Pression max à 20 heures du finish!

© Gilles Morelle / www.gillesmorelle.com

Liés comme les 5 doigts de la main, les MOD70 ont déjà englouti les trois quarts de cette 5e étape. La nuit dernière, poussés par une solide Tramontane, ils ont cavalé à 25 nœuds de moyenne. Et dans cette course effrénée sous la lune, personne n’a dévissé. Les voici désormais à la latitude d’Ajaccio, à 200 mètres les uns des autres en distance au but, au sortir d’une bande de grains orageux qui a semé une vraie zizanie dans les rangs, coûtant son gennaker à Groupe Edmond de Rothschild. Entre les nuages, la flotte s’est séparée en deux petits groupes. Le passage de la Giraglia d’ici quelques heures, permettra d’y voir plus clair dans la hiérarchie. Quant au dénouement à Gênes, ce sera pour mardi matin, entre 9 et 11 heures.

Ça se corse au large de l’île de Beauté

A l’aube, en arrondissant largement Minorque pour éviter les dévents de l’île, FONCIA avait pris d’un cheveu les commandes d’une flotte qui progressait alors à vive allure, au reaching, cap au nord-est. Mais en fin de matinée, au large de la Corse, les 5 MOD70 se trouvaient pris dans une bande de grains orageux. A bord de Spindrift racing, Léo Lucet, contacté en début d’après-midi, décrivait une scène surréaliste et confuse où les grands trimarans, bord à bord, ont zigzagué entre trous de vents, averses et rafales brutales, les uns s’envolant sur une coque quand les autres, à quelques mètres près, restaient scotchés sur le plan d’eau. Le gennaker de Groupe Edmond de Rothschild s’est malheureusement déchiré pendant cet épisode scabreux.

Deux groupes

La situation s’est éclaircie en début d’après-midi et les trimarans évoluent à nouveau dans un flux d’ouest d’une quinzaine de nœuds. La flotte se tient en quelques centaines de mètres (distance au but) mais elle est désormais scindée en deux groupes : au vent, Musandam-Oman Sail, Spindrift racing et Groupe Edmond de Rothschild naviguent à vue. 10 milles sous leur vent, FONCIA et Race for Water sont pratiquement coque contre coque. Impossible de dire qui est en tête. Les trajectoires des deux petits groupes vont bientôt converger et il sera possible d’établir une hiérarchie au passage de la Giraglia en fin de journée. Mais à ce stade, la course sera loin d’être terminée. Il restera encore 80 milles à parcourir pour atteindre la ligne d’arrivée du Yacht Club Italiano.

« Grand casino » en Italie ?

Dans un vent voué à faiblir puis s’écrouler dans le Golfe de Gênes, le scénario d’une arrivée très groupée en Italie est de plus en plus probable. Tout pourrait donc se jouer dans les 40 derniers milles : la victoire de la 5e étape et celle de l’European Tour. Espérons que ce ne soit pas au terme d’un grand casino dans la pétole…
La pression n’est pas seulement dans les voiles. Elle repose sur les épaules des 30 hommes d’équipage dont toutes les ressources doivent être investies dans ces 20 dernières heures de course : régler au plus fin, barrer au plus précis, déclencher les empannages au bon moment, conserver de la lucidité pour le final. Sans faiblir.

Ils ont dit :

Léo Lucet – Spindrift racing, à la vacation de la mi-journée :

On vient de passer quatre heures au coude à coude avec Oman et Gitana qui vient d’ailleurs de déchirer son gennaker. Nous étions sous des grains, de gros nuages, de la pluie, de vraies conditions méditerranéennes, à ne plus savoir d’où vient le vent et, surtout, à ne pas avancer ! Ce matin, on avait Foncia et Race For Water sous le vent ; Gitana et Oman qui étaient un peu derrière. Il y a eu un gros nuage, une zone sans vent devant nous. On n’a pas pu la contourner. On a décidé de passer à son vent avec Oman et Gitana alors que Foncia et Race For Water ont décidé de plonger au maximum. Les cinq bateaux se sont retrouvés dans des zones incroyables non loin les uns des autres. Ça fait une demi-heure qu’on est sorti de cette zone compliquée et difficile. Là on a un vent au 255, pour 13/14 nœuds. Ce n’est pas tout à fait dans nos prévisions ; mais on s’en rapproche. Ça va dans le bon sens. On reprend enfin la route de nos routages. On navigue comme prévu ce qui n’était pas le cas ce matin ! On a eu tout et n’importe quoi ! Je pense que nos traces doivent être jolies à regarder !
Dans un futur proche, on se concentre sur le passage de la Giraglia ; ce qui signifie plusieurs empannages. Il va falloir gérer cette marque. On ne se projette pas plus loin que la Giraglia qu’on va essayer de passer proprement. Ensuite, on envisagera la stratégie pour la fin de la course en baie de Gênes qui est toujours difficile à gérer avec soit peu de vent ou soit de grosses variations. Sinon, tout le monde est en forme à bord de Spindrift racing. On a beaucoup manœuvré et peu dormi. On essaie d’être les premiers à déclencher les prises d’option ! On s’est fait un plat chaud ce matin. Bonne ambiance à bord ! On a hâte de voir comment on va sortir de la Giraglia et où seront alors nos p’tits camarades !

Sidney Gavignet, skipper de Musandam-Oman Sail, dans un message envoyé ce matin : « A 30 nœuds, sur un flotteur sans fermer l’œil »

Ouch ! Je me lève après 2 heures de sommeil. Un peu courbatu le vieux marin ! On les a bien mérité ces deux heures, car avant cela, nous n’avons pas vraiment fermé l’œil. Sous la pleine lune nous étions lancé dans un bord magique depuis Marseille, sous gennaker, sur un flotteur, à 30 nœuds presque constants ! Puis la flotte s’est regroupée sous Minorque et Foncia nous a fait une desjoyeauterie, par l’extérieur pour ressortir en tête. En sortie d’île : manœuvre brutale pour rouler le gennak et nouvelles conditions. Il faut à chaque fois trouver l’accélérateur, mettre le moins de temps possible pour trouver la vitesse.
Pas facile mais génial pour une dernière étape, les cinq bateaux groupés ! Il nous reste encore de la route ! Allez, Salut et à la revoyure.

Source

Caroline Muller

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