DongFeng
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  • Le voilier sino-français Dongfeng, à bord duquel est embarqué Eric Peron, a réalisé son rêve américain la nuit du 7 mai 2015 en arrivant en vainqueur à Newport (USA) à 22h03 heure locale, soit 4h03 du matin (heure française) ! Une performance énorme aux termes d’un mano à mano d’anthologie avec Abu Dhabi Ocean Racing qui coupe la ligne en 2e position 3 petites minutes plus tard, après 17 jours de course.

    Il est clair que les deux équipes ont donné tout ce qu’elles avaient dans le ventre jusqu’à la dernière minute, la dernière seconde. Abu Dhabi a même repris quelques instants la tête de l’étape lors de la bataille en vue de l’arrivée. Mais Dongfeng a su maîtriser cette ultime navigation dans le chenal d’accès à Newport, l’emblématique port de la Coupe de l’America.

    Sam Greenfield – reporter du bord :

    … Je n’ai jamais vu le gang des Dongfeng Boys aussi intensément concentré. Quand nous avons gagné l’étape 3 à Sanya (Chine), notre avance était confortable (plus de 3 heures). Cette fois, on sentait le souffle d’Abu Dhabi juste au-dessus de notre épaule…

    Et cela avait commencé dès le 7e jour de course, avec en plus Team Brunel venu s’immiscer dans le jeu.

    Cette victoire a une saveur très particulière pour Dongfeng. D’abord parce qu’il sortait d’une avarie majeure sur la dernière étape mythique du Cap Horn (casse du mât) les ayant obligé à l’abandonner ; et que dès le départ d’Itajai au Brésil, l’adversité s’était encore retournée contre eux, le dessalinisateur (machine à fabriquer de l’eau douce à partir de l’eau de mer) étant tombée en panne.

    En panne… d’eau douce !

    Une avarie synonyme d’escale obligatoire avec un arrêt de 12 heures minimum. Donc adieu à un résultat sur l’étape 6 et une encore possible victoire au général (Dongfeng était toujours 2e derrière Abu Dhabi au départ d’Itajai).

    Eric Peron :

    … L’appareil avait été révisé 24 heures avant le départ d’Itajai. Le plus difficile, ça a été de devoir envisager de faire escale et perdre tout espoir de résultat. Car sans eau douce, il était impossible de continuer. Heureusement, nous avons réussi à réparer. Aussi, l’étape n’était pas trop longue car l’appareil s’est remis à fuir sur l’arrivée. Cela nous a quand même pompé beaucoup d’énergie ….

    En tout cas, peut-être pas tant que cela, au regard de la combativité qu’a une nouvelle fois démontré Dongfeng sur cette étape, avec la victoire dans l’étrave. Les Dongfeng boys auraient-ils un secret ? En tous cas, il s’avère que l’école française du Figaro (bateaux monotype) doit y jouer un rôle important.

    Eric Peron :

    … Avec quatre « Figaristes » à bord dont deux vainqueurs de la Solitaire du Figaro, nous avons cette expérience de la course au large au contact sur des bateaux strictement identiques et il apparait que nous allons vite sur l’eau. Ca aide ! Mais aujourd’hui, après 7 mois de course, tous les équipages s’améliorent. Sur cette étape où la stratégie météo était assez claire, la flotte est restée très très groupée. Il n’y a jamais eu d’énormes écarts. Il fallait donc être toujours au top, aussi bien physiquement que mentalement. Quand Abu Dhabi nous a passé quelques minutes avant la ligne d’arrivée à Newport, nous n’avons pas craqué et l’avons repassé…

    Des dires que le skipper Charles Caudrelier ne peut qu’avaliser :

    « … Nous prouvons désormais que nous sommes de plus en plus forts. Nous sommes devenus une grande équipe. J’en suis très fier, aussi bien les navigants que l’équipe à terre à qui je dédie cette victoire… ».

    Rien n’est joué

    Il reste encore trois étapes courtes (Newport/Lisbonne, Lisbonne/Lorient et Lorient/Göteborg), et Abu Dhabi Ocean Racing est solidement installé en tête du classement général avec 11 points (17 pour Dongfeng Race Team, deuxième), soit 6 points d’avance. Mais il en faut plus pour décourager la bande à Caudrelier.

    Eric Peron :

    … si ces étapes sont moins longues que les dernières, elles vont être très demanderesse en énergie et en solidité mentale. On y est préparé. Notre victoire à Newport et son extraordinaire accueil viennent encore ajouter à notre motivation. Et puis, on sent aussi que psychologiquement, on a un petit ascendant sur nos adversaires. Mathématiquement, tout est possible, alors nous y croyons !…

    REPÈRES

    • Leg 6 Itajai (Brésil) / Newport (Etats-Unis). 5811 milles / 10762 km
    • Position : 1ère place
    • Heure d’arrivée : 2:03:00 UTC (04h03 heure française), 3 mn et 25 s devant Abu Dhabi Ocean Racing
    • Durée de l’étape : 17j 03m 00s
    • Classement à l’étape 6 : 2e avec 17 points derrière Abu Dhabi Ocean Racing 11 points et devant Team Brunel (3e) avec 21 points.
    • Record de milles parcourus en 24 heures : Dongfeng avec 484,3 milles/896,92 km

    • USA, nous voilà ! Dongfeng, maître du jeu à Newport •

  • Fin mars, le voilier sino-français Dongfeng engagé dans la Volvo Ocean Race et à bord duquel Eric Peron navigue, cassait son mât lors de la 5e étape entre Auckland et Itajaí, à environ 250 milles (463km) du Cap Horn (Chili). Depuis, Dongfeng a rejoint Ushuaia en Terre de Feu et en est reparti sous gréement de fortune vers le Brésil. Une véritable course contre la montre a alors commencé pour prendre le départ de la 6e étape vers Newport.

    Eric Peron s’est un peu transformé en globe trotteur terrestre entre Patagonie et Brésil, plus déterminé que jamais à reprendre la course.

    Eric Peron :

    On a passé quelques jours à préparer le bateau pour le convoyage, puis notre Directeur sportif Bruno Dubois a décidé de renvoyer tout le monde à la maison, pour se ressourcer. Pour moi, c’était un peu le parcours du combattant pour rentrer ; et in fine il fallait quelqu’un pour aller récupérer les affaires de l’équipage. J’ai donc sillonné le Chili, l’Argentine et le Brésil dans les aéroports : Ushuaia, Buenos Aires, Sao Paolo, Itajaí. Et j’ai pu assister à l’arrivée de nos concurrents aux côtés du directeur de l’événement Knut Frostadt. C’était cool, même si bien sûr j’avais la rage au ventre. Après, je me suis retrouvé un peu tout seul et là, j’avoue, gros coup de mou. On a beaucoup donné lors de cet incident, j’étais très fatigué et sûrement aussi un peu sonné moralement. Heureusement, mon pote de bordée Thomas Rouxel est revenu de France (il avait débarqué pour cette étape 5). Alors on est allé surfer à Florianopolis, dans le sud d’Itajaí. J’ai vite digéré les ressentiments de cette étape avortée, car dans cette adversité, on a vécu une autre aventure humaine, énorme ! Enfin, je ne sais pas si j’avais vraiment envie de rentrer. La Volvo, c’est une expérience unique et j’aime vivre à son rythme…

    Destination Newport

    A l’heure de ces lignes, le bateau Dongfeng était encore en mer, comme son nouveau mât dans l’avion en provenance de Dubaï/Amsterdam. Si le Boat Captain est à bord pour le convoyage, l’équipe à terre de Dongfeng ainsi que l’équipe technique de l’organisation sont super organisés pour gérer le remâtage.

    Eric Peron :

    Ca va être très très chaud en timing. On ne devrait avoir que 6 jours avant le départ pour les USA (19 avril). Ca va être du 24/24…

    Depuis le départ d’Alicante en octobre dernier, l’équipage de Dongfeng a fait état d’un tel déterminisme que la confiance est là, mais aujourd’hui teintée d’une forte soif de revanche. Tout le team Dongfeng sait qu’ils sont toujours 2e au classement général et qu’il reste encore 4 étapes. Rien n’est joué. Et cette étape 6 d’Itajaí vers Newport réserve bien des pièges. Certes, ils vont remonter vers encore plus de soleil, mais il va y avoir de nouveau le passage du fameux pot au noir, cette zone de convergence intertropicale (ITCZ) avec ses vents erratiques.

    Eric Peron :

    Avant le pot, ca va être pas mal de reaching (vent de travers rapide) et nous ne sommes pas trop mauvais à cette allure. Et puis on a une gigantesque envie. La frustration est forcément là. On va se les faire…

    Foot, samba, caipirinha…

    Impossible d’y couper, et pour le plus grand plaisir de tous les sens. Avec quelques jours quand même de repos in situ – Eric avoue avoir besoin de récupérer – il a annoncé prendre le temps de se fondre un instant au cœur de cette vie sud américaine si particulière, continuer sa découverte d’autres mondes. Sa chambre d’hôtel l’aura quand même aussi accueilli quelques jours, rivé sur son ordinateur, reprendre contact avec son Be One Team en France et continuer la construction de son projet pour le Vendée Globe :

    Eric Peron :

    Le Cap Horn n’a pas voulu de moi cette fois-ci. Je n’ai pas le choix, il faut que je fasse le Vendée Globe et aller arrondir ce caillou…

    • Eric Peron, le mord aux dents •

  • François Gabart se livre…

    C’est à l’occasion du dernier Trophée Mer Montagne, disputé fin janvier au Corbier, que nous sommes allés à la rencontre de François Gabart. Loin des tracas quotidiens, François s’est laissé aller à faire le point

  • Après plus de deux jours de retard sur le programme initial du au violent cyclone Pam qui sévit dans le nord-est de la Nouvelle Zélande, la flotte de la Volvo Ocean Race a enfin pu quitter Auckland (NZ) mardi soir pour l’étape n°5 en direction d’Itajaí (BRA) via le Cap Horn. Navigation emblématique d’un tour du monde, arrondir les confins de l’Amérique Latine en Terre de Feu est un rêve pour tout marin. Entre réelle envie et inquiétude légitime, Eric Peron est impatient d’en découdre.

    A quelques heures du départ, le skipper breton nous a livré ses impressions sur cette navigation iconique, dans les 40e rugissants et les 50e hurlants.

    Eric Peron :

    Pour cette étape bien particulière, avec ce Pacifique sud et ses conditions météo musclées, son froid et son humidité (les bermudas ont été remisés dans la penderie), on va un peu en enfer. Enfin c’est ce que je pensais quand j’étais gamin et rêvais déjà d’y être. Mais avec l’arrivée de Damian Foxall en remplacement de Thomas Rouxel, on a une sérieuse gâchette en plus. Damian était aussi à bord du vainqueur de la dernière édition, Groupama. Enfin, on a un skipper (Charles Caudrelier) très calé, très complet. Il est impressionnant, a beaucoup de volonté, sait faire confiance. Il est content d’être là et le fait savoir, même s’il sait que par rapport à la concurrence, il doit intégrer une donne propre à Dongfeng : il y a des novices à bord, nos deux Chinois, qui n’ont jamais navigué dans plus de 30 nœuds (55km/h) de vent.

    Aussi, cela a l’air de surprendre tout le monde que l’on ait une telle rotation d’équipage mais c’est peut-être une des clefs de notre performance. Avoir du sang neuf et motivé pour chaque étape, c’est super bien, c’est de la nouvelle énergie, de nouvelles histoires. Certes, il faut toujours un petit temps d’adaptation, mais ça va vite avec des pros.

    Quant à moi, je n’ai pas vraiment envisagé de débarquer car je sais que tout ce que j’engrange comme expérience est fondamental pour mes projets futurs comme le Vendée Globe ; même si je sais que je manque à mon équipe Be One Team à terre. Et je ne peux réfréner mon énorme motivation de boucler la boucle.

    Dans l’absolu, on s’améliore au cours de chaque étape, donc il est logique que l’on puisse faire mieux. Si on a un peu de pression, elle est quand même très bien gérée. Mais on est confiant car on sait que l’on a la vitesse. On a passé tellement de temps bord à bord avec notre co-leader Abu Dhabi Ocean Racing que l’on sait mieux désormais comment ils règlent leur bateau. On va aussi vite qu’eux, ça nous a ôté des complexes. Comme Charles (Caudrelier) l’a un moment affirmé, nos ambitions n’ont plus de limites. En revenant sur notre classement de la 4e étape – 3e – c’est paradoxalement notre plus mauvaise place depuis le départ à seulement 8 mn du 1er et 6 mn du 2e…

    Bye Bye les Kiwis

    Incontestablement, tous auraient aimé prolonger leur escale en cette terre maori où la course à la voile est une quasi religion. Eric Peron n’a pas résisté à son charme.

    Eric Peron :

    Bon, on quitte un pays génial. Tout le monde est unanime : cette patrie de la voile, c’est dingue ! Je n’ai pas eu trop de mes 6 jours off pour en profiter et visiter un peu. J’ai quand même pu m’offrir une petite ballade dans le nord-est de l’ile du Nord. J’ai fait escale dans un petit chalet isolé, ancré sur les bords d’un estuaire entouré d’une splendide et prolifique verdure. Une petite barque faisait partie du package ; on a pu aller en face se balader dans une nature quasi vierge. Magique ! Le genre d’endroit dans lequel je pourrai vivre dans quelques années, quand j’aurai bouclé un ou deux tours du monde… ! C’était super pour décompresser, se reposer, partager…

    Haka pour Dongfeng, ils ont mené tout le parcours de sortie de la baie d’Hauraki lors du départ de cette 5e étape et ont donc été les premiers à prendre la route du grand sud. Mais les écarts sont insignifiants. Cela va surement encore changer selon les options de route.

    Eric Peron sur le grand sud

    • Eric Peron : « Parce que le Horn est là ! » •