Salle de sport géante dans les Cinquantièmes

© Ronan Gladu

Matosser, basculer la quille, ballaster, choquer, mouliner, border, ranger, ça ne chôme pas sur la route vers le Pacifique. Les empannages se succèdent et les marins transpirent au moulin à café malgré les températures qui dégringolent. Thomas Ruyant, aux commandes de la flotte depuis le problème de cale basse de foil de Charlie Dalin, navigue désormais en bâbord amures, bienheureux de pouvoir utiliser son foil tribord. Avec Yannick Bestaven dans son tableau arrière, la bagarre est âpre, ils en ont justement discuté à la VHF tôt ce matin quand ils se sont croisés…

La tête de flotte se rapproche du grand désert liquide, le Pacifique Sud dont la porte d’entrée se situe à la longitude de la pointe sud de la Tasmanie (146°49 Est). Peu ou plus d’oiseaux et le sentiment d’être loin de tout. « Dans l’océan Indien, on a des oiseaux tout le temps, c’est dingue, parfois des centaines, c’est hallucinant. C’est une vraie présence. C’est sûrement parce que je suis très sud qu’il y a moins de vie en mer » confiait le skipper de LinkedOut à la vacation de 5h ce matin.

Petite leçon d’empannage

Les 10 IMOCA dont les étraves pointent vers le sud-est filent à vive allure en avant d’un front qui génère un bon flux de 20-25 nœuds de vent de nord-ouest, l’occasion d’allonger la foulée. « Je suis très heureux d’avancer vers le Pacifique, on a fait la moitié de la route, et l’autre moitié résonne comme le retour vers Larmor-Plage ! » claironnait au bout du fil Giancarlo Pedote, l’homme qui enquille les empannages comme les cuillères de spaghettis al dente. Pas moins de 8 changements d’amures en moins de 24 heures, quand on sait le travail d’hercule que cela demande, il est chaud Giancarlo ! Pour bien prendre la mesure d’une telle manœuvre, voici le déroulé d’un empannage par Thomas Ruyant, himself : « C’est une sacrée manœuvre. D’abord, tu t’occupes de tout le matossage à l’intérieur. Cela fait plus d’un mois qu’on est en course donc on a des sacs en moins, mais cela prend déjà un bon quart d’heure de déplacer les voiles, les sacs de sécurité et de nourriture de l’autre côté du bateau. Après, je retourne dans mon cockpit et je prépare les différentes ficelles pour basculer la voile d’avant de l’autre côté. Je ballaste et j’abats doucement. Dans la foulée, je choque la bastaque, et je mets la quille dans l’axe puis je bascule la voile d’avant et la met en ciseau. J’essaie d’accélérer sur une vague pour faire passer la grand-voile, et puis je requille, je reprends de la bastaque et c’est reparti ! ». Voilà donc 30 à 40 minutes d’efforts et de concentration extrême, car quand il y a un empannage à faire près de la zone d’exclusion antarctique, il ne faut pas se tromper dans le timing.

Bonnes conditions de navigation pour toute la flotte

Les 27 concurrents du 9e Vendée Globe naviguent ce mercredi sur un tapis roulant. Seul Ari Huusela sur Stark est ralenti dans une bulle sans vent, en arrière d’une dépression qui accompagne le groupe emmené désormais par Jérémie Beyou. Le skipper de Charal était flashé à plus 20 nœuds ce matin devant le Japonais Kojiro Shiraishi. Mais le bon point revient à Alan Roura sur la Fabrique qui affiche la meilleure vitesse moyenne ces dernière 24 heures : 17,8 nœuds. Le petit suisse se frotte les mains : « Ca fait un bien fou de tartiner ! Le bateau est parfaitement dans ses lignes, il souffre moins que dans du vent faible et de la grosse mer. Là, c’est chouette de faire de la route vers le cap Leuuwin. » Alan devrait doubler le cap Australien samedi prochain !

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Agence Oconnection

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