Ligne de mire

© Christophe Launay

François Gabart conserve une légère avance sur le temps de référence établi par Thomas Coville l’an passé mais alors qu’il a débordé cette nuit l’archipel du Cap-Vert, il lui faut se préparer au ralentissement du Pot-au-Noir. Après quatre jours de mer, le trimaran MACIF doit surtout trouver la porte d’entrée vers l’hémisphère Sud…

C’est probablement l’une des phases la plus délicate à négocier sur ce tour du monde en solitaire : la traversée de la Zone de Convergence Inter Tropicale (ZCIT) qui marque l’affrontement entre les alizés de chaque hémisphère. Situé ce jour entre le parallèle 8° Nord et le 4° Nord, ce Pot-au-Noir semble proposer un passage autour du 30° Ouest sans trop de ralentissement. Pour autant, le trimaran MACIF commence à changer progressivement de rythme depuis ce mercredi matin dans un alizé de Nord-Est à Est d’une quinzaine de nœuds.

Entrée en soirée

Pourtant, la journée d’hier n’a pas été simple d’abord à cause des conditions météorologiques plus instables sur l’eau que prévues : « Toujours sous grand gennaker avec le petit foc (J-3) en rôle de trinquette. J’avais la grand voile haute et ce n’était pas simple car le bateau forçait pas mal… Je préfère quand il y a plus de vent car avec un ris dans la grand voile, le bateau va à fond la caisse sans forcer… En fait, j’ai galéré avec les grains ! L’un d’entre eux était tout petit et pourtant il m’a provoqué une grosse panne de vent : c’est passé de 20 nœuds à 10 en quelques secondes… »

Heureusement depuis son troisième empannage au large des Canaries, François Gabart a pu débouler plein Sud pour passer à 250 milles dans l’Ouest de l’archipel du Cap-Vert vers minuit. Et si la perturbation du relief volcanique n’a pas eu lieu à cette distance, le solitaire n’a pas eu une nuit très simple à gérer : la flotte des voiliers qui participe à la Mini-Transat était justement sur sa route entre l’île de Santo Antão et les Antilles, la plupart des concurrents venant de déborder cette marque de parcours… Le lever du jour était donc un soulagement pour le skipper qui n’avait plus à rester collé devant son radar ou en veille dans son cockpit pour éviter la collision !

L’hémisphère Sud favorable

Car désormais à moins de 250 milles de l’entrée dans le Pot-au-Noir, le trimaran MACIF doit aborder cette zone en soirée : sans être particulièrement favorable, la ZCIT a une configuration standard en s’étendant entre le 8°N et le 4°N avec des alizés de l’hémisphère Nord et de l’hémisphère Sud orientés plutôt à l’Est, ce qui laisse entendre une traversée relativement rapide. Quant à savoir si François Gabart conservera son avance d’une centaine de milles sur le temps de référence établi à l’équateur par Thomas Coville (5j 17h 15’), rien ne permet d’en juger avant cette zone d’aléas et d’incertitudes.

Mais quoiqu’il en soit, le trimaran MACIF devrait mettre entre 5 jours et demi et six jours pour atteindre la ligne de changement d’hémisphère où les alizés d’Est soufflent à une petite vingtaine de nœuds. Dès ce week-end, François Gabart va ainsi retrouver des vitesses supérieures à trente nœuds pour glisser le long des côtes brésiliennes. Or avant même le cap Frio, ces alizés prennent une orientation Nord : l’anticyclone de Sainte-Hélène qui gère les conditions météorologiques dans l’Atlantique Sud est en effet fort bien positionné du côté de l’Afrique du Sud, ce qui permet aux dépressions qui se forment dans le golfe de Rio de Janeiro, de traverser rapidement cette zone subtropicale pour rallier les Quarantièmes Rugissants. Un magnifique ascenseur pour atteindre la longitude du cap de Bonne-Espérance avec de l’avance… Et surtout une position favorable pour aborder l’océan Indien !

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WindReport'

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