Vers une course de vitesse…

© Alexis Courcoux

Dans moins de 24 heures, 36 marins prendront part au deuxième acte de La Solitaire du Figaro – Eric Bompard Cachemire. Une étape de 451 milles, ponctuée d’un long bord à travers le Golfe de Gascogne et d’une belle navigation de la pointe de la Bretagne Sud jusqu’à Saint Gilles Croix de Vie. Un parcours de nouveau très intéressant d’autant plus que les conditions météo prévoient un vent de Sud-Ouest modéré qui devrait tout de même permettre aux skippers d’allonger la foulée. Ce profil de course et les conditions seront plus favorables à la conduite pure du bateau qu’à de la tactique. Le port vendéen pourrait bien être le théâtre d’une nouvelle hiérarchie au classement général, à moins que les actuels leaders ne virent en tête dès les premiers milles.

Sur une carte marine ou sur l’écran d’un ordinateur le parcours de cette deuxième étape entre Gijon (Espagne) et Saint Gilles Croix de Vie (France) est relativement simple. Cap au 7° sur 270 milles entre Gijon et l’Occidentale de Sein, puis après avoir paré la pointe sud de la Bretagne en laissant Sein à tribord et en passant par le Raz de Sein, cap vers Penmarc’h et la Spineg.
Après ce dernier point de passage, la route est assez libre jusqu’à Saint Gilles Croix de Vie et les îles qui jalonnent le parcours, à savoir Les Glénan, Groix, Belle-Ile et Yeu pourraient être les juges de paix de ce deuxième volet.

Traverser la mole en tête
Après le parcours côtier de 7 milles de long devant Gijon, les skippers devront couper au plus court une zone de molle afin d’aller chercher le plus rapidement possible cette veine de vent de Sud-Ouest de 10 à 12 nœuds qui les portera jusqu’à la pointe bretonne. « On a encore une dorsale à traverser… et les plus rapides à en sortir choperont le vent en premier. C’est une étape qui sera favorable à ceux de devant », annonçait Yann Eliès.
Un sprint de 270 milles, cap au nord, qui ne laissera que peu de place au repos. Au menu donc, de la barre, encore de la barre, des réglages, de nouveau de la barre puis de nouveau des réglages . « Parce que ce sera une bonne étape de travail. Il faudra être très précis sur les réglages, s’adapter tout le temps car vu l’angle qu’on va avoir dans cette course de vitesse, je ne pense pas que le pilote automatique sera performant. Comme il va y avoir de la houle, ça va faire un paquet d’heures de barre», lâchait Jeanne Grégoire (Banque Populaire).

Le fort coefficient avec lequel les marins vont devoir également composer de Sein à Yeu sera aussi un élément clé de la course. Cependant, la vitesse du vent et des Figaro Bénéteau devrait permettre de compenser le jus si les marins se présentent courant contraire. « Les écarts peuvent se retrouver importants à l’arrivée car nous sommes dans un schéma avec de forts coefficients de marée (environ 98). Mais tout dépendra du vent qu’il y aura à Sein. C’est une étape dangereuse car il n’y a pas beaucoup d’écarts entre les dix premiers. Le jeu peut être très vite redistribué », confiait Gilles Chiorri, Directeur de Course de cette 43ème Solitaire du Figaro.

Avec du portant sur plus de la moitié de la route et un bon travers pour la fin, entrecoupé d’un peu de près pour s’extirper du raz, cette étape devrait être assez rapide et physique. Les bons barreurs feront donc parler leur expérience et de longues sessions de pilotage sont à prévoir pour les premières 24h de course. Il faudra être costaud physiquement et moralement pour ne rien lâcher. « …une fois qu’on sera tous dans ce vent de sud-ouest, ce sera une course de vitesse pour aller jusqu’à la Basse du Lis. Moi j’aime bien ça, la conduite sous spi, aller vite avec le bateau, ça ressemble à ce qu’on a fait sur la Transat AG2R LA MONDIALE ». Cette analyse de Gildas Morvan (Cercle Vert) est simple. D’entrée de jeu, il faudra se placer devant et être costaud pour naviguer vite et bien et surtout tenir le rythme face à une concurrence qui voudra refaire son retard sur le leader. Résultat des courses dans la nuit de mardi à mercredi, selon les prévisions les plus optimistes ou bien mercredi matin si le vent molli quelque peu. Cette étape de mi-course est très importante et à Saint Gilles Croix de Vie, une première esquisse du podium pourrait déjà se dégager.

Ils ont dit…

Jeanne Grégoire (Banque Populaire) : « Un paquet d’heures de barre »
« Ce sera du tout droit, assez rapide. On va prendre le temps de regarder un peu les côtes espagnoles avant de toucher le bon vent et ensuite, on devrait remonter assez vite en retrouvant notre petite bruine, notre petite pluie habituelle depuis le début de La Solitaire. Je ne vois pas de choix stratégiques dans cette étape. Il faudra jouer sur un autre tableau. Je réfléchis à être bien sur la config’ « réglage du bateau ». Parce que ce sera une bonne étape de travail. Il faudra être très précis sur les réglages, s’adapter tout le temps car vu l’angle qu’on va avoir dans cette course de vitesse, je ne pense pas que le pilote automatique sera performant. Comme il va y avoir de la houle, ça va faire un paquet d’heures de barre ».

Gildas Morvan (Cercle Vert) : « Ce sera de la conduite sous spi »
« On aura du vent à peu près stable, au moins 15 nœuds pour toute la traversée du golfe de Gascogne sous spi, donc ça devrait aller assez vite. Après, suivant les modèles, une descente au reaching entre Camaret et Saint-Gilles Croix de Vie, donc ça peut être une étape très rapide, en deux jours et 10 heures. Le premier problème sera de sortir des côtes espagnoles pour trouver du vent propre, stable. Il faudra faire du nord pour aller chercher ce vent. Par contre, une fois qu’on sera tous dans ce vent de sud-ouest, ce sera une course de vitesse pour aller jusqu’à la Basse du Lis. Moi j’aime bien ça, la conduite sous spi, aller vite avec le bateau, ça ressemble à ce qu’on a fait sur la transat AG2R LA MONDIALE ».

Corentin Horeau (Bretagne- Crédit Mutuel Espoir) : « Je vais y aller à fond »
« Ça semble plus venté que la première étape même si au début on devrait avoir une petite dorsale anticyclonique à traverser. Mais ensuite, on aura du vent constant. Ce sera plus rapide. Je me sens bien, j’ai encore un peu de mal à digérer la première étape car j’étais très déçu du résultat final. Mais tout le monde me dit que ce n’est pas fini, il reste deux étapes. Je vais tout faire pour rattraper mon retard et essayer de passer devant parce que j’ai vraiment envie de remporter ce classement (bizuth). Donc, je vais y aller à fond ».

Nick Cherry (Artemis 77) : « Ce sera un vrai speed test»
« Ce sera principalement du sud-ouest. La majorité de la course se déroulera au reaching. Ce sera un vrai speed test. L’important sera de se sortir des côtes Espagnoles dans les petits airs… J’imagine que le premier à se sortir de là sera en tête pendant toute la course. Pour le moment, ce scénario semble clair. De mon côté, je me sens bien. Pas de séquelle de la première étape. Il y a des trucs dont je suis content, d’autres sur lesquels je vais devoir progresser. J’espère être capable d’améliorer mes performances. Mais la pression est retombée en fait après la première étape, je me sens en confiance, plutôt relax. »

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RivaCom

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