Explication en Mer Celtique

© Jean-Marie Liot / NCR

Depuis hier soir et le passage du cap Lizard, les douze voiliers engagés dans la Normandy Channel Race cru 2012, (les américains de « Bodacious Drean » ayant abandonné la course) ont enfin touché du vent. En mer Celtique et en direction de Tuskar Rock en Irlande, que les marins vont aborder dans la soirée, la flotte de la NCR file, au près, à plus de 8 nœuds de moyenne dans une mer forte. Six tandems, dont « Consise 2 » de Sam Goodchild et Ned Collier Wakefield en tête et « Campagne de France » du double Mabire – Merron, deuxième à 0,3 milles, se tiennent en 14 milles. En raison d’une dorsale anticyclone tenace venant du Nord-Ouest, et donc du peu de vent attendu cette nuit et quasiment jusqu’à l’arrivée à Caen, la direction de course a décidé de réduire et de changer le parcours ; exit le Fastnet, direction Guernesey, prochaine marque obligatoire. Les leaders sont attendus sur la ligne d’arrivée au large d’Hermanville-sur-Mer samedi.

Enfin du vent dans les voiles des Class 40 de la Normandy Channel Race. Cette nuit et toute la journée, les duos s’en sont donnés à cœur joie faisant avancer leur machine à vent à bonne vitesse et à des moyennes de plus de huit nœuds. Une situation sympathique pour les concurrents car, depuis le départ, les voiliers avaient de réelle difficulté à se diriger vers le but.

Dès hier soir, au passage du Cap Lizard, un vent orienté au Nord-Nord-Est soufflant à 25 nœuds, une mer hachée « casse bateaux » est apparu. Six concurrents se sont alors portés aux avant-postes avec en tête « Campagne de France » et « Concise 2 » impressionnants de régularité et contrôlant leurs adversaires directs en allant jouer à terre afin de s’abriter du courant.

Dès leur entrée en mer Celtique suite à Land’s End, certains choisissaient de tirer un contre-bord, d’autres de pointer leur étrave en direct vers l’Irlande et la porte de Tuskar Rock.

Au près, les navigateurs pouvaient se détendre, prendre un rythme de quart normal, et tirer toute la quintessence de leur Class 40, des bateaux racés.

« Talanta » de Jean Galfione et Eric Péron, « Eole Génération GDF Suez », « Solo », le plan Owen Clark des norvégiens Aasberg – Lovgren, « Phoenix Europe Express » de Yannick Bestaven et Julien Pulvé, revenaient à porter de fusil des deux leaders, une lutte de haut niveau quasi bord à bord et passionnante pour les observateurs restés à Caen ou derrière leur ordinateur au fil des pointages.

La bataille est également intense derrière. « Les Conquérants Caen La Mer » de Marc Lepesqueux et Eric Defert sont loin d’avoir dit leur dernier mot. Le skipper caennais est en embuscade à 12 milles du sixième. « Earwen » piloté par l’amatrice Catherine Pourre et son compère trinitain Goulven Royer, « Masai » des Franco- Néerlandais Le Diraison – Korner, « Jasmine Flyer » mené par le jeune britannique Scott Cavanough, vainqueur des deux dernières étapes de la Global Ocean Race, et Thibault Reinhart, ministe, ont encore toute leur chance de créer la surprise. Un peu plus loin, le cherbourgeois Louis Duc, équipé de Samantha Evans, « Avis Immobilier » réalise une belle performance à bord de son Akilaria, première génération.

La fatigue doit, sans aucun doute, se faire ressentir à l’intérieur des bateaux. Hélas, les tandems ne sont pas prêts de se reposer car, dès ce soir, en approche de l’Irlande, Eole va, à nouveau, s’essouffler en tournant au Sud-Est pour le retour en France.

Message de Sylvie Viant, directrice de course, et Jean Couadou, Président du comité de course : « Compte tenu des conditions météorologiques des prochains jours, la Direction de course en accord avec le Comité de Course a décidé de supprimer la marque Fastnet Rock du parcours. Après Tuskar Rock, la prochaine marque sera l’Île de Guernesey ».

Ils ont dit à la vacation :

Jean Galfione, skipper du Class 40 « Talanta » joint à 16h00 :

« Nous jouons au chat et à la souris avec les deux premiers. Nous venons de déclencher un virement et on en fera un autre dans une heure. Nous espérons croiser devant. C’est assez plaisant, c’est la compétition. On voit que personne ne lâchera rien jusqu’à la fin. Rien n’est joué ».

Thibault Reinhart, co-skipper du Class 40 « Yasmine Flyer » :

« Cela change du Mini 6.50. En Class 40, nous pouvons communiquer et puis dans une mer cassante comme nous avons actuellement, c’est beaucoup plus agréable, nous disposons d’une vraie bannette et un chauffage. Nous avons commencé à réellement se reposer ».

Catherine Pourre, skipper du Class 40 « Earwen » :

« Nous plantons des pieux. La mer est forte. Cela se présente pas mal. Dans la nuit, nous avons fait une pointe à 15 nœuds. C’est sympa, ça va vite. Sans fichier météo, on fait au mieux ».

Sébastien Rogues, skipper du Class 40 « Eole Génération GDF Suez » :

« On voulait du vent, et bien en voilà! Mais pas dans le bon sens…. . Cette course est vraiment agréable, il y a toujours du match, un concurrent en visu enfin bref comme on dit « il y a du rythme! »! Ce matin il fait froid mais le soleil est là. Dans les prochaines heures le vent devrait mollir et nous allons alors pouvoir sortir de nos tanières. Car gare à la vague, que tu n’as pas anticipé et qui te ruine ta polaire toute sèche ! Mino fait dodo, tout va bien à bord ».

Simen Lovgren, co-skipper du Class 40 « Solo » :

« Tout va bien à bord. La nuit a été excellente, ça fait du bien d’avoir du vent après autant de petit temps. Nous sommes contents de la décision prise par la direction de course ».

Miranda Merron, co-skipper de « Campagne de France » :

« Les conditions sont horribles ! Nous avons une mer difficile. En ce moment, il fait beau, on a entre 12 et 14 nœuds, alors que cette nuit, nous avons eu entre 18 et 20 nœuds ».

Olivier Roussey, skipper du Class 40 « Obportus » :

« Nous avons 15 nœuds de vent, la mer est hachée. Nous avons du soleil, tout va bien pour nous. On a du faire une manœuvre pour éviter un bateau à mobilité réduite, nous nous sommes donc un peu écartés de notre route. Tout se passe bien entre nous l’ambiance est bonne, on s’accroche ! Et on ira au bout ! »

Marc Lepesqueux, skipper du Class 40 « Les conquérants –Caen la Mer » :

« Tout va bien pour nous. Nous avons un peu de retard, ça ne va pas être facile pour nous de les rattraper. J’espère que la météo sera plus favorable. Ce qui m’inquiète, c’est la position du centre anticyclonique, qui l’on espère ne s’installera pas lors de notre passage. Hier le vent est rentré brutalement, nous avons perdu un peu de temps, car nous étions au mouillage à 55 mètres de fond et il y avait beaucoup de courant ».

Louis Duc, skipper du Class 40 « Avis Immobilier » :

« Au petit matin, nous avons rasé les cailloux de Land’s End. Et nous avons croisé les MOD 70, un très joli spectacle. Le bord de reaching cette nuit a fait du bien à notre moyenne en vitesse depuis le départ, ça change des mouillages autour de l’île de Wight où nous avons détourné un porte avion de la Marine Britannique qui faisait route de collision avec nous. A leur bord, nous avons aperçu à la jumelle une leçon de sport sur le pont, j’ai, tout de suite, pensé au film Hot Shot, une parodie de Top Gun ».

Un match dans le match

Au-delà des performances au sens strict des skippers de la Normandy Channel Race et du classement, les constructeurs et architectes des Class 40 se livrent un match dans le match. En effet, et même si la jauge Class 40 ne permet pas de grandes évolutions techniques, les voiliers engagés dans la compétition normande sont différents. Premier constat, les différences de vitesse entre les bateaux sont infimes. On retrouve en tête de la Normandy Channel Race des dessins distincts mais sans réelle répercution sportive. Le plan Verdier, Tyker 40 première génération, mené par Yannick Bestaven et Julien Pulvé, le Plan Owen Clark des norvégiens de « Solo » tiennent encore bien la route. Les Pogo S2, plan Finot, construit par Structures, « Campagne de France », « Talanta » sont devants et semblent polyvalents et réguliers en terme de « speed » à toutes les allures et dans toutes les conditions. Enfin, les Akilaria RC2 Lombard « Concise 2 » et « Eole Génération – GDF Suez » sont également très efficaces. Dommage que le Mach 40, dessiné par Sam Manuard, « Mare » ne soit plus de la partie, abandon, car il aurait été intéressant de le suivre un peu plus dans le petit temps.

Un jour, un équipage

On ne présente plus Jean Galfione. Sportif de haut niveau, il a fait sauter de joie les français et les françaises en 1996 en remportant le concours Olympique de saut à la perche aux Jeux Olympiques. Depuis, il s’est, peu à peu, reconverti en marin d’abord à bord du Class América des français de « K Challenge » puis en Figaro Bénéteau et depuis quatre années sur le circuit des Class 40. Il est l’un des grands fidèles de la Normandy Channel Race puisqu’il participe à l’épreuve pour la troisième fois en trois éditions. Propriétaire d’un Pogo S2 soutenu par Leatherman, Jean s’est adjoint les services de son copain Eric Péron. Ce dernier fait parti des navigateurs les plus doués de sa génération enchaînant avec une certaine facilité course en Figaro Bénéteau et Class 40.

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