Petite ou grande cuillère ?

© Mark Lloyd / DPPI

Le contournement de l’anticyclone de Sainte-Hélène est maintenant à l’ordre du jour de toute la flotte. Petit à petit, chacun essaye de mettre un peu d’est dans sa trajectoire avec plus ou moins de détermination. Les tenants d’une route au plus court espèrent bien que l’anticyclone ne freinera pas leur progression quand les partisans d’une trajectoire plus sud espèrent recueillir les dividendes de leur investissement.

Il n’y a pas grand monde en tête de flotte pour faire le malin actuellement. Ils sont trois qui progressent vers les quarantièmes en ligne de front. Armel Le Cléac’h (Banque Populaire), toujours en tête, doit reconnaître aussi que sa situation est plus fragile qu’elle n’apparaît. Positionné au plus près du prochain way-point, le navigateur saint-politain sait que si la distance théorique à la porte des glaces le pointe à la première place, la situation est plus complexe. François Gabart (MACIF), sous son vent, et surtout Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec 3), ont les moyens pour chambouler la hiérarchie. D’autant que tous vont devoir traverser une dorsale anticyclonique qui pourrait relancer la donne. Jean-Pierre Dick, au classement de 16 heures, a choisi de contourner cette zone par l’ouest. Il faut savoir investir parfois, pour faire fructifier son capital par la suite.

Bientôt l’heure des comptes

Derrière ce trio, Alex Thomson (Hugo Boss) continue de tenir la dragée haute à Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat). Ces deux-là ont aussi l’avantage de voir venir et d’apprécier comment ceux qui les précèdent arrivent à se dépêtrer des calmes de la dorsale. Plus à l’arrière encore, Jean Le Cam (SynerCiel), crédité de la meilleure vitesse depuis 24 heures, a choisi de faire la cuiller à son groupe. Cette figure de style consiste à choisir de faire une route un peu plus éloignée du vent et de privilégier la vitesse sur le cap en espérant recueillir les fruits de cette option, lors de la rotation des vents. C’est clairement ce qu’est en train de faire Jean qui s’offre le luxe d’avoir maintenant une route plus est que Mike Golding (Gamesa) et Dominique Wavre (Mirabaud). On ne gagne pas impunément trois Solitaires du Figaro sans avoir dans sa besace quelques bons vieux tours de régatier. A l’heure où les fichiers météorologiques deviennent de plus en plus précis, les coups stratégiques se comptent de plus en plus en décalages de quelques milles. Personne n’oserait aujourd’hui se risquer à traverser l’anticyclone de Sainte-Hélène sous peine de finir au cimetière des éléphants.

Gare aux bourguignons

Les bourguignons, ou growlers, ce sont ces plaques de glaces dérivantes qui se détachent des icebergs. Plus que les mastodontes de glaces, ce sont eux qui sont le principal danger pour les navigateurs. Indétectables au radar le plus souvent, ils émergent à peine de la surface de l’eau et pour peu que la mer soit agitée, se confondent facilement avec la crête des vagues. C’est pour éviter aux navigateurs de jouer à la roulette russe, que l’organisation a mis en place, depuis quelques années, des passages obligés, dits « portes des glaces » qui limitent les tentations des navigateurs de descendre jouer trop au sud. Ces portes font l’objet d’une surveillance étroite et sont susceptibles d’être modifiées en fonction des mouvements de glace observés. C’est ainsi que la porte Atlantique Sud a été déplacée de 1 degré vers le nord et de 7 degrés vers l’est pour éviter des concentrations de glaces trop importantes. La compétition est déjà suffisamment âpre pour ne pas en rajouter…

Classement au 26/11 – 16h00

  1. Armel Le Cléac’h
    [ Banque Populaire ]
    à 19799,5 milles de l’arrivée
  2. François Gabart
    [ Macif ]
    à 25,5 milles du leader
  3. Jean Pierre Dick
    [Virbac-Paprec 3 ]
    à 127,3 milles du leader
  4. Alex Thomson
    [ Hugo Boss ]
    à 151,6 milles du leader
  5. Bernard Stamm
    [ Cheminées Poujoulat ]
    à 162,5 milles du leader

Ils ont dit

Bernard Stamm (SUI, Cheminées Poujoulat)

Là j’ai retrouvé un peu de vitesse. Cette nuit c’était compliqué, les grains pompaient le vent. Il y a eu une grande période de pétole, mais là ça s’est dégagé un peu et j’ai retrouvé un peu de vent. Je n’ai pas pu me reposer beaucoup cette nuit parce qu’il y avait beaucoup de réglages à faire. Là ça va mieux, je vais profiter de la relative stabilité du moment. J’ai un pouf que je mets un peu où je veux. Dès que je peux dormir je me mets sur le pouf et je sais que je vais pouvoir me reposer correctement. Les conditions ne sont pas terribles pour faire de la vitesse mais il fait beau. C’est un ciel d’alizé, c’est les vacances.

Arnaud Boissières (FRA, AKENA Vérandas)

Je suis super content d’être là, sur ce bateau qui va vite. Le lundi matin ce n’est pas trop dur quand je suis en mer, ça l’est beaucoup plus quand je suis à terre. J’aime bien être en mer. C’est un bateau que j’adore et j’ai envie de lui donner ce qu’il mérite, ce que je n’ai pas pu faire dans le pot au noir. J’ai envie de tout donner pour lui, pour AKENA et tous les gens qui me suivent.

Armel Le Céac’h (FRA, Banque Populaire)

On subit un petit peu l’anticyclone de Sainte-Hélène. Devant ce n’est pas très stable au niveau du vent. Cette nuit il y a eu des grains et des nuages avec vent, d’autres sans vent donc c’est difficile de prévoir ce qu’il peut se passer. La nuit n’a pas été très bonne, notamment par rapport à François qui est allé beaucoup plus vite. On essaye de trouver le bon chemin pour les prochains jours. On a des conditions assez estivales donc on en profite. Après les mers du sud seront plus compliquées. Les écarts sont relativement faibles encore à l’échelle du Vendée Globe. Il y a une petite dépression qui est devant et qui amène plus ou moins de vent. Il faut jouer avec tout ça, ça ne va pas être simple avant d’arriver à la porte Atlantique. On essaye de trouver le chemin le plus court et qui représente le moins de risques.

Jean Le Cam (FRA, Synerciel)

Ça va bien, tout se passe bien. Je suis juste à côté d’une île, c’est sympa. J’ai déjà commencé à rattraper mon retard. J’avais 50 milles de retard après mon aventure avec les gendarmes. J’ai bien comblé la brèche pour commencer. Chaque chose en son temps, il faut marcher marche par marche. Il faut déjà que je passe devant Mike Golding. Mais la pêche a été bonne ce week-end, je ne sais pas si vous avez remarqué. Je vais quand même un petit peu plus vite que ceux qui sont devant. Au fur et à mesure, ils vont peut-être bloquer un peu plus dans la dorsale. Là où je suis content, c’est que le bateau va vraiment très bien. Il y a Titouan Lamazou qui m’a envoyé un dessin, ça fait chaud au cœur. C’est un truc de malade. Comme quoi, un beau dessin vaut mieux qu’un long discours.

Source

Liliane Fretté Communication

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