L’histoire continue

© Tanguy de Lamotte / Initiatives Coeur

Ce n’est pas fini ! D’accord, François Gabart, Armel Le Cléac’h et Alex Thomson ont commencé à écrire l’épilogue de ce 7e Vendée Globe. Mais il reste encore neuf protagonistes pour terminer l’histoire. Aujourd’hui, l’intrigue principale tourne autour de Jean-Pierre Dick, de son arrêt au nord de l’Espagne, de sa capacité à reprendre la mer et à conserver sa quatrième place.

Après 24 heures de navigation sur le fil du rasoir pour enrouler le cap Finisterre (30 nœuds de vent, mer très agitée, cargo et pêcheurs omniprésents, zéro sommeil), Jean-Pierre Dick a trouvé son abri le long des côtes galiciennes, à San Ciprián (San Cibrao), un port minier où viennent charger quelques cargos. Depuis 5h30 ce matin, Virbac-Paprec 3 est amarré sur une des tonnes de port, protégé des vents dominants et de la mer.
Joint au Live de la mi-journée, Jean-Pierre a confié qu’il n’avait pas encore eu le temps de se reposer, qu’il fallait qu’il plonge pour vérifier le mouillage de la tonne et qu’il sécurise son bateau pour le passage du coup de vent dans la nuit de jeudi à vendredi. Il a aussi indiqué qu’il avait utilisé son moteur (et donc déplombé l’arbre d’hélice) pour finaliser l’approche de la bouée. Il doit donc rédiger un rapport au jury pour expliquer les faits. Un second rapport devra être émis pour préciser son heure de départ.

Re-départ dimanche ?

Quand le marin niçois sera t-il en mesure de reprendre sa route vers les Sables d’Olonne ? C’est toute la question. A priori, une fenêtre météo s’ouvre dans un peu plus de 48 heures. « Je me suis fixé une limite à 25 nœuds de vent fichier » expliquait-il. Ce week-end, dans le golfe de Gascogne, les conditions météo devraient s’améliorer. Virbac-Paprec 3 est actuellement à 290 milles des Sables d’Olonne. S’il reprenait le fil de la course dimanche matin, il pourrait arriver en Vendée lundi soir… et commettre le double exploit de terminer sa course après avoir parcouru plus de 2200 milles sans quille tout en conservant sa quatrième place.

Ça va bouchonner sur la ligne

Dans le sud-ouest de Madère, SynerCiel et Gamesa profitent encore de bonnes conditions pour faire de la vitesse sur la bordure d’une dépression. Mais ils ne vont plus tarder à entamer « le grand tour de la paroisse », celui de l’anticyclone des Açores, qui va les obliger à monter jusque vers les côtes anglaises pour redescendre ensuite vers la ligne d’arrivée.
Si l’anticyclone des Açores reste stationnaire, la bande des quatre poursuivants, Mirabaud, AKENA Vérandas, ACCIONA 100% EcoPowered et plus loin Votre Nom Autour du Monde avec EDM Projets, sera aussi contrainte à ce grand détour par le nord.
Quoi qu’il en soit, ce groupe de six bateaux, auquel il faut ajouter Cheminées Poujoulat, hors course, va animer les Sables d’Olonne toute la semaine prochaine avec une série d’arrivée qui s’échelonneront du 6 et le 10 février.
Pour Tanguy De Lamotte (Initiatives-cœur), actuellement dans le pot au noir et Alessandro Di Benedetto (Team Plastique), au grand large de Salvador de Bahia, la fin du voyage est programmée à partir de mi-février.

Le podium du 7e Vendée Globe

  1. François Gabart (Macif) arrivé le 27 janvier à 15h18’40’’ (HF)
  2. Armel Le Cléac’h (Banque Populaire) arrivé le 27 janvier à 18h35’52’’ (HF)
  3. Alex Thomson (Hugo Boss) arrivé le 30 janvier à 08h25’43’

Encore en mer au 30/01 – 16h00

4 – Jean Pierre Dick
[Virbac-Paprec 3]
à 291,8 milles de l’arrivée

5 – Jean Le Cam
[SynerCiel]
à 1122,3 milles de Virbac-Paprec 3

6 – Mike Golding
[Gamesa]
à 1195,1 milles

7 – Dominique Wavre
[ Mirabaud ]
à 1647,3 milles

8 – Arnaud Boissières
[AKENA Vérandas]
à 1820,2 milles

Ils ont dit

Jean-Pierre Dick (FRA, Virbac Paprec 3)

(A propos de son mouillage) Ça s’est bien passé ce matin et je me suis amarré sans trop de difficulté. Je viens de tourner mon bateau pour qu’il soit amarré par l’avant. J’ai mis le moteur quelques instants pour m’amarrer sans souci à la bouée. Maintenant, il faut que j’affale ma grand-voile et il y a pas mal d’autres choses à préparer avant le coup de vent qui va arriver. Je vais aussi aller nager pour vérifier qu’il n’y a pas de souci. Le temps est calme aujourd’hui et le vent devrait monter demain. (Sur sa forme) Malheureusement, je ne me suis pas encore reposé. Je vais finir d’amarrer le bateau. Je vais aller plonger pour peut-être rajouter une amarre sur la chaîne pour être sûr que ça tienne. Mais cette nuit a été agitée car il y a énormément de pêcheurs le long des côtes espagnoles donc on est très attentif. Je me réveillais toutes les 30 minutes. Le fait de naviguer sans quille, on a tout le temps peur de chavirer donc c’est fatigant. Le passage du cap Finisterre a été très impressionnant avec des creux de 5 mètres parfois. (A propos de son arrivée aux Sables) Ce n’est pas facile parce que je pensais que j’allais arriver lundi ou mardi de cette semaine. Mais tous les événements m’ont fait reculer cette date et je vais devoir attendre une semaine de plus. Sur trois mois, ce n’est pas très grave mais j’ai hâte de retrouver mes proches, mon fils. J’ai pris la décision de ne pas remonter vers les Sables hier soir. Il y avait plus de 25-27 nœuds donc ce n’était pas possible. Aujourd’hui mon départ d’ici devrait être pour dimanche matin. Le début sera sans doute un peu difficile avec encore une mer un peu formée. Il reste encore un peu moins de 300 milles mais si tout va bien j’arriverai lundi après-midi ou en début de soirée.

Mike Golding (GBR, Gamesa)

Depuis que j’ai réussi à passer un bout autour de l’ouverture qui s’était formée, mon problème de quille s’est arrangé. On avance actuellement à 17 ou 18 nœuds et même si tout n’est pas parfait, il n’y a pas de fuite, c’est déjà ça. Le carénage de l’ogive est normalement là pour canaliser le flux et augmenter l’aérodynamisme de la quille. Sans cette pièce, je ne peux pas aller aussi vite. Et comme en plus j’ai environ un quart de tonne d’eau dans le boîtier de quille, ça fait une bonne quantité d’eau qui ne devrait pas être là et que je dois traîner. Pour l’instant, ce n’est pas non plus une trop grosse quantité. Ce qui compte le plus, actuellement, c’est d’avoir une bonne trajectoire et une toute petite différence de vitesse dans cette partie du parcours ne va pas non plus changer la face de la course.

Tanguy de Lamotte (FRA, Initiatives-cœur)

C’est la première fois que je passe l’équateur dans le sens sud-nord. Désormais, le vent est tombé et j’espère retrouver des vents au dessus de 10 nœuds parce qu’en dessous, mon bateau va vraiment lentement. Mais je me rapproche et maintenant, je compte les milles jusqu’aux Sables. J’ai pas mal manœuvré ces dernières heures mais c’était agréable. Je me suis concentré pour rester sur un cap le plus nord possible, mais la trace est vraiment tordue malgré tout. Ça fait bizarre de regarder ça sur l’ordinateur. J’ai pensé à tracer un cœur, ça aurait pu être une belle trajectoire mais je ne voulais pas faire demi-tour (rires). (A propos des conditions) A ma gauche, j’ai un nuage assez incroyable. On dirait un building de 300 étages qui a aspiré tout le vent. Sinon le ciel est gris et chargé. J’ai 8 nœuds de vent avec une petite houle qui laisse le bateau passer rapidement. (Sur sa participation au prochain Vendée) 2016, c’est loin et on verra plus tard. La course prend beaucoup d’énergie et je suis concentré sur ça. C’est sûr que je serai sur les pontons la prochaine fois, que ce soit en tant que concurrent ou spectateur.

Dominique Wavre (SUI, Mirabaud)

La bataille continue. Nous on est toujours en pleine course. Je viens de me glisser entre deux bulles de haute pression. J’espère vous rejoindre dans huit jours avec du beau temps et du vent de nord. (Sur son arrivée) Je n’ai pas d’appréhension. Ce n’est que du bonheur et il y a beaucoup d’euphorie. A l’arrivée, on peut se laisser porter par le bonheur des gens alors qu’au départ, il faut rester concentré. (A propos d’Alex Thomson) Alex a fait une course extraordinaire et vraiment superbe. Il mérite sa troisième place. C’est un garçon charmant et très naturel. J’espère aussi que Jean-Pierre (Dick) va trouver une accalmie pour arriver aux Sables et recevoir l’accueil qu’il mérite.

Alessandro Di Benedetto (FRA-ITA, Team Plastique)

Le vent n’arrête pas de changer de direction, il m’arrive maintenant du côté tribord. J’ai réparé mon petit gennaker donc dès que les conditions me le permettront, je pourrai tester la qualité de ces réparations. J’espère être de retour aux Sables d’Olonne avant la fin du mois de février, mais ça va dépendre en grande partie de la façon dont se passe la traversée du pot au noir. Je vais essayer de maintenir une bonne vitesse moyenne. Idéalement, j’aimerais franchir la ligne d’arrivée mais je ne suis pas sûr de pouvoir mettre moins de trois semaines. Quatre semaines, peut-être…

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