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  • Vers un 8e Vendée Globe de tous les records !

    Plateau sportif au plus haut niveau, pas moins de neuf nations représentées, PC course installé au pied de la Tour Eiffel, diffusion TV internationale, dispositif numérique et éditorial innovant : le huitième Vendée Globe

    4 février 2016 • 2016-17, Course au Large, IMOCA, Vendée Globe • Vues: 2641

  • Jean-Pierre Dick remettra à l’eau son Imoca StMichel-Virbac en début de semaine prochaine, après un chantier de renfort de la structure. Rapidement contraint à l’abandon dans la Transat Jacques Vabre, Dick n’a pas encore pu prendre la mesure de son tout nouveau foiler. Le skipper niçois va donc se délocaliser à Cascais (Portugal) et multiplier les navigations d’entrainement et de mise au point, avant de s’engager dans les trois courses prévues en 2016 : The Transat, la New York-Vendée et le Vendée Globe dont il prendra le départ pour la quatrième fois consécutive. Rencontre.

    Jean-Pierre, ton bateau, StMichel-Virbac, va être remis à l’eau à Lorient après un chantier consécutif à l’abandon dans la Transat Jacques Vabre. En quoi a consisté ce chantier ?

    Jean-Pierre Dick : « Il s’agissait avant tout de réparer les dégâts subis sur la coque (des lisses cassées et des cloisons abîmées, NDR) et de renforcer la structure. Pendant trois semaines, l’équipe technique s’est démenée pour relever le challenge et respecter le timing pour la remise à l’eau. Les lisses ont été réparées et nous avons ajouté des renforts longitudinaux pour rigidifier le fond de la coque. La structure de StMichel-Virbac s’est révélée un peu fragile, nous avons fait en sorte de la rendre plus solide. »

    En sait-on plus sur les causes de l’avarie survenue lors de la Transat Jacques Vabre ?

    Jean-Pierre Dick : « Les investigations sont en cours et nous ne tirons donc pas de conclusions hâtives, mais cela sera effectivement important de connaître les raisons de ces dégâts. En tout cas, avec mon équipier Fabien Delahaye, nous n’avions pas le pied sur le champignon au moment de l’incident. Au contraire nous naviguions avec prudence, en adoptant un rythme bien en-deçà des bateaux de tête. Cela a été d’autant plus frustrant de jeter l’éponge. Mais nous n’avions pas le choix car quand la structure est touchée, il faut non seulement abandonner, mais aussi rentrer rapidement à terre pour que de nouveaux problèmes ne viennent s’ajouter à ceux déjà rencontrés. Nous n’avons donc pas pu tirer beaucoup d’enseignements de cette première course, mais nous allons rebondir. »

    « Faire corps avec le bateau »

    Tu as finalement peu navigué à bord de ton nouveau 60 pieds mis à l’eau en septembre dernier. Il s’agit désormais de rattraper le temps perdu ?

    Jean-Pierre Dick : « Exactement. En 2015, nous avons été dans l’attente de la mise à l’eau, puis la Jacques Vabre s’est vite arrêtée. C’est pourquoi nous avons souhaité remettre StMichel-Virbac à l’eau rapidement. Nous effectuerons des premières navigations dès la semaine prochaine à Lorient. Cette phase d’entraînement intense au large s’étendra jusqu’à fin février. Pour cela, nous allons baser le projet à Cascais (Portugal). C’est un lieu intéressant car il permet de naviguer dans des conditions soutenues, de tirer sur le bateau sans pour autant risquer de tout casser. Il s’agira d’engranger les milles, de bien apprendre le maniement des foils, d’acquérir des automatismes jusqu’à faire corps avec le bateau. Je suis impatient de retrouver mon métier de pilote de course. Ensuite, je participerai aux deux transatlantiques en solo (The Transat et la New York-Vendée) et bien sûr au Vendée Globe qui sera la cerise sur le gâteau. »

    Pour le Vendée Globe 2012-2013, tu disposais d’un bateau de nouvelle génération (Virbac-Paprec 3), mais déjà largement fiabilisé et éprouvé. La donne est différente cette fois…

    Jean-Pierre Dick : « Il est vrai que le timing est beaucoup plus serré. Pour le dernier Vendée Globe, j’ai convoyé le bateau depuis la Nouvelle-Zélande et donc bouclé un demi tour du monde. Puis j’ai remporté la Barcelona World Race 2010-2011 (le tour du monde en double, NDR) et la Transat Jacques Vabre 2011. Mais je ne m’inquiète pas car j’ai l’expérience de cinq tours du monde. Je reste dans la course pour obtenir un très bon résultat dans le prochain Vendée Globe. Les débuts du projet ont été lents mais l’année 2016 va être explosive, un vrai feu d’artifice ! »

    Tu as l’habitude de fiabiliser des bateaux neufs puisque tu as toujours pris le départ du Vendée Globe à bord de 60 pieds de dernière génération !

    Jean-Pierre Dick :« Ce sera effectivement mon quatrième Vendée Globe et à chaque fois, nous avons construit un nouveau bateau car c’est dans l’ADN de l’équipe d’innover, d’imaginer et de développer des prototypes performants. Nous avons acquis une certaine dextérité en la matière. Toute la difficulté est de trouver le bon tempo pour fiabiliser la machine. Cela demande un investissement énorme, à la fois de la part du skipper et de son équipe technique. »

    En bouclant le dernier Vendée Globe, tu ne pensais pas revenir sur cette épreuve. Pourquoi as-tu changé d’avis ?

    Jean-Pierre Dick :« J’avais effectivement initié un autre projet en MOD70. Mais deux données ont chamboulé le programme. D’abord, le fait d’avoir perdu ma quille et de boucler le tour du monde en 4e position, au pied du podium, m’a un peu laissé sur ma faim en 2013. Ensuite, le circuit des MOD70, très prometteur sur le papier, ne l’a pas été dans les faits, notamment en raison de l’annulation du tour du monde avec escales. Nous avons donc décidé de lancer un nouveau projet en IMOCA, avec en point d’orgue le Vendée Globe 2016-2017. »

     

    « Pour remporter le Vendée Globe, il n’y a pas de concession possible ! »

    Qu’est-ce qui te pousse à revenir une quatrième fois consécutive ?

    Jean-Pierre Dick :« Le Vendée Globe a changé ma vie. C’est pour y participer que je suis devenu skipper professionnel en 2002. C’est une expérience unique que de pouvoir se retrouver seul face à soi-même, dans un corps à corps avec la nature, sur des machines qui sont des concentrés de technologies. Moi qui aime les sports de plein air, je ne peux pas rêver mieux, c’est le summum ! Le Vendée Globe a un côté très pur, très beau. Ceci dit, se positionner comme un candidat à la victoire n’a rien d’anodin. La dernière année est un véritable tunnel, il n’y a pas de concession possible. Technique, sommeil, nutrition, préparation physique, météo… Le programme est très dense, mais passionnant. 99 % des gens considéreraient que c’est un travail harassant. De mon côté, je considère que c’est une chance. »

    Le 6 novembre 2016 aux Sables d’Olonne, t’élanceras-tu avec comme unique objectif de gagner le huitième Vendée Globe ?

    Jean-Pierre Dick :« Le podium serait déjà extraordinaire mais oui, je vais me donner les moyens de gagner. J’ai déjà remporté deux fois le tour du monde en double (la Barcelona World Race). Ces victoires ont été deux très beaux moments de ma vie. J’ai envie de revivre cette sensation en solitaire. Mon histoire avec le Vendée Globe est mouvementée mais je veux à nouveau relever le défi car je considère que l’une des principales qualités d’un marin est la ténacité. J’aurai 51 ans au moment du départ et je vais pouvoir profiter de toute l’expérience accumulée lors de mes trois précédentes participations. Remporter le Vendée Globe serait le Graal, une belle récompense de tous les sacrifices consentis depuis 2002. Mais le nombre de paramètres à réunir est gigantesque pour surfer la vague parfaite… »

    • Le Vendée Globe a changé ma vie •

  • Quand le sport rencontre la science !

    La Commission océanographique intergouvernementale de l’UNESCO (COI/UNESCO) et le Championnat du monde IMOCA Ocean Masters s’unissent pour recueillir des données sur le changement climatique dans des zones

    17 décembre 2015 • 2016-17, Course au Large, IMOCA, Vendée Globe • Vues: 4134

  • Les cinq enseignements de la Transat Jacques Vabre

    Après la belle victoire de PRB, les neuf IMOCA qui ont réussi à boucler la Transat Jacques Vabre 2015 sont à Itajai depuis quelques jours. L’heure est à l’analyse et au bilan de course, afin de savoir notamment

    24 novembre 2015 • 2016-17, Course au Large, IMOCA, Vendée Globe • Vues: 2907

  • Alors que le dernier des IMOCA a franchi la ligne d’arrivée de la Transat Jacques Vabre à Itajai, qu’une partie de la flotte s’apprête à rallier Saint-Barth en convoyage pour le départ de la Transat Saint-Barth – Port-la-Forêt le 6 décembre prochain, un bilan s’impose. Etat de la flotte à l’arrivée, apport des foils, comportement des anciens bateaux et bonne tenue des éléments standardisés, sont quelques-uns des éléments d’analyse d’une course très difficile qui n’aura pas épargné les participants engagés.

    Le contexte

    On le sait, un départ à la fin du mois d’octobre des côtes françaises comporte une part de risque météorologique non négligeable. Cette édition 2015 de la Transat Jacques Vabre n’a pas échappé à la règle avec une première semaine de course particulièrement éprouvante pour les bateaux comme pour les hommes. Des vents de 40 à 45 nœuds, une mer grosse, trois centres dépressionnaires consécutifs à négocier, les huit premiers jours de course ont été particulièrement durs.

    La flotte IMOCA, forte de 20 équipages au départ, était sans conteste la plus emblématique. C’est ici que les enjeux sportifs étaient les plus forts avec notamment la confrontation des voiliers de dernière génération munis de foils avec les meilleures unités issues du dernier Vendée Globe.

    Les raisons de la casse

    Après un départ dans le petit temps, la flotte des IMOCA allait subir de plein fouet le passage de plusieurs trains de dépressions qui n’épargnaient personne. Les tenants de la route ouest, la plus rapide suivant les routages, devaient négocier le contournement d’un premier centre dépressionnaire avant de pouvoir faire route au sud où deux autres fronts particulièrement musclés les attendaient. D’autres équipages avaient opté pour une route plus à l’est qui s’est révélée au final tout aussi cabossée que la première.
    La liste des abandons est évidemment importante. Si le bilan ne peut pas être satisfaisant il reste très instructif, et il importe aussi de regarder clairement les raisons de cette casse.
    La volonté de ménager le bateau : pour certains, la décision d’abandonner a été prise dans la perspective des échéances à venir, notamment le Vendée Globe et la Transat New York – Vendée qui sera la dernière course qualificative avant le tour du monde. C’est le cas notamment de Maître CoQ, d’Edmond de Rothschild. En proie à des soucis techniques qui pouvaient être résolus, ils ont préféré, à partir du moment où ils ne jouaient plus pour la gagne se concentrer sur la suite de la saison de course du Championnat IMOCA Ocean Masters.

    La jeunesse de certains projets : Safran, Hugo Boss, St Michel-Virbac, tous ces bateaux ont été mis à l’eau tardivement et n’ont bénéficié que de très peu de temps d’entraînement. De plus, les conditions météo des semaines qui ont précédé la Transat Jacques Vabre ont été relativement clémentes et n’ont pas permis aux équipages de se confronter véritablement au mauvais temps. Et c’est bien ce mauvais temps qui reste le juge de paix implacable de la préparation des bateaux. Pour être paré à affronter les mers du Sud, il faut être passé plusieurs fois par de telles conditions. Le mauvais temps de la Transat Jacques Vabre était le premier que rencontraient ces nouveaux bateaux.

    Une casse mécanique due à l’usure et à la prise de main tardive de son bateau : pour certains projets, le fait d’être sur la ligne de départ de la Transat Jacques Vabre était une victoire en soi. A l’instar des bateaux neufs, bon nombre de skippers faisaient connaissance avec leur bateau qu’ils venaient d’acquérir. Dans ces conditions il est très difficile d’apprécier l’état exact de sa machine et la course reste le meilleur moyen pour apprendre à le connaître. Mais, souvent par faute de budget suffisant, plusieurs de ces bateaux n’ont pas pu se préparer comme ils l’auraient souhaité dans l’idéal. C’est le cas de O Canada, d’Adopteunskipper.net, du Bateau des Métiers by Aerocampus ou bien encore de Bastide Otio.

    Les impondérables : la voile est un sport mécanique, on ne l’oublie pas. Les abandons de SMA suite au délaminage de son voile de quille suite à un choc avec un OFNI, et de Spirit of Hungary, sont clairement à ranger dans cette catégorie. Malheureusement l’océan reste semé d’embuches et trop souvent d’objets flottants qui peuvent abîmer les bateaux. Si l’accident d’Hugo Boss n’est pas encore totalement expliqué, sa coque a été endommagée par un impact qui a contraint son équipage à faire route vers l’Espagne.

    Des raisons d’être optimiste

    Le podium :

    Deux IMOCA parmi les plus affutés de la génération du dernier Vendée Globe encadrant un des derniers-nés munis de foils. La victoire de PRB et la 3e place de Quéguiner / Leucémie Espoir montrent que l’on peut être compétitif sans disposer du bateau de l’année. La deuxième place de Banque Populaire VIII est aussi le signe que les améliorations proposées ont de l’avenir. Le débat est ouvert et c’est bien l’un des objectifs des règles de l’IMOCA que de permettre aux bateaux de générations différentes de concourir entre eux. Quand l’innovation côtoie le sport la régate n’en est que plus belle.

    La course à tous les étages :

    Qu’il s’agisse du podium, de la formidable bagarre pour la quatrième place entre Le Souffle du Nord et Initiatives Cœur, de la lutte entre les quatre bateaux les plus anciens, MACSF, Comme un Seul Homme – Stand as One, Newrest/Matmut et Bureau Vallée, pour la sixième place, la régate a été intense du début jusqu’à la fin. Il y avait plusieurs courses dans la course. C’est rassurant dans la perspective des épreuves à venir.
    Les éléments standardisés : les mâts et les quilles standardisés des nouveaux bateaux ont donné toute satisfaction. Aucun des abandons constatés n’a pour origine les pièces qu’impose la nouvelle règle IMOCA. C’est un fait qui contribue à valider les choix de l’IMOCA.

    La suite du Championnat IMOCA Ocean Masters

    La Transat Saint-Barth – Port-la-Forêt va maintenant permettre à plusieurs des skippers inscrits au prochain Vendée Globe de valider leur ticket d’entrée. La course va aussi être l’occasion de mieux connaître la génération montante, de Paul Meilhat et Fabrice Amedeo à Thomas Ruyant, face à des navigateurs expérimentés comme Yann Eliès. Une confrontation prometteuse qui augure d’un programme 2016 particulièrement alléchant.

    Ils ont dit :

    Jean Kerhoas, Président de la Classe IMOCA

    « Tout d’abord je dois constater que malgré le nombre important d’abandons, tous ont été gérés par d’excellents marins qui ont su ramener leur bateau au port. Le cas d’Hugo Boss est différent puisque c’est visiblement un OFNI qui a provoqué le naufrage.
    Je constate aussi que mâts et quilles standardisés ont parfaitement joué leur rôle et ce, malgré des conditions très dures.
    Je n’oublie pas non plus que cette Transat Jacques Vabre était un banc d’essai pour nombre de bateaux neufs. Nul doute qu’architectes et chantiers vont en tirer les bons enseignements pour les prochaines échéances. Certains des abandons sont aussi dus au fait que plusieurs skippers n’ont pas pu bénéficier, faute de moyens, du niveau de préparation qu’exige une course en IMOCA.
    Enfin, je n’oublie pas la fantastique bagarre en tête de course qui a fait vibrer le public. De l’incertitude, des rebondissements, tous les ingrédients étaient réunis pour faire de cette Transat Jacques Vabre, un formidable défi sportif. »

    Gaëtan Gouérou, Délégué général de l’IMOCA

    « Cette transat aura été particulièrement difficile, on le savait dès le départ et nous avions des raisons d’être inquiets. C’était aussi un test très attendu par tous et qui apporterait sans conteste des informations indispensables pour fiabiliser les bateaux en vue du Vendée Globe 2016.
    Les nouveaux bateaux à foils ont montré leur potentiel et les anciens ont rappelé qu’il faudra compter sur leurs performances, loin d’être obsolètes.
    L’une des interrogations concernait le comportement des pièces standardisées. Il n’y avait pas de raison particulière de s’inquiéter pour les quilles dont la conception s’inscrivait dans un processus de fiabilité souhaité et accepté par tous. Quant aux mâts, il restait à démontrer que les hypothèses prises en compte pour leur conception étaient bien adaptées. On peut aujourd’hui raisonnablement penser que oui. »

    • La Jacques Vabre, une étape essentielle •

  • Déjà 14 inscrits officiels et 13 pré-inscrits

    Le départ du huitième Vendée Globe sera donné dans exactement un an, le 6 novembre 2016. Douze mois jour pour jour avant le top départ, on peut déjà affirmer que le plateau sera fourni, en quantité et en qualité. A ce

    6 novembre 2015 • 2016-17, Course au Large, IMOCA, Vendée Globe • Vues: 2100

  • Dans un an, le départ du 8e Vendée Globe !

    A un an jour pour jour du départ du prochain Vendée Globe, la SAEM Vendée organisatrice de l’événement, représentée par le Président du Conseil Départemental de la Vendée Monsieur Yves Auvinet, a présenté à la

    6 novembre 2015 • 2016-17, Course au Large, IMOCA, Vendée Globe • Vues: 5018

  • Autant qu’un cycliste du Tour de France ! Sport tranquille, le bateau à voile ? Pas en IMOCA ! Sur des bateaux toujours plus rapides et exigeants il faut être très préparé physiquement pour encaisser ce qu’on fait subir à son corps. Car il n’y a pas que les manœuvres à être très sollicitantes…

    Les premières questions qu’on a tendance à poser aux marins, qu’ils soient solitaires comme sur le Vendée Globe ou en double comme sur la Transat Javques Vabre, concernent leur fatigue, leur manque de sommeil et leurs éventuelles pertes de poids. Elles sont pertinentes mais comme dans la vie à terre, à préparation physique égale tout le monde n’est pas logé à la même enseigne. Sébastien Josse par exemple explique qu’il ne perd pas du tout de poids « mais qu’un transfert très net s’opère entre ma masse graisseuse et ma masse musculaire ». A contrario, Jérémie Beyou assure : « je perds entre 3 et 4 kilos sur une transatlantique en IMOCA. Je fonds dès les premiers jours de course. L’effort est très violent et il faut être musclé, bien gainé, pour envoyer des manœuvres dures car les charges sont très importantes en IMOCA». L’effort ? Les efforts faut-il lire… et ils sont très nombreux. Il y a les manœuvres bien sur, les prises et renvois de ris, les virements de bord, les empannages, mais n’oublions pas le matossage, cette pratique qui consiste à déplacer les poids pour équilibrer le bateau : plusieurs centaines de kilos (autour de 500 à 600) à chaque virement !

    N’oublions pas non plus le stress mental, qui représenterait près d’un tiers de la fatigue enregistrée et de la dépense énergétique, selon Jean-Yves Chauve, médecin des coureurs au large depuis des années. Ne laissons pas de côté encore les amplitudes de température selon la latitude : lutter contre le froid ou contre la chaleur tire sur l’organisme. En outre, « le simple fait de tenir en équilibre sur le bateau qui bouge en permanence et de prendre des postures pour ne pas tomber demande beaucoup d’énergie » poursuit Jean-Yves Chauve. Et le tout est subi par des organismes en déficit de sommeil, qui fractionnent au maximum leurs temps de repos, s’accordant rarement des siestes de plus de 30 minutes de sommeil continu.

    Deux fois plus de dépense calorique qu’un terrien lambda

    On comprend mieux pourquoi beaucoup de marins en IMOCA peaufinent énormément à la fois leur préparation physique et leur alimentation avant, pendant et après la course. Quantifier est très difficile mais on commence tout de même à avoir quelques idées sur la question. Globalement, un marin à bord d’un IMOCA consomme 5000 à 6000 calories par jour. C’est deux fois plus qu’un terrien avec une activité physique normale ! Jean-Yves Chauve emploie une autre image, peut-être encore plus parlante : « Cette dépense de 6000 calories, c’est la même que celle qu’on enregistre chez un coureur du tour de France cycliste ! On ne dirait pas qu’on brûle autant d’énergie sur un bateau, où vu de l’extérieur l’effort paraît moins spectaculaire. En IMOCA c’est pourtant bel et bien le cas ! »

    Plusieurs mois pour récupérer vraiment

    Résultat : à l’arrivée de la course, une fatigue profonde a fait son travail de sape dans le corps des skippers. Nous en avons interviewé cinq sur ce sujet (Yann Eliès, Jérémie Beyou, Armel Le Cléac’h, Sébastien Josse et Morgan Lagravière) et tous s’accordent à dire qu’il faut non pas des jours, non pas des semaines… mais bien plusieurs mois – 2 ou 3 selon les individus – pour vraiment se remettre d’une grande course en IMOCA ! « C’est tout à fait exact » confirme le docteur Chauve. « Même chez ces sportifs de haut niveau comme eux, on cumule d’une part la fatigue liée au sommeil désynchronisé et d’autre part une usure générale du corps. Le tout met du temps à se remettre à niveau. C’est aussi pour cela qu’il faut respecter les marins. »

    La différence de sollicitation entre une course rapide comme la Transat Jacques Vabre et un tour du monde de trois mois comme le Vendée Globe ? Elle est surtout liée au fait d’être en double ou en solitaire, « parce que j’ai comme l’impression que le Vendée Globe devient lui aussi un sprint, en tous cas entre ceux qui jouent la gagne ! » En double, on peut compter sur l’autre mais on pousse davantage le bateau. En solitaire, le niveau de stress est maximal et lui aussi est générateur de fatigue « pour environ un tiers de la dépense énergétique totale » répète Jean-Yves Chauve… « La voile de compétition est un sport physique mais on y fait aussi beaucoup marcher son cerveau, c’est d’ailleurs ce qui le rend passionnant ! ». Passionnant et exigeant donc, sans compter les éventuelles traumatologies liées à de toujours possibles accidents. « C’est logique : plus les bateaux vont vite, plus le corps sera sollicité en cas de choc ou de décélération brutale. Si vous rentrez dans un mur à vélo à 30 km/h, vous vous faites très mal. Il faut donc faire très attention à l’interface homme/machine : les bateaux sont toujours plus puissants et plus rapides, mais le corps humain lui, aura toujours des limites. » Ultra préparés, les marins qui courent en 60 pieds tentent de minimiser ces risques au maximum, évidemment. Mais ils existent. Toujours envie de vous aligner au départ du prochain Vendée Globe ?

    • La dépense physique des marins IMOCA en course •

  • Peut-on envisager un Vendée Globe sans la participation de Jean Le Cam ? De fait, il n’a pas manqué une seule édition depuis 2004 et son inoubliable 2e place, à moins de sept heures du vainqueur Vincent Riou. Heureux propriétaire du bateau avec lequel il a remporté la dernière Barcelona World Race aux côtés de Bernard Stamm, Jean est le 22eme pré-inscrit pour le Vendée Globe 2016 et en quête de partenaires pour s’aligner une nouvelle fois au départ des Sables d’Olonne, le 6 novembre 2016.

    Jean, tu es officiellement pré-inscrit au Vendée Globe, cela change quoi concrètement ?

    Jean Le Cam : « Disons que c’est une bonne chose de faite, une étape supplémentaire validée dans la procédure de participation au Vendée Globe. Cela assure d’avoir une place sur les pontons puisqu’il y aura au maximum 27 participants à la prochaine édition. »

    Il te reste toutefois une grande marche à franchir avant d’officialiser ton inscription : finaliser ton budget. Où en sont tes recherches de partenaires ?

    Jean Le Cam : JLC : « Elles avancent. Aujourd’hui, nous travaillons davantage sur l’orientation stratégique du projet, le montage de l’histoire. Quand on va chercher des partenaires, il faut être carré dans sa tête et savoir précisément ce qu’on leur vend. Une fois qu’on a une démarche claire, le reste suit. »

    Justement, que recherches-tu ?

    Jean Le Cam : « Nous sommes partis sur l’idée d’avoir un partenaire fédérateur qui bénéficiera d’une grande visibilité sur la coque mais ne donnera pas forcément son nom au bateau qui pourrait même s’appeler « Jean Le Cam » – ce serait un peu le luxe (rires) ! A côté de ce partenaire principal, il y aura d’autres sponsors qui seront visibles sur les voiles. Je souhaite fédérer autour de moi
 des partenaires qui partagent mes valeurs. Idéalement, je recherche un budget de 1,3 million d’euros sur deux ans incluant la préparation du bateau, des opérations de RP et bien sûr la participation au Vendée Globe qui est le point d’orgue du projet. J’envisage une possible extension du programme jusqu’en 2020 avec la Barcelona World Race en double aux côtés d’un jeune skipper que j’accompagnerai jusqu’au Vendée Globe 2020. M’impliquer dans une telle démarche de transmission de savoirs me plairait bien. »

    Il était évident pour toi de racheter l’IMOCA avec lequel tu as remporté la dernière Barcelona World Race (l’ex Foncia, plan Farr de 2007 avec lequel Michel Desjoyeaux a remporté le Vendée Globe 2008-2009) ?

    Jean Le Cam : « Oui, je n’avais pas vraiment le choix puisqu’il s’agissait du dernier bateau compétitif disponible sur le marché. Je l’ai acheté à mes frais, en faisant un emprunt à la banque… Je connais bien ce 60 pieds IMOCA, nous avons passé un an à son bord avec Bernard Stamm en comptant les navigations de préparation, la participation à la Barcelona World Race et le convoyage retour jusqu’à Port-la-Forêt, où est désormais basé le bateau. Je sais qu’il est fiable et donc intéressant pour remplir le premier objectif qui est de finir le Vendée Globe. Ce bateau a des atouts et j’ai clairement identifié les optimisations à prévoir pour augmenter encore son potentiel. L’idée de repartir autour du monde sur ce support me plaît bien, c’est toujours sympa de pouvoir se perfectionner, d’aller plus loin, de mieux connaître le bateau. Je me sens en confiance avec ce 60 pieds qui va me permettre de monter un joli projet. C’est essentiel car un tour du monde, ce n’est pas rien, ça ne se prépare pas en cinq minutes. Les gens ne se rendent pas forcément compte de ce que ça implique. »

    Nous sommes à un an du prochain Vendée Globe, le timing s’accélère et tu n’as pas encore de partenaire. Cette situation ne t’inquiète-t-elle pas ?

    Jean Le Cam : « Non, pour la dernière édition j’ai bouclé mon budget très tardivement. C’était au mois de février, avec un IMOCA loué qu’il fallait aller chercher en Espagne. C’était encore un autre défi ! Cette fois, je suis propriétaire du bateau et il est déjà en Bretagne. »

    Quels seront tes objectifs sportifs avec ce bateau ? Faire aussi bien que la dernière fois (5e place) ?

    Jean Le Cam : « Oui, voilà. Il sera difficile de monter sur le podium car il y aura beaucoup d’IMOCA plus récents que le mien. Mais la fiabilité de mon bateau sera un atout et je pense qu’une place dans le Top 5 est jouable. Mon projet est axé sur la notion de partage et je souhaite aussi écrire une belle histoire avec les partenaires et le public. C’est essentiel pour moi. J’estime que si tout le monde est content, on a gagné. »

    Le Vendée Globe 2016-2017 sera-t-il ton dernier ?

    Jean Le Cam : « Probablement. J’aurai 57 ans au moment du départ de la prochaine édition, et donc 61 ans pour la suivante, en 2020… »

    As-tu prévu de participer à des courses de préparation, comme la New York-Les Sables d’Olonne ?

    Jean Le Cam :« Non, car nous serons en pleine phase de préparation. Il y a des priorités. Je préfère arriver au départ du Vendée Globe avec un bateau bien optimisé. Ces épreuves sont intéressantes pour des skippers qui ont un sponsor depuis longtemps et travaillent dans la continuité. Cela n’est pas mon cas. Chaque chose en son temps, aujourd’hui je recherche les financements. »

    C’est avant tout le Vendée Globe qui intéresse les partenaires potentiels ?

    Jean Le Cam : « Oui, très clairement. Les retombées du Vendée Globe sont sans commune mesure avec celles des autres épreuves du circuit IMOCA. Pour les entreprises intéressées, c’est donc le moment d’investir dans la voile ! »

    On te sait passionné de technique et d’innovations. Que penses-tu de l’apparition des foils sur les IMOCA ?

    Jean Le Cam : « Je pense qu’on n’avait pas besoin de ça. Si on veut vraiment aller plus vite, on n’a qu’à faire courir le Vendée Globe en multicoques ! Les foils ne vont pas dans le sens de la fiabilité et de la sécurité, ni dans celui de la diminution des budgets. Ce n’est pas raisonnable. Je pense qu’on se trompe en allant dans le sens de l’explosion technique qui fait enfler les budgets. Il faudrait à l’inverse recréer de l’accessibilité pour des jeunes qui veulent rentrer dans la classe. En plus, ces appendices ne seront pas au point pour le prochain Vendée Globe. Ils ne fonctionneront pas avec ces IMOCA neufs, ni avec ceux d’ancienne génération, si certains en installent. Ils seront vraiment efficaces sur des bateaux conçus spécialement autour de cette innovation, avec de nouvelles formes de carène étudiées pour. Et ces bateaux rendront obsolètes l’ensemble de la flotte actuelle. Pour résumer, les foils, c’est cher, on n’est pas sûr que ça marche et ça casse. Moi qui vais partir avec un monocoque plus conservateur, cette innovation me va bien (rires) ! »

    • Peut-on envisager le Vendée Globe sans Jean Le Cam ? •

  • IMOCA, un plateau sportif d’exception

    Le point presse du Championnat du Monde IMOCA Ocean Masters, à l’avant-veille du départ de la Transat Jacques Vabre, a confirmé les tendances. L’IMOCA sera la classe phare de cette édition 2015 : avec 20 unités,

    23 octobre 2015 • 2015, Course au Large, IMOCA, Transat Jacques Vabre • Vues: 3668