Série : des écarts conséquents

  • © Vincent Olivaud
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  • © Alexis Courcoux
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Si les trois premiers Proto sont arrivés en moins de 1 heure et 10 minutes à l’issue des 1 350 milles de la première étape de la 23e Mini Transat EuroChef entre Les Sables d’Olonne et Santa Cruz de La Palma, les trois premiers Série sont arrivés, eux, avec des écarts importants. Pour preuve, Melwin Fink (920 – SignForCom) a franchi la ligne avec une avance de 19h12 sur Christian Kargl (980 – All Hands on Deck) puis de 25h52 sur Hugo Dhallenne (979 – YC Saint Lunaire), respectivement deuxième et troisième de ce premier acte au scénario des plus improbables. Un scénario dans lequel le leader a continué sa course quand son dauphin a marqué une escale technique au Portugal et que l’ensemble de ses concurrents ont collectivement décidé de se mettre à l’abri pour éviter le passage d’un front au large du cap Finisterre. Si les dés sont naturellement loin d’être jetés avant le deuxième round, pour le skipper allemand, ce qui est pris ne sera toutefois plus à prendre !

« Je rêvais d’un Top 10 avant de partir et là, je suis le premier bateau à arriver à La Palma avec une importante avance sur le deuxième ! Je n’arrive pas à croire ce qui m’arrive. C’est fou ! », a commenté Melwin Fink à son arrivée aux Canaries. Le navigateur, âgé de seulement 19 ans, a frappé un grand coup lors de cette première manche de la Mini Transat EuroChef, devenant le plus jeune skipper et le deuxième navigateur de nationalité allemande (après Isabelle Joschke en 2007) de l’histoire de la course à remporter (avant jury) une étape. Hold-up ou coup d’éclat ? Les avis sont partagés. Dans tous les cas, le skipper de SignForCom a clairement fait le break lors du quatrième jour de course, peu après le cap Finisterre qu’il avait débordé en 17e position, à 16,3 milles du leader du moment, Gaël Ledoux (886 – Haltoflame – Ilots.site). « Après la réception de l’avis de BMS, j’ai entendu des échanges à la VHF mais je n’ai pas compris que certains pensent à s’abriter 36 heures avant le passage de front. J’ai pensé que c’était très tôt pour décider de mettre sa course entre parenthèses. J’ai parlé avec Christian Kargl. Nous avons décidé ensemble de continuer de descendre le plus au sud possible et, le moment venu, de choisir de rejoindre un port ou non. A mesure que nous avons avancé, nous avons pu nous rendre compte que, comme ce qui avait été précisé dans le bulletin météo, les conditions au sud de la latitude de Porto étaient maniables et que, par conséquent, il n’y avait pas de raison de s’arrêter », a déclaré Melwin.

La bonne surprise pour Kargl

Un récit corroboré par Christian Kargl. « Après le cap Finisterre et l’émission du BMS, tout le monde était assez nerveux et il y a eu de nombreuses discussions à la VHF à propos des mauvaises conditions à venir. J’ai essayé de trouver une place dans une marina mais je n’ai pas eu de confirmation. J’ai donc attendu un peu puis j’ai échangé avec Melwin (Fink) qui m’a indiqué que la météo serait plus maniable plus au sud. L’un comme l’autre, nous avons décidé de continuer notre route puis d’aviser en fonction du bulletin météo suivant. Dès lors, nous avons eu la confirmation que plus on continuerait de descendre, moins on aurait de vent. Du coup on s’est dit « Let’s go ! », a détaillé le skipper de All Hands on Deck. Privé de BLU dès le deuxième jour après que sa radio a pris l’eau, l’Autrichien n’a pas caché son étonnement de finir deuxième dans ce premier round. Et pour cause, après avoir effectué une escale technique de 15 heures dans le port portugais de Viana do Castelo afin de régler un problème de black-out électronique, puis d’attendre la fin du passage de front, le solitaire pensait retrouver ses camarades de jeu en reprenant la mer. « C’est génial de finir deuxième, et plus encore avec autant d’avance sur le 3e et sur le reste de la flotte », a souligné Christian qui, après une 31e place décrochée lors de l’édition 2005 de la Mini Transat, vise cette année une place dans le Top 10. Sa performance aux Canaries lui permet aujourd’hui de rêver de mieux encore, mais la deuxième étape demeure un gros morceau avec ses 2 700 milles, et les dés sont loin d’être jetés.

Dhallenne revenu comme une balle

Hugo Dhallenne le sait d’ailleurs bien, et c’est bien pour cette raison qu’il n’a jamais rien lâché sur la portion entre Baiona et Santa Cruz de La Palma. « Après le petit stop en Espagne que la quasi-totalité de la flotte a décidé de faire pour laisser passer le front froid au large du cap Finisterre, il a fallu recravacher pour arriver ici le plus vite possible et laisser aux deux premiers le moins d’avance possible avant la suite. Pour ma part, j’ai vraiment chargé, je n’ai pas beaucoup dormi et je n’ai pas trop bien géré la machine », a commenté le skipper du Maxi 6.50 aux couleurs de l’YC Saint Lunaire qui n’a ménagé ni ses efforts ni sa monture pour revenir au score, mais qui a indiscutablement fait forte impression, confirmant largement son statut d’homme fort du circuit. En naviguant pied au plancher, parfaitement en phase avec les nombreuses oscillations du vent, et en tenant ainsi des moyennes nettement supérieures à celles de ses rivaux, il est parvenu à rattraper chaque jour une trentaine de milles sur les deux leaders et à creuser d’autant l’écart sur ses poursuivants. S’il regrette d’avoir mis un temps sa course entre parenthèses ? « Je pense qu’on a bien fait de s’arrêter, de laisser le font passer et de repartir derrière. Comme ça, il n’y a pas eu d’hélico, il n’y a pas eu de problème et c’est le principal », assure le Bretillien qui a profité de son escale pour solutionner des problèmes de structure, d’aérien puis de commande de pilote automatique survenus lors du passage du premier front, dans le golfe de Gascogne. « Est-ce-que j’aurais continué sans ça ? C’est sûr que dans le deuxième front, avec le fond de mon bateau qui se décollait, ça aurait sans doute été un peu tendu », a avoué Hugo. En voilà un, en tous les cas, qui n’a assurément pas encore dit son dernier mot !

Source

Perrine Vangile

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