rails, Sodebo file à 25/30 nœuds sans sourciller, un bonheur !’’

Une traversée compliquée

‘’Dès demain, Thomas retrouvera une navigation plus confortable dans un vent qui faiblira à 18/20 noeuds,’’ complète enfin Jean-Luc qui se relaie 24h/24 avec Thierry Douillard. Depuis la terre, les deux garçons surveillent la marche du bateau sur leurs écrans et ajustent la trajectoire qu’ils proposent au skipper. ‘’Après les Canaries, les choses s’annoncent passionnantes pour les routeurs que nous sommes et on peut s’attendre à pas mal de suspens. Nous ne serons pas du tout dans un régime d’alizés classique mais plutôt sur un jeu de finesse entre fronts et dépressions. Cette route Nord va nous faire cogiter à terre et, en mer, Thomas devrait pas mal transpirer pour s’adapter dans l’instant à ces conditions variables qui vont le faire naviguer à toutes les allures possibles. Ce sera moins de bronzage et plus d’efforts ! Tout le bénéfice de l’entraînement que nous cherchons en vue du prochain tour du monde.’’

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