Lente ruée vers l’Ouest

© Jean-Marie Liot / DPPI

Après la course de vitesse des premières 48 heures, cette troisième journée de mer marque une transition. Au nord de Madère, les 18 monocoques ont obliqué leur trajectoire et se sont éloignés de la route directe pour aller chercher dans l’ouest le vent d’une dépression. Mais avant de retrouver des airs favorables, ils ont deux obstacles à franchir : une zone de vent très faible, puis du près musclé à l’arrivée du front. Ces prochaines heures, le changement de régime sera brutal.

Le pari de PRB… et des autres

Hier soir, Vincent Riou a été le premier à dégainer. Plutôt que de se laisser glisser vers le sud en compagnie de ses camarades de tête François Gabart et Armel Le Cléac’h, le skipper de PRB n’a pas hésité à empanner pour faire route à l’ouest. Quitte à perdre de nombreuses places au classement général (il est passé de la 3e à la 10e place en 24 heures). Avec Javier Sanso (ACCIONA 100% EcoPowered), Jérémie Beyou (Maître CoQ) et plus loin Louis Burton (Bureau Vallée), le vainqueur de l’édition 2004 du Vendée Globe était aussi le premier à s’empêtrer dans les rets de la dorsale anticyclonique. Au pointage de la mi-journée, tous les « occidentaux » progressaient à moins de 4 nœuds ! Leur pari : être les premiers à sortir de cette zone de vents erratiques et attraper la dépression qui est en train de se caler sur les Açores. Cette nuit, ils devraient connaître des heures difficiles, avec de forts vents de face et des orages. Les marins situés les plus au nord de l’échiquier affronteront les conditions les plus musclées au passage du front. Mais une fois passée cette difficulté, ils pourront cavaler au portant en direction du Cap Vert.

Gabart, toujours plus rapide

Les uns après les autres, tous les solitaires vont vivre à peu près le même scénario. Tôt ou tard, ils devront manger leur pain noir dans les petits airs. En tête de la course depuis 72 heures, François Gabart a décidé de retarder au maximum cette échéance. Le skipper de Macif demeure toujours le plus rapide cet après midi. Même chose pour Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat), actuellement pointé en 2e position, Jean Le Cam (SynerCiel), Mike Golding (Gamesa) ou encore Arnaud Boissières (AKENA Vérandas) qui ont eux aussi choisi de prolonger les plaisirs de la glisse dans le sud… A surveiller de près : la position intermédiaire d’Armel Le Cléac’h (Banque Populaire).
Tous ces jeux de placement ont largement bouleversé le classement de la course. Il faudra attendre demain, une fois que la flotte aura passé le front, pour avoir une idée plus claire de la hiérarchie. D’ici là, il y aura du boulot sur le pont : changements de voiles, matossage, virements de bord. Heureusement, les navigateurs ont fait le plein de sommeil la nuit dernière pour aborder cet épisode un peu physique.

En bref

Plus rapides qu’en 2008.

Lors de la précédente édition du Vendée Globe, Sébastien Josse avait été le premier à passer la latitude du cap Saint Vincent (sud-ouest de la péninsule ibérique) après 3 jours et 7 heures de course. Cette année, avec un golfe de Gascogne avalé à grande vitesse, le leader François Gabart n’aura mis que 2 jours et 2 heures.

Le classement

Le 13/11 – 16h00

  1. 1. François Gabart (Macif)
    à 23083,3 milles de l’arrivée
  2. Bernard Stamm
    (Cheminées Poujoulat)
    à 38,9 milles du leader
  3. Armel Le Cléac’h
    (Banque Populaire)
    à 63,3 milles du leader
  4. Jean Le Cam
    (SynerCiel)
    à 76,7 milles du leader
  5. Mike Golding
    (Gamesa)
    à 76,7 milles du leader

ILS ONT DIT…

Kito de Pavant (FRA, Groupe Bel)

C’est terrible ce qui m’arrive et ce qui arrive à toute l’équipe de Groupe Bel. C’est incroyable que ça puisse nous arriver pour la deuxième fois. Le Vendée Globe, ce n’est pas pour moi. L’histoire se répète, c’est terrible. En plus, les conditions sont sympas en ce moment donc je pense à ceux sont en course, ils ont beaucoup de chance d’être là. Il y a énormément de frustration et de l’énervement. Je n’ai pas trop les mots pour expliquer les sentiments que je ressens. C’est cruel. Pour l’instant, on évalue les possibilités qui nous sont offertes pour sécuriser le bateau. On va essayer de trouver les meilleures solutions pour réparer le bateau cet hiver. Quand on le voit, ça fait de la peine. Je remercie tous les gens pour leur soutien, ça fait chaud au cœur. Je sais que ce projet était très suivi et je connais toute la sympathie que les gens peuvent avoir pour ce projet. Ça va être difficile à gérer et je ne sais pas comment on va s’en sortir. 

Jean Le Cam (FRA, SynerCiel)

Ça va très bien, je suis sous spi, il fait beau. Je suis en chaussette, Crocs, slip et t-shirt, donc c’est parfait. Avec ma tenue, si je me balade sur les Champs Elysées, je finis en taule directement. Le départ était plutôt facile, on n’a pas eu à faire de virement de bord. Moi je ne suis pas trop mal parti, après je me suis un peu collé à l’Espagne. On s’est rencontré avec Virbac, deux fois dans la nuit et c’était assez rigolo. J’avais un safran levé, je m’étais mis en travers, et je l’ai vu arriver sur moi, j’ai eu un peu peur.

Bertrand de Broc (FRA, Votre Nom autour du Monde avec EDM projets)

Les conditions sont sympathiques avec 15, 16 nœuds. J’ai eu 24h délicates avec une grosse dorsale à passer à 3,4 nœuds au large du Cap Finisterre. Les écarts sont un peu importants mais j’essaye de me mettre dans la course et d’oublier ce qu’il s’est passé. Je prépare mon fichier de photos, un peu de rangement. J’ai bien mangé et bien dormi. Là, je sors de mon petit déjeuner avec pain, beurre et Nutella.

Armel Le Cléac’h (FRA, Banque Populaire)

On verra une fois qu’on aura traversé la dorsale qui nous barre un peu la route, mais pour l’instant, le début de course s’est très bien passé pour moi et Banque Populaire. La mer s’est bien calmée, depuis hier soir. La houle aussi. J’ai pu bien dormir cette nuit. Je fais un peu de rangement en ce moment à bord du bateau. On essaye de trouver le meilleur passage pour traverser cette dorsale, on aura la réponse de nos choix stratégiques d’ici 24h. 

François Gabart (FRA, Macif)

Ça va super, les conditions ont bien molli et il y a moins de vent qu’hier à la même heure. Le principe est de traverser cette zone de transition. Plus tu rentres vite, plus t’en sors vite. On devrait y rentrer un peu plus tard mais l’essentiel est d’y rester le moins longtemps possible. Avec Bernard, on a à peu près les mêmes latitudes et ça me semble pas mal.

Vincent Riou (FRA, PRB)

Ça va pas mal, je suis en train de traverser une petite dorsale anticyclonique et j’espère en sortir en fin de journée, peinard. On a eu des bonnes conditions météo qui ont permis de partir vite. On est vite dans le bain et on n’a pas le temps de réfléchir donc c’est très sympa. J’ai fait un petit tour du proprio rapide. Le bateau est en très bon état, je suis content.

Samantha Davies (GBR, Savéol)

J’ai dormi toute la nuit (six fois 40 minutes en tout). J’étais très mécontente d’avoir raté une si jolie nuit avec un petit vent très doux sous un ciel étoilé. A la tombée de la nuit, je voyais Jupiter briller à travers mon cockpit, c’était fantastique. Malheureusement, toutes les bonnes choses ont une fin et avec le vent qui commençait à faiblir j’ai enlevé un ris de la grand-voile et j’ai réalisé que le bloqueur de la drisse était cassé. J’ai fait une réparation temporaire. Mais ça ne va pas être simple parce que le bloqueur est à l’intérieur du mât, dans sa partie basse. Dans tous les cas, je vais devoir complètement affaler la grand-voile. Heureusement j’ai une fenêtre météo qui va me permettre de faire cette réparation. Je traverse actuellement une petite dorsale juste avant l’arrivée d’un front orageux. C’est donc pour cela que j’ai autant dormi la nuit dernière pour être en forme avant une longue journée de travail.

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