Hautes vitesses et stress pour le Top 5

Christophe Launay / www.sealaunay.com

Au 25e jour de course, plus d’un quart du parcours est déjà dans les sillages. Mais il reste le plus gros, le plus dur : le Grand Sud. En dehors d’Alessandro Di Benedetto, qui caracole encore en maillot de bain dans le cockpit de Team Plastique, tous les autres, à la lisière des quarantièmes, sont entrés dans le vif du sujet.

Les huit premiers concurrents (de Le Cléac’h à Wavre) qui cravachent dans les eaux malfamées de l’océan Indien, sont en train de se faire copieusement bousculer par une mer désordonnée. « Lorsqu’on tape dans une vague, après avoir atteint des vitesses faramineuses, le bateau enfourne et s’arrête. Ça fait beaucoup de bruit, c’est très inconfortable, très humide », confiait un Jean-Pierre Dick un peu tendu au Live de la mi-journée. C’est pire encore pour Alex Thomson, le marin le plus méridional de la flotte (43° Sud), certes le plus rapide ces dernières 24 heures, mais aussi le plus malmené. « Le bateau part en surf à 26/27 nœuds et tape violemment. Il y a eu des moments un peu effrayants. C’est bien pour la vitesse mais ce serait pas mal que ça se calme un peu », écrivait ce matin le skipper gallois.

Six jours à plus de 18 nœuds de moyenne

Virbac-Paprec 3 et Hugo Boss appartiennent aux 5 bateaux de tête qui ont déterré la hache de guerre et alignent depuis le 30 novembre des moyennes journalières supérieures à 400 milles. Les compteurs descendent rarement en dessous des 25 nœuds. Et le stress est proportionnel aux vitesses atteintes sur ce terrain cabossé.

Mais c’est le prix à payer pour rester dans ce top 5 et pour échapper à l’anticyclone qui pousse derrière. Objectif : respecter la porte de sécurité glace de Crozet (situé dans le nord de l’archipel éponyme) avant de plonger à nouveau dans le sud pour retrouver, dès demain, le puissant flux de sud-ouest.

Ce même anticyclone est en train d’affecter le premier trio de chasseurs (Golding- Le Cam- Wavre) qui peine dans un vent faiblissant et une mer tout aussi chaotique. « C’est le shaker », concédait Dominique Wavre (Mirabaud). « Avec le vent qui faiblit, le bateau manque d’appuis ». Leur salut : gagner dans le sud pour trouver des vents plus soutenus.

Porte à porte

A plus de 680 milles du tableau arrière de Mirabaud, les poursuivants, de Javier Sanso (Accionna 100% EcoPowered) à Tanguy de Lamotte (Initiatives Cœur) visent non pas la porte de Crozet, mais celle des Aiguilles, au sud de l’Afrique du Sud, et se réjouissent du solide flux d’ouest-nord-ouest (25-30 nœuds) qui les propulse à vive allure vers l’entrée de l’océan Indien.
A l’arrière, dans les parages de la petite île de Tristan da Cunha, Alessandro Di Benedetto (Team Plastique) ferme la marche et profite des dernières journées tièdes sous le soleil pour procéder à une toilette en règle sur le pont de son bateau. A plus de 2470 milles des leaders, le Franco-italien ne fait plus du tout la même course.

Classement au 05/12 – 16h00

  1. Armel Le Cléac’h
    (Banque Populaire)
    à 17097.4 milles de l’arrivée
  2. François Gabart
    (MACIF)
    à 14.0 milles du leader
  3. Jean Pierre Dick
    (Virbac-Paprec 3)
    à 37.6 milles du leader
  4. Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat)
    à 51.4 milles du leader
  5. Alex Thomson
    (Hugo Boss)
    à 158.9 milles du leader

Ils ont dit

Alex Thomson (GBR, Hugo Boss)

Ces dernières 32 heures, ça a été rapide et parfois un peu effrayant. Surtout hier lorsque j’ai fait des pointes de vitesse à 30 nœuds. J’essayais juste de garder le bateau sous contrôle, conscient qu’il ne fallait pas casser.

Armel Le Cléac’h (FRA, Banque Populaire)

Nuit assez tonique. Pas mal de vent, pas mal de grains. La mer s’est un peu calmée, l’anticyclone pousse derrière nous ; il ne faut pas trainer, il faut mettre du charbon. Il faut vite passer la porte (de Crozet) devant nous avant qu’il n’arrive.

Dominique Wavre (SUI, Mirabaud)

Ça tape beaucoup, on est un peu secoué, comme dans un shaker. La mer est très indisciplinée. On est rattrapé par un anticyclone. On est tellement nord qu’on a une route vers les anticyclones plus que vers les dépressions. Pour l’instant, je sais ce que j’ai à faire, mais je ne vais pas vous le dire, car j’ai deux petits gars pas loin qui aimeraient bien savoir.

Tanguy De Lamotte (FRA, Initiatives-cœur)

La nuit a été assez mouvementée. Depuis que je suis passé dans les îles de l’archipel de Tristan da Cunha, le vent est monté crescendo. Le bateau avance plutôt pas mal. C’est assez génial de glisser comme ça, il y a des albatros dans mon sillage qui me suivent. Il y a des belles séries de vagues donc on part en survitesse assez rapidement. Les mouvements sont assez brutaux, il faut bien se tenir. Il y a des belles vagues, c’est délicat. On a du vent et le bateau ne force pas. Il n’y a aucun souci pour tenir la cadence dans les prochains jours.

Jean Pierre Dick (FRA, Virbac-Paprec 3)

Ça va, il y a du vent, beaucoup de mer. C’et un peu inquiétant pour les bateaux parce qu’on les mène vraiment dans leurs extrémités. Mais pour l’instant, ça va. La mer est forte, beaucoup de grosse houle et dans des directions assez croisées, opposées. Quand on passe dans une vague, l’étrave enfourne et le bateau s’arrête. Ça fait beaucoup de bruit, c’est très inconfortable amis on arrive à progresser vers les marques de parcours.

Source

Liliane Fretté Communication

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