Vers des cieux plus cléments

© Samantha Davies / Saveol

En ce 5e jour de course, la flotte s’étire sur plus de 660 milles et navigue toujours sur l’influence de la dépression orageuse qui se déplace très lentement vers la péninsule ibérique. Mais en plongeant vers le sud en direction du Cap Vert, les concurrents vont connaître des heures plus douces. Bientôt, la chevauchée sauvage de ces dernières 24 heures ne sera plus qu’un lointain souvenir. A la latitude des Canaries, les températures se réchauffent déjà et les vents vont faiblir.

La nuit dernière a été éprouvante pour les 18 solitaires. Dans le groupe de tête, de François Gabart (1er) à Jérémie Beyou (7e à 129,3 milles), les marins ont relaté des rafales sous grains à 40 nœuds et surtout des vents très instables, obligeant à d’incessantes manœuvres de changement de voiles. Pas le temps de souffler ni de dormir sur des bateaux lancés au largue à plus de 20 nœuds et transformés en shakers. Quant aux concurrents situés plus à l’est, de Jean Le Cam à Javier Sanso, ils ont connu d’autres difficultés : essayer d’accélérer dans des airs moins favorables pour tenter de combler leur retard.
Mais les conditions de navigation vont progressivement s’améliorer à mesure que les solitaires glissent vers le sud. Déjà, au large des Canaries, les leaders se réjouissaient de voir monter la température de l’eau. Bientôt, ils enlèveront les couches de vêtements polaires et pourront faire sécher les cirés sur le pont. Ils seront aussi les premiers à ralentir dans un vent de nord-ouest puis de nord faiblissant.

A chacun son rythmeCompression

Cet après midi, François Gabart ne boude pas son plaisir d’être en tête du Vendée Globe. Mais son avance sur le tandem Le Cléac’h/Stamm est en train de fondre sous le soleil des Canaries. Le vent de nord-ouest est en train d’adonner et de faiblir. Au pointage de 16 heures, Macif n’avançait plus qu’à 4,6 nœuds, soit deux à trois fois moins vite que ses poursuivants. Il y a de la compression dans l’air. Dans les prochaines heures, les écarts devraient franchement diminuer.

Louis Burton engagé dans une course contre la montre

Le skipper de Bureau Vallée, dont le hauban bâbord a été endommagé hier suite à sa collision avec un bateau de pêche, est toujours en course. Une course contre la montre pour regagner au plus vite les Sables d’Olonne, réparer, puis repartir (date limite : mardi 20 novembre, 13h02). Actuellement, Louis est sur le point de doubler le cap Finisterre. Il devra ensuite traverser tout le golfe de Gascogne, sachant qu’il ne peut naviguer qu’en tribord amure. Rappelons que le règlement l’autorise à se faire remorquer à 100 milles de l’arrivée…

Classement

Le 15/11 – 16h00

  1. 1 – François Gabart
    [ Macif ]
    à 22572,7 milles de l’arrivée
  2. 2 – Armel Le Cléac’h
    [ Banque Populaire ]
    à 29,7 milles du leader
  3. 3 – Bernard Stamm
    [ Cheminées Poujoulat ]
    à 32,9 milles du leader
  4. 4 – Vincent Riou
    [ PRB ]
    à 103,6 milles du leader
  5. 5 – Jean Pierre Dick (Virbac-Paprec 3)
    à 131,8 milles du leader

Ils ont dit…

François Gabart (FRA, Macif)

On est dans un vent plus qu’instable et irrégulier donc je ne vais pas fanfaronner et dire que c’est simple. Au niveau de la mer, ça commence à se ranger, on a vu bien pire mais c’est surtout le vent qui tourne dans tous les sens. Il y a 20 minutes j’ai eu droit à un 360. Depuis le départ de la course, et je continue à le dire, que je sois en tête ou 10e, ça ne change pas grand chose à la façon dont je gère le bateau. J’essaye de rester le plus neutre par rapport à la situation et par rapport au classement parce que je pense que ça n’a pas beaucoup d’importance. C’est super d’être en tête du Vendée Globe et je ne vais pas bouder mon plaisir. Mais dans ma façon de pousser ma machine, de gérer le rythme, je fonctionnerais pareil que je sois premier, 10e ou 20e.

Bernard Stamm (SUI, Cheminées Poujoulat)

Je n’ai pas trop le temps de souffler mais les conditions s’améliorent un peu, surtout la mer et il y a un peu de soleil, ce qui ne gâche rien. Il n’y a pas un seul endroit sec à bord donc ce serait pas mal que ça s’arrête. La soute à voiles est bien rangée mais je vais commencer à mettre un peu de désordre. On met, petit à petit, des voiles plus grandes pour finir sous spi et là j’ai besoin d’une voile que j’ai stockée en tout premier lorsque j’ai matossé. J’ai vu Armel ce matin mais là je ne le vois plus. Je ne sais pas s’il a changé de voile, s’il a reculé mais là, je l’ai perdu de vue.

Armel Le Cléac’h (FRA, Banque Populaire)

Il fait beau. Le ciel se dégage au fur et à mesure qu’on descend dans le sud, les grains se font plus rares même s’il y a encore eu de bons ce matin. Et puis j’ai un petit camarade de jeu, Bernard Stamm. On navigue ensemble depuis ce matin. Il s’est rapproché de Banque Populaire et je vois sa cheminée qui fume ! Je n’ai pas encore vu de poissons volants. Je n’ai pas de citron vert pour aller avec mais j’ai de la très bonne huile d’olive. La température de l’eau augmente doucement, là j’ai 24 degrés, donc largement de quoi me baigner. J’ai bien dormi ce matin parce qu’hier c’était quand même assez chaotique. J’ai été un peu conservateur, j’ai attendu avant d’envoyer de la toile. Mais le principal est que le matériel va bien à bord de Banque Populaire. La route est encore longue devant nous.

Jérémie Beyou (FRA, Maître CoQ)

C’est quand même assez dur parce qu’on a eu des vents très forts. Il ne faut pas tout péter donc on va essayer de ménager la chèvre et le chou. J’ai surtout essayé de ménager ma trinquette et du coup je suis sous ORC. Il y a une belle bagarre avec Alex (Thomson) mais ce sont des conditions qu’il aime bien. L’idée est de sortir rapidement de cette dépression mais de garder une cadence proche de celle d’Alex. J’ai vu Hugo Boss une fois cette nuit et puis hier ou avant-hier, je ne sais plus. Et on s’est parlé aussi quand on était dans la pétole, il était furieux que je lui sois remonté dessus comme ça. Ce sont les années de régate en Figaro en Méditerranée ça. Tout est à peu près propre sur Maître CoQ. J’ai deux, trois bricoles à faire sur le pont, je m’en occuperai quand je serai plus peinard, à partir de ce soir j’espère.

Tanguy de Lamotte (FRA, Initiatives-Cœur)

J’ai eu une nuit assez mouvementée avec des grains jusqu’à 35 nœuds et pas mal de changements de voile. Ça a été intense mais là j’en profite pour me reposer un peu dans l’après-midi. Avec le bateau qui bouge beaucoup, il faut être prudent et rester accroché. J’essaye de ne pas me mettre dans le rouge et de rester dans mon rythme parce que ces bateaux sont quand même bien fatigants. J’essaye de me préserver mais la dernière nuit a été difficile, je n’avais pas assez anticipé. La nourriture et le sommeil sont très importants. Là il commence à faire beau donc ça va me permettre de me reposer un petit peu et de manger.

Vincent Riou (FRA, PRB)

C’est encore une alternance de nuages et de temps en temps, il y a quelques petites éclaircies. On ne va pas se plaindre parce que comparé à hier, c’est nettement plus calme, mais il y a de l’action. Depuis qu’on a passé le front il y a 36 heures, on a des grains avec un vent très variable, du coup ça met un peu de speed. Ça devrait se calmer et on devrait bientôt pouvoir reprendre vie sur nos bateaux. On s’est fait secouer dans un shaker pendant 24 heures, ce n’était pas super agréable. On a eu 40 nœuds au plus fort. C’était une journée sportive. La mer a été difficile, bizarre, elle était de travers et on se faisait balader. Il faudra compter les points dans deux jours. L’option que j’ai choisie ne sera certainement pas payante mais ce ne sera pas dramatique non plus.

Alessandro Di Benedetto (FRA/ITA, Team Plastique)

Je suis en train de soigner mon rhume qui a commencé juste avant mon départ. Je prends des antibiotiques, je reprends des forces petit à petit. On rentre vraiment dans la course, on se retrouve tout seul à naviguer et on prend la mesure de cette fantastique aventure. Ces bateaux sont des F1 des mers. Le mien n’est pas un des plus récents mais c’est un vrai plaisir de naviguer avec. C’est assez physique, chaque voile, chaque manœuvre représente beaucoup d’efforts car ce sont des dizaines de kilos à manipuler à chaque fois.

Alex Thomson (GBR, Hugo Boss)

J’ai réussi à dormir un peu et le rhume que j’ai depuis le départ de la course est en train de disparaître. Je pense que je pourrai peut-être rattraper un peu de mon retard sur Macif. Les fortunes de mer, ça arrive, ça fait partie de la course mais il faut bien reconnaître que ça rend les choses beaucoup plus stressantes

Source

Liliane Fretté Communication

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