Alex le bienheureux

© Christophe Launay / www.sealaunay.com

Avec l’arrivée d’Hugo Boss mercredi matin, le podium de ce 7e Vendée Globe est au grand complet. Un petit blond éblouissant, un grand brun étincelant et un Anglais radieux. Tous les trois ont largement explosé le temps de référence du dernier vainqueur Michel Desjoyeaux. Ils sont surtout sortis grandis de cette compétition qui est aussi un voyage intérieur. Moyenne d’âge de ce triumvirat : 34 ans. Alex Thomson, le plus âgé (38 ans), est celui qui avait le plus de vécu autour du monde. Mais ses périples n’avaient pas toujours été couronnés de succès. C’est aujourd’hui chose faite.

Il aura fallu plus de dix ans et trois tentatives pour qu’Alex Thomson, qui s’était fait remarquer à 25 ans avec sa victoire dans la Clipper Race (tour du monde à l’envers en équipage), aille au bout de sa quête de marin : terminer le Vendée Globe. Il le fait aujourd’hui, avec en prime une troisième place très solidement gagnée. Pour la première fois de sa vie, il peut enfin raconter l’euphorie d’une arrivée dans le chenal. C’est donc un navigateur rayonnant qui a fait son apparition sur la ligne, ce matin, dans les lueurs rougeoyantes du soleil levant. Une fois son cheeseburger-frites, son plateau de fromage et son verre de bière avalés, Alex se livrait lors de la traditionnelle conférence de presse. On y apprenait, entre autres, qu’il naviguait depuis 48 heures sans grand-voile, pour ne pas risquer une sortie de route dans la baston (il a, dans cette configuration, tenu une moyenne incroyable de 17 nœuds). Il nous y révélait, aussi, tout le stress enduré en début de course et dans le Grand Sud. Enfin, l’immense satisfaction d’être allé au bout. « It’s a big day for our team », « c’est un grand jour pour notre équipe », s’est-il exclamé avec émotion.

Pendant ce temps-là… en mer

Il est urgent de prendre son temps. Jean-Pierre Dick, qui devait annoncer ce matin sa décision de poursuivre ou non sa course directe vers les Sables d’Olonne, se réserve encore quelques heures à la table à cartes. Tôt ce matin, au ras des côtes espagnoles, le skipper de Virbac Paprec 3 a empanné pour se recaler cap au nord. Il vient de doubler à 12 nœuds le cap Finisterre proche de 5 milles. Le verdict devrait tomber ce soir.
Le duel Jean Le Cam (Synerciel)/Mike Golding (Gamesa) devient de plus en plus tendu. L’Anglais, malgré son incident technique de carénage de l’ogive de quille, continue de recoller au tableau arrière du skipper breton. Dans des conditions de vent léger (entre 8 et 10 nœuds), ils ne sont plus qu’à quelques milles de la latitude des îles Canaries. Leur arrivée aux Sables d’Olonne pourrait avoir lieu entre mardi et mercredi.
Les écarts entre les wagons « du petit train du Cap Vert » ne changent pas. Dominique Wavre (Mirabaud) et Arnaud Boissières (AKENA Vérandas) progressent à la même vitesse, séparés de 140 milles. Dans leur sillage, l’Espagnol Javier Sanso (100% Acciona EcoPowered) conserve son avance de 300 milles sur Bertrand de Broc (Votre Nom Autour du Monde avec EDM Projets), un peu moins rapide d’1 nœud.
Bientôt l’équateur pour le skipper d’Initiatives-cœur ! Dans moins de 100 milles, Tanguy de Lamotte naviguera dans l’Atlantique Nord : « Je suis passé cette nuit au large de l’île Fernando de Noronha, l’équateur est maintenant tout proche, la route jusqu’au Sables d’Olonne continue, pendant deux semaines environ… ».
Alessandro di Benedetto (Team Plastique) se débat toujours au près dans un anticyclone décidément très tenace.

Rappel des temps d’Alex Thomson/ HUGO BOSS :

  • Arrivé : le 30 janvier à 8h25’43’’
  • Temps de course : 80j 19h 23mn 43s.
  • Sa vitesse moyenne sur le parcours théorique (24394 milles) : 12,6 nœuds.
  • Distance réellement parcourue : 28 022 milles à 14

Il a dit :

Alex Thomson, Hugo Boss, morceaux choisis :

Ça fait dix ans que je prépare cette course. Et pas seulement moi, mais aussi toute mon équipe, dont je suis très fier. C’est un très beau jour pour nous tous. J’ai eu des problèmes d’hydrogénérateur, mais j’ai tout de même réussi à tirer le meilleur du bateau et c’est une vraie satisfaction d’avoir terminé.

Faire le Vendée Globe et faire partie d’une équipe qui y joue un grand rôle, c’est incroyable. Il y a des choses formidables dans ce genre d’aventure, mais aussi des choses négatives, on laisse sa vie personnelle de côté. Je ne peux pas m’imaginer faire autre chose dans la vie. Refaire le Vendée Globe en 2016, je ne sais pas encore, mais ce que je sais, c’est que je referai le Vendée Globe un jour.

Il y a certains moments inoubliables dans le Vendée Globe, les poissons-volants, les étoiles, les dauphins, le soleil qui se lève ou qui se couche … Mais c’est une compétition. Alors je dirais qu’en fait, les bons moments sont ceux où on gagne des milles sur les autres et les mauvais, ceux où on perd du terrain. C’est parfois violent, mais c’est pour ça qu’on participe à ce genre de course, c’est pour la compétition.

Je savais que je finirais ce tour du monde, je ne me voyais pas m’arrêter en route. Quand j’ai rencontré mon premier problème d’hydrogénérateur, j’ai fait ce qu’il fallait pour réparer. Ensuite le problème a recommencé, je me suis reconcentré pour trouver une solution mais il a fallu attendre pour réparer, à cause des conditions météo. Mais je n’ai pas perdu espoir, je n’ai jamais pensé que ma course s’arrêterait là.

Mon meilleur souvenir sur cette course, c’est mon arrivée aux Sables et l’accueil que je viens de recevoir ici. Je n’ai pas arrêté de parler du départ, qui est un moment incroyable, mais je n’avais jamais vécu l’arrivée. Et là, sincèrement, je vais pouvoir en parler car c’est quelque chose d’inimaginable.

Nous avons beaucoup de chance en Angleterre d’avoir l’Artemis Academy, j’espère que ça permettra à davantage d’Anglais de prendre le départ du prochain Vendée Globe en aidant des jeunes talents de la voile à éclore et à se développer. La popularité de cette course, tout ce qui se passe ici, ce n’est pas la même chose en Angleterre, même si cette année j’ai eu la chance de pouvoir partager mon aventure avec des medias anglais. Il faut essayer de faire parler de cette course encore plus à l’international, pour que des skippers du monde entier puissent profiter de l’accueil chaleureux des Sables d’Olonne et de ses habitants.

La préparation est capitale dans le Vendée Globe. Dans la dernière édition, il y avait 30 partants et 11 skippers à la fin, et nous nous sommes dit que ça ne pouvait pas recommencer, ce n’était pas acceptable. 12 bateaux sur 20 sont encore en course et trois des accidents n’étaient pas dus à un problème technique. Donc en fait, seulement 25% des bateaux ont dû abandonner pour des raisons techniques. Et ça, on le doit au sérieux de la préparation des bateaux par les teams et du travail de l’IMOCA.

Pour moi, le plus dur sur cette course, c’est sa dimension physique. Le manque de sommeil est très dur à gérer. Tous les skippers se sortent les tripes. Et ensuite, vous pensez que vous êtes sur l’autoroute des mers du sud sauf que quand vous y êtes, vous vous rendez compte à quel point vous êtes seul et à quel point c’est dangereux .

Le podium du 7e Vendée Globe

  1. François Gabart (Macif) arrivé le 27 janvier à 15h18’40’’ (HF)
  2. Armel Le Cléac’h (Banque Populaire) arrivé le 27 janvier à 18h35’52’’ (HF)
  3. Alex Thomson (Hugo Boss) arrivé le 30 janvier à 08h25’43’’

Encore en mer au 30/01 – 16h00

4 – Jean-Pierre Dick
[ Virbac Paprec 3 ]
à 371.1 milles de l’arrivée

5-Jean Le Cam
[ SynerCiel ]
à 1 401.1 milles de Virbac Paprec 3

6 – Mike Golding
[ Gamesa ]
à 1 447.5 milles de Virbac Paprec 3

7 – Dominique Wavre
[ Mirabaud ]
à 1 851.9 milles de Virbac Paprec 3

8 – Arnaud Boissières
[ AKENA Vérandas ]
à 1 985.6 milles de Virbac Paprec 3

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