Morgan Lagravière
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Morgan Lagravière a été contraint d’abandonner jeudi dernier suite à une avarie de gouvernail. Safran est arrivé hier à Cape Town (Afrique du Sud). Après 18 jours aux avant-postes du Vendée Globe, Le jeune skipper livre ses impressions sur ce début d’aventure intense et son retour à terre.
Morgan, qui a toujours partagé ses émotions sur ce Vendée Globe, continue de positiver malgré une aventure qui a tourné court bien malgré lui.
« J’ai été accueilli par des dizaines de baleines qui viennent se reproduire dans la Baie de Cape Town. Quelle chance j’avais d’être là… J’ai coupé le moteur. J’ai sorti la camera parce que je prends plus de plaisir à faire partager le moment présent qu’à le vivre de manière égocentrique. En arrivant au port, j’ai été accueilli par l’équipe de PRB (Vincent Riou) et les locaux. Depuis, j’ai eu le temps de lire mes messages. C’est incroyable de savoir qu’autant de personnes m’ont suivi. Sportivement c’est décevant mais humainement, qu’y a-t-il de plus important que d’apporter un peu de bonheur aux gens ? »
« Cette quatrième place était la mienne »
Morgan a animé la tête de la course depuis le départ, tenant tête aux ténors de l’exercice autour du monde. Quelques petits soucis techniques l’avaient contraint à bricoler les premiers jours avant qu’il ne revienne rapidement dans le match pour ne plus cesser d’attaquer. Au moment de son avarie, il était quatrième.
« J’ai eu du mal à me mettre dans la course mais rapidement mon esprit d’attaquant est revenu. Cette quatrième place n’était pas un coup de chance, c’était ma place. J’ai pris conscience qu’avec ce bateau, j’avais les moyens techniques et qu’avec mon expérience ces dernières années, j’avais les moyens sportifs d’être performant. Cela m’a donné un capital confiance pour rivaliser avec les meilleurs. Je n’avais pas de complexe par rapport à Armel Le Cléac’h (Banque Populaire VIII), Alex Thomson (Hugo Boss) ou Sébastien Josse (Edmond de Rothschild). Eux avaient l’expérience, moi j’avais d’autres arguments. Si ma course avait continué, j’aurais gardé cet esprit offensif. »
« J’ai pensé que j’allais mourir »
Le Vendée Globe est une tranche de vie dont on ressort différent. Si Morgan a renforcé sa confiance en lui, il a aussi appris à relativiser. « Sur ce quart de Vendée Globe, je suis passé par toutes les émotions qu’un être humain est capable de ressentir. C’est un vrai condensé de vie. Cela m’a permis de grandir et d’apprendre sur moi. La troisième fois que je suis monté au mât (le 15 novembre pour un problème de drisse, ndlr) j’ai cru que j’allais mourir. Je me faisais massacrer contre le mât avec une violence inouïe. »
« On a encore des choses à se dire… »
La frustration est grande mais Morgan est parvenu à prendre du recul dès le lendemain de son avarie.
« Je n’avais pas envie de me morfondre, j’ai tout de suite rebondi. J’ai déjà eu des avaries qui ne m’ont pas empêché de continuer à naviguer et à être heureux. C’est sûr il y aura des moments durs cet hiver quand je regarderai les copains sur la cartographie mais cela ne va pas durer longtemps. Je prends conscience de ce que j’aime sur la terre parce que je suis parti en mer. Aujourd’hui, je vais commencer par me reposer et m’alimenter : je n’ai plus que la peau sur les os ! Puis, avec Bilou et l’équipe on va préparer le bateau pour le retour. Ce bateau m’a montré de belles choses mais l’aventure se finit brusquement avec un peu de frustration. On a encore de belles choses à se dire, lui et moi. »
Le monocoque Safran sera convoyé par l’équipe technique tandis que Morgan rentrera en France en avion en début de semaine.
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Suite à l’avarie de gouvernail survenue en fin de matinée, le skipper de Safran Morgan Lagravière, confirme son abandon sur le Vendée Globe, en accord avec son équipe et son partenaire.
Joint par son équipe cet après-midi, Morgan expliquait :
« J’ai eu une nuit très agitée avec des soucis de pilote automatique. J’avais entre 20-25 nœuds de vent et le bateau était incontrôlable. Je suis parti à l’abattée 4 à 5 fois. Alors que je faisais une sieste à la mi-journée, j’ai senti le bateau partir au tas. En sortant, j’ai constaté que le safran sous le vent était sorti de son socle et qu’il en manquait les 2/3. Je pense que c’est dû à un choc avec un OFNI*.
Malheureusement, je n’ai pas de quoi réparer une telle avarie, c’est donc la fin pour moi.
Je veux cependant garder en tête les points positifs de cette aventure : 18 jours de course extraordinaires à bord d’un bateau très performant, avec lequel je suis toujours resté dans le coup. Ce parcours en solitaire a également été l’occasion d’apprendre un peu plus sur moi et sur ce qui est important dans la vie. Je veux remercier toute mon équipe technique ainsi que tous les fans qui m’ont soutenu. »
Morgan navigue actuellement en direction de Cape Town (Afrique du Sud), qu’il devrait atteindre d’ici trois jours.
Philippe Petitcolin, Directeur Général de Safran, fait part de son soutien au jeune skipper :
« C’est une déception immense pour Morgan, l’équipe du Safran Sailing Team, ainsi que pour l’ensemble des collaborateurs de Safran qui ont suivi et accompagné avec passion le bateau dans cette aventure. Depuis le départ des Sables d’Olonne, le duo Morgan – Safran s’est montré totalement à la hauteur du défi, se maintenant en permanence dans le groupe de tête. Morgan a fait preuve d’un bel esprit de compétition et de combativité, à la hauteur des valeurs de Safran. Je m’associe à tous les collaborateurs du Groupe pour le soutenir dans ce moment difficile. »
* objet flottant non identifié