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  • Je vois ce mur noir passer devant moi…

    3 novembre 2014 • Course au Large, Divers, Multimedia, Route du Rhum, Vidéo • Vues: 2590

  • Peyron s’échappe, Coville se s’aborde

    La première nuit de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe a été marquée par plusieurs avaries qui ont touché presque toutes les classes : Thomas Coville (Ultime) s’est fait abordé par un cargo, Loïc Fequet (Multi50) a

    3 novembre 2014 • Course au Large, Route du Rhum • Vues: 2953

  • Vers une première nuit sélective

    A 14h00, dans un vent de sud-sud-ouest d’une quinzaine de nœuds et sous un ciel très contrasté, les 91 concurrents de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe, étalés sur une ligne de départ longue de 4 km, se sont

    2 novembre 2014 • Course au Large, Route du Rhum • Vues: 2540

  • Un tiers de la flotte (Multi50, Ultime et Classe Rhum) a quitté les bassins de Saint-Malo en début d’après-midi sous les tonnerres d’applaudissement d’une foule massée sur les quais, les remparts et autour de l’écluse. Demain à l’aube, ce sera au tour des IMOCA, des derniers monocoques Rhum et des Class40 de prendre le large. Le changement de décor sera radical pour le départ à 14 h de la 10e édition de La Route du Rhum – Destination Guadeloupe : pluie et brise de secteur Sud-Ouest 15-18 nœuds avec rafales sous grains ! Les trois premiers jours de course s’annoncent toniques pour les 91 solitaires.

    « C’est le dernier moment de partage » avouait Thomas Coville au moment de larguer les amarres de Sodebo Ultim’. « Les écluses font partie de la magie du Rhum » confiait le skipper d’Arkema Région Aquitaine, Lalou Roucayrol. 34 des 91 solitaires ont pu vivre cet après-midi la ferveur populaire au moment de s’engager dans le sas du Naye. Un dernier moment fort avant la solitude en mer durant 3 542 milles. Avant un début de course qui s’annonce plutôt viril. Il fallait bien qu’un jour ou l’autre, le régime anticyclonique qui a caractérisé ces dernières semaines d’octobre fasse place à une configuration automnale avec des dépressions atlantiques actives. C’est donc ce dimanche 2 novembre à 14h00 que la situation météorologique se dégrade progressivement sur les côtes bretonnes et il faut s’attendre à ce que la pluie soit aussi au rendez-vous juste après le coup de canon libérateur…

    En milieu de nuit…

    Météo Consult prévoit en effet le passage d’un front modérément actif en début d’après-midi dimanche avec un vent de secteur Sud-Sud Ouest de 15 à 18 nœuds avec des rafales jusqu’à 30-35 nœuds. Et la brise va basculer progressivement au Sud-Ouest puis à l’Ouest derrière cette barrière nuageuse en mollissant légèrement, mais toujours avec des grains : la dépression apporte en effet un flux d’air froid (T° = 13° à 16°C) et surtout instable ce qui se traduit par de grosses variations de vent. Au passage de la bouée du cap Fréhel, les leaders de la Classe Ultime pourraient la contourner à la bordée mais il n’en sera probablement pas de même pour le reste de la flotte car le vent va tourner défavorablement après le coup de canon.

    Une fois cette marque de parcours parée, les solitaires auront plus de champ pour sortir de la Manche, essentiellement sur un long bord bâbord amures contre une brise de Sud-Ouest à Ouest moins soutenue et moins irrégulière. Mais sur les coups de minuit, un nouveau front plutôt actif va renforcer la brise de Sud-Ouest à 30 nœuds avec rafales à 40-45 nœuds sur une mer devenue chaotique… C’est l’un des moments forts de cette 10e Route du Rhum-Destination Guadeloupe car il faudra manœuvrer, réduire la toile, rester vigilant avec le trafic maritime de la pointe bretonne, barrer pour bien passer dans les vagues, et surtout ne rien casser !

    Les plus grands multicoques devraient ensuite, dans la journée de lundi, retrouver un flux de Nord-Ouest pour une descente très rapide vers Madère qu’ils devraient atteindre mardi soir. Pour les IMOCA et les Multi50, les douze premières heures de lundi s’annoncent particulièrement intenses au passage de ce front musclé et il ne sera pas facile de trouver le bon tempo pour traverser le golfe de Gascogne dans cette mer très désordonnée : passage du cap Finisterre vers mardi matin.

    Nettement moins véloces, les Class40 et la Classe Rhum vont aussi devoir faire le gros dos en ce lendemain de départ pour sortir de la Manche puis pour glisser vers le cap Finisterre qu’ils ne devraient déborder que mardi soir… Car la configuration météorologique est telle qu’il n’y a réellement qu’une seule route possible en ce début de course : traverser le front à la sortie de la Manche, puis foncer le plus rapidement possible vers Madère afin d’accrocher les alizés jusqu’aux Antilles. Un début de course qui privilégie la vitesse pure !

    Ils ont dit

    Thierry Braillard, secrétaire d’État chargé des Sports

    Je suis à Saint-Malo pour saluer une course qui fait partie du patrimoine sportif français. C’est une épreuve formidable et on me dit que le record devrait être battu avec une arrivée en moins de 7 jours. Derrière tout cela, il y a aussi l’économie du sport, puisque beaucoup de bateaux qui excellent sont de fabrication française. Que 91 bateaux soient au départ dans un contexte de crise, c’est déjà une très belle victoire. Bon vent à toutes – elles ne sont que quatre, c’est là mon seul petit regret – et à tous !

    Jean-Pierre Champion, président de la Fédération Française de Voile :

    La Route du Rhum – Destination Guadeloupe est cette année encore un événement réussi. J’ai pu, une nouvelle fois, constater le dynamisme de tous les skippers, de leurs équipes et celui de l’organisation. En des temps économiquement difficiles, réunir 91 bateaux est un véritable succès et la preuve qu’avec du travail et de la détermination, il est possible de réussir de belles choses dans notre pays. Le partage de nos valeurs avec le grand public est un des points de réussite de cette épreuve, tout comme le professionnalisme des différents acteurs. Cet aspect transparaît aussi bien dans la mise au point et le développement des bateaux, dans la préparation des skippers, mais également au niveau de l’organisation à terre et sur l’eau. A tous, je leur souhaite une belle course qui, je ne doute pas, sera passionnante.

    Yann Guichard (Ultime) : SPINDRIFT 2

    On sait que les phases de départ sont critiques. Je sais que si je dois virer en catastrophe, ça ne se fera pas en deux minutes. Les 12 premières heures seront compliquées. On risque de devoir faire deux virements. La course ne va pas se gagner là, mais elle peut se perdre là. Après le virement en mer d’Iroise, ce sera tout sur un bord tribord pendant au moins deux jours et ça va accélérer. C’est l’état de la mer, du bateau et du bonhomme qui dicteront si on peut vraiment accélérer, mais c’est clair que ça va aller vite jusqu’au sud du Portugal. On marchera à 25/30 nœuds, voire plus, dès que la mer sera plus ordonnée. Ce sont finalement des conditions sympas avec cette route sud qui se profile. Ça aurait pu être bien pire ! Et c’est de bon augure pour les gros Ultimes.

    Loïck Peyron (Ultime) : MAXI SOLO BANQUE POPULAIRE VII

    Les départs, ce n’est jamais simple pour personne. En plus là, ce sera violent. Il y aura du vent, beaucoup de pluie : un vrai temps de marin ! Ça va dramatiser un peu les choses, on va rentrer dans le dur. Je serai content mercredi, quand le vent se sera calmé, quand on sera au soleil et que j’aurai fini les grosses manœuvres. Je pense que ce sera la première journée où on pourra se reposer un peu. Parce que les trois premiers jours seront musclés… enfin, plus musclés que moi, c’est sûr !

    Jérémie Beyou (IMOCA) : MAÎTRE COQ

    En IMOCA, ce sont des conditions normales, mais il y aura quand même de bonnes rafales. Ce qui est compliqué, c’est le choix de voile. Il ne faut pas se tromper car la manœuvre est lourde… Sur la ligne, je ferai attention à faire les bonnes manœuvres au bon moment. Après, tu ne maîtrises pas tout : dans les autres classes, les bateaux ne réagissent pas de la même façon. Personne n’est à l’abri d’un marin qui regarde dans le fond de son bateau et pas le plan d’eau, le temps de quelques secondes. Mais je suis serein et j’ai hâte de rentrer dans le vif du sujet.

    Lalou Roucayrol (Multi50) : ARKEMA REGION AQUITAINE

    L’incontournable passage des écluses de la Route du Rhum, c’est magique ! Cette nuit, on laisse deux équipiers à bord, les bateaux seront au mouillage en face de Dinard. Du point de vue météo, c’est un vrai Rhum, un Rhum viril. Nous serons au près jusqu’au virage de Ouessant, ensuite la descente sera rapide avec un flux de nord, même si lundi sera une journée compliquée de transition. Après, ce sera un grand toboggan, mais avec des grains qu’il faudra gérer. On restera prudent au moins jusqu’à mercredi. Je suis ultra motivé, c’est mon troisième Rhum et c’est la première fois que je suis dans des conditions sereines au départ.

    Louis Duc (Class40) : ADVANCED ENERGIES CARAC

    Je m’apprête à rentrer dans le dur d’entrée de jeu, avec beaucoup de vent et beaucoup de mer. Il faudra faire gaffe à ne pas casser du matériel. On fera les premiers comptes lundi matin, mais j’espère très sincèrement que la flotte ne déplorera pas trop d’avaries à la sortie de la Manche. On partira sans doute sous deux ris-trinquette, mais on aura beaucoup de manœuvres et de changements de voiles à faire. Ces premières 24 heures seront très actives.

    Juliette Pétres (Class40) : EAU & PATRIMOINE

    A l’approche du départ, j’ai des hauts et des bas, des petites montées de stress que j’essaye d’évacuer du mieux possible. Mais ces quelques jours à Saint-Malo sont surtout très riches en émotions que je partage avec ma famille et six amis qui se plient en quatre pour moi. Ils s’occupent de mon avitaillement, de ma musique… Ils m’ont écrit des petits mots que je vais trouver chaque matin avec mon petit déjeuner. Je sais que les premières heures de course vont être dures, que je vais être malade, que je vais en baver, mais je vais tout faire pour vite attraper une porte de sommeil et engranger du repos dès le début.

    Christophe Souchaud (Classe Rhum) : RHUM SOLITAIRE-RHUM SOLIDAIRE

    Je suis le Petit Poucet de la Classe Rhum, avec un bateau de série de douze mètres (First 40.7). Je vais y aller tranquille ! Car la Route du Rhum n’est qu’une petite phase de ce projet, ce qui est le plus intéressant, c’est ce qu’il s’est passé avant et ce qui se passera après : je suis évidemment super content de participer à cette course, mais faire naviguer des personnes à mobilité réduite sur ce bateau, c’est génial ! On a fait des qualifications avec Handisport parce qu’il y avait énormément de demandes : une vingtaine de personnes est très motivée. C’est une belle histoire…

    • Des aurevoirs ensoleillés avant une entame musclée… •

  • Loïck Peyron en ultra-capacité d’énergie

    Loïck Peyron participait en 2002 à sa dernière course transatlantique en solitaire et en multicoque. Le skipper du Maxi Trimaran Solo Banque Populaire VII a depuis, brillé sur tous les supports possibles et imaginables, sans

    1 novembre 2014 • Course au Large, Route du Rhum • Vues: 2893

  • Comment suivre le départ de la Route du Rhum ?

    Dimanche 2 novembre à 14h, la flotte des 91 bateaux de la 10e édition de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe franchira la ligne de départ au large de la pointe du Grouin. C’est la ministre des Outre-mer, George

    1 novembre 2014 • Course au Large, Route du Rhum • Vues: 2145

  • Quelques minutes suffisent pour constater la profonde détermination de Yann Guichard à deux jours du départ de La Route du Rhum-Destination Guadeloupe. L’impressionnant soin du détail dans la préparation de Spindrift 2 en dit long aussi sur le travail accompli par l’équipe depuis presque un an, lorsque cette course en solitaire a été mise au programme de l’écurie Spindrift racing. Du puzzle, il ne manquait plus que la pièce météo. Une pièce maitresse dont les contours connus à ce stade permettent de dégager des premières certitudes. La journée de dimanche 2 novembre à Saint-Malo s’annonce très compliquée en raison d’un passage de front prévu au moment du départ, accompagné d’un vent soutenu, ce qui peut être compliqué pour l’ensemble des concurrents avec des centaines de bateaux spectateurs. La sécurité est au centre du dispositif de Spindrift racing qui anticipe depuis plusieurs mois notamment ces quelques heures particulièrement délicates.

    Alors que la température est encore estivale à Saint-Malo, Yann Guichard fait le point :


    Le coup d’envoi :

    Le départ s’annonce vraiment complexe avec ce front prévu autour de 14 heures. S’il passe effectivement à cette heure là, on va se retrouver face au vent dans 20/25 nœuds en rafale avec peut-être deux virements de bord à enchaîner pour rejoindre la bouée de Fréhel. Ce sera avec du vent de terre donc il n’y aura pas trop de mer, par contre, il y aura celle formée par tous les bateaux sur le plan d’eau. Nous espérons que le front aura du retard car, dans ce cas là, ça passerait sur un bord. »

    Dispositif de sécurité :

    Spindrift 2 sera entouré de six tenders (semi-rigides) pour assurer sa sécurité et celle des bateaux autour car nous attendrons le départ en stand-by dans une zone où il y aura des spectateurs.

    Huit à bord :

    A bord, je serai épaulé par huit équipiers durant cette phase de pré-départ, des personnes en qui j’ai une totale confiance. L’idée est que je me dégage de la pression au maximum même si je sais que ça va être compliqué mais l’objectif est que j’y laisse le moins d’influx nerveux possible. Xavier Revil aura la responsabilité du bateau jusqu’à ce que je sois seul, à l’approche du coup d’envoi. Cela me permet de me concentrer sur la stratégie et d’échanger entre autres avec mes routeurs.

    La Manche et après ? :

    Après le front le vent va légèrement mollir avant de forcir pour atteindre 30 noeuds moyens en rafale en sortie de Manche avec 3 à 4 mètres de houle. La difficulté sera d’entrer en Atlantique avec le bateau à 100% de ses capacités. Je suis mentalisé pour ce type de départ finalement assez ‘classique’ de Route du Rhum et j’y suis préparé. Ensuite, on sait au moins que la route Sud n’est pas fermée et semble aujourd’hui la plus rapide mais ça change encore pas mal. La cadence restera élevée et propice aux gros bateaux. On va pouvoir accélérer avec Spindrift 2. En revanche, le vent froid amènera beaucoup d’instabilité. Nous devrions quand même glisser vite avec 30 nœuds de vent prévus jusqu’à Madère. L’alizé ne semble pas, ensuite, très soutenu pour l’instant, ce qui peut ouvrir le jeu.

    L’imagerie mentale :

    Je n’ai pas de rituel. Un bon plat de pâtes avant le départ me suffit. Par contre, je pratique beaucoup l’imagerie mentale. Surtout sur des phases comme ce début de course. Je me fais tous les scénarios possibles, les bons comme les mauvais, pour être prêt s’il y a un problème. Je me pose au calme et, dans ma tête, je fais un virement de bord, un empannage, je vois là où je dois mettre les mains, les pieds et surtout ce que je ne dois pas faire.

    L’émotion :

    Je ne cache pas que la pression commence à monter mais je ne suis pas plus stressé que ça. Je dors bien et je profite du moment. Beaucoup de gens croient en ce projet mais d’autres moins, alors j’ai forcément envie de leur donner tort.

    La relation avec Spindrift 2 :

    Je me suis toujours senti proche de mes bateaux mais d’autant plus avec celui-là parce que le défi est tellement grand que je dois lui faire encore plus confiance. Je ne lui parle pas mais j’en prends soin. On relève ce challenge ensemble, prendre soin de mon bateau me permet d’avoir confiance en lui.

    Chronologie du départ pour Spindrift racing :
    Samedi 1er novembre :

    > 15 heures : le maxi-trimaran Spindrift 2 quitte le ponton de la Gare Maritime de la Bourse à Saint-Malo.
    > Autour de 17h30 : le bateau sera amarré au mouillage devant Dinard, prêt à rejoindre la zone de course le lendemain.
    > Durant la nuit, les membres de l’équipe technique se relaient à bord pour veiller sur le bateau.

    Dimanche 2 novembre :
    > 7h : briefing de l’équipe technique.
    > Autour de 10h : départ du mouillage pour rejoindre la zone de départ située devant la Pointe du Grouin.
    > Mise en configuration du bateau et préparation du départ sur le plan d’eau.
    > Les équipiers doivent avoir débarqué au maximum 4 minutes avant le coup d’envoi programmé à 14 heures.

    Les routeurs de Spindrift racing :


    En solitaire à bord de Spindrift 2, Yann Guichard fait équipe avec deux routeurs à terre dont le rôle est de veiller sur lui et le bateau mais surtout de décortiquer l’ensemble des informations météo afin de l’aider dans sa stratégie. L’exigence du bateau ne lui permet pas de passer du temps à la table à cartes. Le travail d’analyse est donc fait à terre et des options de route lui sont conseillées. Yann décide ensuite de ce qu’il lui semble le plus optimal. Le skipper collabore avec le météorologue Richard Silvani de Météo France et routeur professionnel depuis une quinzaine d’année. Il a notamment été le routeur de Laurent Bourgnon, double vainqueur de La Route du Rhum. Yann est aussi épaulé par le régatier Erwan Israël qui apporte non seulement sa connaissance météo mais aussi son expérience de marin, lui qui a notamment remporté la Volvo Ocean Race avec Franck Cammas en 2012 et battu l’année suivante le Record de la Route de La Découverte avec l’équipage de Spindrift 2.

    • Yann Guichard déterminé à 48 heures du départ •

  • Bien sûr, il y aura un vainqueur au scratch et selon toute probabilité, il s’agira d’un des huit multicoques géants de la classe Ultime. Mais il y a aussi une timbale à décrocher dans les quatre autres catégories. Revue des forces en présence à trois jours du départ.

    Ultimes : la prime aux plus gros ?

    Les conditions météo annoncées sur la route de Pointe-à-Pitre (24 heures de près, 24 heures de reaching, puis du portant) semblent aujourd’hui être très favorables aux trois plus gros bateaux de la classe Spindrift 2, Banque Populaire VII, Sodebo Ultim’ (et dans une moindre mesure Idec Sport) capables de vitesses de croisière supérieures à 30 nœuds au portant, le tout dans un relatif confort de navigation. Mais la longueur et la puissance ne font pas tout. Encore faut-il que Yann Guichard, Loïck Peyron et Thomas Coville soient physiquement à même de tirer le potentiel des géants sur lesquels ils sont embarqués. Sur le Maxi80 Prince de Bretagne, son trimaran de 24 mètres taillé pour la transat, Lionel Lemonchois, double vainqueur de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe et détenteur du temps de référence sur le parcours a aussi son mot à dire, car l’homme est redoutable lorsqu’il faut attaquer en multicoque. Ce qui est presque certain, c’est qu’il y aura deux courses dans la course. L’une opposant les grands, l’autre les Multi70, car on voit mal sur le papier (et compte tenu des prévisions météo actuelles) comment les petits poucets de la classe pourraient l’emporter.

    Multi 50 : un quatuor pour l’or

    Dans cette catégorie assez hétéroclite qui réunit des bateaux des années 1980 et de dernière génération, quatre concurrents se dégagent naturellement pour la course au podium et à la victoire : Erwan Le Roux (FenêtréA-Cardinal) Yves Le Blévec (Actual), Loic Fequet (Maître Jacques), grands animateurs de la classe Multi50 depuis 5 ans. A ce trio, il faut ajouter Lalou Roucayrol, grand spécialiste du multi en solitaire (2e en 2010 dans la même catégorie et 3e 2002 en Orma), à bord d’un bateau conçu et construit par ses soins, Arkema Région Aquitaine, le plus récent de la flotte. A noter la présence dans les rangs du bateau détenteur du titre (Rennes Métropole-Saint Malo Agglomération, l’ex Prince de Bretagne) mené cette année par Gilles Lamiré.

    Imoca : un fauteuil pour quatre

    Chez les pronostiqueurs, deux noms émergent de la liste des neufs partants : Vincent Riou (PRB) et François Gabart (Macif). Pourquoi ? Parce que les deux hommes ont démontré qu’ils étaient un cran au dessus lors des entrainements d’hiver à bord de bateaux rapides et optimisés selon les nouvelles règles de la jauge Imoca. Mais une transat en course n’est pas un entrainement. Jérémie Beyou (Maître Coq) surfe sur la vague de sa troisième victoire dans La Solitaire du Figaro-Eric Bompard cachemire et est réputé pour sa niaque en compétition. Tandis que Marc Guillemot (Safran) fera parler l’expérience et la connaissance extrême qu’il a de son bateau.

    Class40 : un quart de la flotte peut gagner

    Ils sont une douzaine à pouvoir espérer le titre pour une course qui promet d’être disputée jusqu’aux derniers milles autour de la Guadeloupe. Avec 43 partants, la Class40 sera par excellence celle des surprises. Quelques favoris se dégagent toutefois des pronostics : Sébastien Rogues (GDF SUEZ) qui a tout gagné la saison dernière à bord de son Mach40 (plan Manuard) ; Nicolas Troussel (Crédit Mutuel de Bretagne), double vainqueur de La Solitaire et 2e du Rhum 2010; le très expérimenté Halvard Mabire (Campagne 2 France) armé d’un Pogo de dernière génération, Kito de Pavant (Otio-Bastide Médical), nouveau venu dans la classe mais expert en navigation solitaire et qui s’est beaucoup entrainé cet été ; l’ancien Ministe Bertrand Delesne (TeamWork 40). Attention aussi au Catalan Alex Pella dont le bateau, Tales 2 Santander 2014, le seul plan Botin de la flotte, est réputé marcher comme un avion de chasse. Enfin, une bonne surprise pourrait venir du jeune et fougueux Guadeloupéen Nicolas Thomas (Guadeloupe Grand Large-1001 Piles Batteries) coaché cet hiver par Jeanne Grégoire. Que dire enfin de l’excellent Yannick Bestaven (LE CONSERVATEUR), à la barre du dernier Class40 mis à l’eau cette année (plan Verdier) : le bateau promet d’être très performant. Seul hic : il est sorti de chantier il y a quelques semaines à peine. Dans le résultat final, il faudra aussi compter sur de nombreux d’outsiders parmi lesquels Damien Seguin (ERDF-Des Pieds et des Mains), l’Italien Giancarlo Pedote (Fantastica) ou encore le Britannique Conrad Humphreys (Cat Phones).

    Classe Rhum : un sacré cocktail

    Quelle embarcation l’emportera aux Antilles : un monocoque ou un multicoque ? Et le scénario de 1978 reviendra t-il au goût du jour ? Les bateaux qui s’étaient illustrés dans la toute première Route du Rhum seront au départ de cette 10e édition avec deux petits trimarans jaunes (Acapella/Charlie Capelle et Groupe Berto/Jean Paul Froc) et deux grands cigares noirs (Krit’RV/Benjamin Hardouin et Cap au Cap Location/Wilfrid Clerton). En monocoque, tous les regards sont tournés vers le tenant du titre, l’Italien Andrea Mura (Vento Di Sardegna) à condition que son plan Felci de 50 pieds tienne la cadence face au 60 pieds du légendaire Sir Robin Knox-Johnston (Grey Power). En multicoque, Anne Caseneuve sur son Multi 50 ANEO a toutes les chances de s’imposer. A moins que Patrick Morvan (Ortis) ne vienne jouer les trouble-fêtes sur son petit trimaran signé Cabon (40 pieds), redoutable aux allures portantes.

    Le chiffre du jour

    6 : c’est le nombre de marins guadeloupéens : Philippe Fiston (Ville de Sainte-Anne – Guadeloupe – Class40), Rodolphe Sépho (Voiles 44 AAEA CAVA – Class40), Nicolas Thomas (Guadeloupe Grand Large – 1001 Piles Batteries- Class40), Willy Bissainte (Tradysion Gwadloup – Class40), Luc Coquelin (Guadeloupe Dynamique – Classe Rhum) et Dominique Rivard (Marie-Galante – Class40).

    Ils ont dit :

    Thomas Coville, Sodebo Ultim’ (Ultime):

    La vague sur laquelle je surfe depuis qu’on a mis ce bateau à l’eau, c’est l’enthousiasme. J’ai fait 6000 milles en solitaire à bord. Je suis super content d’être ici à saint Malo. Qui va gagner dans notre classe ? Celui qui sera le plus éclectique, le plus caméléon de tous. Est-ce que ce sera le plus gros bateau ? Honnêtement, je ne pense pas. Franck Cammas a ouvert une porte la dernière fois, en 2010, il a osé. Maintenant, on affine cette voie-là. Il faut trouver le bon compromis entre la puissance et de la gestion du bateau en solitaire. On verra aussi si ça reste un sport ou si il faut simplement voir le plus gros moteur pour gagner.

    Vincent Riou, PRB (Imoca) :

    Ce sera une course de vitesse, il y aura peu de moments stratégiques. On devrait mettre moins de 13 jours. PRB et Macif sont rapides, mais on a quand même une transat à faire, les autres ont les moyens de jouer s’ils trouvent de meilleures trajectoires. Je suis super détendu, le seul truc stressant, c’est l’heure qui précède le départ. Autant de voiliers en solitaire sur une même ligne, c’est vraiment une expérience ! 91 bateaux, c’est quand même spécial. Il faut le gérer et ce sera sûrement compliqué. La seule pression, c’est de réussir à sortir de Saint-Malo sans encombre. Mon expérience me dit que je n’ai qu’à faire le job et ça se passera bien.

    Erwan Le Roux, FenêtréA-Cardinal (Mutli50) 

    Ce que j’espère d’abord, c’est que toute la flotte Multi50 arrive de l’autre côté, ce sera une belle victoire pour la classe. Il va y avoir un match énorme. Globalement, nous nous sommes aperçus que les bateaux les plus récents ont le même pourcentage de vitesse, même si des différences existent à certaines allures. Mais au large, ça nivelle. Ce qui fera la différence, c’est le bonhomme. Le vainqueur sera le meilleur. Celui qui aura mieux fait que les autres : mieux géré son sommeil, les manœuvres, son énergie…

    Kito de Pavant, Otio – Bastide Medical (Class40) :

    Favori ? Je ne suis pas sûr que cela signifie grand chose, le solitaire reste par définition une discipline qui bouleverse la hiérarchie en place au départ, et ce d’autant plus que la flotte est très homogène. Il y aura certainement beaucoup de bouleversements dans les classements jusqu’au bout, comme on peut en voir en Figaro. En revanche, le statut d’outsider me convient bien. Je me sens à l’aise à bord du bateau que nous avons beaucoup optimisé et fiabilisé avec mon équipe.

    Alex Pella, Tales 2 – Santander 2014 (Class40) :

    Je suis ravi de faire partie de cette magnifique flottille avec un projet 100 % espagnol au départ. Le bateau compte parmi les plus performants. La course s’annonce particulièrement disputée. Au départ, j’ai toujours beaucoup de mal à me dire que je vais gagner même si je pars serein, confiant dans mes capacités à me battre aux avant-postes.

    Jean-Paul Froc, Groupe Berto (Classe Rhum) :

     Nous n’avons pas du tout les mêmes potentiels de vitesse dans cette Classe Rhum… Même des bateaux soi-disant sisterships comme le mien et celui de Charlie Capelle : il va 10% plus vite… D’ailleurs lors de la dernière Route du Rhum, il est arrivé deux jours avant sur 24 jours de mer. Mais le challenge n’est pas là : le bateau de Patrick Morvan est un « avion de chasse » et il devrait faire un podium ; le Krit’R V est mené par un de mes « fils spirituels » puisque je l’avais formé sur la Bisquine de Cancale… A la fin de la foire, on compte les bouses car nous n’allons probablement pas suivre la même route !

    Luc Coquelin, Guadeloupe Dynamique (Classe Rhum)

    Cinquième participation, toujours avec le même bateau ! Et je suis toujours arrivé… Mais cette fois, je trouve que le plateau de la Classe Rhum est très plaisant par sa diversité : la venue d’anciens 60 pieds comme ceux de Diniz ou Knox-Johnston est sympa. Mon plus sérieux concurrent dans la Classe Rhum, c’est l’Italien Andrea Mura qui a un superbe bateau, plus moderne et plus rapide : cela m’oblige à mettre du charbon ! Et le fait que cette catégorie accueille des bateaux et des hommes de légende, c’est top !

    • Qui va gagner la 10e Route du Rhum ? •

  • Depuis l’ouverture du village vendredi dernier et le coup d’envoi de cette Route du Rhum-Destination Guadeloupe à terre, l’engouement du public qui se presse sur les quais de la cité corsaire n’en finit pas de rappeler que la plus célèbre des transats n’est pas une course comme les autres. Pour cette 10è édition, 91 solitaires engagés à bord de voiliers de tout types et de toutes tailles (de 40 à 12 mètres) ont répondu à l’appel du face-à-face avec l’Atlantique entre Saint-Malo et Pointe-à-Pitre : du jamais vu ! Preuve s’il en est que la formule « un homme, un bateau, un océan » fonctionne à plein régime. A quatre jours du grand départ, petit tour d’horizon avec le directeur de course, Gilles Chiorri, des cinq flottes réunies pour ce Rhum 2014 : un cru d’exception qui, fidèle à l’esprit d’origine, fait l’éloge de la diversité et de la liberté.

    Ultime (8 trimarans) : le choc des géants

    Pas de limite ! De retour depuis 2010, cette catégorie qui rassemble les multicoques les plus rapides et les plus puissants capables de tenir des vitesses moyennes hallucinantes de plus de 30 nœuds, est celle de la démesure. Tous les superlatifs sont permis dans le camp de ces dragsters des mers menés par des marins réputés pour leurs qualités de navigateurs hors pair. Des pilotes de haute voltige qui n’ont pourtant aucun droit à l’erreur sur la route de la Guadeloupe.

    Gilles Chiorri :

    Cette flotte se compose de 8 bateaux très différents menés par de très bons marins qui ont plus ou moins d’expérience en solitaire sur ce genre d’engins. Si la météo ne s’annonce pas tempétueuse, le risque de chavirage reste permanent, notamment le long des côtes du Portugal. Il faudra les surveiller comme le lait sur le feu. Pour la direction de course, l’autre paramètre de cette classe est qu’elle nous oblige à très vite rejoindre la Guadeloupe pour mettre en place le dispositif des arrivées tout en assurant la continuité de rigueur pour les autres catégories.

    IMOCA (9 monocoques) : la guerre des chefs

    Si la légende du Rhum est née dans le sillage des multicoques, les monocoques IMOCA ne sont pas en reste pour assurer le spectacle sur l’Atlantique. Depuis 1994 et leur première participation officielle avec un classement spécifique, ces coursiers océaniques, conçus et taillés pour le tour du monde en solitaire, forment une série majeure qui réunit les plus fines lames de la course au large, réputées pour parcourir les océans comme si elles régataient en baie. A défaut de quantité, la qualité et le niveau de compétition sont bien au rendez-vous. Intensité de tous les instants garantie.

    G.C. :

    Sur le papier, les bateaux de cette série sont peut-être les plus fiables. Pour autant, on l’a vu sur les dernières courses, aucun n’est à l’abri d’une avarie technique. Le niveau des marins est au rendez-vous. Assurément, le jeu sera passionnant en termes de régate pure.

    Multi50 (11 multicoques) : des 50 pieds à 100%

    Un catamaran et dix trimarans composent cette flotte hétéroclite rassemblant des professionnels et des amateurs. Très périlleux, ces voiliers, tout comme leurs grands frères de la classe Ultime, accélèrent et lèvent la patte à la moindre risée. Qu’ils comptent au rang des bolides haute technologie ou des multicoques historiques, ces Multi50 sont aujourd’hui indissociables de la transat dont ils ont toujours garanti le potentiel spectaculaire depuis 1990.

    G.C. :

    C’est selon moi une classe avec un vrai risque de surenchère. Comme tous les multicoques, ces bateaux sont très volages et les plus optimisés sont menés par des skippers qui vont, face aux enjeux de la compétition et si les conditions météo le permettent, volontiers pousser les feux de leur machine.

    Class40 (43 monocoques) : la grande armada

    Avec 25 inscrits lors de sa première participation en 2006, la Class40 compte depuis la dernière édition parmi les catégories phares de la course. Cette année, avec 43 bateaux nés des planches à dessins de 14 architectes différents et menés par des marins venus de tous horizons, cette série n’a plus à faire la preuve de son succès. Pour beaucoup d’observateurs, c’est dans les rangs serrés de cette armada de monocoques de 12,18 mètres que la régate battra son plein à l’échelle océanique, augurant de nombreux rebondissements dans les classements. La classe qui monte !

    G.C. :

    En Class40, c’est le gros melting pot. Pour autant cette catégorie, aussi jeune soit elle, aligne des bateaux marins et fiables, preuve qu’elle est arrivée aujourd’hui à un vrai niveau de maturité. La flotte se divise en trois groupes avec un tiers de professionnels, un tiers de pro-amateurs, et un dernier tiers de navigateurs en partance pour une transat initiatique que nous aurons plaisir à suivre, à la direction de course, dans leur apprentissage du large.

    Rhum (6 multicoques – 14 monocoques) : un cocktail étonnant

    Recrée en 2010 pour maintenir l’esprit originel de la course et permettre à des professionnels ou des amateurs très éclairés de s’aligner à la barre de voiliers de croisière rapides ou d’anciens prototypes du siècle dernier, cette catégorie très hétéroclite est celle de la diversité. Un mélange des genres aux multiples saveurs qui remet les premières éditions de la grande transat au goût du jour. A suivre sans modération !

    G.C.

    J’ai une affection particulière pour cette catégorie à part qui apporte du relief à la course. C’est une classe sympa, elle accueille des skippers passionnés qui bichonnent leur bateau comme on s’occupe d’une vieille voiture. Tous les enjeux des Rhum résident dans le couple que forme le skipper avec sa monture.

    Le chiffre du jour : 300

    C’est le nombre de jeunes privilégiés de la maternelle au lycée (de 3 à 20 ans), venus à la rencontre des skippers aujourd’hui, de 14h00 à 17h00. Vingt des 91 marins en partance pour la Guadeloupe, se sont prêtés au jeu en se livrant aux questions des jeunes le temps d’un entretien de 30 minutes.

    Echos de pontons

    Lionel Lemonchois (Ultime – Prince de Bretagne) :

    Cette classe m’inspire la grande époque des années 1980, les débuts du multicoque océanique. On revient aux origines où chacun se cherchait, on faisait des bateaux plus grands, plus petits, des catas, des tris. On ne savait pas exactement quel était le bateau le plus rapide. Chacun inventait des bateaux dans son coin. On se retrouve un peu dans cette configuration. Même si maintenant, on sait que ce sont les tris qui vont le plus vite au large. La taille des bateaux, elle, se cherche encore un peu…

    Armel Tripon (IMOCA – For Humbles Heroes) :

    Les IMOCA sont des bateaux extraordinaires, puissants, c’est jouissif de les faire avancer. Cela demande en revanche beaucoup d’anticipation et de décomposition des manœuvres. Nous ne sommes que 9 sur cette Route de la Rhum-Destination Guadeloupe, c’est normal à deux ans du Vendée Globe, car cinq nouveaux bateaux sont en construction. Il va de toute façon y avoir une belle bagarre.

    Gilles Lamiré (Multi50 – Rennes Métropole-Saint Malo Agglomération) :

    La flotte en Multi50 est hétéroclite comme d’habitude et c’est ce qui fait son charme. Il y a deux courses dans la course : les bateaux récents et les anciens. Dans l’ensemble, ce sont des multicoques très spectaculaires qui peuvent se montrer périlleux dans la brise. Entre Arkéma (Lalou Roucayrol, ndlr) et le mien, il y a une grosse différence de concept et donc de performances selon les allures. C’est ce qui est intéressant dans la classe Multi50.

    Halvard Mabire (Class40 – Campagne 2 France) :

    Sur cette édition du Rhum, la Class40, c’est le nombre, la qualité et l’homogénéité ! Ces bateaux sont devenus incontournables dans le monde de la course au large. Economiquement, le budget est dix fois moins élevé qu’un IMOCA. Le fer de lance de la classe demeure la maîtrise des coûts. Les Class40 sont des mini IMOCA, sans les inconvénients… Le cadre de la jauge n’empêche pas d’avoir des bateaux différents.

    Marc Lepesqueux (Class40 – Sensations Class40) :

    Notre classe est une belle alternative à celle des IMOCA. Il y a aussi une dimension humaine où les profils des navigateurs sont très différents. Ils viennent de la Mini-Transat ou du circuit Figaro. J’aime bien les lignes de départ parce que tout le monde se dispute à couteaux tirés, mais dans une bonne ambiance. Je retrouve l’esprit du Figaro où il ne faut jamais rien lâcher parce que le petit camarade de derrière est sans cesse aux aguets.

    Ricardo Diniz (Rhum – Pariasia.fr), premier portugais de l’Histoire de la course :

    Cette classe Rhum, c’est vraiment l’origine de la course, probablement celle où les bateaux et les hommes ont mille choses à raconter. Mon bateau, je l’ai racheté alors qu’il était à l’abandon. Je ne cours pas pour la gloire ni le résultat, mais pour mon pays. Je ne pense pas être le seul, et c’est ce qui fait l’intérêt de cette classe hétéroclite mais tellement généreuse et intéressante !

    Patrick Morvan (Rhum – ORTIS) :

    J’avais déjà participé à la Route du Rhum 1990 sur Dix de Lyon (ex-Kriter VIII) : c’est un peu l’inverse cette fois sur un trimaran (jaune) de 40 pieds, similaire à celui de Mike Birch quand il avait gagné en 1978… La Classe Rhum est assez mélangée avec 14 monos et 6 multis : il y a le 50 pieds d’Anne Caseneuve (c’est le plus puissant de nous tous), les deux ex-Kriter, des ex-60 pieds IMOCA, des cinquante pieds des années 90, de petits trimarans… Alors une arrivée avec trois bateaux ensemble, ce serait sympa !

    Benjamin Hardouin (Rhum – KRIT’R V) :

    Un des objectifs, c’est de faire mieux que Michel Malinovsky sur le même Kriter V en 1978 : descendre en dessous de 22 jours ! Et aussi inverser les 98 secondes vis à vis de Charlie Capelle et Jean-Paul Froc… Mais cela sera plus dur face à Patrick Morvan qui a un trimaran très rapide. Et je n’oublie pas le monocoque de Bob (Escoffier), mon ancien patron avec qui j’ai beaucoup navigué. Mais à ce jour, personne ne sait vraiment quelles sont les performances de ces bateaux très divers !

    • Le tour du Rhum en cinq flottes •

  • La course au large en solitaire demeure encore une spécificité française. N’empêche ! Le nombre de participants étrangers à la 10 édition de La Route du Rhum-Destination Guadeloupe prouve que l’internationalisation est en marche. 9 hommes et 2 femmes venus d’Italie, du Royaume-Uni, d’Afrique du Sud, d’Espagne, de Suisse, de Belgique et de Finlande seront sur la ligne de départ dimanche prochain… et parmi eux quelques sérieux prétendants à la victoire ou au podium de leur classe !

    Si Alessandro di Benedetto, franco-italien, demeure la seule touche exotique de la catégorie IMOCA, c’est dans la famille des Class40 et des Rhum, que les skippers étrangers sont les plus nombreux. Chez les monocoques de 12,18 mètres, comptez deux Anglais (Conrad Humphreys sur Cat Phone et Miranda Merron sur Campagne de France), une Sud-Africaine (Philippa Hutton-Squire sur Swish), un belge (Michel Kleinjans sur Visit Brussels), un Suisse (Alan Roura sur Exocet), un Italien (Giancarlo Pedote sur Fantastica) et un Espagnol (Alex Pella sur Tales 2 – Santander 2014). Dans cette Class40, il faudra surveiller de près deux ténors à l’expérience bien trempée et aux montures dernier-cri : Alex Pella (2e et 3e des Mini-Transat 2003 et 2005, 4e de la Barcelona World Race et 2e de la dernière Transat Jacques Vabre) sur un bateau signé Botin, redoutable machine de course aux allures débridées, et Conrad Humphreys, originaire de Plymouth, vainqueur du BT Global Challenge en 2000 et bon navigateur sur tous supports, sur son plan Akilaria RC3 de dernière génération. Quant à l’Italien Giancarlo Pedote, résolument à l’aise en solitaire, il fait figure de bel outsider…

    Ari, premier en son pays…

    Dans la classe Rhum, Sir Robin Knox-Johnston, 75 ans et doyen de la course, premier homme à avoir bouclé un tour du monde en solitaire et sans escale en 1969, vient se frotter à ses 19 camarades de classe sur Grey Power, ancien IMOCA de 1997 signé Finot/Conq. Un honneur que de compter un tel marin parmi les 91 concurrents… une page déjà écrite avant même le départ de la course. Le Finlandais Ari Huusela sur son monocoque de 40 pieds (Neste Oil), s’il parvient « à arriver de l’autre côté » sera le premier marin nordique à finir une Route du Rhum. Un challenge en soi. Le pays est déjà en liesse, Ari serait presque devenu une star chez lui ! Enfin, Andrea Mura sur son open 50 Vento Di Sardegna ne cache pas son objectif de remporter une seconde fois le Rhum (victoire en 2010 en classe Rhum en 19 jours 9 heures et 40 secondes, meilleur temps de la catégorie)… avant de s’engager sur le prochain Vendée Globe.

    Sir Robin Knox-Johnston : la fougue du doyen

    Ne demandez surtout pas au vétéran de l’épreuve s’il se sent assez en forme pour mener son monocoque de 60 pieds à travers l’Atlantique, il vous répond d’une boutade qu’il est prêt à vous défier physiquement. 75 ans Sir Robin Knox-Johnston ? « Dans ma tête, j’en ai 45 » rétorque le plus célèbre des marins britanniques, premier homme à avoir bouclé un tour du monde en solitaire sans escale (c’était en 1968/1969, à l’occasion du Golden Globe). La Route du Rhum, il y a déjà participé une fois, c’était il y a 32 ans. Il y retourne pour le plaisir et pour l’excitation que lui procure toujours la compétition. « L’ambiance est géniale ici » lance t-il tout sourire au milieu de la foule. « Mon bateau est presque prêt, juste quelques bricoles dans le mât et on y va ». Son objectif dans la course : « jusqu’à la pointe de la Bretagne, je serais très attentif ce sera une partie délicate, avec beaucoup de trafic. Mais après, je pense que j’attaquerai un peu ! ».

    Ils ont dit sur les pontons :

    Alessandro di Benedetto (IMOCA – Team Plastique – AFM Téléthon) :

    C’est ma première Route du Rhum et c’est magique pour moi. Je suis heureux de retourner en Guadeloupe en course, car c’est là-bas que je suis arrivé quand j’ai traversé l’Atlantique en Hobie Cat en 2002. J’adore le peuple créole. Mon objectif est de mener mon bateau au-delà de 100%. Je sais que les nouveaux bateaux vont 35 à 40% plus vite que moi, mais je veux faire le mieux possible et partager ma course avec tout le monde et notamment les enfants d’AFM Téléthon.

    Giancarlo Pedote (Class40-Fantastica) :

    C’est une chance incroyable pour moi d’être à Saint-Malo pour disputer ce Rhum. Il y a quelques mois, je ne savais pas que je compterai parmi les concurrents. C’est un ami italien Lanfranco Cirillo qui me prête le bateau. Bien sûr, c’est encore la course dans la course pour finir de préparer le bateau avant le départ. Pour moi, le coup de canon a déjà retenti, mais je suis vraiment ravi d’en être alors qu’elle n’a lieu que tous les quatre ans. Comptez sur moi pour être à fond, j’ai vraiment envie de montrer ce que je suis capable de faire après plusieurs années de Mini 6.50.

    Philippa Hutton Squire (Class40 – Swish) :

    Suite à la dernière Normandy Channel Race, le propriétaire du bateau Roderick Knowles m’a proposé d’en reprendre les clés pour participer à la course : une opportunité qui ne se refuse pas ! J’ai une équipe formidable autour de moi pour m’accompagner dans ma préparation tardive. Je n’ai pas d’appréhension particulière concernant la course dans la mesure où j’ai déjà bouclé un tour du monde en double à bord d’un Class40 lors de la Global Ocean Race (9 mois de course et 30 000 milles parcourus, ndlr). Je sais que je me sens bien seule en mer. Je ferai de mon mieux pour finir. C’est important pour moi puisque c’est la première fois qu’un marin Sud-Africain s’aligne au départ.

    Ari Huusela (Rhum – Ariel) :

    J’ai quelques appréhensions concernant la météo, mais je me sens bien prêt. C’est une première victoire pour moi d’être ici, il a fallu que je travaille comme un fou pendant un an et demi pour enfin parvenir à me libérer. A présent, j’espère arriver au bout à Pointe-à-Pitre pour devenir le premier marin des pays du Nord à finir le Rhum. En Finlande, beaucoup de journaux, de radios me suivent déjà et participent à faire connaître la course.

    Le chiffre du jour

    85. C’est la pression en tonnes exercées sur la rotule de mât de Spindrift 2, soit l’équivalent de deux semi remorques sur une surface grande comme une assiette !

    Le Maxi Banque Populaire VII au ponton mercredi

    Le Maxi Banque Populaire VII skippé par Loïck Peyron sera de retour mercredi à son emplacement prévu devant le Pavillon Banque Populaire (la Gare Maritime de la Bourse). Rendez-vous à 10 heures pour accueillir le grand trimaran bleu.

    • Huit nationalités sur la ligne de départ •