Vers un nouveau départ à Gibraltar ?

© Chris Schmid / Spindrift racing

Musandam-Oman Sail a pris la poudre d’escampette cette nuit à proximité du cap Saint Vincent et mène désormais le bal des MOD 70 à 66 milles de l’entrée du détroit de Gibraltar. Mais Sidney Gavignet et ses hommes savent que rien n’est acquis car le vent va s’écrouler au moment d’entrer en Méditerranée. Et toute la flotte pourrait se regrouper à nouveau devant les colonnes d’Hercule.

17 milles d’avance… record battu

Cette nuit, FONCIA a perdu les commandes de la course au profit de Musandam-Oman Sail qui s’est fait la belle dans le petit temps, en allant jouer les risées près du cap Saint Vincent. Ils ont été les premiers à passer de l’autre côté d’une petite dépression marocaine et à toucher un léger flux de secteur Est d’une quinzaine de nœuds, pendant que le reste de la flotte peinait dans un vent plus faible.
Après 24 heures de course, au sortir du Golfe de Cadix (sud de la péninsule ibérique) Sidney Gavignet et ses acolytes comptabilisent plus de 17 milles d’avance sur leur dauphin Race for Water. Or, depuis le coup d’envoi de l’European Tour, c’est le plus gros écart jamais enregistré entre un concurrent de tête et son premier poursuivant… ce qui donne une idée de l’intensité de ces régates longue distance.

Pas de vent en mer d’Alboran

« On préfère être dans cette position que derrière » confiait Jean-François Cuzon, le navigateur de Musandam-Oman Sail à la vacation de la mi-journée. Cette nuit, « Jeff » n’a pas beaucoup dormi, restant à l’affut de la moindre veine de vent à exploiter. Pourtant, il sait que ces 17 milles d’avance, un record sur cette course, ne sont pas une assurance tout risque vu les conditions météo à venir. Ce soir, le flux d’Est va s’écrouler dans le détroit de Gibraltar où il faudra tirer des bords à petite vitesse au milieu des cargos. « On pourrait alors repartir de zéro » confie Jean-François Cuzon. Or, une fois passé cet étroit goulet (14 km de large) qui sépare l’Atlantique et la Méditerranée, la situation est encore plus molle et confuse. Le matin du départ de Cascais, Charles Caudrelier, le navigateur de FONCIA, observait des routages en se grattant la tête : l’un d’eux prévoyait de passer 48 heures pour traverser les 157 milles de la mer d’Alboran ! Ce scénario très pessimiste est assez improbable car les MOD70 sont capables d’aligner des vitesses correctes, même dans un vent de 5 à 6 nœuds. Ce qui est probable, en revanche, c’est que la pétole à venir va relancer les dés au sein de la flotte, dont la hiérarchie risque d’être chamboulée à de multiples reprises. Que faire quand la météo est aussi incertaine ? Etre opportuniste, rester très concentré, compter sur sa bonne étoile et avoir les nerfs solides.
Dans le sillage de Musandam-Oman Sail, Race for Water, Groupe Edmond de Rothschild, FONCIA et Spindrift racing espèrent tous, en tout cas, profiter de la confusion générale pour revenir dans le match.

Ils ont dit :

Jean-François Cuzon, navigateur de Musandam-Oman Sail à la vacation de midi :
« Cette nuit, à la pointe du cap Saint Vincent, la brise thermique a commencé à s’étioler. De notre côté, nous avons cherché à jouer la courbure du cap Saint Vincent, essayé de trouver les bons angles pour aller de bouffe en bouffe et ça a bien payé, on a tout de suite creusé un petit écart sur les autres bateaux. Après, il y avait un choix qui n’était pas facile à prendre ce matin par rapport à une dépression qui remontait du Maroc. Là, ça y est, on est de l’autre côté de la dépression, donc on va faire route sur un bord rapprochant vers Gibraltar. On est au près dans 14 nœuds de vent, il y a un peu de mer, mais ça avance bien. On devrait garder ce vent de secteur Est jusqu’à l’approche de Gibraltar, en début de nuit, ensuite, ça va devenir très mou. Et en mer d’Alboran, ce sera encore plus mou ! Conclusion : ça risque de recoller derrière. Les conditions sont clémentes, mais tout cela demande beaucoup d’attention sur le bateau, aux réglages. Il faut tout le temps regarder la nav’ pour trouver les bons angles, tirer les bons bords. Cette nuit, je n’ai pas dormi beaucoup. J’étais pas mal aux aguets pour essayer de prendre la moindre risée. On est content d’être devant, mais on sait très bien que ça peut revenir par derrière et repartir de zéro à Gibraltar. C’est sûr qu’on préfère être là que derrière ! On va essayer de naviguer avec ce qu’on peut, on verra bien ce que ça donnera…

Message de FONCIA reçu à 11h49
« Si le départ n’était pas fantastique, on s’en est bien sorti, puisque après le petit parcours côtier qui nous apportait 1 petit point de bonus (c’est toujours bon à prendre !), on est parti vers le large toucher un joli vent d’ouest. Ensuite, ça a été la bagarre avec Race for Water, qu’on a fini par doubler, pour prendre la tête de l’étape. Prise de contrôle de courte durée puisque Race For Water et Oman Sail ont tiré un bord plus que favorable au cap Saint Vincent, pendant la nuit (c’est pas très courtois, non ?!) et nous ont ainsi collé une belle douille. Pour le moment, les choses sont compliquées, le vent ne correspond pas aux fichiers de prévision, du coup, nous somme très indécis ! Heureusement, on a 2 camarades de jeu et non des moindres, Gitana devant, et Spindrift, dont on sent le souffle dans le dos… La route est longue, plusieurs transitions nous attendent, qui délivreront leurs lots de surprises…Cette 4ème étape commence fort ! »

Source

Caroline Muller

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