Marsaudon Composites
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  • Le plan VPLP/Verdier avec lequel Morgan Lagravière prendra le départ du prochain Vendée Globe vit ses dernières semaines de chantier. La coque et le pont du monocoque ont été assemblés tout récemment. Pour le jeune homme de 27 ans, la mise à l’eau prévue le 7 mars à Lorient ponctuera une année au cours de laquelle il aura développé de nouvelles compétences. Entretien.

    Morgan, peux-tu faire un point sur l’avancement du chantier de ton futur 60 pieds IMOCA, le nouveau Safran ?

    Morgan Lagravière : 

    Le chantier avance bien même si nous avons un peu de retard dans le timing (la mise à l’eau était initialement prévue en janvier, NDLR). Un retard normal : on est rarement prêt à temps quand on construit une maison, eh bien c’est un pareil avec un bateau ! Coque et pont ont été assemblés pendant les fêtes au chantier CDK Technologies à Lorient. Auparavant, les deux entités avançaient chacune de leur côté. Avec l’assemblage, la boîte est en quelque sorte fermée et le nouveau Safran ressemble à un bateau. De nombreux intervenants s’activent pour que la mise à l’eau puisse se dérouler le 7 mars à Lorient. C’est impressionnant, je passe deux ou trois fois par semaine et j’observe à chaque fois des avancements dans le chantier, des éléments qui s’ajoutent petit à petit. Vu de l’extérieur, on pourrait croire qu’il suffit de mettre le mât pour partir dès demain. Et pourtant, il reste du travail à la pelle. Autant de « détails » qui se voient peu mais qui sont très longs à mettre en place.

    Que reste-t-il à faire à ce stade de la construction ?

    Il faut encore strater des éléments de structure sur le bateau. Au niveau du plan de pont, beaucoup de grosses pièces sont déjà en place, les winches par exemple. L’équipe de Marc Guillemot, le team SOG, intervient pour intégrer des éléments comme l’électronique, l’informatique, le câblage ou encore l’accastillage (chandeliers, poulies, etc.). En fait, nous entrons dans le début de la phase de transition entre le travail de CDK Technologies et celui réalisé par l’équipe technique Safran.

    Ce qu’on gagne quelque part on le perd ailleurs.

    On imagine que tu ne peux pas t’étendre sur le sujet mais quelles sont les caractéristiques notables du nouveau Safran en termes de carène et de plan de pont ?

    A ce stade, je ne peux effectivement pas révéler grand-chose. Ce que je peux dire, c’est que le nouveau Safran suivra l’évolution générale en affichant une carène planante, plus plate et plus volumineuse sur les avants que le premier Safran, dont nous avons par ailleurs conservé pas mal de caractéristiques. J’ai apporté mon grain de sel pour personnaliser le bateau afin qu’il soit à ma main, adapté à ma façon de naviguer. Je me sentirai ainsi plus à l’aise à bord au moment des premières navigations.

    Quels sont ces éléments sur lesquels tu es directement intervenu ?

    Ils concernent essentiellement l’ergonomie du cockpit : emplacements exacts des différents éléments, forme de la casquette qui protège l’habitacle, organisation de la zone de manœuvres, taille des winches, etc. Pour mieux se représenter les choses, nous avons travaillé sur une maquette en bois à l’échelle 1. J’ai aussi beaucoup travaillé sur l’aménagement intérieur. A de nombreuses reprises, il a fallu trancher, faire des compromis, car ce qu’on gagne quelque part on le perd ailleurs. 

    Quand penses-tu pouvoir effectuer les premières navigations ?

    Nous espérons que le bateau pourra naviguer dans la foulée de sa mise à l’eau. Mais nous n’hésiterons pas, si nécessaire, à ramener le bateau à la Trinité-sur-Mer, son port d’attache, pour effectuer les derniers travaux. Nous ne prendrons aucun risque à le faire naviguer trop tôt. Le programme de course n’est pas encore arrêté mais une chose est certaine : il sera très complet. L’idée étant de découvrir le bateau pour pallier mon inexpérience en 60 pieds IMOCA, mais aussi de me confronter à la concurrence. Je serai ainsi au départ de la Transat Jacques Vabre, de la B to B, du Fastnet et de quelques événements d’avant-saison. Puis il y aura le Vendée Globe bien entendu. J’ai par ailleurs intégré le Pôle Finistère Course au Large et je participerai aux stages d’entraînement à Port-la-Forêt. 

    Morgan Lagravière en navigation sur le premier Safran
Quel est ton état d’esprit à moins de deux mois de la mise à l’eau de ton 60 pieds IMOCA ? Tu dois avoir hâte de naviguer…

    Carrément ! Je ne m’attendais pas à ce que la construction soit aussi longue. L’échéance a été repoussée petit à petit. Mais je n’ai pas le temps de cogiter car il y a énormément de choses à faire, à commencer par le suivi du chantier et la préparation physique – entre autres. Pour garder un fond de jeu, j’ai navigué en match race, Formule 18 et J80, des supports à la fois faciles d’accès et offrant des plateaux relevés.

    Il y a tout juste un an, Safran annonçait officiellement te confier la barre d’un nouveau bateau avec en point d’orgue le Vendée Globe 2016/2017. L’expérience est-elle enrichissante jusqu’à présent ?

    Bien sûr. Je ne suis pas resté les bras croisés à attendre que le bateau se construise. Auparavant, en Figaro notamment, je m’épanouissais avec la casquette de sportif. Avec ce projet d’une toute autre ampleur, j’ai dû accepter que l’aspect sportif passe au second plan. Cela n’a pas toujours été plaisant, c’était parfois frustrant, notamment quand j’ai vu mes amis partir pour la Solitaire du Figaro ou Marc Guillemot prendre le départ de la Route du Rhum en IMOCA. Mais j’ai intégré cette nouvelle donne et je suis heureux de découvrir d’autres facettes du métier de skipper.

    • Le Safran de Morgan Lagravière prend forme •

  • Le nouveau Safran, un modèle haute couture

    10 semaines de fabrication, 14 personnes sur le pied de guerre soit 6 200 heures de travail, 200 000 agrafes, quatre semaines de ponçage seront nécessaires à la réalisation du modèle du moule de coque du nouvel IMOCA.

    9 avril 2014 • 2016-17, Course au Large, IMOCA, Vendée Globe • Vues: 2227