A 60 milles du rocher de La Giraglia

  • ALEXIS LOISON, ETAPE 1, FIGARO, GENERALI SOLO 2015, VOILE, groupe fiva
    © Alexis Courcoux
  • CHARLIE DALIN, ETAPE 1, FIGARO, GENERALI SOLO 2015, MACIF, VOILE
    © Alexis Courcoux

Les 22 Figaristes ont pris cher la nuit dernière. Sous spi, ils ont du parer un mistral chahuteur soufflant en rafales jusqu’à 40 nœuds. Charlie Dalin (Skipper Macif 2015) en a fait les frais : safran tribord cassé en deux, petit spi déchiré, tangon et chandelier tordus. Le leader du classement provisoire fait le dos rond et poursuit sa route en sachant bien que la fin du parcours ressemblera à un numéro d’équilibriste. Sur la grande bleue, c’est pour le moment Xavier Macaire (Skipper Hérault) qui mène la danse devant l’Anglais Nick Cherry (Redshift). Mais les trajectoires sont si différentes, que l’on pourrait bien penser qu’au pointage au rocher au nord du cap Corse, l’ordre hiérarchique ne sera plus le même.

Surfs endiablés, rafales en série, la Méditerranée a fait faire des numéros de cirque aux concurrents de la Generali Solo. Les figures de style sous spi, les marins connaissent bien, mais ils savent aussi qu’elles peuvent coûter cher. Le vainqueur du Grand Prix du Languedoc-Roussillon, Charlie Dalin, a senti que son safran tribord lâchait, faisant partir son bateau à pleine vitesse sur une vague, à deux doigts d’un empannage catastrophique. Charlie va bien mais son bateau a souffert. Le skipper, marin avant tout, reste dans la course sous grand spi. Mais après le rocher de la Giraglia, ce sera compliqué : il devra empanner et son safran tribord sera beaucoup plus sollicité…

Bobos mais plaisir immense

Gwen Gbick (Made in Midi) avouait ce midi qu’il avait perdu connaissance cette nuit après une chute dans le cockpit suite à un départ au lof. Alexis Loison (Groupe Fiva) a lui aussi perdu le contrôle de son bateau dans une violent rafale… Bref, personne n’a été épargné mais les compétiteurs aiment ces conditions musclées. Xavier Macaire (Skipper Hérault) a justement sorti son épingle du jeu en « bourrinant » : comprenez qu’il n’a pas lâché la barre. « J’ai battu mon propre record de vitesse : 22,96 nœuds ! » racontait t’il ce matin à la VHF. Sous petit spi, avec un ris dans la grand-voile, la flotte avait tout de même anticipé ce coup mistral annoncé par Météo Consult.

Placements, trajectoires et empannages

Depuis, ce matin, la flotte progresse à 8 nœuds dans des conditions bien meilleures. Lunettes, chapeau, crème solaire sont de rigueur car les skippers sont sur le pont, l’écoute de spi à portée de main et bien souvent à la barre pour gérer la houle qui persiste. A l’approche des côtes de l’île de Beauté, un couloir de vent devrait faire accélérer les Figaro Bénéteau 2. D’ici là, dans ce vent de sud-ouest pour 12 noeuds, il reste des empannages à bien placer. C’est tout l’art de la compétition à la voile. Car la flotte de la Generali Solo compte plusieurs groupes : ceux du sud dont Xavier Macaire (Skipper Hérault), Sébastien Simon (Bretagne – Crédit Mutuel Espoir), Alexis Loison (Groupe Fiva), Gwénolé Gahinet (Safran – Guy Cotten) et Charlie Dalin (Skipper Macif 2015), et ceux du nord dans le sillage de Nick Cherry (Redshift), comme Benjamin Dutreux (Team Vendée) et Alain Gautier (Generali 40). Et puis, il y a les trajectoires « entre les deux », celles de Gildas Morvan (Cercle Vert) ou de l’Anglais Sam Matson (Chatham). Difficile donc de prédire qui passera devant à La Giraglia. L’incertitude plane sur le vent corse et sur la manière de l’aborder…

Des écarts importants

Si les 8 premiers, de Xavier Macaire à Gwénolé Gahinet, se tiennent en 3 milles, le 16e Faun Environnement – Afrikarchi compte déjà plus de 6 milles de retard sur la tête de flotte. Claire Pruvot (Port de Caen – Ouistreham) se situe à plus de 12 milles du premier, et le jeune Marc Mallaret (Montpellier Business School) à plus de 26 milles ! Le rythme effréné des ténors en Figaro n’est pas simple à suivre. Mais il peut encore se passer des choses sur cette étape qui compte encore 150 milles devant les étraves…

Ils ont dit :

Charlie Dalin (Skipper Macif 2015) :

« Le bateau n’était pas trop chargé, j’ai senti quelque chose un peu bizarre qui partait. J’ai redressé et je suis parti au tas, Je ne savais pas trop ce qu’il se passait, jusqu’à ce que je me rende compte qu’il y avait un morceau du safran qui manquait.
En allant ramasser, tout le spi est parti à l’eau. Le tangon s’est plié en deux au niveau du chandelier. Un bel enchaînement de catastrophes.
J’ai vu des rafales à 38 nœuds, j’étais encore sous grand spi à ce moment là.
J’ai vraiment l’impression que c’est juste sous l’effort qu’il a plié.
Tout à l’heure j’ai affalé le spi, je me suis arrêté sur la tranche pour scier les morceaux de fibre qui me ralentissaient.
Je suis un peu embêté que le bord de la Giraglia jusqu’à Nice soit en bâbord. Je garde un maigre espoir de remonter. J’essaie de faire au mieux avec ce que j’ai ».

Gwénolé Gahinet (Safran-Guy Cotten) :

« C’est quand même hyper agréable la Méditerranée parce qu’il fait chaud. C’est quand même bien sympa de naviguer en short et en tee-shirt. J’ai réussi à tenir le spi, j’ai fait quelques vracs mais rien de très grave. Ca s’est plutôt bien passé. J’étais un peu sous la flotte et ça n’a pas été un très bon positionnement. Par contre après, le fait d’être allé un petit peu plus au sud que la flotte ça a bien payé en fin de nuit. Le vent est entrain de mollir et il y a des petites rotations qu’il faut exploiter en faisant des empannages. Ca fait bien plaisir d’être sur ce parcours assez au large ; ca laisse du temps de faire des grands bords de portant, c’est bien sympa. En fin de nuit j’ai pu mettre pas mal le pilote et j’ai pu dormir 6 ou 7 fois ».

Xavier Macaire (Skipper Hérault) :

« Ca va un peu mieux que cette nuit. Réchauffé, séché ça fait du bien ! Ça a été vraiment la panique cette nuit. Ca bougeait, beaucoup de vent, plus que prévu, sous spi… c’était assez extrême on va dire. Quelques départs au lof forcement, je pense que personne n’a pu y échapper. La mer était très courte, très hachée. Des vagues dans tous les sens, croisées. Le bateau commençait à surfer une vague et plantait déjà dans la suivante. Tout ça dans 35 – 40 nœuds de vent sous petit spi. C’était assez sport ! Pendant ce coup de vent j’ai passé tout mon temps à la barre pour essayer de régler le bateau pour ne pas qu’il parte au lof. Depuis que ça s’est calmé, j’ai réussi à pas mal dormir. Je suis maintenant sous spi. Tout à l’heure il y avait 20 nœuds donc plus maniable, ça m’a permis de dormir un peu. Là je me rapproche des côtes de la Corse. Il va surement y avoir un couloir de vent assez fort le long de la côte. J’essaye d’atteindre ce couloir le plus vite possible pour pouvoir accélérer un peu. Il y a actuellement 12 nœuds de vent et j’en attends 25 ou 30 le long de la Corse tout à l’heure. J’ai fait une belle remontée cette nuit car la zone de pétrole après le départ de Sète a été difficile pour moi. Je suis parti avant-dernier donc assez content d’être bien remonté. Ça va être intéressant la suite de la course ! Et pour l‘anecdote la nuit dernière j’ai battu mon record de vitesse en Figaro avec une pointe à 22 nœuds 96 ! »

Source

Rivacom

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