Des incertitudes à tous les étages

© Christophe Breschi

Les pontons de Port Olona sont en effervescence. Et pour cause, à la veille du coup d’envoi de la première étape de la Les Sables – Les Açores en Baie de Morlaix, les 72 Ministes en lice s’affairent pour peaufiner les derniers détails à bord de leurs bateaux avant d’entamer, demain à 13 heures, le premier acte de l’épreuve : une boucle de 197 milles au départ et à l’arrivée des Sables d’Olonne via Belle-Ile et le plateau de Rochebonne. Si tous se réjouissent de débuter les débats dans des conditions anticycloniques et par conséquent clémentes, tous sont aussi conscients que la molle annoncée sur le parcours risque bien de créer quelques surprises et de mettre leurs nerfs à vif. Mais que ce soient les « bizuths » qui s’apprêtent à faire leurs premiers pas en solo et donc à trouver des premières réponses à toutes les questions qui se bousculent aujourd’hui dans leurs têtes, ou pour les « récidivistes » qui n’ont aucune idée précise de la nouvelle concurrence, le but est clairement défini : il s’agit d’aller au bout et ainsi de se qualifier pour les deux étapes suivantes.

Si cette première étape de la Les Sables – Les Açores en Baie de Morlaix n’affiche « que » 197 milles sur le papier, elle s’annonce plutôt longuette, la faute à des conditions anticycloniques prévues cette semaine sur la façade Atlantique. « On attend, en effet, des vents faibles sur la zone de course puisqu’on est sur un range entre 4 et 10 nœuds. De plus, ces vents seront assez variables en direction puisqu’on va avoir à peu près tout entre le nord et le sud, en passant par l’ouest », explique Christian Dumard, météorologue de l’épreuve. « De nombreux effets diurnes sont à prévoir. Les concurrents vont devoir tenter de se positionner au mieux aux différentes heures de la journée afin d’éviter les zones de calmes et de profiter d’éventuelles brises thermiques », ajoute le Morbihannais dont les routages laissent envisager une arrivée des premiers ce jeudi en milieu de matinée. « Ce premier round sera un bel apprentissage, mais il va falloir faire preuve de patience. Pour ceux qui aiment le gros temps, comme moi, il va falloir se canaliser un peu. La météo risque d’être un vrai casse-tête. En premier lieu, il faudra donc réussir à faire avancer le bateau », relate Basile Bourgnon (975 – Edenred). Un avis partagé par Pierre Legendre (994 – Akka) : « Ça s’annonce effectivement mou et on ne va assurément pas beaucoup dormir car on va passer beaucoup de temps sur le pont pour régler le bateau et essayer de choper le moindre filet d’air, tout en faisant attention aux courants, notamment du côté de Belle-Ile. Il faudra essayer de garder un moral stable du début à la fin. En somme, éviter de péter un câble ».

Des réponses à trouver

Si certains redoutent de voir leurs nerfs mis à vif, d’autres en revanche semblent plus philosophes, à l’image de Marine Legendre (902 – EY), dont c’est la première course en Mini 6.50. « Je n’appréhende pas le fait qu’il n’y ait pas beaucoup de vent. Je pense au contraire que ce sera pas mal pour se mettre en jambes. Clairement, je préfère ça que de commencer avec 30 nœuds ! », commente la navigatrice qui espère avant tout boucler le parcours et ainsi se qualifier pour les étapes 2 et 3 dont les départs sont respectivement programmés les 10 et 19 août prochains. « Je vais y aller tranquille je pense, et j’imagine que je vais apprendre plein de choses sur moi et sur le bateau », relate la jeune femme qui a, comme l’ensemble des autres bizuths de cette Les Sables – Les Açores en Baie de Morlaix, une foule de questions sans réponse en tête. « Ce que je me demande avant tout, c’est si je vais réussir à être à fond tout le temps. Si je vais pouvoir garder la niaque jusqu’au bout », ajoute Marine qui ne sait absolument pas non plus ce à quoi elle peut prétendre en termes de classement. Et pour cause, 45 rookies font partie des rangs, soit près des deux tiers de la flotte. Difficile, en conséquence, d’établir des pronostics. Cependant, quelques noms peuvent être évoqués sans trop se tromper. Du côté des Proto, on peut ainsi citer Tanguy Bouroullec (969 – Cerfrance), déjà vainqueur de la Les Sables – Les Açores – Les Sables en 2016 en bateau de Série, ou Fabio Muzzolini (945 – Tartine) à la barre de l’ancien Mini 6.50 d’Axel Tréhin qui a déjà fait ses preuves. Chez les Série, Jean-Marie Jézéquel (951 – Branchet/KPL) sera assurément un client, surtout sur les étapes 2 et 3 qui se joueront en partie dans son jardin, la baie de Morlaix. Basile Bourgnon, Loïc Blin (871 – Mini moi cherche sponsors), Michel Sastre (903 – Shaman), Romain Le Gall (987 – Les Optimistes cherchent des partenaires), Quentin Riché (947 – Eliott) ou encore Pierre Blanchot (890 – Soley) pourraient également truster les premières places. Les paris sont ouverts !

Ils ont dit:

Pierre Meilhat (485 – Le Goût de la Vie) :

« Sur ce format 2020 de la SAS, on est sur du côtier. Cela implique des zones où il faut rester en veille et moi, à mon âge (65 ans, ndlr), j’ai sans conteste besoin d’un peu plus de temps de récupération que les autres. Dans ce contexte, mes objectifs sont d’abord de terminer puis d’avoir des vitesses qui se rapprochent des 100% des polaires. Je sais que je perds toujours un peu de temps dans les manœuvres car je sécurise toujours un peu plus que les autres, ce qui me fait perdre du terrain dans les transitions. Cela étant dit, dans la molle annoncée, avec nos vieux bateaux, il ne sera pas impossible de réussir à être un peu plus dans le match que d’habitude. »

Gaby Bucau (984 – Mex) :

« Cette Les Sables – Les Açores en Baie de Morlaix est ma deuxième course sur le circuit Mini. J’avais, en effet, fait une BSM en 2016 que j’avais toutefois dû abandonner après la casse de ma dérive. C’est malgré tout ma première en solo et je suis impatient de prendre le départ. Mes objectifs ? Naviguer le plus proprement possible, faire de belles manœuvres et essayer de rester concentré dans la molle. Après, le reste en découlera ou pas, mais c’est sûr que pour être devant, il ne va pas falloir beaucoup dormir et rester attentif aux réglages. Essayer d’être au bon endroit en étant bien réglé sera, c’est certain, un facteur clé lors de cette première étape. »

Valentin Foucher (990 – Mini Chorus) :

« J’ai récupéré mon bateau il y a quelques temps mais j’ai eu pas mal de soucis de préparation et là, j’ai enfin un bateau prêt à naviguer. C’est un soulagement d’être prêt à temps pour cette première étape. Sur l’eau, ce sera beaucoup de plaisir. Ce sera intéressant de pouvoir se jauger, même dans le petit temps. J’ai hâte de me tirer la bourre sur l’eau avec les copains. »

Pierre Blanchot (Soley – 890) :

« L’idée ce sera d’être devant tous les copains du Pôle de La Rochelle. Une fois que j’aurais échoué à cette mission, ce sera de laisser un maximum de concurrents derrière, tout en sachant qu’il faudra terminer les trois étapes pour valider la qualification pour la Mini Transat 2021. Les étapes seront agréables et compliquées à la fois. On va passer proche des cailloux, une chose que je n’affectionne pas particulièrement, puis on va traverser la Manche dans tous les sens, et aller du côté de l’Espagne où, malheureusement, on n’aura pas le droit de s’arrêter, ce qui est dommage parce qu’il y a un super bar à Gin’to (Rires) ! Je pense qu’on va passer un mois de vacances super cool. On attend ça depuis longtemps ! »

Source

Perrine Vangilve

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