Cross Country

© Vincent Curutchet / DF/ Lloyd Image / MOD70

Si la première nuit de course a été la plus agitée de ce parcours de 1 238 milles entre Kiel et Dùn Laoghaire (Dublin), les obstacles ne manquent pas devant les étraves des cinq MOD70. Après avoir débordé les côtes allemandes, danoises, suédoises et norvégiennes, les équipages vont aborder les Pays-Bas et la Belgique où une deuxième difficulté pourrait bien redistribuer les cartes.

Après 24h de course, les équipages ont déjà avalé 460 milles, mais c’est probablement la meilleure journée de cette première étape ! Car devant les étraves des cinq MOD70, c’est une première bulle anticyclonique qui se forme pour la nuit prochaine… La traversée de ce deuxième « obstacle » ne va pas être facile car du Nord de la Hollande jusqu’à Brighton, le vent va être aux abonnés absents ou presque. Et cela pourrait durer jusqu’à mardi soir, jusqu’à ce qu’un front peu actif venu du Nord passe sur la flotte.

Un détroit musclé

En fait après le départ de Kiel dimanche à 14h50, la brise n’a pas été aussi poussante que prévue, plutôt poussive même puisqu’il a fallu beaucoup manœuvrer pour adapter la voilure aux changements de direction et de force entre le Sud-Ouest et l’Ouest, entre 15 et 25 nœuds. Et si trois trimarans ont pu s’échapper lorsqu’il a fallu zigzaguer entre les îles et les marques du parcours à respecter, c’est plus grâce à leurs bons timing et à leurs petits recadrages qu’ils ont pu décrocher Musandam-Oman Sail et Race for Water, respectivement d’une dizaine et d’une vingtaine de milles avant d’aborder le détroit de Skagerrak.

« Lors de la remontée du Danemark, il y a eu pas mal de changements de voile à effectuer : nous n’avons peut-être pas enchaîné les manœuvres dans le bon timing ? Ensuite comme nous étions un peu derrière, les leaders ont eu des conditions de vent un peu différentes et un peu plus favorables : nous avons dû virer de bord alors qu’ils ont fait route directe après le détroit de Skagerrak. Nous avons eu jusqu’à 27 nœuds de brise avec une mer qui était formée mais encore maniable : cela n’a pas duré trop longtemps dès que nous avons pu piquer vers le Sud. » indiquait ce lundi après-midi Jean-François Cuzon.

Les écarts entre le trio et ses deux poursuivants se sont alors creusés quand il a fallu déborder la pointe de Hanstholm, au Nord-Ouest du Danemark : le vent d’Ouest-Sud Ouest a un peu molli et refusé derrière, ce qui a obligé Sidney Gavignet et Stève Ravussin à contre-border. La sanction ne s’est pas fait attendre : 50 milles et 70 milles de retard sur le leader pour ces deux équipages !

Une très longue journée…

Pour autant, ces deltas ne sont pas trop pénalisants à ce stade de la course : d’ici le coucher de soleil, les MOD70 vont se rapprocher des côtes hollandaises et au large de Haarlem, le vent sera quasi inexistant ! Car la longue dorsale qui s’étendait de la Bretagne à l’Allemagne se scinde en petits morceaux tout au long de la route entre le Nord des Pays-Bas et le Pas de Calais. Or la situation météorologique ne devrait évoluer favorablement (flux de Nord modéré) qu’à l’approche de la nuit mardi soir… Ces 200 milles à parcourir ne vont pas être une sinécure !

« En ce début d’après-midi, la situation a radicalement changé : la mer est presque plate et le bateau vole sur l’eau sur son flotteur avec du vent d’Ouest de 17 nœuds. Tout le monde en profite pour se reposer après ce début de course qui a été assez prenant. Cela n’est pas agréable de s’être fait décrocher par nos adversaires, mais il y a encore beaucoup de choses à venir… Il y a une bulle à traverser et cela peut redistribuer les cartes. » analysait le navigateur de Musandam-Oman Sail.

Il faut donc s’attendre à un regroupement général ce lundi vers minuit quand toute la flotte va buter sur cet « obstacle » incontournable. Avec les courants de marée et le grand nombre de dangers à parer (champs d’éoliennes, plateformes de forage, rails de cargo, zone interdite au trafic maritime), tous les équipages vont devoir être sur le pont pour profiter de la moindre bouffée d’air. Le leadership de Spindrift racing talonné de près par FONCIA risque d’être mis en ballottage sur cette première étape qui s’apparente fort à un « cross country » entre les plateaux et les cols anticycloniques, en plein cœur de l’Europe…

Classement du 3 septembre à 14h30 (fr)

  1. Spindrift racing (Yann Guichard) à 780,4 milles de Dun Laoghaire
  2. FONCIA (Michel Desjoyeaux) à 5,5 milles du leader
  3. Groupe Edmond de Rothschild (Sébastien Josse) à 14,2 milles du leader
  4. Musandam-Oman Sail (Sidney Gavignet) à 49,3 milles du leader
  5. Race for Water (Stève Ravussin) à 70,6 milles du leader

Source

Caroline Muller

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