Europa Warm’Up – une formule à reconduire

© Jacques Vapillon / Sea&Co / Europa Warm’Up

C’est sur une scène ouverte au public devant le village de l’Europa Warm’Up que s’est déroulée la remise des prix clôturant ainsi trois semaines de compétition intenses et riches d’enseignements.

Et si le vainqueur du prochain Vendée Globe se trouvait parmi les solitaires de l’Europa Warm’Up? Cette question, beaucoup d’observateurs se la posaient à La Rochelle, port d’arrivée de la course, tant le niveau de l’épreuve avait semblé élevé. Des flottes capables de se tenir en quelques milles, des options stratégiques parfois audacieuses pour gagner quelques minutes de course, des manœuvres au cordeau… l’issue de l’Europa Warm’Up est restée indécise jusqu’au bout, tant les rebondissements ont été nombreux.
L’âpreté de la compétition n’a pourtant pas fait oublier aux marins qu’un des leurs les avait quittés. En hommage à Jean Maurel, le dernier chrono du vendredi a été précédé d’une minute de silence où toute la flotte s’est arrêtée voiles fasseyantes pour observer une minute de silence et lancer quelques fleurs à la mer.

Equipage et solitaire complémentaires

Une première étape en équipage, dans les conditions météorologiques de la Méditerranée, a permis aux navigateurs de tester leur bateau, de repousser les limites, voire de recueillir l’avis de quelques spécialistes embarqués pour amener un regard différent. On a vu ainsi quelques pointures de la course au large venir faire une pige entre Barcelone et Lisbonne tels Michel Desjoyeaux ou Roland Jourdain. D’autres avaient choisi d’embarquer des techniciens affûtés tel Damien Iehl, spécialiste du match-racing. Pour les équipes techniques, cette première étape fut aussi l’occasion de vérifier in vivo la qualité du travail effectué durant l’hiver.

La navigation en solitaire a aussi permis aux marins de s’affronter en grandeur réelle sur un parcours diablement technique. Un grand coup de chapeau à la météo qui a fourni aux concurrents entre les Açores et le phare du Fastnet des conditions qui, toutes proportions gardées, annonçaient le menu à venir des mers du sud : glissades à plus de vingt nœuds, maitrise des manœuvres au portant dans du vent soutenu ont été le lot des solitaires trois jours durant.

Des listes de travaux complétées

Pour la plupart des bateaux, il va être temps de retourner au chantier pour faire les derniers travaux d’optimisation en vue du Vendée Globe. Tous en sont conscients : pour espérer gagner le Vendée Globe, il faut d’abord finir sans trop de casse à bord. Une grosse part des chantiers d’été va consister à renforcer les points de la structure et du gréement qui ont le plus souffert. La compétition a cette vertu de mettre en évidence forces et faiblesses d’un projet en un laps de temps concentré. Chacun sait donc ce qui lui reste à faire avant de rallier les Sables d’Olonne en octobre.

Nouvelles pistes

L’Europa Warm’Up a eu un autre mérite, celui de porter sur le devant de la scène des approches inédites. On pense, bien évidemment, à l’appropriation progressive des réseaux sociaux par les coureurs, au perfectionnement des outils de communication qui ont permis, tant aux équipages qu’aux solitaires, d’envoyer des petites pastilles vidéo tout autant révélatrices du caractère du navigateur que de sa place dans la compétition. Des petits mots de Kito de Pavant (Groupe Bel) aux paysages poétiques de Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec 3), tous ont su trouver le ton juste, à l’instar d’un Armel Le Cléac’h ne masquant pas les difficultés auxquelles son Banque Populaire était confronté ou un Vincent Riou invitant les internautes à partager son plat de pâtes à bord de PRB.

L’Europa Warm’Up a permis aussi de mettre en lumière des projets différents. On pense, bien évidemment, au bateau de Javier Sansó, ACCIONA 100% EcoPowered, qui a démontré sa capacité à s’alimenter totalement en énergies renouvelables ou bien à la démarche de Bernard Stamm qui a voulu faire de son Cheminées Poujoulat un bateau radicalement différent. L’arrivée remarquée de François Gabart (MACIF) tout juste débarqué dans le circuit des IMOCA souffle un vent de fraicheur sur la classe. Dans le même temps, c’est le vainqueur du Vendée Globe 2001, un Vincent Riou particulièrement affuté qui l’emporte. Depuis huit ans, PRB son fidèle partenaire l’accompagne… Comme quoi, maintenir une ligne de conduite est aussi un bon moyen d’obtenir des résultats.

L’Europa Warm’Up a donc inauguré un nouveau schéma où navigation en équipage et en solitaire ont cohabité. Qui sait si cette nouvelle piste n’est pas amenée à faire des émules ?

Ils ont dit :

Jacques Caraës, directeur de course :

« S’il fallait retenir une seule chose de cet Europa Warm’Up ce serait ce format un peu atypique d’une étape en équipage suivie par un parcours plus long en solitaire. Cela permet aux marins de préparer ces bateaux qui sont vraiment très sophistiqués avant de s’élancer en solo sur une étape de près de huit jours. C’est vrai que c’est un schéma original, mais il a beaucoup plu aux coureurs… »

Yannick Perrigot, Directeur de Windreport’ et membre du comité d’organisation de l’Europa Warm’Up :

« Je pense qu’on a accompli un exploit : organiser un tel événement en deux mois avec si peu de moyen était quasi mission impossible. La mobilisation de tous, de l’Imoca, des coureurs, de leurs partenaires, des équipes de communication et de l’équipe de Windreport’ l’a rendu possible. On va en tirer de nombreux enseignements, mais il faut garder cet esprit de collaboration et trouver les moyens de donner à cette épreuve l’ampleur qu’elle mérite. »

Source

WindReport'

Liens

Informations diverses

Sous le vent

Au vent

Les vidéos associées : Europa Warm'Up

Les vidéos associées : IMOCA