Michel Etévenon
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  • La magie du Rhum, ce sont aussi ces amateurs qui viennent relever le défi de traverser l’Atlantique en course et de se frotter aux meilleurs navigateurs du moment. Sur la 10e édition de La Route du Rhum – Destination Guadeloupe, ils seront près de 30 marins sur les 91 inscrits, non professionnels et de tous horizons, à prendre le départ. Garagiste, journaliste, vétérinaire, éducateur sportif, expert comptable, médecin… tous ont dû gérer un métier, un budget, une préparation pour pouvoir être à Saint-Malo. Une première victoire !

    « Je suis surbooké par mon travail, je n’ai pas beaucoup navigué, j’ai surtout passé du temps à préparer mon bateau âgé de 30 ans » raconte Etienne Hochédé, 58 ans, skipper du Multi50 PiR2 – CCI de Fécamp. Amateur pure souche, garagiste de père en fils, Etienne a posé un mois de congé sans solde pour participer à La Route du Rhum-Destination Guadeloupe.
    Ne demandez pas à Olivier Roussey (Obportus –Conseil Régional de Lorraine, Class40) ce qu’il vient faire sur la ligne de départ de la 10e Route du Rhum-Destination Guadeloupe. « La passion ne connaît pas de frontières et elle ne s’arrête certainement pas à la ligne bleue des Vosges », répond tout de go cet expert comptable à la tête d’un cabinet de 300 personnes, né et installé depuis toujours en Lorraine.

    Travailler pour s’offrir son rêve

    Dans la semaine d’Hervé de Carlan, skipper de Délirium (Multi50), le seul catamaran de la course, les journées de 14 heures sont légion. « C’est le prix à payer pour s’offrir son rêve » chuchote ce médecin généraliste qui ne devra pas traîner sur la route de la Guadeloupe pour être de retour au cabinet le 2 décembre ! Quant à Erik Nigon (Multi50, Vers un Monde Sans Sida), directeur technique chez Axa Assurances, il rentre la semaine prochaine à Paris pour travailler trois jours… avant le grand départ dimanche prochain. Pour la préparation de son bateau, Erik a fait appel à sa bande de copains, pour son entraînement physique, il a choisi le vélo pour aller au boulot, plutôt que le métro, et pour sa préparation mentale, il a offert aux malouins un superbe concert avec son groupe Take a Break, hier soir samedi.

    Objectif : tout donner

    A 60 ans, Jean-Yves Chatelain s’apprête à participer à son troisième Rhum sur son bateau de croisière amélioré, un RM 13,50 baptisé Destination Calais (classe Rhum). « Sur la dernière édition, j’ai du abandonner suite à des soucis électriques, mais j’ai constaté que mon bateau marchait fort. Alors, cette année, secrètement, j’espère faire dans les dix premiers. Je vais tout donner » raconte Jean-Yves, professeur d’éducation physique. « Secrètement », c’est souvent le terme employé par ces amateurs, qui en plus de réaliser leur rêve, n’osent pas imaginer mieux, c’est-à-dire faire un bon résultat. Fabrice Amedeo, journaliste et skipper du Class40 SNCF-Géodis-Newrest, confie avoir beaucoup progressé et se verrait bien, sans l’avouer complètement, terminer dans les 15 premiers. « Mon objectif est d’arriver de l’autre côté, de raconter une belle histoire et si possible faire mieux qu’il y a quatre ans. Ce serait déjà un belle réussite, je vais me faire mal et me donner à 200% ».
    Métro-boulot-bateau-dodo, le quotidien de ces amateurs n’est pas une sinécure mais un choix de passionnés. A travers eux, le public s’identifie, s’imagine lui-aussi pouvoir traverser l’Atlantique en course. C’est plus que jamais la spécificité de La Route du Rhum-Destination Guadeloupe. Ce qui fait de cette épreuve une course de légendes et d’histoires d’hommes.

    Ils ont dit sur les pontons de Saint-Malo :

    Pierre-Yves Chatelin (Classe Rhum – Destination Calais), professeur d’EPS :

    C’est ma deuxième Route du Rhum avec mon RM 13,50, et la troisième fois que j’y participe. Ce sera cette année ma dernière, car je pars à la retraite l’an prochain et je projette de faire pour un tour du monde sur mon bateau. Mon objectif ? Faire bien, arriver au bout proprement, sereinement, même si secrètement j’aimerais faire dans les dix premiers !

    Etienne Hochédé (Multi50 – PIR2 CCI de Fécamp), garagiste :

    Ce sera ma première Route du Rhum parce qu’on a décidé de la faire avec mon ami Hervé de Carlan qui est aussi en Multi50 avec un catamaran. J’ai besoin de bouger, de me motiver, de me tirer vers le haut. C’est pour cette raison que je m’engage sur une course comme La Route du Rhum. Je suis garagiste surbooké, j’ai donc posé un mois sans solde. Mon objectif est de mettre moins de 20 jours pour traverser.

    Fabrice Amédéo (Class40 – SNCF-Geodis-Newrest), journaliste :

    Cette année, j’ai essayé de naviguer le plus régulièrement possible. Dès le mois de février, j’ai passé 15 jours en solitaire, puis je me suis astreint à naviguer une semaine par mois. J’ai réussi à cumuler des RTT pour être sur l’eau à mi-temps depuis septembre. Quand je suis à Paris, après le travail je me prépare physiquement. Mon objectif est d’abord de raconter de belles histoires à ceux qui restent à terre et sportivement de terminer dans les 15 premiers.

    Olivier Roussey (Class40 – Obportus – Conseil Général de Lorraine), expert comptable :

    C’est un challenge de tous les jours pour parvenir à prendre le départ d’une telle course, un projet de longue haleine qui exige de faire en sorte que le temps consacré à sa passion ne prenne pas le pas sur les obligations professionnelles. En 1978, j’ai assisté au départ de la première édition. J’avais 18 ans et je me suis alors dit : «un jour, je ferai le Rhum ». Nous y sommes, ou presque. Je ne réalise pas vraiment encore que dans une semaine je vais concrétiser ce rêve de gosse.

    Hervé de Carlan (Multi50 – Délirium), médecin généraliste :

    Je viens d’abord pour vivre une aventure initiatique seul à bord de ce bateau familial pendant un peu plus de deux semaines. Je ne viens pas pour gagner la course, mais à la barre du seul catamaran de la flotte, j’ai la garantie de pouvoir au moins faire premier de quelque chose. Après ma participation en 2010 où j’ai malheureusement été contraint à renoncer sur avarie technique, j’ai une revanche à prendre. Mon objectif est d’arriver au bout afin de remercier et saluer les 200 personnes qui depuis la mise à l’eau du bateau ont donné de leur temps et de leur énergie pour me permette d’aligner Délirium au départ de grandes courses océaniques.

    Erik Nigon (Multi50 – Vers un monde sans sida), directeur technique chez Axa :

    Je pars du principe qu’on n’a qu’une vie et qu’il s’agit de la vivre à fond, pour soi comme pour les autres. Depuis plusieurs années déjà, je consacre mes grandes vacances à une transat. C’est ma deuxième participation au Rhum à bord de ce bateau et j’espère faire mieux qu’il y a quatre ans. Si le sportif est incertain, j’ai la garantie de vivre une formidable aventure humaine. Plus que le classement, j’espère surtout, si la météo le permet, aller plus vite. Je dédierai ma course à Delphine, la coordinatrice d’Aides Guadeloupe et Guyane, brutalement décédée il y a quelques semaines.

    • Un tiers d’amateurs sur la ligne départ ! •

  • Qu’ils aient une expérience de vieux loup de mer ou qu’ils aient la certitude de tout découvrir sur le parcours entre Saint-Malo et Pointe-à-Pitre, 40 marins, soit près de la moitié de la flotte réunie pour cette 10è édition de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe, se préparent à plonger pour la toute première fois dans le grand bain de cette course légendaire. Entre légitimes appréhensions et une farouche envie d’en découdre pour sortir son sillage du jeu, ces bizuths ne boudent certainement pas leur plaisir de goûter aux saveurs d’une transat d’apprentissage, forcément riche en émotions et sensations du large…

    L’un est double vainqueur de La Solitaire du Figaro-Eric Bompard cachemire et double détenteur du Trophée Jules Verne, l’autre a déjà fait tourner toutes les têtes à terre lors de sa giration planétaire en solitaire menée à un train d’enfer. Croyez le ou non, Yann Eliès dans la catégorie Ultime et François Gabart (Macif) chez les monocoques IMOCA n’en demeurent pas moins des « bleus » du Rhum.

    « Un Rhum, cela ne se refuse pas »

    En dépit de leur solide palmarès à bord d’un coursier océanique, aucun d’eux ne se départit de l’humilité de rigueur quand il s’agit de prendre la mer. « Le Rhum, c’est d’abord une course à la voile avec tout ce que cela représente en termes d’imprévus », souligne le skipper de MACIF qui partage ce statut de petit nouveau du Rhum chez les IMOCA avec Alessandro Di Benedetto (Team Plastique – AFM Téléthon) et Armel Tripon (For Humble Heroes).

    Quant à Yann Eliès, qui s’est vu offrir la chance de s’aligner enfin, à 40 ans, au départ de la course quand l’écurie de Jean-Pierre Dick lui a offert l’opportunité de reprendre la barre du Multi 70 Paprec Recyclage, pas question de laisser passer une telle opportunité. Tant pis s’il lui faut accepter de s’élancer avec l’idée omniprésente que le chavirage peut survenir à tout moment à bord d’un multicoque aussi volage, le skipper du trimaran bleu se réjouit de sa participation surprise aux côtés de ses concurrents, tous multirécidivistes, ou presque. « C’est stressant, mais un Rhum cela ne se refuse pas. Avec une préparation un peu tardive, je me place forcément en position d’outsider, mais cela me va bien », confie-t-il.

    Bizuths de tous bords

    Dans les autres catégories, au-delà des doutes et des craintes qui risquent de naître à la veille de mettre les voiles pour couper la ligne de départ, le plaisir et l’excitation de compter parmi les acteurs de cette 10è édition l’emportent. Deux chez les Multi50, neuf dans le camp des « Rhum », c’est sur les pontons de la famille nombreuse des Class40 que s’affaire activement le plus gros contingent de bizuths. Dans cette catégorie qui rassemble des marins venus de tous horizons, 25 d’entre eux se préparent à se laisser griser par les effluves de cette grande première à travers l’Atlantique. Qu’ils figurent parmi les plus solides favoris à la victoire finale à l’instar de Sébastien Rogues (GDF SUEZ), ou se classent dans le camp des amateurs purs et durs, tous auront à cœur de rallier la Guadeloupe. Et d’accrocher la reine des transats à leur palmarès, aussi long soit-il… Un Rhum, sinon rien !

    Echos de pontons

    François Gabart (IMOCA – MACIF) : « Le Rhum, c’est une épreuve mythique, mais c’est surtout pour moi une grande première. Elle a une connotation particulière dans mon imaginaire, très similaire à ce que j’ai vécu sur le Vendée. Il ne faut pas négliger les premières fois, ce sont celles des découvertes, elles n’ont pas de prix, elles nous marquent. Comme sur ma première Solitaire du Figaro où j’ai pris un plaisir énorme, j’ai envie d’en profiter. Ce Rhum, j’ai envie de bien le faire, de le savourer. »

    Yann Eliès (Ultime – Paprec Recyclage) : « C’est un challenge énorme, un des plus gros défis à relever depuis ma participation au Vendée Globe 2008-2009. Je vais faire un saut dans l’inconnu. J’ai hâte de prendre le départ. J’aime l’adrénaline, mais il va falloir doser la prise de risque et accepter de faire le dos rond si les conditions météo sont trop musclées. »

    Alain Delhumeau (Mulit50 – Royan) : « Le Rhum a une saveur particulière pour moi qui suit marin-pêcheur, tantôt en métropole, tantôt en Guadeloupe. Je suis tout le temps sur l’eau et pratique le multicoque depuis 25 ans. Cela me trottait dans la tête depuis longtemps. Je suis tellement heureux d’être ici à Saint-Malo, j’ai la sensation de faire partie d’une grande famille… »

    Jean Galfione (Class40 – Serenis Consulting) : « Il y a quelques années encore, je n’aurais pas imaginé être ici à Saint-Malo. Ma participation s’est confirmée petit à petit, à mesure que je progressais dans mon apprentissage à la barre de mon bateau que j’ai depuis quatre ans. Je me sens serein et n’ai pas d’appréhension particulière concernant le départ, mais cela me fait toujours un peu bizarre de me retrouver sur les plateaux de télé aux côté de Loïck Peyron pour parler de voile. Mon objectif est de naviguer propre. J’aime bien la formule d’Halvard Mabire qui dit : à l’arrivée, j’espère toujours être copain avec moi-même. »

    Alan Roura (Class40 – Exocet) : « C’est un rêve d’être là, c’est super, c’est même une fierté de se retrouver aux côtés de grands marins comme Francis Joyon que j’admire. Il est discret, il ne fait pas de vagues et je crois que je partage sa philosophie de vouloir faire tout tout seul à bord de mon bateau. Je ne me sens pas encore un compétiteur aguerri et mon objectif est avant tout d’arriver sans m’arrêter. Chez les Class40, j’ai la conviction que je suis à très bonne école. »

    Brieuc Maisonneuve (Class40 – Groupement Flo) : « La Route du Rhum, je l’ai aimée depuis tout petit. Je me souviens que mes parents m’avaient emmené voir le départ de la toute première édition en 1978. J’avais 4 ans. Depuis, je n’en ai pas manqué une ! Cette course m’a toujours fait rêver, parce que c’est une transat non-stop, sans escale, sans marque de parcours avec une grande liberté dans le jeu. Je suis heureux de partir, j’ai tellement de stress au travail que cette grande première ne m’effraie pas du tout. Ma seule appréhension serait d’avoir un souci technique. Je rêverais d’emmener mon préparateur dans la soute avant ! ».

    Pierrick Tollemer (Classe Rhum – Ensemble pour Entreprendre) : « Je suis Rennais et j’ai vu tous les départs du Rhum, la course est véritablement gravée dans ma mémoire. Pour moi, c’est une sacrée aventure. J’ai beaucoup d’amis navigateurs qui me rassurent en me disant « navigue comme d’habitude, ne te pose pas trop de questions ! ». Mon objectif ? Arriver de l’autre côté et faire le même temps que Mike Birch en 1978… »

    Le chiffre du jour : 30 000
    C’est le nombre de fans sur la page Facebook de La Route du Rhum – Destination Guadeloupe ! Dans la journée d’hier, ils ont été plus de 1 000 à rejoindre la communauté de passionnés de la légendaire transatlantique en solitaire…

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