Veillée d’armes sur la Transat AG2R

© alexis Courcoux

À moins de 24 heures du départ, les 32 marins engagés dans la Transat AG2R LA MONDIALE s’affairent aux ultimes préparatifs à bord de leurs Figaro Bénéteau. Les détails sont peaufinés avant l’entrée en scène programmée demain, à 13 heures, en baie de Concarneau. Les 16 duos sont donc d’ores et déjà entrés en mode course et partagent tous la même obsession : celle d’une analyse pointue de la situation météo qui les attend lors des premières 24-30 heures de mer. Une situation pour le moins « virile » selon Gilles Chiorri, directeur de course, qui détaille, ce vendredi, la toute première partie du parcours entre le Finistère et le cap Finisterre, au nord de l’Espagne.

À 24 heures du coup d’envoi de cette 20e Transat AG2R LA MONDIALE, quelle est la situation météo pour le départ et les premières heures de course ?
« Nous sommes actuellement sous l’influence d’un vent d’ouest, avec peut-être une petite variante à droite ou à gauche. Demain, en début d’après-midi, ce flux devrait être établi autour de 20 nœuds avec un peu d’instabilité, sans doute avec quelques rafales. Pour résumer, les duos devraient partir avec des conditions relativement faciles, au débridé ou au bon plein. Pour l’instant, les routages emmènent les bateaux quasiment sur la route directe. Dimanche en fin de journée, disons, 24-30 heures après le départ, ils se retrouveront sous l’influence d’une nouvelle perturbation qui devrait cependant passer rapidement. Dès lors, alors qu’ils auront avalé les deux tiers du golfe de Gascogne, les tandems devraient se retrouver au près, d’abord en tribord amure avec un vent fraichissant jusqu’à 35-40 nœuds selon les fichiers. Autant dire qu’à ce moment de la course, cela risque d’être bien tonique, voire viril. Le point positif, même si le temps est mauvais, c’est que ce sera rapide. »

Pas ou peu d’options avant la sortie du golfe de Gascogne ?
« Dimanche en fin de journée justement, Il y aura un petit contre-bord à faire. De tribord amure, les marins devront passer en bâbord amure. A mon sens, ce sera le coup principal à jouer dans le golfe. Il faudra se gratter la tête pour savoir à quel moment déclencher ce virement d’autant que ce sera pour tirer un bord assez court -probablement autour de six heures. Le « timing » de cette manœuvre sera important pour profiter de la bascule, du refus. L’enjeu sera de ne pas faire trop de bâbord pour ne pas rallonger la route car la bascule semble assez rapide et franche. Clairement, nous sommes sur un schéma où les duos vont souffrir un petit peu dans la nuit de dimanche à lundi. L’avantage, c’est que nous serons encore proches du départ et qu’ils ne seront pas encore trop fatigués. De plus, le scénario météo est fiable et donc plus facile à anticiper même si, bien sûr, cette dépression pourrait arriver un peu plus tôt ou plus tard que prévue ».

La flotte devrait donc rester relativement compacte jusqu’au cap Finisterre ?
« A mon sens oui. Ce sera sans doute un peu la queue leu-leu avec seulement de petits décalages dans l’ouest lors des premières 24 heures. Finalement, tous auront un seul but : progresser au plus vite vers le sud, aller rapidement vers le refus. En clair, certains vont probablement essayer de faire glisser un peu plus tandis que d’autres vont tenter le compromis habituel du près océanique. Les vraies disparités devraient avoir lieu au moment du virement de bord dont je parlais tout à l’heure. Ce sera un peu comme un jeu de domino : un premier va envoyer et les autres vont suivre en rafale mais un mille ou deux pourraient être suffisant pour marquer des points. Pour résumer, je pense que nous aurons une flotte compacte jusqu’au premier virement de bord et qu’après le deuxième, celle-ci devrait être un peu plus éparse. Cela va être intéressant à suivre.»

Ils ont dit :
Christopher Pratt (Gedimat) : « On s’attend à des premières heures de courses assez agitées. Par contre, pour le départ, la situation s’est plutôt arrangée ces derniers jours et, au final, on risque d’avoir une vingtaine de nœuds et un passage de front. Un front cependant pas très violent qui devrait donc rendre le début de la course relativement maniable. En revanche, on s’oriente a priori vers un vent plutôt sud-ouest que ouest. Cela veut dire un vent dans le nez, pile dans l’axe de la route. Nous allons donc probablement devoir tirer des bords dans le golfe de Gascogne, au niveau du cap Finisterre. Le hic, c’est qu’à cet endroit, parfois la mer est très mauvaise. Pas forcément énorme – autour de 4-5 mètres de creux – mais souvent très croisée, déferlante. Nous avons eu des expériences délicates sur La Solitaire du Figaro, proche de La Corogne. Là, ça pourrait bien y ressembler. Dans une situation hivernale qui plus est, avec le froid en prime donc. Je pense que les quatre ou cinq premiers jours de course ne vont pas être trop sympas. Maintenant, ce n’est pas mal que ce soit un peu sélectif d’entrée de jeu. Je me dis que si c’est dur pour moi, ce le sera tout autant pour les autres, voire plus pour les bizuths. »

Gérald Véniard (Banque Populaire) : « Les premières heures de la course vont être influencées par la côte puisque nous serons dans un régime d’ouest. De nord-ouest ou de sud-ouest… on ne sait pas très bien. Je pense qu’il est possible que ce soit du nord-ouest auquel cas, nous allons sortir les spis pour nous écarter un peu au large. Après, nous devrions avoir un flux d’ouest assez copieux et être au reaching ou au près selon l’angle. Il faudra choisir la bonne trajectoire pour atterrir sur le cap Finisterre lundi. Là, nous serons cueillis par une nouvelle dépression plutôt creuse qui devrait nous obliger à tirer des bords avant de plonger vers le sud avec une descente d’air froid à l’arrière du front. Cela devrait donc aller assez vite jusqu’à la hauteur de Lisbonne. En clair, le début de cette transat s’annonce donc viril. C’est bien, je suis content ! »

En bref :
Champagne pour Marie Tabarly et Jean-Paul Ollivier
24 heures avant le départ, deux équipages ont décidé de baptiser leur bateau. Germain Kerlévéo – Jean-Sébastien Henry sur Armor-Lux / Clown à l’hôpital – Père Loustic et Jean-Charles Monnet – Alexandre Toulorge sur Cornouaille Port de Pêche ont bénéficié d’une belle éclaircie pour s’adonner au rituel de la bouteille de Champagne. D’un geste assuré et franc, Marie Tabarly, marraine d’Armor-Lux / Clown à l’hôpital – Père Loustic a baptisé le Figaro Bénéteau. C’est hier soir en fin d’après-midi que les sociétés cournaillaises ont apporté leur soutien aux deux jeunes marins, leur permettant ainsi de partir avec un budget bouclé et avec désormais un objectif clair et précis, rallier Saint-Barthélemy.
De son côté, Jean-Paul Ollivier, la célèbre voix du Tour de France cycliste, « Paulo la science » pour les initiés a apporté son soutien en acceptant le rôle de parrain de Cornouaille Port de Pêche. Ce Concarnois de naissance s’est lui aussi emparé de la bouteille de champagne qu’il a également cassé du premier coup.

Ocean Alchemist à Concarneau
Depuis ce matin, un étrange bateau à moteur est venu s’amarrer le long des pontons de la Transat AG2R LA MONDIALE. Ocean Alchemist, ce trimaran à moteur de 30 mètres de long, à la silhouette si particulière et qui intrigue les spectateurs, sera l’un des acteurs de cette transat. Durant toute la traversée, l’équipage nous fera vivre de l’intérieur l’évolution de la course en accompagnant les bateaux du départ jusqu’à l’arrivée.

Source

RivaCom

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Informations diverses

Mis à l'eau le: 20 avril 2012

Matossé sous: Figaro 2, Monotypie, Transat AG2R

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