Suspense en tête

© François Gabart / Macif

Ça régate dur dans les Quarantièmes où l’on assiste à un étonnant chassé-croisé des leaders vers la porte de sécurité Crozet. Plus loin, une autre bagarre se trame entre Mike Golding, Jean Le Cam et Dominique Wavre. Au petit matin, Synerciel et Mirabaud ont croisé leur sillage à 100 mètres l’un de l’autre. Des images hallucinantes en ce 27ème jour de course….

Armel Le Cléac’h a t-il eu raison de partir en franc tireur s’attaquer au vaste l’anticyclone qui stagne au nord de Crozet ? Dans l’immédiat, son choix parait bien déraisonnable. Pendant 24 heures, Banque Populaire a été fortement ralenti dans les vents mous des hautes pressions. Toute la nuit, son skipper a bataillé pour faire porter les voiles. En l’espace de 36 heures, il a perdu 4 places et 160 milles au classement. Aucun de ses camarades du top 5 n’a souhaité prendre ce risque. François Gabart (Macif), Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec 3), Alex Thomson (Hugo Boss) et le nouveau leader Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat) ont préféré temporiser, rester au sud pour profiter d’un vent frais et continuer à avancer. Seulement voilà, ils doivent désormais s’affranchir de la porte de sécurité Crozet. Autrement dit faire cap au nord-nord-est, à 90 degrés de la route, tout en se rapprochant inexorablement d’un anticyclone qui n’a toujours pas déserté la zone. Aujourd’hui, leur compte est bon. Mais demain ? « Le détour pour aller chercher la porte va nous faire mal » résumait sobrement Bernard Stamm.
Armel, lui, semble avoir passé le plus dur : il glisse gentiment vers le sud-est en direction de la prochaine porte dite d’Amsterdam. Au prix de gros efforts. « Je suis fatigué » avouait à midi le skipper du bateau bleu et blanc. « J’ai manœuvré toute la nuit (…). Je n’ai qu’une envie, mettre à chauffer mon bœuf-carotte et faire une grosse sieste. Les comptes, on les fera dans deux jours ».
Grosses fatigue

Armel n’est pas le seul dans cet état. Contacté pendant le Live de la mi-journée, Jean-Pierre Dick avait la voix tendue. Lui et ses compères ont enchaîné plusieurs empannages ces dernières 24 heures et s’inquiètent de la pertinence de leurs options. Plus loin dans le classement, au sud de l’Afrique du Sud, Bertrand de Broc a connu lui aussi des heures difficiles. Cette nuit, il s’est battu comme un diable pour récupérer son gennaker tombé dans l’eau : « j’ai passé deux heures exténuantes à cause d’une bêtise idiote ». Enfin, dans un message envoyé ce matin, Tanguy De Lamotte (Initiatives-Cœur) confiait avoir sombré dans les bras de Morphée pendant 6 heures d’affilée pour récupérer de sa grosse journée de bricolage.
Sur une course comme le Vendée Globe, il est normal que les marins passent par des phases d’épuisement passagères. A bord de leurs puissants monocoques, ils ne dorment presque jamais quand ils le souhaitent. Question sommeil, ce sont la météo et le bateau qui dictent leur loi. A ce rythme de récupération très irrégulier, s’ajoute aussi le temps passé en mer. Voilà 27 jours que nos treize solitaires bataillent sur les océans. Ils ont dépassé le tiers du temps théorique qu’ils passeront sur l’eau et ont déjà beaucoup donné.

Le Cam et Wavre à vue

Après 27 jours de solitude, la tranche de vie que nous ont contée aujourd’hui Jean Le Cam et Dominique Wavre est d’autant plus incroyable. Au petit matin, par 43 degrés sud, leurs bateaux se sont croisés, à quelques dizaines de mètres. Caméra en main, les deux hommes ont immortalisé cet instant magique. Ils ont aussi passé une bonne demi-heure à se parler en VHF, heureux l’un et l’autre de cette rencontre impromptue…
En bref :

Le Nautic a ouvert ses portes aujourd’hui. Pendant toute la durée du Salon, jusqu’au 16 décembre, le Live du Vendée Globe se met au diapason. Tous les jours, de 12h30 à 13h15, le Live aura lieu en duplex entre le PC Course de la Tour Montparnasse et le stand Vendée de la Porte de Versailles. De nombreux invités seront autour de la table. Ce vendredi, Marc Guillemot et Yann Eliès ont ouvert le bal. Demain samedi, Catherine Pottier recevra Loïck Peyron et Franck Cammas.

Classement au 07/12 – 16h00

  1. Bernard Stamm
    [ Cheminées Poujoulat ]
    à 16 525.3 milles de l’arrivée
  2. François Gabart
    [ Macif ]
    à 12.9 milles du leader
  3. Jean-Pierre Dick
    [ Virbac Paprec 3 ]
    à 48.3 milles du leader
  4. Alex Thomson
    [ Hugo Boss ]
    à 126.9 milles du leader
  5. Armel Le Cléac’h
    [ Banque Populaire ]
    à 159.4 milles du leader

Ils ont dit

Alex Thomson (GBR, Hugo Boss)

Naviguer dans la zone des glaces peut être vraiment stressant mais l’organisation a vraiment bien géré le réglage des antennes satellites et on est bien informé sur le positionnement des iceberg. Je suis bien content d’avoir empanné et de naviguer plus au nord maintenant. Armel s’est vraiment très bien débrouillé dans sa tactique pour passer la porte. Je suis assez content de ma course aussi, jusqu’ici. Je suis toujours en course, c’est déjà bien! J’ai vu sur le radar qu’il y avait un iceberg devant moi mais je ne m’en suis pas approché à moins de 30 milles donc je ne l’ai pas vu de mes propres yeux, et c’est très bien comme ça ! D’ailleurs, je n’ai vu aucun iceberg de ma vie, ni dans le dernier Vendée Globe ni dans la Barcelona World Race.

Armel Le Cléac’h (FRA, Banque Populaire)

Je savais qu’ils (ndlr : ses principaux adversaires) allaient passer devant. La nuit n’a pas été facile. J’avais moins de vent que prévu, je pensais sortir plus vite de l’anticyclone mais tant pis. J’ai retrouvé du vent depuis quelques heures. Je n’ai pas beaucoup dormi, je suis un peu crevé même si ça va mieux au niveau du vent. On verra ce que ça donnera dans 48h. Je vais attendre de voir comment mes camarades vont passer la porte (Crozet). L’anticyclone, même s’il est bien présent sur la cartographie, a tout de même des couloirs de vent, donc on va voir. Moi, la stratégie, je l’avais mise en place il y a un petit moment. J’étais confiant dans mes choix. Mais c’est ça quand on joue. Il y a les aléas de la météo donc on verra bien. Mais c’est intéressant niveau stratégique. On joue et on va voir ce que ça va donner.

Bernard Stamm (SUI, Cheminées Poujoulat)

Le vent faiblit de plus en plus, c’était un peu attendu. Je suis au portant. J’ai choisi d’aller du coté est de la porte en me disant que l’anticyclone serait déjà passé. Pour l’instant c’est le cas mais il faudra compter les points dans deux jours. Etre en tête, c’est de la balle ! Le bateau est bien. Il faut encore l’améliorer au niveau de la protection mais sinon, c’est sympa. Les conditions sont bonnes même si c’est assez rude quand le bateau est lancé pleine balle. Il y a de la régate, c’est super. J’ai vu François (Gabart) cette nuit à l’AIS (Automatic Identification System).

Jean-Pierre Dick (FRA, Virbac Paprec 3)

J’ai du pain sur la planche. Nous, on a tout à faire encore. Il faut monter et il reste encore 115 milles jusqu’à la porte. Moi je suis à l’extrême est. Les portes changent tout. Avant on gérait les dépressions maintenant on gère les anticyclones. Tout a changé. Il y a des moments de fatigue. Il faut rester sur le pont assez tard et longtemps. Régler les voiles, ça demande aussi pas mal de travail. On doit exploiter au mieux le potentiel du bateau. Quand on commence à barrer, c’est beaucoup de fatigue supplémentaire pour nous.

Arnaud Boissières (FRA, AKENA Vérandas)

C’est extraordinaire de passer le cap de Bonne-Espérance. Je trouve ça génial et je vais fêter ça comme il se doit avec du foie gras et une bonne bouteille. Tout va bien, j’ai rien cassé. Dans ma ligne de tir, j’ai l’Espagnol (Javier Sanso) mais je me méfie car j’ai (Bertrand) De Broc derrière qui pousse le bébé. Mais je ne suis pas inquiet, l’indien (ndlr : l’Océan Indian) arrive et je suis en pleine forme. Je m’éclate.

Source

Liliane Fretté Communication

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