Têtes et coeurs à l’envers …

© Tanguy de Lamotte . Initiatives Coeur

Après le pot au noir, place aux alizés et aux premières heures de navigation dans l’hémisphère sud. Précédé par Armel Le Cléac’h à 8h20 ce matin, le groupe des poursuivant entre à son tour dans l’hémisphère sud, là où les lavabos se vident dans le sens des aiguilles d’une montre et où l’on contemple le ciel la tête en bas.

Finalement Jean Le Cam conservera encore quatre ans le record de la descente depuis le départ jusqu’à l’équateur, une nouvelle qui n’a semblé faire ni chaud ni froid au skipper de SynerCiel. Un record c’est fait pour être battu, alors aujourd’hui ou demain… De la même manière, on peut supposer qu’Armel Le Cléac’h (Banque Populaire), toujours solide leader, était plus satisfait de constater ses cinq heures d’avance sur son dauphin François Gabart (MACIF), que de savoir s’il avait, ou non, ravi son titre de meilleur descendeur de l’Atlantique nord à Jean Le Cam. Un Jean Le Cam ravi de la bonne affaire réalisée dans le pot au noir en compagnie de Mike Golding (Gamesa) et Dominique Wavre (Mirabaud), puisqu’en l’espace de vingt-quatre heures, le trio a réduit de 150 milles l’écart qui le séparait de la tête du classement. Une belle opération qu’espérait bien rééditer Arnaud Boissières qui aimerait bien hisser son Akena Vérandas au niveau des trois papys chasseurs.

Le jury a tranché

Le bonheur d’être enfin la tête en bas va, pour certains, être obéré en partie par le jugement du jury suite à la réclamation posée d’une part par Hugo Boss, de l’autre par le comité de course. Certains navigateurs étaient soupçonnés de n’avoir pas respecté dans son intégralité le règlement pour prévenir les abordages en mer au passage du Dispositif de Séparation de Trafic (DST) du cap Finisterre. Le jury a tranché : deux heures de pénalité pour SynerCiel, Mirabaud, Acciona 100% EcoPowered, Initiatives-Cœur et Energa, trente minutes pour Gamesa et vingt pour Virbac-Paprec 3. Les coureurs ont jusqu’à demain 23h TU pour l’accomplir. Le principe est simple : à partir d’un point indiqué à l’organisation, le concurrent doit repasser par ce même point à l’issue de son temps de pénalité. Dominique Wavre est le premier à avoir décidé de s’acquitter de sa dette, en faisant demi-tour.

Gutek, le cœur au bord des lèvres

Le navigateur polonais a fini par jeter l’éponge. Aux prises de manière récurrente avec ses problèmes de pilote, il a finalement décidé d’abandonner, jugeant totalement déraisonnable de s’en aller affronter les mers du Sud sans la garantie de pouvoir piloter son bateau en toute sécurité. Gutek a déjà vécu une expérience douloureuse dans la Velux Five Oceans, le tour du monde avec escale et ne souhaitait pas retourner danser sur la peau du diable les pieds nus. Jérémie Beyou (Maître CoQ) va bientôt remonter des îles du Cap Vert vers les Sables d’Olonne. Après expertise de sa quille, il semble bien que l’origine de la rupture de son vérin soit due à un choc avec un OFNI. Il reste que c’est une maigre consolation au regard de la déception d’avoir quitté l’aventure. Alors, tête en bas et même avec quelques heures de pénalité, ceux qui restent ne peuvent pas bouder leur plaisir.

Classement au 21/11 – 16h00

  1. Armel Le Cléac’h
    [ Banque Populaire ]
    à 20 989,2 milles de l’arrivée
  2. François Gabart
    [ Macif ]
    à 41,7 milles du leader
  3. Bernard Stamm
    [ Cheminées Poujoulat ]
    à 46,4 milles du leader
  4. Vincent Riou
    [ PRB ]
    à 46,5 milles du leader
  5. Jean Pierre Dick
    [ Virbac-Paprec 3 ]
    à 55,5 milles du leader

Ils ont dit

Mike Golding (GB, Gamesa)

Je vais bien, nous sommes tous dans les vents de sud-est et nous descendons vers le sud. Je pense que nous avons bien négocié le passage du pot au noir. Il faut savoir saisir les opportunités quand elles se présentent. C’est une bonne chose d’être collé à l’arrière du groupe de tête, plutôt que de former un second groupe !
C’était un pot au Noir assez simple finalement, je ne me suis arrêté que deux ou trois fois, et jamais très longtemps. Je pense que la prochaine étape sera très importante. La partie Sud Atlantique est une zone cruciale, notamment dans la manière dont vous tracez votre route vers le sud. Si vous partez trop loin, il est difficile de refaire son retard.

Armel Le Cléac’h, FRA, Banque Populaire

Ça va, le champagne versé au passage de la ligne n’a pas trop d’effet, je n’en ai pas trop bu. On est dans l’hémisphère sud depuis environ 8h ce matin. On va vers l’anticyclone de Sainte-Hélène. Je suis content que ce soit la fin du parcours entre les Sables et l’equateur, les écarts sont faibles, les camarades ne sont pas très loin. On voit que les favoris sont là, la bagarre s’annonce belle pour les prochaines semaines. Il va falloir voir la météo pour les prochains jours et ne pas faire d’erreurs par rapport aux petits camarades.

Dominique Wavre (SUI, Mirabaud)

J’ai appris que le comité de course nous offre deux heures de pénalité mais ce n’est pas très grave, ça fera deux heures de vacances. Mais je suis très content de la position du bateau et j’espère surtout arriver à garder le contact avec ceux de devant. On n’a pas perdu de temps, mais on a quand même eu des grains, il a quand même fallu manœuvrer mais ça a été plus facile que pour ceux de devant. C’est marrant d’avoir les autres à portée de vue, on regarde les réglages. C’est sympathique d’avoir cette petite présence.

Arnaud Boissières (FRA, AKENA Vérandas)

Je sens que c’est compliqué pour la tête de flotte. Pour ceux qui sont devant moi c’était facile, donc pour moi c’est un peu entre les deux. Ce matin, j’étais pas mal arrêté. On n’est qu’au niveau de l’équateur donc il ne faut pas s’énerver. Les Rois Mages ne sont pas encore en Galilée.

Tanguy de Lamotte, FRA, Initiatives-Cœur

Ça va chaudement, encore une fois. Depuis quelques jours il fait très chaud malgré pas mal de nuages. C’est assez agréable et j’ai réussi à ventiler suffisamment dans le bateau pour ne pas être comme dans un four. J’ai amené dix à douze mascottes, j’attends que vous me donniez une bonne raison pour les sortir. Là j’ai eu un e-mail du directeur d’Initiatives qui me disait qu’on était à 30 000 clics ; donc à 36 000, j’en sors une nouvelle.

Jean Le Cam, FRA, SynerCiel

C’est l’avantage d’être derrière, on est les chasseurs et eux ce sont les chassés. On est avec la carabine et eux ils courent dans tous les sens. Ils sont groupés, ils sont en troupeau donc c’est facile de les chasser. Quand tu tires un coup, t’es sûr d’arroser. Là, on peut se reposer… Cette nuit, j’entendais le ronflement de tous les skippers. Mike Golding qu’est ce qu’il ronfle ! Je n’arrivais pas à dormir tellement il ronflait. Dans la journée, avec la chaleur qu’il fait, on a hâte que le soleil se couche.

Source

Liliane Fretté Communication

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