Ça leur a tellement plu qu’ils en redemandent. Ils sont six à remettre le couvert pour une nouvelle édition. Quatre d’entre eux étaient déjà de l’aventure de 2010. Giancarlo Pedote (Prysmian) était au départ en 2008, mais avait dû abandonner lors d’une édition particulièrement rude. Etienne Bertrand fait partie des pionniers qui ont initié la route alors que le port de départ n’était pas encore Les Sables d’Olonne mais Vannes et le golfe du Morbihan. En attendant, les concurrents commencent à plancher sur la météo.

Quelques gouttes de pluie et un voile nuageux persistant ont remplacé le soleil écrasant de la veille. Si les conditions sont moins propices à la plage, elles sont paradoxalement plus agréables pour les concurrents qui peuvent travailler à l’intérieur de leur bateau sans avoir le sentiment de rentrer dans un four. En revanche, la petite dépression orageuse qui s’est développée sur l’intérieur du littoral vendéen et charentais amène pas mal de perturbations dans les crânes. Les concurrents font donc tourner les modèles de routage qui, d’un flux d’informations météo à l’autre, divergent profondément. Une situation finalement assez fréquente en cette saison, considérée avec une certaine philosophie par les récidivistes.

A la relance

Nicolas Boidevezi (Fondation Terrevent.org), même sans budget, ne pouvait pas être absent de cette édition 2012. En 2010, alors qu’il était catalogué comme un des favoris, il avait cassé son bout-dehors lors de la première étape et perdu toute chance de victoire sur la course. Le retour sur Les Sables d’Olonne avait été une pénitence pour le navigateur rochelais quand les leaders se bataillaient à coups de records de vitesse moyenne. De cette édition, Nico garde une frustration à éliminer… Il revient donc cette année dans des conditions matérielles nettement plus précaires, puisqu’entretemps son sponsor n’a pas souhaité poursuivre l’aventure. Mais naviguer à compte d’auteur présente aussi quelques avantages. Outre le fait d’être débarrassé d’éventuels comptes à rendre sur ses résultats, il existe une règle immuable : quand on a faim, on est souvent plus performant… Pour Nicolas Boidevezi, cette course peut être une formidable occasion de relancer la machine.

Sur la pointe de l’étrave

Milan Kolacek (Follow me) est un garçon discret. En deux ans, le navigateur qui a construit son bateau en République Tchèque a changé de statut. En 2010, il arrivait sur la pointe des pieds et partait à la découverte du monde de la Mini. Depuis de l’eau a coulé sous sa quille et Milan a décortiqué le mode d’emploi de son prototype. Après une Transat 6,50 en demi-teinte, il revient cette année sur le circuit avec des ambitions nouvelles au point d’être considéré comme un des favoris de cette nouvelle édition. Il a aussi pris le temps de perfectionner son français et noué de solides relations avec les autres coureurs de la classe. Un bateau qu’il connaît sur le bout des doigts, une confiance nouvelle, Milan n’est pas du genre à fanfaronner sur les pontons mais d’évidence, il est déterminé. Vainqueur de la Select 6,50, deuxième de l’Open Demi-Clé, il pourrait devenir le premier homme d’Europe de l’Est à remporter Les Sables – Les Açores – Les Sables.

Inquiétudes balayées

Clément Bouyssou (Groupe Accueil Négoce) revient lui aussi animé d’intentions nouvelles. 2010 était en quelque sorte un baptême du feu. Clément avait eu du mal à trouver le bon tempo, mais il avait rempli son contrat : terminer la course et engranger de l’expérience pour les éditions futures. Visiblement, la leçon a été bien assimilée : quatrième de la Transat 6,50 La Rochelle – Salvador de Bahia, régulièrement sur le podium des courses d’avant saison en 2012, il compte bien profiter des acquis de l’édition 2010 pour essayer de faire la différence sur les nouveaux arrivants pleins d’ambitions qui débarquent sur le circuit en bateau de série. L’appréhension de la première édition a laissé place à un état d’esprit beaucoup plus incisif qui pourrait se concrétiser en atterrant sur l’archipel açorien. De quoi goûter l’escale avec un plaisir renouvelé.

Chacun des trois aura donc un statut à défendre. Ils ont l’avantage du terrain et savent combien les dernières heures de course peuvent être déterminantes pour le classement de la première étape. En 2010 encore, des chamboulements de dernière minute avaient profondément modifié la hiérarchie. Connaître les pièges ne veut pas dire qu’on les évitera tous, mais les vertus de l’expérience sont souvent décisives quand, la fatigue aidant, la lucidité commence à faire défaut.

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