Des mers chaotiques

© Alessandro di Benedetto / Team Plastique

Heurté par un chalutier la nuit dernière, Louis Burton (Bureau Vallée) fait route vers les Sables d’Olonne pour tenter de changer son hauban bâbord endommagé. Selon le règlement du Vendée Globe, il peut reprendre le départ de la course jusqu’à la date limite du 20 novembre à 13h02. Pendant ce temps, à l’ouest de Madère, le reste de la flotte affronte des mers chaotiques à l’avant et à l’arrière d’un front. François Gabart (Macif) reste le maître du jeu.

Montagnes russes

« A chaque fois que le bateau retombe d’une vague, c’est comme un coup de canon (…) Impossible de se tenir debout. Même à quatre pattes, c’est compliqué » nous dit Bernard Stamm à la vacation. « La mer est complètement désordonnée, c’est une énorme marmite, ça secoue dans tous les sens, je suis plein de bleus et de bosses » enchaîne Dominique Wavre. Les solitaires sont actuellement à la lisière de la dépression située entre les Açores et Madère. Si le vent n’est pas ultra violent, les grains orageux sont présents et la mer, chaotique, rend la progression des bateaux très délicate et la vie des marins particulièrement inconfortable. Difficile dans ces conditions de faire parler toute la puissance des bateaux sans casser. Toutefois, l’état de la mer devait s’améliorer progressivement à mesure que les grands monocoques descendront vers le sud.

La bande des quatre

Les différentes options, ou plutôt les différents timings pour aller chercher cette fameuse dépression, ont accouché d’un nouveau classement. Mais la véritable hiérarchie ne sera significative qu’une fois tous les bateaux revenus sur un même axe pour faire cap au sud. Pour l’instant, seuls quatre d’entre eux ont passé la surmultipliée et glissent à des vitesses comprises entre 16 et 21 nœuds à l’arrière du front. Vincent Riou (PRB) a retrouvé sa place dans le quatuor de tête, mais doit peut-être regretter son décalage prématuré dans l’ouest puisqu’il accuse désormais 127 milles de retard sur le leader. En troisième position, Bernard Stamm, à bord d’un bateau taillé pour le reaching, fait partie cet après midi des plus rapides (20 nœuds de moyenne). Il est à la lutte avec Armel Le Cléac’h (Banque Populaire) qui a extrêmement bien calculé ses placements ces dernières 24 heures. Enfin, François Gabart (Macif) mène toujours remarquablement le bal. Au sud, dans une zone où la mer était certainement moins désordonnée, il a été le premier, ce matin, à accélérer.

Les écarts vont se creuser

Au nord et à l’est de cette bande des quatre, la situation est plus compliquée. Mike Golding (Gamesa), Jean Le Cam (SynerCiel) et Arnaud Boissières (AKENA Vérandas) naviguent actuellement dans un dédale de grains orageux et des vents très instables. Jean Pierre Dick (Virbac-Paprec 3), Jérémie Beyou (Maître CoQ), Alex Thomson (Hugo Boss), Javier Sanso (ACCIONA 100% EcoPowered) et plus loin Dominique Wavre (Mirabaud) doivent attendre que la mer se range avant de pouvoir faire parler la poudre. Cet après midi, trois concurrents n’avaient pas encore passé le front : Samantha Davies (Savéol), Tanguy de Lamotte (Initiatives-cœur) et Alessandro di Benedetto (Team Plastique). Résultat, les écarts déjà importants – 428 milles entre le 1er et le 15e – vont encore se creuser. Enfin, les deux derniers solitaires, Bertrand de Broc (Votre Nom Autour du Monde avec EDM Projets) et le Polonais Gutek (ENERGA), au grand large du cap Finisterre, sont en train de contourner la dépression par le nord.
Le nouveau challenge de Louis Burton
Après l’abattement, suite à sa collision avec un bateau de pêche qui a endommagé son galhauban bâbord cette nuit vers 3 heures du matin, Louis Burton a décidé de faire route vers les Sables d’Olonne pour tenter de réparer et de repartir. Le skipper de Bureau Vallée est désormais engagé dans une course contre la montre pour arriver dans les temps dans le port vendéen. Selon le règlement du Vendée Globe, il peut reprendre le départ de la course jusqu’à la date limite du 20 novembre 13h02. D’ici là, lui et son équipe ont plusieurs défis à relever : ramener le bateau intact, sachant qu’il ne peut naviguer qu’en tribord amure. Et fabriquer un nouveau galhauban dans les délais.

Le classement

Le 14/11 – 16h06

  1. François Gabart
    [ Macif ]
    à 22909,4 milles de l’arrivée
  2. Armel Le Cléac’h
    [ Banque Populaire ]
    à 52,9 milles du leader
  3. Bernard Stamm
    [ Cheminées Poujoulat ]
    à 57,5 milles du leader
  4. Vincent Riou
    [ PRB ]
    à 127 milles du leader
  5. Mike Golding
    [ Gamesa ]
    à 131,8 milles du leader

Ils ont dit

Louis Burton, contacté par téléphone ce mercredi à 15h00

Moi ça va, l’émotion du choc est un peu redescendue et je fais route vers les Sables d’Olonne. On est en train d’essayer de faire faire sur mesure cette pièce mais ce n’est pas évident car ça prend environ trois semaines. Voilà, pour l’instant on y croit, je suis en tribord, j’essaye de faire avancer le bateau le plus vite possible pour gagner du temps par rapport aux Sables en sachant que je ne peux pas virer de bord sans risquer de tout mettre par terre. Je suis encore à 700 milles des Sables. Les conditions vont faiblir à partir de demain. Le routage me fait arriver dans quatre jours à peu près en sachant qu’il y a aussi des manœuvres en bâbord amure à faire et il y a aussi la pétole à traverser à un certain moment donc je suis malheureusement assez incertain sur mon arrivée précise aux Sables d’Olonne. Ça fait mal car un tel investissement, pendant si longtemps, avec tous les partenaires, avec Bureau Vallée, avec l’équipe, c’est une sensation d’arrêter brutalement à cause d’un choc comme ça, c’est une sensation d’injustice. Ça fait partie du sport mais ce n’est pas facile à gérer et je n’aurais pas cru que ça arriverait.

Bernard Stamm (SUI, Cheminées Poujoulat)

La mer est un peu chaotique, c’est un peu les montagnes russes. On a passé un front, il y a un vent important. C’est un peu du saute-moutons. C’est impossible de tenir debout, même à quatre pattes. A chaque vague, il y a un coup de canon dans le bateau. L’ambiance n’est pas terrible.

Dominique Wavre (SUI, Mirabaud)

C’est parti tambour battant, il n’y a pas beaucoup de pause. J’ai une mer complètement désordonnée, c’est impressionnant de voir comme la mer peut être houleuse et agressive. Gabart a pris d’entrée les bonnes options. Il a un sacré bateau, c’est un sacré gaillard. Il fait une très bonne course. Il est impressionnant de maîtrise. Là, j’ai 4,5 heures assez pénibles à vivre avec beaucoup de manœuvres mais après ça devrait aller mieux. La route est encore longue.

Arnaud Boissières (FRA, AKENA Verandas)

Cette nuit a été laborieuse, vent faible comme je m’y attendais et puis c’est reparti vers 4h. Une mer de 2m et 20 nœuds en ce moment. Hier super journée au soleil avec maillot de bain. Là, il fait beau mais dehors ça mouille. Tout va bien sur le bateau, j’ai juste bricolé pour vérifier mais c’est plutôt satisfaisant. J’ai tendance à dire RAS. Je passe de l’autre côté du front d’ici 2 à 4h. J’aurai une route plus directe et j’irai plus vite. Je fais super gaffe, un cargo est passé un mille derrière tout à l’heure. Ça me fait mal au cœur pour Louis, c’est un super gars. Pour Kito, je n’en ai pas dormi de la nuit, je suis très triste pour eux.

Mike Golding (GBR, Gamesa)

La vie à bord se passe bien, j’ai dépassé le front et je fais à nouveau route vers le sud, ce qui est un vrai soulagement. Je suis satisfait de mon parcours ces deux derniers jours, je suis de retour dans le peloton de tête, même si je n’ai pas vraiment rattrapé mon retard sur MACIF, qui avance très vite en ce moment. Différentes options sont possibles, avec à chaque fois des avantages et des inconvénients. La nuit dernière a été plutôt agitée, très dure, j’ai dû effectuer pas mal de changements de voile et j’ai vraiment besoin de faire un peu de rangement dans le cockpit. Le bateau bouge énormément et cogne si fort que je suis trempé et c’est difficile de faire quoi que ce soit. Il y a tellement de grands navigateurs dans le Vendée Globe qu’il faudrait être fou pour ne pas jeter un coup d’œil à ce que font les autres. Et en même temps, je prends mes propres décisions, je fais mes propres choix. Et quand ce sont les bons, comme ceux de Gabart ces derniers jours, vous pouvez gagner rapidement des places sans pour autant avoir le bateau le plus rapide.

Javier Sanso (ESP, ACCIONA 100%EcoPowered)

Je suis vraiment fatigué, j’ai dû changer de voile tellement de fois depuis hier! Je suis passé du génois au solent, puis à la grand voile… J’ai vraiment besoin de dormir. Jusqu’ici, je suis satisfait de ma course. Je n’ai pas regardé mon classement récemment mais de toute façon, la clé, pour l’instant, c’est de ne pas laisser le peloton s’éloigner. Je m’accroche, il suffirait de pas grand chose pour que je remonte, il faudrait que je pousse un peu plus le bateau. Mais franchement, je suis content, très content. Vu que je n’avais pas d’expérience à ce niveau-là de compétition, il m’a fallu un petit peu de temps pour être au maximum mais ça va. Je suis vraiment satisfait des performances du bateau.

Source

Liliane Fretté Communication

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