Les Voiles au gré du vent…

  • © Gilles Martin-Raget
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Les Voiles de Saint-Tropez constituent le plus impressionnant des rassemblements de yachts Classiques et Modernes. Près de 300 bateaux, 4 000 marins qui ont, en cette journée bien ventée, profité à terre des charmes légendaires du petit port Varois. Architectes, armateurs, Commodores et skippers de renom ont pu, toute la journée, au hasard de leurs pérégrinations curieuses à l’ombre qui des grands voiliers de traditions, qui des futuristes Wally, qui des sublimes petits cotres ou yawls parfois centenaires, échanger, partager, évoquer et en toutes les langues, la belle santé de la planète voile. Les régates de la veille étaient naturellement au coeur des discussions, et c’est avec appétit que tous ces inconditionnels des Voiles rejoindront ce jeudi les eaux du golfe, pour prolonger, sur l’eau cette fois, les duels rhétoriques entamés aujourd’hui…

Journée des Défis : Wally, Maxi et grandes goélettes en régate !

Le jeudi, les Voiles de Saint-Tropez célèbrent l’esprit créateur de la régate originale vers la Nioulargue entre Ikra le 12mJI, et Pride, le Swan 44 américain. Les concurrents sont traditionnellement invités à se défier au gré de leurs affinités, en dehors de toute logique de jauge, pour le simple plaisir d’en découdre entre régatiers. Dès midi, une ligne sera matérialisée à la hauteur de la tour du Portalet, juste devant la digue du port de Saint-Tropez, et les différents challengers s’élanceront les uns après les autres, sous les yeux du public massé sur les hauteurs du môle Jean Réveille. Après les protagonistes de la Club 55 Cup, qui ouvrent traditionnellement le bal, les défis les plus attendus comme les plus improbables se succèderont jusqu’au milieu de l’après-midi. Parmi les plus classiques, mais pas les moins disputés, les grandes goélettes ont décidé de se donner en spectacle, tout comme les Wally et les Maxi. En résumé, le jeudi, on se défie, on se jauge, et on régate à Saint-Tropez !

Club 55 Cup, l’esprit pionnier !

Au-delà des illustres trophées sportifs disputés pendant les Voiles, la Club 55 Cup a une place à part, hommage à l’idée originale de Patrice de Colmont. Relancé en 2003, ce duel singulier au cœur de la semaine est plus qu’une commémoration. C’est un véritable hommage à l’esprit d’origine de la régate, quand, dans un simple élan de compétition amicale, deux capitaines se lançaient un défi pour l’amour du sport avec pour seul enjeu le plaisir d’opposer et de comparer sur l’eau les performances d’un yacht et de son équipage. Depuis sa renaissance, la Club 55 Cup a connu 9 vainqueurs,

  • Ikra (12 m JI) en 2003 et 2004,
  • The Blue Peter (côtre bermudien 20m, Mylne 1930) en 2005 et 2006,
  • Lucia (yawl Bermudien 19m, Alden 1940) en 2007 et 2008,
  • Cambria (23mJI Bermudien 40m, Fife 1928) en 2009,
  • Mariquita (19mJI Aurique 33m, Fife 1911) en 2010 et 2011,
  • Altaïr (Goélette Aurique 40m, Fife 1931) en 2012, (2013 : pas de défi : intempéries),
  • Moonbeam III (cotre Aurique 25m, Fife 1903) en 2014 ainsi qu’en 2015,
  • Eugenia V (Ketch Marconi 21m60) en 2016
  • Savannah (Sloop 27,48 m) en 2017 et en 2018

Pour cette édition 2019 les deux protagonistes en lice ne manquent pas de rappeler l’origine de la Nioulargue puisque le 12MJI Ikra défiera demain Solte, le joli Swan 53. Le règlement est a priori parfaitement simple : les bateaux vont se défier sur un parcours de 15 milles nautique – Tour du Portalet, bouée de la Nioulargue, Le Club 55… celui qui termine devant l’autre l’emporte et lance un défi au bateau de son choix l’année d’après, et le tout se terminant par un incontournable déjeuner sous les tamaris du Club 55 pour les deux équipages.

Du côté des classements…

Neuf groupes rassemblent les voiliers Modernes de la flotte 2019 des Voiles. Les yachts Classiques sont, quant à eux, réunis en 10 groupes, en fonction de leurs tailles et de leurs types de gréement. La régate d’hier a confirmé les forces en présence, et les voiliers les plus en vue de la saison, se montrent à la hauteur de leurs réputations et affirment leurs envies de briller pour ce dernier et magistral rendez-vous de la saison en Méditerranée. Ainsi le très attendu Sumurun (Fife 1914) répond-il présent au rendez-vous, en devançant deux vieux habitués des podiums tropézien, Mariska (Fife 1908) et Moonbeam of Fife (Fife 1903). Ester (Mellgren 1901) et Kismet (Fife 1898) sont déjà en position de rêver à un sacre dimanche prochain chez les auriques. Yanira, Stiren, Il Moro di Venezia, Cippino II, Sonda et Emilia Prima sont aussi en avantageuse position ce soir dans leurs groupes respectifs de voiliers au gréement marconi.

Velsheda (Camper&Nicholson 1933), Kallima (Frers 2001), Flow (Frers 2005) et Vesper brillent dans leurs groupes des grands IRC A. Le très compétitif et très dense groupe des IRC B est quant à lui dominé ce soir par le Swan Solte, talonné par le Mylius 50 Daguet 2, et le Baltic 50 Suisse Music. 33 bateaux régatent en IRC C, et c’est le TP 52 Nanoq, au Prince Frederik du Danemark qui mène la danse, suivi d’un autre 52 pieds, Rowdy Too. Il y a foule aussi en IRC D, avec 40 voiliers inscrits. Bella Donna, le Farr 40 de Jean Marie Gennari est en tête. Give me 5 en IRC E et Pitch chez les « petits » IRC F se donnent aussi toutes les chances de l’emporter.

Yachts extraordinaires

Orienda est une goélette Bermudienne de 26 mètres en bois construite en 1937 par Oscar W. Dahlstrom à Faaborg au Danemark, pour le compte d’un entrepreneur danois nommé Ole Sundo. Jusqu’en 1951, elle s’est dénommée Ragnar IV. Elle changera 4 fois de nom avant de recevoir le patronyme d’Orienda en 1988. Le bateau est demeuré longtemps dans les Caraïbes, accueillant des familles royales du Danemark et nombre de célébrités. Le batteur du groupe de Rock Rush, Neil Peart, en a été l’un des propriétaires. Orienda a subi une profonde rénovation en 1988 et a pu ainsi participer aux premières éditions de la Nioulargue.

Elle accueille cette année à son bord trois Commodore du prestigieux Great Harbor Yacht Club de Nantucket (USA), l’ancien, Joe Ripp, Elliot Gerwitz, le futur, et l’actuel Commodore pour encore quelques heures, Mr Ron Zarrella. Ron et son épouse Carolyn ont construit un 49 pieds sur plan Taylor, Black Fish, qu’ils verraient volontiers régater en Méditerranée. Ils sont toute la semaine un peu en repérage à Saint-Tropez, attirés par les louanges dressées avec insistance par leurs amis régatiers aux Etats-Unis. Leurs premières impressions dépassent leurs espérances les plus folles, et il y a fort à parier que les couleurs du Great Harbor Yacht Club flotteront à nouveau d’une manière ou d’une autre sur le golfe de Saint-Tropez…

La Fête made in Saint-Tropez

La soirée anniversaire des 20 ans des Voiles a réuni hier soir coureurs, armateurs, organisateurs, bénévoles en une fête dont seule la Société Nautique de Saint-Tropez a le secret. L’animation musicale, selon la volonté déclarée du président Tony Oller, était assurée par de jeunes talents Tropéziens, DJ prometteurs ou déjà affirmés sur la scène tropézienne, qui ont su entrainer tout ce joyeux monde de la mer dans une sarabande effrénée. On se souviendra ainsi des rythmes lancés dans la chaleur Tropézienne par DJ Jack E. bien connu des nightclubers en France et à l’étranger. Rob Schneider et DJ Lukkas interviennent eux aussi en alternance chaque soir dans le village, avec cette sincère envie d’apporter une touche de musique contemporaine aux Voiles, passerelle intergénérationnelle s’il en est au sein des passionnés de voile et de bateaux.…

9ème édition du Gstaad Yacht Club Centenary Trophy.

Rendez-vous incontournable pour les voiliers centenaires, le Centenary Trophy se déroule pendant les Voiles de Saint-Tropez le jeudi, selon le format de la « pursuit race » (les bateaux franchissent la ligne de départ en fonction de leur rating, le premier à franchir la ligne d’arrivée est le vainqueur). Au fil des année, le GYC Centenary Trophy est devenu le point d’orgue pour les classiques pendant cette semaine Tropézienne. Comme tous les ans, de nombreux participant et anciens vainqueurs reviennent tandis que de nouveaux centenaires s’engagent pour la première fois. Sur la liste des inscrits 2019, on découvre plusieurs nouveaux arrivants comme le 8 Mètres 1917 Apache conçu par l’architecte norvégien Johan Anker, connu dans le monde entier comme le père du Dragon. Newcomer également, Ester, le sloop aurique de 1901 conçu par Gunnar Mellgren, avec une histoire de renaissance unique. Deux big boats participent également pour la première fois au Centenary Trophy. Black Swan, un ketch Aurique conçu par Charles E. Nicholson en 1899 célébrant son 120ème anniversaire et Sumurun, un ketch Marconi de 1914 conçu par William Fife III. L’histoire de Sumurun est liée à de nombreuses personnalités – parmi elles, des invités célèbres comme Mick Jagger ou John Kerry – sans oublier de nombreuses victoires de course.

Ces Big Boats devront surveiller les autres bateaux plus petits mais rapides, comme Endrick, 7 Mètres, conçu par William Fife III en 1912, son propriétaire skipper, Jean Degaudenzi, est un navigateur olympique. Clin d’oeil à Mariquita, le trophée en argent, qui récompense chaque année le vainqueur de la régate, a été créé par Wakely and Wheeler of London en 1911, un détail cher au coeur de George Nicholson, l’ancien Commodore du Gstaad Yacht Club qui l’a déniché.

Le défilé des équipages

Moment éminemment festif au cœur de la semaine des Voiles, le défilé des équipages. Remis au goût du jour voici quelques années, cet instant carnavalesque laisse toute latitude aux marins de se vêtir selon leur fantaisie pour défiler depuis le Village des Voiles et le long des quais, aux accents du Samarobriva Pipe band. Un moment de franche hilarité pour le grand public qui se mêle spontanément à la fête, pour une communion dédiée à cet esprit festif si propre au yachting.

Source

Maguelonne Turcat

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