Accordéon dans l’Atlantique

© François Gabart / Macif

Le mano a mano de MACIF et de Banque Populaire est-il en train de prendre un coup dans l’aile ? Depuis hier après-midi, la progression vers le nord de François Gabart est bien plus fluide que celle de son camarade de jeu. Résultat : les écarts se creusent. A l’inverse, ils se réduisent entre Virbac-Paprec 3 et Hugo Boss, à la lutte pour la 3e place. Jean Le Cam a franchi le cap Horn ce matin. C’est maintenant au tour de Mike Golding et de ses quatre poursuivants qui devraient tous doubler le légendaire rocher en l’espace de 36 heures.

François s’éloigne d’Armel

Armel Le Cléac’h a un peu souffert de son décalage dans l’ouest avec sur sa route, plus de près, plus de virements de bord et moins de vent. Ce matin, il ne progressait qu’à 4,8 nœuds, soit trois fois moins vite que l’homme de tête. Aujourd’hui, les duettistes sont obligés de glisser vers l’est pour négocier l’anticyclone de Sainte Hélène. Dans ce contexte, Le Cléac’h est en train de doucement s’aligner dans le sillage de Gabart. Du coup, leur écart en distance au but se creuse : 103 milles, le plus important jamais enregistré entre les deux hommes. Rien de rédhibitoire, évidemment, car il reste de nombreux pièges à déjouer : leur traversée de l’anticyclone, le passage du pot au noir et toute la remontée de l’Atlantique Nord, soit encore 5000 de course. 5000 milles d’une ultime bagarre pour la victoire.

Alex se rapproche de Jean-Pierre

Jean-Pierre Dick a lui aussi perdu du terrain, mais pour d’autres raisons. Ces problèmes d’étai ont absorbé une grande partie des milles qu’il avait mis tant d’effort à gagner. Aujourd’hui, le marin niçois doit surtout recouvrer des forces après ses déboires de la veille et pour tenter de contenir le retour d’ Hugo Boss qui n’est plus qu’à 178 milles de son tableau arrière. Aujourd’hui, Alex Thomson est clairement en lice pour la 3e place. A condition qu’il se dépêtre rapidement de la bulle anticyclonique dans laquelle il s’est fourré ce matin.

« Le grand moment » de Jean

En ce 59e jour de course, à 7h19 TU, Jean Le Cam est devenu le 5e homme à faire son entrée en Atlantique Sud. Son 4e passage du cap Horn ? « Un grand moment », confiait-il à la vacation, avec ses silences habituels qui en disent long sur la force de ses émotions. Jean est passé à un mille du rocher, au petit matin, et s’en est donné à cœur joie à la caméra. Le skipper de SynerCiel avait hâte de quitter le Pacifique et ses mers tordues. Il a deux raisons de se réjouir : son début de remontée en Atlantique Sud sera beaucoup plus limpide que pour les leaders. Une dépression devrait l’accompagner un petit bout de temps et lui prodiguer des vents de secteur ouest (d’abord au portant puis au près).

Mike ouvre la parade au Horn

Mike Golding, l’autre marin britannique de la flotte, sera le sixième à doubler le cap Horn cette nuit ou mercredi au petit matin. « Ce sera peut-être mon dernier » avouait Mike. Le skipper de Gamesa va ouvrir une vraie parade devant le rocher chilien puisqu’en l’espace de 36 heures, ils seront 5 bateaux à y passer, soit jusqu’à Acciona 100% Ecopowered.
Bernard bientôt ravitaillé

Bernard Stamm, très fatigué à cause des nombreuses heures passées à la barre, y est attendu entre mercredi soir et jeudi matin. Son équipe a dévoilé aujourd’hui son plan d’action : le 70 pieds Pakea Bizcaia du marin basque Unaï Bazurko, actuellement à Ushuaia en mission scientifique, viendrait à la rencontre de Cheminées Poujoulat pour le ravitailler en carburant. Si cette opération était menée à bien, le marin suisse serait malheureusement mis hors course. Mais Bernard pourrait alors poursuivre son périple en toute sécurité, avec assez d’énergie pour faire fonctionner sa centrale de navigation et surtout son pilote automatique. Il pourrait à nouveau communiquer avec ses proches, l’organisation et le Jury, dont la procédure, rappelons-le, est toujours en cours.

Baston pour Bertrand

Derrière le club des 5, ça cartonne ! Surtout pour Bertrand de Broc, en route vers la dernière porte de sécurité Pacifique. Joint ce matin, le skipper de Votre Nom autour du Monde avec EDM Projets confiait faire le dos rond sous 3 ris et trinquette dans 40 nœuds de vent. Mais c’est moins la force d’Eole qui est en cause que celle de la mer. Des creux de huit mètres, formés par des vagues croisées de sud-ouest et de nord-ouest. Tanguy De Lamotte ne devrait plus tarder à se retrouver dans le même système…
Conditions musclées également pour Alessandro Di Benedetto dont le bateau Team Plastique (le seul à être doté d’une quille fixe) était de loin le plus rapide ces dernières 24 heures avec 393,7 milles au compteur. Il est attendu au Horn dans 8 jours.

Les chiffres

  • François Gabart (MACIF) a doublé le cap Horn le 1er janvier 2013 à 18h20 TU (19h20 heure française) après 52j 06h 18mn de course.
  • Armel Le Cléac’h (Banque Populaire) a doublé le cap Horn le 1er janvier 2013 à 19h35 TU (20h35 heure française) après 52j 07h 33mn de course.
  • Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec 3). Passage cap Horn : le 3 janvier à 04h42 TU après 53j 16h 40 mn
  • Alex Thomson (Hugo Boss). Passage cap Horn : le 4 janvier à 02h38 TU après 54 j 14h 36 mn de course.
  • Jean Le Cam (SynerCiel). Passage cap Horn le 8 janvier à 7h19 TU après 58j 19h 17mn et 14s de course soit 6 jours 12 h 58 m 20 s après MACIF.

Classement au 08/01 – 16h00

  1. François Gabart
    [ Macif ]
    à 5260 milles de l’arrivée
  2. Armel Le Cléac’h
    [ Banque Populaire ]
    à 103,2 milles du leader
  3. Jean Pierre Dick
    [ Virbac-Paprec 3 ]
    à 121 milles du leader
  4. Alex Thomson
    [ Hugo Boss ]
    à 625,3 milles du leader
  5. Jean Le Cam
    [ SynerCiel ]
    à 1669,4 milles du leader

Ils ont dit

Jean Le Cam (FRA, SynerCiel)

Le passage du Horn ? Un grand moment. Le Pacifique est terminé, ma remontée s’annonce plutôt pas mal, il y a une mer normale. Mais à chaque fois c’est pareil. Quand on quitte l’Indien, on va dans le Pacifique et le nom rassure mais il n’a de pacifique que le nom. Je suis passé à un mille du cap Horn (rires). Au lever du jour, juste au bon moment. J’ai eu un cul bordé de nouilles, incroyable. Je me suis régalé, j’ai fait des vidéos. C’était top. J’ai une histoire avec ce cap Horn. La dernière fois je l’ai passé en double avec Vincent. Pour une course en solitaire, ce n’est pas banal. En 2004, je l’ai passé en tête avec Bonduelle et en 82, je faisais mon service militaire sur Euromarché (Whitbread avec Eric Tabarly). Ça fera certainement partie de mes plus beaux souvenirs de ce Vendée Globe.

Arnaud Boissières (FRA, AKENA Vérandas)

Tout va bien, il fait beau. Le cap Horn c’est dans 40 heures, il reste 450 milles. J’espère pouvoir passer assez près et qu’il fera jour pour pouvoir faire de belles photos. Avec Javier, c’était sympa parce qu’il y avait très peu de visibilité, pas mal de grains et d’un coup j’ai eu un flash jaune derrière moi. On s’est parlé à la VHF et je lui ai demandé s’il lui restait des cookies parce que je savais qu’il en avait embarqué mais il n’en avait plu. Il m’a félicité pour ma remontée et on s’est dit qu’on allait partir à la chasse à Mirabaud et Gamesa. On se disait que c’était bien de se tirer la bourre à deux. On va plus vite à deux que tout seul dans son coin. Donc on se disait que c’était une bonne opportunité de revenir sur Mirabaud et Gamesa. Je fais une alliance avec un Espagnol, avec un beau bateau rouge

François Gabart (FRA, MACIF)

Ça va pas mal, on fait tout pour que ça se passe bien en tout cas. On n’est pas complètement au près mais pas loin et ça va durer quelques jours. On n’a pas des vitesses extraordinaires mais on fait route vers les Sables, c’est le plus important. Ça m’arrive de penser aux retrouvailles avec ma famille, c’est une source de motivation. L’arrivée et la fin sont des moments importants. Il m’arrive d’y penser en me reposant, en m’endormant. Il me tarde d’être dans le chenal des Sables.

Jean-Pierre Dick (FRA, Virbac-Paprec 3)

C’était un lundi noir. J’ai rarement vécu une pire journée en mer. A 2h30 du matin, mon étai a cassé. L’accroche du bas, le loop, a cédé. L’étai principal du bateau, qui tient le mât, n’était plus là donc j’ai été obligé d’abattre et d’essayer de le remettre en place. Avec les vagues, c’était incroyable. C’est dangereux. On se prend des coups. J’ai dû aller rouler ma voile alors que l’était était lâche, c’était hyper dangereux. Il a fallu toute une journée pour essayer de remettre ça en place. Je suis a peu près arrivé à faire quelque chose de satisfaisant. Il faut repartir mais c’est dur et pour le classement c’est forcément négatif.

Thomas Coville (skipper Sodebo), invité au Live

J’aime bien Alessandro, son parcours. Le Vendée Globe fait partie de ces courses où il y a des gueules. Il y a des gens comme Alessandro qui font leur tour du monde et en plus c’est mon ancien bateau. J’ai de l’affection pour ce bateau qui refait un tour du monde et en plus, avec un personnage attachant. Je suis passé à moins d’un mille du cap Horn la dernière fois. Le cap Horn, c’est plus une rencontre, c’est un caillou qui a une âme, qui a un regard, une histoire. Il faut penser à tous ceux qui passaient le cap Horn et qui partaient vers une vie nouvelle. Ils quittaient New York pour San Francisco et le Horn était souvent la fin du voyage. Quand on passe là bas, on a l’impression que l’esprit de toutes ces âmes est là.

Source

Liliane Fretté Communication

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