À l’appel de Big Apple…

© Yann Riou

Il court, il court le Queen Mary 2. Ce vendredi, le paquebot poursuit sa marche impériale vers New York et les eaux de l’Hudson River, où il est attendu au petit jour demain matin. Dans son tableau arrière, les quatre protagonistes de la Transat du Centenaire ne sont pas logés à la même enseigne et ne doivent pas ménager leur peine dans des conditions qui n’ont pas fini de mettre les nerfs et les neurones des bords à rude épreuve. Au 5è jour de course Macif (François Gabart), qui est parvenu à tirer son sillage du jeu durant la nuit au passage d’une bulle sans vent, semble avoir consolidé son avance. Pour autant, une seule certitude l’emporte : rien est joué et tous les coups tactiques sont bel et bien permis pour mériter les honneurs et la primeur de la ligne d’arrivée sous le pont de Verrazano.

À l’Ouest du nouveau

La dernière nuit n’a pas été de tout repos pour les équipages, sollicités sur le pont, aux manœuvres et aux réglages fins, pour tirer le meilleur des vents aussi évanescents que capricieux, qui ont sévi en bordure de zone d’exclusion des glaces au passage d’une zone de jonction entre les deux anticyclones (des Açores et des Bermudes) de l’Atlantique Nord. Si aucun chamboulement n’est à signaler dans les lignes des classements, force est de constater que les écarts, se faisant et se défaisant dans l’inévitable brouillard épais aux abords des grands bancs de Terre Neuve, ménagent aujourd’hui le suspense et augurent une fin de course ouverte aux surprises et rebondissements.

Macif, aux premières loges devant, a logiquement touché cette nuit la primeur de ce vent nouveau venant de le l’Ouest, tandis qu’IDEC SPORT et Sodebo Ultim’ se bagarraient encore dans cette zone de transition avec ses vents très changeants et aléatoires.

Tiercé gagnant ? Faites vos jeux…

Cet après-midi, François Gabart et les siens affichent ainsi plus de 40 milles d’avance sur le quintette de Francis Joyon. En 3è position, les hommes de Thomas Coville se démènent pour reprendre du terrain et revenir dans la bataille pour le tiercé gagnant de cette du Transat Centenaire ouverte et engagée. Les voilà revenus à une douzaine de milles de leurs prédécesseurs immédiats. Plus en arrière, l’équipage mixte d’Actual mené par Yves Le Blévec, qui ne progresse pas dans le même système que les trois premiers, ne démérite pas pour limiter son retard à bord de son multicoque moins rapide et moins performant.

Au chapitre de la météo, si les prévisions sont assez fiables jusqu’à lundi matin, les cartes et et les modèles se brouillent et divergent pour l’atterrissage en baie de New York. « Il faut avouer que c’est le gros bazar et il est difficile dans ces conditions de fixer des ETA (Estimatd Time of Arrival). On ne sait pas du tout ce qu’il va se passer et les routages divergent beaucoup », commente Dominic Vittet, le consultant météo de la course. « Macif est en bonne voie, mais comme la situation n’est pas très claire, il reste beaucoup d’incertitudes. Il peut se passer plein de choses. Des doutes persistent pour le leader, laissant un peu d’espoir pour ses poursuivants. S’ils parviennent à revenir à 20 ou 30 milles, tout reste possible… » À trois jours minimum d’une arrivée si difficile à évaluer sur les eaux baignant Big Apple, faites vos jeux, rien ne va plus !

Ils ont dit

Billy Besson (Sodebo Ultim’) :

«On essaye de faire au mieux dans la grisaille ambiante. Le petit travail d’élastique nous a bien profité pour revenir sur IDEC. Le radar est branché, on reste très attentif tout en poussant le bateau dans des limites raisonnables. Pour moi, c’est super intéressant cette transat à bord d’un trimaran Ultime. Je découvre une nouvelle forme de voile. C’est complètement différent de ce que j’ai l’habitude de faire. Et c’est vraiment sympa de régater dans cette ambiance de brouillard et de jouer au chat et à la souris avec IDEC. Actuellement, on prend ce qui vient, on fait ce qu’on peut. On n’avance pas très vite, il faut vraiment être sur les réglages pour faire avancer le bateau au maximum. Il faut profiter des bascules. Le premier qui pourra se barrer de cette zone de pétole aura un petit avantage.»

Pascal Bidégorry (Macif) :

«Il y a du boulot, et ce n’est pas plus mal, ça nous réchauffe un peu ! Ce matin, le fond de l’air est très frais avec une visibilité quasi nulle. On est plutôt content de notre petit recadrage de la journée d’hier. Depuis, ce matin, on fait notre petit bonhomme de chemin, on n’a plus le même vent que nos petits camarades derrière. À présent, on a entre 10 et 14 nœuds de vent et nous progressons tribord amures.»

Samantha Davies (Actual) :

«C’est humide, ce matin, dans un brouillard très épais. On progresse à 20 nœuds. On vise la zone d’exclusion des glaces qui est devant. La course est longue jusqu’à New York, surtout pour nous qui allons moins vite que les autres. Mais, je m’éclate sur cette transat. On ne s’ennuie pas, il se passe quelque chose tout le temps. L’ambiance est très bonne à bord, nous sommes tous assez complémentaires. Les prévisions ne sont pas fiables pour l’arrivée, et il est difficile d’envisager une ETA précise.»

Francis Joyon (IDEC SPORT) :

«L’ambiance est toujours aussi joyeuse à bord, y compris pour ceux qui ont ce matin vu leur quart de sommeil sérieusement amputé, car il nous a fallu tous les bras disponibles pour s’extraire de cette bulle sans vent. La nuit avait pourtant été super, avec des vitesses de 30 nœuds et plus, au près. L’élastique s’est détendu en notre défaveur ce matin puisque Macif n’a pas été gêné par cette bulle, qui a permis à Sodebo de revenir sur nous. Avec de si faibles écarts, nos étonnantes machines ont tôt fait de redistribuer les cartes. Il va encore se passer beaucoup de choses durant les trois prochains jours. D’autant que l’atterrissage en baie de New York s’annonce particulièrement calme…»

Classement du vendredi 30 juin 2017, à 17h

  1. Macif (François Gabart) : à 1210 milles de l’arrivée
  2. IDEC SPORT (Francis Joyon) : à 44 milles du premier
  3. Sodebo Ultim’ (Thomas Coville) : à 56 milles du premier
  4. Actual (Yves Le Blévec) : à 248 milles du premier
    Queen Mary 2, à 399 milles de l’arrivée

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