Du nouveau à bord du Maxi Edmond de Rothschild

© Yann Riou

À l’issue d’un été bien chargé, qui a vu le Maxi Edmond de Rothschild signer sa première victoire à l’occasion de la Rolex Fastnet Race mais qui a aussi permis au duo Franck Cammas / Charles Caudrelier de valider sa qualification pour la Brest Atlantiques, le géant de 32 mètres avait retrouvé sa base technique le 26 août dernier pour quelques semaines. Prévue dans le calendrier 2019, cette mise à terre avait un double objectif pour les membres du Gitana Team. À deux mois du départ de la Brest Atlantiques, un check général structure, appendices et systèmes s’imposait mais l’équipe aux cinq flèches a également mis à profit ces trois semaines pour poursuivre ses développements et installer une grande nouveauté à bord du Maxi ; un carénage de bras arrière qui vient parfaire l’aérodynamisme de la plateforme.

« Rester immobile c’est reculer par rapport à la concurrence »

Ces quelques mots de Franck Cammas résument à eux seuls la philosophie du skipper mais ils sont aussi une parfaite synthèse de l’état d’esprit dans lequel travaillent quotidiennement les membres du Gitana Team : poursuivre l’innovation pour atteindre l’objectif fixé dès la genèse du projet.

Une nouveauté est apparue ce lundi à bord du Maxi Edmond de Rothschild et elle n’est pas passée inaperçue ! Ce sont 32 m2 de toile tendue qui ont été ajoutés à l’arrière du bras de liaison arrière. Un carénage qui vient épouser parfaitement la forme du bras et finir celui-ci de manière élégante. Mais comme on peut l’imaginer, l’esthétisme n’était pas la préoccupation première de l’équipe aux cinq flèches et c’est bien la performance qui a guidé cette nouvelle innovation.

« Ce carénage de bras arrière existait dans le dessin initial du Maxi Edmond de Rothschild et Guillaume Verdier avait même pensé les bras avant et arrière comme des sections de géométrie aérodynamique. Les études CFD aéro montraient un vrai gain à procéder à cet ajout et le timing nous le permettait donc nous n’avons pas hésité longtemps à le faire » confiait Franck Cammas qui a été l’un des pionniers dans cette voie avec Groupama 2 sur les carénages de bras avant.

« Avec les vitesses actuelles de nos bateaux, le frein aérodynamique est presque aussi important que le frein hydrodynamique. Mais la partie hydrodynamique est soignée depuis de nombreuses années par les designers et les marins, bien plus que ce qui se passe au-dessus. Jusqu’à récemment, l’aéro passait souvent au deuxième plan dans l’échelle des préoccupations. La force de Gitana et de Guillaume Verdier a été de penser et de construire le Maxi Edmond de Rothschild avec cette vision aérodynamique, ce qui nous permet aujourd’hui d’apporter des améliorations qui sont dans la cohérence du bateau » soulignait le skipper.

Un gain de près de 1 nœud à certaines allures

« Cette nouvelle forme réduit non seulement de la traînée, puisqu’elle retend le flux mais elle crée aussi de la portance ce qui aura un effet d’allègement sur la plateforme. Ce carénage a été réalisé en Oratex, c’est un entoilage souple comme ce que l’on retrouve sur les ailes de planeur ou encore d’ULM. Cela représente une surface supplémentaire d’environ 32 m2 pour un poids de près de 50 kg. De manière optimale, les études nous prédisent un gain de plus de 1 nœud à 30 nœuds de vitesse bateau. Enfin, cette toile pourra pousser jusqu’à 10 fois son poids » détaillait Sébastien Sainson, le directeur du bureau d’études Gitana.

Ce type de carénage est devenu monnaie courante sur les bateaux de l’America’s Cup mais c’est la première fois qu’une équipe de course au large met en place une structure de ce type sur un bateau dédié à la haute mer : « Godzilla, le multicoque des américains d’Oracle, avec lequel ils ont remporté la Coupe à Valence, était le premier à oser cette nouveauté. Puis par la suite tous les AC 72 et plus récemment les F50 de la dernière Cup en étaient dotés. Dans notre cas, c’est plus la mise en œuvre et la réalisation qui ont sollicité des études car contrairement aux bateaux de l’America’s Cup nous ne pouvons pas nous permettre de démonter ou de refaire le système tous les soirs. Nous avions donc un enjeu de solidité pour proposer une structure capable de résister à des journées de navigation à hautes vitesses. Maintenant le timing nous paraissait le bon, notamment puisque l’ajout de ce fairing n’impacte en rien la fiabilité du Maxi. S’il venait à être endommagé en mer, cela serait bien sûr regrettable mais ça n’entacherait en rien les performances intrinsèques du bateau.»

L’ajout du carénage de bras arrière dans le temps imparti constitue une nouvelle illustration de la force du collectif qui règne dans l’écurie armée par Ariane et Benjamin de Rothschild. En effet, il a nécessité près de deux mois de travail en termes d’études ; sept versions de formes ont été réalisées avant d’obtenir la version finale et trois schémas de fabrication ont été proposés avant celui finalement retenu. En matière de réalisation, dix personnes ont été mobilisées au sein du Gitana Team pour permettre de tenir les délais très serrés qui étaient de deux semaines et demies.

Engranger des milles en double

Cette remise à l’eau marque la reprise des entraînements ainsi que le début du compte à rebours de la Brest Atlantiques. En effet, dans 49 jours, le 3 novembre prochain, les quatre duos en lice pour cette grande première de 14 000 milles sur l’Atlantique s’élanceront de la pointe finistérienne. D’ici là, le programme de navigation de Charles Caudrelier et Franck Cammas s’annonce bien rempli. Ne changeant pas leurs bonnes habitudes, les skippers d’Edmond de Rothschild entendent multiplier les sorties et profiter au maximum des conditions météos que voudront bien offrir les prochaines semaines pour compléter leur préparation. Un stage d’entraînement commun est d’ores et déjà prévu avec l’équipe de Macif début octobre.

Source

Zephyr Communication

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