Train-train quotidien

© Alessandro di Benedetto / Team Plastique

Petit à petit, la flotte s’engage à bonne allure dans le contournement de l’anticyclone de Sainte-Hélène. Tout le monde met cap au sud et les options se réduisent comme peau de chagrin. Seul moyen de se démarquer les uns des autres, choisir de privilégier cap ou vitesse sur ce bord de près débridé. C’est aussi l’occasion pour les solitaires de procéder aux vérifications d’usage avant les quarantièmes.

Il va falloir s’y faire. D’ici trois ou quatre jours, les classements ne devraient pas évoluer de manière significative. On risque donc de retrouver Armel Le Cléac’h (Banque Populaire) en chef de file, toujours suivi de ses deux dauphins François Gabart (MACIF) et Vincent Riou (PRB). Les trois sont toujours à portée de fusil de Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec 3) quand Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat) et Alex Thomson (Hugo Boss) ont légèrement décroché. Le navigateur britannique doit prendre son mal en patience ne bénéficiant pas du même potentiel de vitesse de ses prédécesseurs, alors que Bernard est aux prises avec divers travaux de bricolage. Il a dû notamment effectuer une couture d’envergure dans son génois qui, dans le pot au noir, s’est pris dans le sommet d’une de ses dérives et s’est déchiré sur une bonne longueur.

Traditions respectées

Derrière ce premier groupe, le trio des quinquas a passé l’équateur, non sans avoir sacrifié à la tradition de l’offrande à Neptune. Champagne pour Mike Golding (Gamesa) et Saint-Emilion grand cru pour Jean Le Cam (SynerCiel), les deux navigateurs savent à quel point le doigt de la chance peut être parfois décisif dans une course à la voile, pour ne pas se risquer à provoquer l’ire du dieu des mers dont on connaît le caractère ombrageux. Ulysse pourrait en témoigner qui a erré de longues années en Méditerranée avant de regagner Ithaque. Et l’on imagine bien que les colères des mers du Sud peuvent autrement plus terrifiantes que celles de la Grande Bleue ; autant prendre toutes les garanties possibles. Ce qui n’empêchera pas tous les solitaires de se livrer à une vérification complète de la tête de mât jusqu’à la quille avant d’entamer la traversée de l’océan Indien. Pour beaucoup, une ascension en tête de mât est d’ailleurs programmée dans les jours à venir, dès que les conditions de navigation le permettront.

Toujours au nord

Dans le dernier groupe, seul Alessandro Di Benedetto (Team Plastique) se débat dans la nasse du pot au noir. Arnaud Boissières (Akena Vérandas) et Bertrand de Broc (Votre Nom autour du Monde avec EDM projets) semblent s’en être extirpé, mais les deux marins ont perdu gros dans l’affaire, relégués à près de 70 milles de Javier Sanso (Acciona 100% EcoPowered) et Tanguy de Lamotte (Initiatives-Cœur). Ce dernier, qui navigue sur le bateau construit en 1998 pour Catherine Chabaud, présente aujourd’hui à la vacation officielle, démontre tous ses talents de coureur du large. A la lutte avec des solitaires disposant de machines autrement plus performantes, il mène une course intelligente et sage. Peut-être avait-il déjà anticipé combien Neptune aime les petits cadeaux. Qui sait, si au départ des Sables d’Olonne, Tanguy n’avait pas déjà invoqué sa clémence, histoire de mettre tous les atouts dans sa poche. On n’est jamais trop prudent.

Classement au 23/11 – 16h00

  1. Armel Le Cléac’h (Banque Populaire) à 20601,9 milles de l’arrivée
  2. François Gabart (MACIF) à 51,9 milles du leader
  3. Vincent Riou (PRB) à 69,6 milles du leader
  4. Jean Pierre Dick (Virbac-Paprec 3) à 84,4 milles du leader
  5. Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat) à 96,1 milles du leader

Ils ont dit

Bernard Stamm (SUI, Cheminées Poujoulat)

Je suis toujours en train de réparer le génois, donc ça pourrait avancer mieux. Il s’est déchiré sur une de mes dérives. Au pot au noir, il y avait des zones où il n’y avait pas de vent du tout, le bateau était balancé et les voiles étaient soumises à grande épreuve. J’ai serré un peu le vent sinon je faisais plus de route en allant moins vite que tout le monde. Ce n’est pas terrible. Le génois, le pilote, le bricolage : je n’ai pas arrêté. J’espère que je vais pouvoir faire une petite pause avant les mers du sud, car ça commence à tirer sérieusement sur la bête. Mais la fin de la punition devrait arriver bientôt.

Jean Le Cam (FRA, SynerCiel)

Ce qui est bien, c’est que le bateau va vite. Là, j’ai un peu distancé Wavre et j’attaque mon camarade britannique. Ensuite j’aurai encore un Suisse et encore un Anglais. Je fais dans l’international. Ce qui m’intéresse, ce n’est pas d’avancer bien, c’est d’aller mieux que les autres. Actuellement, c’est moi le plus rapide du trio, les chiffres n’ont aucune ambigüité.

Tanguy de Lamotte (FRA, Initiatives-cœur)

Tout roule à bord, moi j’ai la chance de ne pas avoir à faire de bricolage. J’ai fait un tour du bateau pour voir s’il n’y avait pas d’humidité à droite à gauche. Je suis avec un petit groupe bien sympa pour commencer l’hémisphère sud. C’est plutôt gratifiant d’être là ou je suis, avec le bateau que j’ai. Je suis content d’être dans mon rythme et ça paye.

Dominique Wavre (SUI, Mirabaud)

Navigation sympa et tranquille. Il fait 28 degrés. A l’extérieur on se fait cuire par le soleil. A l’intérieur, 35 degrés. On va plutôt dans le cockpit, on met les protections pour empêcher le soleil d’entrer à l’intérieur. Le bateau marche tout seul, le pilote fait le boulot, c’est assez facile comme navigation. Le nombre de fois que j’ai passé l’équateur ? J’en suis à 40-50 passages, je ne sais plus trop, j’ai un peu perdu le décompte.

Source

Liliane Fretté Communication

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