Poker menteur !

VENDEE GLOBE 2012/2013 - ATLANTIC SEA / SOUTH EQUATOR - 25/11/2012 - PHOTO FRANCOIS GABART / MACIF - LUNCH

© François Gabart / Macif

On y est… Le pot au noir, que l’on pensait encore hier peu actif, est en train de redistribuer les cartes. François Gabart en est la première victime, puisqu’en l’espace de vingt-quatre heures le skipper de MACIF a perdu plus de 150 milles sur son dauphin, Armel Le Cléac’h. Le positionnement respectif des deux leaders pourrait s’avérer décisif pour la remontée de l’Atlantique Nord.

Silence radio à bord de MACIF. François Gabart, solide leader depuis son entrée dans l’Atlantique Sud, a vu son avance fondre sur ses poursuivants. Les 260 milles d’hier à 11h TU, sont devenus aujourd’hui à 15h TU quelque 78 milles. Dès lors on se perd en conjectures… Le ralentissement du leader est-il dû à l’apparition sur sa route d’un ou deux cumulonimbus particulièrement virulents ou bien masque-t-il un souci technique ? Seul François Gabart connaît la réponse. Mais quand on joue la gagne à l’issue de près de trois mois de course, on peut bien concevoir que l’on n’ait pas envie de dévoiler ses cartes. Pour Armel Le Cléac’h, la donne est toute autre. Après le petit coup de mou encaissé trois jours plus tôt, le skipper de Banque Populaire est sur des charbons ardents. Autant dire que le « chacal » n’a pas renoncé à la première place.

Anticiper les placements

Au bout du compte, les positions respectives des deux premiers, à la sortie du pot au noir, risquent d’être déterminantes. Stratégiquement, chacun va tenter de se positionner le plus à l’est possible. Tenir cette position pour François Gabart, c’est pouvoir se placer entre son adversaire et l’arrivée et contrôler sa route. Qu’Armel tente de partir dans l’ouest ou qu’il souhaite serrer le vent, François n’aura plus qu’à l’accompagner en protégeant sa position. En revanche, si Armel Le Cléac’h parvient à maintenir le petit décalage qu’il a créé, il pourra profiter du régime d’alizés pour essayer de mettre la pression sur François Gabart, tout en étant maître de sa route.

Parties d’échecs

Sans aucun doute, cette remontée de l’Atlantique est sûrement la plus incertaine des étapes de ce tour du monde, en termes de stratégie. Depuis le cap Horn, les navigateurs ont dû négocier une alternance de formations de dépressions orageuses, de dorsales anticycloniques avec leur lot de zones de transition. A près de 2000 milles des leaders, le groupe, emmené par Jean Le Cam (SynerCiel) à l’ouest et Mike Golding (Gamesa) dans l’est, s’est éclaté. Arnaud Boissières (AKENA Vérandas) a choisi une route plutôt sur les traces de Le Cam quand Javier Sanso (ACCIONA 100% EcoPowered) parie sur une route à l’est. Dominique Wavre (Mirabaud) continue sur une route intermédiaire qui présente l’avantage, dans cet océan d’incertitudes, d’être proche de la route directe.

D’un monde à l’autre

A chaque océan ses frontières. Bertrand de Broc (Votre Nom autour du Monde) et Tanguy de Lamotte (Initiatives-cœur) goûtent au plaisir de retrouver des mers plus apaisées, de revoir quelques bouts de terre, de sentir une vie humaine plus présente. Le cap Horn, ce grand tournant, celui qui marque le début d’une nouvelle étape, devrait être doublé d’ici deux jours pour Alessandro Di Benedetto (Team Plastique). Deux autres navigateurs s’apprêtent à franchir une frontière symbolique. Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec 3) puis Alex Thomson (Hugo Boss) devraient bientôt franchir l’équateur. Mais pour eux, la symbolique risque de laisser le pas à la réalité de la compétition. Une troisième place, voire mieux, est en jeu. Le caractère emblématique du retour dans l’hémisphère nord risque de ne guère peser lourd face aux enjeux de la course.

Classement au 16/01 – 16h00

  1. François Gabart
    [ Macif ]
    à 2944,7 milles de l’arrivée
  2. Armel Le Cléac’h
    [ Banque Populaire ]
    à 78,7 milles du leader
  3. Jean-Pierre Dick
    [ Virbac Paprec 3 ]
    à 504,7 milles du leader
  4. Alex Thomson
    [ Hugo Boss ]
    à 825,6 milles du leader
  5. Jean Le Cam
    [ SynerCiel ]
    à 1 999,4 milles du leader

Ils ont dit

Javier Sanso (ESP, ACCIONA 100% EcoPowered)

Ma situation actuelle est assez frustrante mais ce n’est pas si terrible. Au moins, je suis vraiment bien placé, et je suis très content de ma position. J’ai hâte de laisser ces conditions chaotiques derrière moi. Quand nous avons créé mon bateau, notre but était de prouver qu’on pouvait faire cette course en n’utilisant que des sources d’énergie renouvelables. Et nous avons prouvé que c’était possible. Dans le sud, j’ai un peu utilisé mon hydrogénérateur au large de la Nouvelle-Zélande et c’est tout. Cette technologie, c’est notre futur.

Tanguy De Lamotte (FRA, Initiatives-coeur)

J’ai enfin pu dormir un peu, après le passage du cap Horn et une nuit difficile passée à faire des changements de voile. J’ai eu des conditions assez particulières au cap Horn, j’ai dû empanner quatre fois. Autant vous dire que la période d’accalmie qui a suivi était plus que bienvenue !
Le Horn, c’est tout un symbole, et je suis content de l’avoir franchi sur ce bateau, avec l’aide de tous ceux qui se sont investis dans le projet. Mais c’était aussi une journée de navigation comme les autres, il faut rester concentré. Je suis fier de voir que, même avec un bateau plus ancien, je m’en sors bien. Mon temps de course me placerait devant certains skippers des éditions précédentes.

Armel Le Cléac’h (FRA, Banque Populaire)

Tout va bien, on a franchi l’équateur cette nuit Ça fait plaisir de retrouver une petite lettre N sur le GPS. Maintenant, on se rapproche de la maison, c’est sympa. On a même croisé un petit voilier breton qui allait vers le Brésil.
(Sur sa forme physique) On est à 100%, on essaye de d’avoir la bonne configuration de voiles, de trouver le meilleur chemin possible et de tracer la route parfaite. On ne chôme pas, il y a de quoi faire. Il y a des grains et il fait quand même très chaud dans le bateau, car le soleil chauffe pas mal. Il y a de l’activité, on ne va pas se plaindre. (Sur les fichiers météo) Les fichiers météo ne sont pas forcément très fiables dans cette zone un peu perturbée. On essaye de se donner des points géographiques pour avancer dans le bon sens. On compare le vent qu’on a sur l’eau et le vent qu’on devrait avoir.

Bertrand de Broc (FRA, Votre Nom Autour du Monde avec EDM Projets)

Ça va bien, c’est calme. C’est une autre vie depuis deux jours. C’est agréable quand le Pacifique s’arrête surtout que le passage du cap Horn a été un peu violent. Le soir même en revanche, c’était agréable avec une mer lisse et 25-30 nœuds. Ça permet de voir les choses différemment, c’est sympa. (A propos de la remontée de l’Atlantique) C’est bien de remonter au portant, on a quelques jours de vent, mais après ça va être un peu plus compliqué. Il faut prendre la bordure favorable, mais la météo évolue. On va essayer de faire une bonne remontée mais en ce moment, on a des superbes conditions avec 20 nœuds de vent sous gennaker.

Source

Liliane Fretté Communication

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