Thibaut Vauchel-Camus, le “multi” dans le sang !

© Pierrick Contin

Né dans le monde du cheval, enfance en Guadeloupe puis breton d’adoption, Thibaut Vauchel-Camus, bientôt 40 ans, est un navigateur comme on en fait peu dans le paysage de la voile française tant son parcours est riche et intimement lié à la pratique du multicoque. Découverte d’un marin multiple et solidaire…
Thibaut Vauchel-Camus a le regard droit, le sourire au diapason. Il paraît toujours en mouvement. Sans plan de carrière et sans brûler les étapes, l’arrivée de Thibaut sur un multicoque à foils n’est pas un hasard… Dans quelques jours, le skipper du Multi50 Solidaires En Peloton – ARSEP prendra le départ de la 11ème édition de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe, sa première compétition transatlantique à bord d’un trimaran à foils de 15,24 mètres flambant neuf, dernier né de la classe, et avec toujours la ferme intention de porter haut les couleurs de la Fondation ARSEP (Aide à la Recherche sur la Sclérose En Plaques) et de sa marque sportive : Solidaires En Peloton.

Zouk, voile et glisse

Âgé de 8 ans, Thibaut et sa famille quittent la métropole, direction la Guadeloupe où ses parents seront instructeurs équestres. Lui et sa sœur, Clémentine, se retrouvent à Petit-Bourg, au pied des montagnes et se fondent dans la vie créole, qu’ils parlent d’ailleurs couramment. « Notre cadre de vie était rural. Nous étions les seuls blancs dans nos classes. Nous écoutions la musique antillaise à longueur de journée. Nous nous sommes imprégnés de l’ambiance locale et tropicalisés à vie ! » s’épanche Thibaut.

Chez ses grands-parents pour les vacances d’été, en baie de Saint-Brieuc, Thibaut vit sa première expérience voile à 9 ans. « C’est une révélation, j’adore. Dès mon retour en Guadeloupe, mes parents m’inscrivent au Club Sportif du Bas du Fort ». Pas d’Optimist dans cette structure mais, d’entrée de jeu, des Hobie Cat 13. Thibaut, dans des conditions propices à la navigation, progresse vite et se présente à sa première grande épreuve en 1993, un Championnat du Monde à la maison ! « Nous faisons 3ème avec ma sœur. » En parallèle, le jeune homme parcourt l’île, planche sur le dos, à chasser les meilleures vagues. « Le bodyboard et le surf sont également devenus des passions. »

Ambiance « compétition »

Tout en continuant ses études, il entre dans le grand bain fédéral en 1995 avec une 10ème place au Championnat de France Espoir au Cap d’Agde puis un titre qui lui passe sous le nez en 1996 pour être ensuite 3ème en 1997. Au lycée, toujours en Guadeloupe, il rencontre Damien Seguin. Les deux vont faire la paire. Ils sont 2ème du Mondial australien Hobie Cat 16 et décident de quitter l’outre-mer en 1998. « Ce n’était pas une déchirure. Ma famille est restée en Guadeloupe mais, avec Damien, nous avions la chance de notre vie puisque nous étions sélectionnés pour intégrer le Pôle France Tornado à l’Ecole Nationale de Voile de Quiberon ». De 1998 à 2000, ils enchaînent les régates de préparation olympiques en Tornado aux côtés des célèbres Pennec, Guichard, Citeau, Lepeutrec, Mourniac… jusqu’à être dans le top 15 en Europe.
Thibaut décide alors de passer à autre chose. « J’avais envie d’un peu plus de liberté, d’aller un peu plus loin que nos parcours entre deux bouées, aller vite, travers au vent avec plus de jeu de navigation. » La pratique du Formule 18 assouvira ce manque. Thibaut se révèle alors de plus en plus. DEUG de staps en poche puis Licence et Maîtrise de Management du Sport, il multiplie les raids étoffant largement son palmarès. « En 2002, sur un coup de tête, je décide avec mon ami Mattheas Lassning, de participer au Mondial Hobie Cat 16 à Nouméa. Nous arrivons sur place la fleur au fusil. Nous gagnons les qualifications, on est 3ème des demies finales. Hélas, nous volons le dernier départ et finissons 3ème au général. » Nouvelle preuve de la pugnacité du régatier qui rencontre à la même époque Jérémie Lagarrigue, l’un des acteurs principaux de la construction de son Multi50 à travers le chantier ENATA. Thibaut et Jérémie sont très complémentaires. « Cette période a été importante pour moi. J’avais perdu mon père après le Mondial 2002. Les raids m’ont vraiment donné du souffle et le chantier ADH Inotec, constructeur de DIAM, m’a recruté. En parallèle des courses, je développais et commercialisais ComEcat, un catamaran converti en manège grand public que l’on mettait dans une piscine avec soufflerie sur les villages de compétition, ma période « forain ».

Agent immobilier !

Thibaut navigue aussi avec Fred Duthil en Mini 6,50 et en Figaro ou encore avec Yvan Bourgnon sur son trimaran Orma Team Océan. « J’adorais ma condition de régatier mais cela restait très précaire. J’avais pour ambition de faire la Solitaire du Figaro mais sans budget, dans une période de crise… J’ai du changer mon fusil d’épaule et j’ai raccroché. » De 2008 à 2011, Thibaut Vauchel-Camus est agent immobilier à Rennes. Il continue à recevoir de nombreuses propositions de navigation. Il jongle entre obligations professionnelles et passion pour les bateaux et la mer, record de la distance sur 24 heures en catamaran de sport avec Yvan Bourgnon, premières navigations avec Franck-Yves Escoffier sur l’Armen Race… « Je finis par lâcher mon boulot sur un coup de tête et me retrouve en août 2011 à embarquer pour une campagne de records sur l’Hydroptère.Ch avec Jérémie Lagarrigue, alors CEO de Hydros, en Suisse. J’y croise un excellent ami, Victorien Erussard, authentique/pur malouin. De retour à Saint-Malo, nous décidons de nous lancer dans un projet de course au large. Très sensibilisés à la sclérose en plaques par différentes personnes de notre entourage, nous montons une aventure autour de cette maladie et prenons le départ de la Transat Jacques Vabre en 2013. Malgré une escale technique à Cascais qui nous relègue en queue de flotte (25ème), nous parvenons à terminer 11ème de cette épreuve. Il se passe quelque chose de fort avec la Fondation ARSEP et les patients. Nous nous apercevons rapidement du parallèle entre les difficultés de la maladie et celles des marins en mer. A notre retour, nos partenaires sont conquis et l’un d’eux choisit de devenir armateur parce qu’il croit en notre potentiel et veut nous aider à l’exprimer. Nous nous lançons alors dans la construction d’un nouveau bateau, un Mach40, la référence du moment chez les Class40.”

La Route du Rhum

Projet à double tête, qui de Victorien ou Thibaut courra la plus célèbre des transatlantiques en solitaire ? Thibaut avait accompagné Victorien sur cette même course en 2006 et l’avait accueilli en Guadeloupe. « Il m’avait dit à l’époque : la prochaine fois c’est moi qui serai à ton arrivée » déclare Thibaut, non sans émotion. Trois mois après la mise à l’eau du bateau, Thibaut prend le départ de sa Route du Rhum. « Ma seule expérience au large en solitaire était ma qualification. Je partais en pur outsider. Je négocie bien le golfe de Gascogne et pointe en tête au Cap Finisterre. Alex Pella me reprend dans une bulle anticyclonique après Madère. Au contact de Kito de Pavant et Yannick Bestaven, et malgré leur retour tonitruant en approche de la Guadeloupe, j’arrive à garder ma place de dauphin. J’ai évidemment un souvenir puissant de cette arrivée, moi, l’enfant du pays. J’entendais la chaîne de télé Canal 10 qui commentait mon arrivée comme si nous étions en finale de la ligue des champions de football. 50 bateaux m’entouraient alors que je franchissais la ligne à 16 nœuds de vitesse ».

Sa petite fille, Tonie, née début janvier 2017, entendra certainement cette douce histoire ou encore le récit des trois belles saisons de Thibaut en Class40 dont sa victoire sur The Transat en 2016. Elle en vivra aussi probablement une nouvelle en 2018 sur cette Route du Rhum à laquelle Thibaut va participer en Multi50, lui qui séchait les cours afin que les Poupon, Arthaud, Bourgnon apposent leurs signatures sur de grandes feuilles canson spécialement préparées par le petit guadeloupéen blond.

Source

Agence TB PRESS

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