Thomson : prochain sur la liste

© Christophe Launay / www.sealaunay.com

Dimanche soir, François Gabart et Armel Le Cléac’h ont fêté dignement leur retour parmi les terriens. Aujourd’hui, rançon de la gloire, ils entament un autre marathon : médiatique. Pendant ce temps, la bagarre continue en mer. Le Britannique Alex Thomson progresse prudemment vers les côtes françaises, dans des conditions scabreuses. Il est attendu aux Sables d’Olonne dans la journée de mercredi.

Les tours du monde exemplaires de Gabart et Le Cléac’h, menés en à peine plus de 78 jours, ont été unanimement salués par leurs pairs. Certains concurrents malheureux du Vendée Globe étaient même présents hier aux Sables d’Olonne pour les acclamer: Kito de Pavant, Marc Guillemot, Louis Burton ou encore Jérémie Beyou. Les marins encore en mer ont pris le temps de rédiger ou de filmer des messages de félicitation. Le plus drôle figure dans la vidéo réalisée par Jean Le Cam : « Chapeau bas François. Ce que tu as fait, j’en suis baba ! Mais là où je ne te félicite pas, c’est de nous avoir ridiculisés. Là, aujourd’hui, tu nous mets 10 jours ! Je vais faire quoi moi maintenant ?» s’interrogeait le skipper de SynerCiel.
Les arrivées de MACIF et de Banque Populaire marquent, selon les mots de Tanguy De Lamotte, « le début de la fin de la course ».

Thomson la joue « safe »

Mais pour dix des douze concurrents, le Vendée Globe continue. Alex Thomson sera le prochain sur la ligne d’arrivée. En 3e position, 300 milles dans l’ouest du cap Finisterre et à 664,8 milles du finish, Hugo Boss est dans la tourmente. Le monocoque argenté file à l’avant d’un front, dans 30 à 40 nœuds de sud-ouest et des creux de 5 à 6 mètres. Le marin britannique navigue prudemment, à 15 nœuds de moyenne. « Tout ce que je veux, c’est terminer la course » confiait Alex aujourd’hui. Il est attendu en Vendée dans la journée de mercredi.

Pendant ce temps, Virbac-Paprec 3, à la latitude de Lisbonne, poursuit sa route sans quille vers les côtes portugaises. Jean-Pierre Dick prendra une décision d’ici 2 jours environ mais pour l’heure, il faut temporiser, car les conditions dans le golfe de Gascogne ne sont pas très ragoutantes.

Des alizés pas très zen

Plus au sud, du large du Cap Vert à la sortie du Pot au Noir, c’est régime d’alizés pour tout le monde. Autrement dit, du près ou du reaching dans une bonne vingtaine de nœuds, chaque vague constituant un obstacle à franchir. En dehors de la douceur des températures, appréciables, la progression est plutôt inconfortable. Elle sera bientôt lente et tortueuse. Car l’anticyclone des Açores étend ses tentacules pratiquement sur toute la largeur de l’Atlantique et jusque dans le golfe de Gascogne. Pour l’instant, il semble que les marins n’auront d’autre choix que de traverser une large zone de vent faible. « Il va falloir trouver un trou de souris pour se faufiler » déclarait Dominique Wavre ce matin. Encore faudrait-il qu’il y en ait un !
En ce 79e jour de course, trois marins évoluent toujours en Atlantique Sud. Toutefois, Bertrand de Broc (VNAM avec EDM Projets) n’est plus très loin de l’équateur qu’il devrait traverser d’ici ce soir.

Classement au 28/01 – 16h00

  1. FRANCOIS GABART
    [ Macif ]
    arrivé le 27 janvier à 15h18’40’’ (HF)
  2. ARMEL LE CLEAC’H
    [ Banque Populaire ]
    arrivé le 27 janvier à 18h35’52’’ (HF)
  3. ALEX THOMSON
    [ Hugo Boss ]
    à 664,8 milles de l’arrivée
  4. JEAN PIERRE DICK
    [ Virbac Paprec 3 ]
    à 195,9 milles d’Hugo Boss
  5. JEAN LE CAM
    [ SynerCiel ]
    à 1592,2 milles d’Hugo Boss

Ils ont dit

Alex Thomson (GBR, HUGO BOSS)

François et Armel ont frappé un grand coup et je souhaite féliciter François, il a fait un super boulot, son mentor Michel Desjoyeaux peut être fier. Armel, lui, doit être triste d’être second mais il a lui aussi réalisé une course incroyable, toujours proche de MACIF et même en tête de la course régulièrement. Bien joué! Quand François et Armel ont franchi la ligne, je me suis senti fier de faire partie de cet évènement. Ca a dû être un moment incroyable pour eux, avec une foule énorme pour les accueillir un dimanche après-midi.
Je vais profiter de ce moment agréable puisque je sors d’une zone où les vents soufflaient à 35 nœuds avec des rafales à 45! Sérieusement, maintenant, j’ai hâte que la course se termine. Mais j’y vais doucement, je privilégie la sécurité.
Au début de la course, on commençait à parler d’une course en 77 jours et très honnêtement, je trouvais ça ridicule. J’avais vraiment tort ! Je vois mal comment je pourrais finir en plus de 84 jours maintenant, c’est à dire le record pour les bateaux plus anciens. Ça voudrait vraiment dire que j’ai eu de sacrés problèmes! Hier, j’ai eu un petit moment de panique quand j’ai vu les conditions que je vais devoir affronter avant la ligne d’arrivée. Il va y avoir énormément de vent, ça va être stressant. Et puis il va y avoir du trafic, aussi, mais ça, on n’y peut rien.

Arnaud Boissières (FRA, AKENA Vérandas)

Ça va super bien, le soleil vient de se lever et ça file tout droit vers le nord. On est un peu penché mais ce n’est pas désagréable. Je le vis bien, il fait encore chaud et je fais des jaloux aux Sables. Pour ne rien vous cacher, il fait 25 degrés avec 25 nœuds. On est au près appuyé avec une mer de face et des creux de deux mètres donc le bateau fait des fois du saute-mouton.
En ce moment, j’essaye de mettre du charbon pour rattraper un peu Dominique (Wavre) mais c’est une course de vitesse jusqu’au Açores. Après il y aura des coups à jouer mais je suis en pleine forme.
(A propos de François et Armel) Je les félicite tous les deux. Ils ont fait une super course du début à la fin. François a gagné mais Armel a tout le temps été présent et bravo aux deux pour cette combativité. Vous avez fait une course superbe.

Jean-Pierre Dick (FRA, Virbac Paprec 3)

Je félicite François et Armel, c’est incroyable ce qu’ils ont fait sur ce Vendée. Avec une moyenne de 13 nœuds (ndlr : sur le parcours théorique), c’est superbe. J’aurai bien aimé continuer un peu plus avec eux mais j’ai eu moins de réussite. Techniquement, ça a été un peu plus difficile pour moi.
(Son bilan des mers du sud) Les mers du sud ont été compliquées pour moi, j’ai du faire un travail d’équilibriste parce que je ne pouvais pas utiliser toutes mes voiles et j’ai eu du mal à suivre. J’ai été frustré à certains moments de ne pas pouvoir utiliser tout le potentiel du bateau. (A propos de la suite de sa course) Maintenant, il faut savoir si je vais couper la ligne aux Sables ou non. Il y a pas mal de dépressions qui viennent donc il faudra faire attention. Je ne vais pas prendre de risque et je vais prendre ma décision d’ici deux jours. Ma philosophie, c’est de prendre le minimum de risque. Si je ne finis pas, ça va être un peu dur parce que c’est tout un projet derrière. Mais la vie est importante aussi donc je ne vais pas faire de folie. Je vais aller jusqu’au cap Finisterre. Après on verra. Il ne faut pas que je me retrouve dans des conditions de plus de 30-40 nœuds, ni dans des grosses vagues. D’ici le 30 (mercredi), j’aurai une bonne vision de mon futur sur ce Vendée Globe.

Source

Vendée Globe

Liens

Informations diverses

Sous le vent

Au vent

Les vidéos associées : 2012-13

Les vidéos associées : IMOCA

Les vidéos associées : Vendée Globe