La menace britannique

© Nicolas Henry

Toujours dauphin d’Armel Le Cléac’h, Alex Thomson grappille des milles, lentement mais sûrement. Les deux leaders vont buter sur une vaste cellule anticyclonique qui leur barre la route. Cela devrait profiter au Britannique mais aussi à Jérémie Beyou, 3e. Jean-Pierre Dick devrait franchir le cap Horn demain soir. Yann Eliès et Jean Le Cam feront de même moins d’un jour plus tard. Derrière, Enda O’Coineen se déroute vers l’île Stewart (au Sud de la Nouvelle-Zélande) pour effectuer des réparations. Pieter Heerema reprend sa course après avoir bataillé plusieurs jours pour résoudre ses problèmes de pilote. Après avoir abandonné, Paul Meilhat et Stéphane Le Diraison seront bientôt à bon port, respectivement à Papeete (Polynésie) et Melbourne (Australie).

Le come-back d’Alex

Heureusement qu’Armel Le Cléac’h (Banque Populaire VIII) a les nerfs solides et une grande capacité à résister à la pression. Car la situation qui se profile devant ses étraves est du genre frustrante. Une cellule anticyclonique lui barre la route au large de l’Uruguay. Elle est si étendue qu’Armel ne pourra pas la contourner et n’aura d’autre choix que de s’y engager et de ralentir progressivement, en espérant en ressortir le premier… Alex Thomson (Hugo Boss) devrait lui aussi se faire piéger, mais plus tard que le leader. Et en attendant il continuera à avaler les milles à bonne allure et réduira donc l’écart. Armel devra prendre son mal en patience. Les deux hommes sont pour le moment les plus rapides de la flotte. Aujourd’hui à plus de 1000 milles des leaders, Jérémie Beyou (Maître CoQ) reste en embuscade. Il touchera un bon flux de Sud-Ouest et comblera lui aussi une partie de son retard.

Le cap Horn en ligne de mire pour Jean-Pierre Dick, Yann Eliès et Jean Le Cam

Jean-Pierre Dick (StMichel-Virbac) progresse en 4e position vers le cap Horn, qu’il franchira probablement demain dans la soirée. Avec moins d’une journée d’avance sur Yann Eliès (Quéguiner-Leucémie Espoir) et Jean Le Cam (Finistère Mer Vent) qui naviguent quasiment bord à bord : moins d’un mille d’écart (pointage de 18h), après 52 jours de course et plus de 18 000 milles parcourus sur l’eau ! Leur écart latéral d’une dizaine de milles à peine laisse à penser qu’ils naviguent quasiment à vue. Ils ont en tout cas discuté par VHF. La savoureuse et instructive vidéo de leurs échanges vaut le détour…
Plus de 1000 milles derrière, Louis Burton (Bureau Vallée) prend ses aises le long de la Zone d’Exclusion Antarctique, qu’il rase depuis des jours à bonne allure.

Enda O’Coineen se déroute, Pieter Heerema reprend sa course
Suite à un certain nombre de problèmes techniques notamment avec son rail de grand-voile et son pilote automatique, l’Irlandais Enda O’Coineen (Kilcullen Voyager-Team Ireland) a décidé de mettre cap sur l’île Stewart située au Sud de la Nouvelle-Zélande, où il n’arrivera pas avant 24 heures… Il se mettra au mouillage et tentera de résoudre ses soucis techniques avant de reprendre sa course.
Bonne nouvelle en revanche pour le Néerlandais Pieter Heerema (No Way Back) qui navigue à nouveau vers l’Est, à une vitesse à deux chiffres. Il va pouvoir se lancer dans un duel avec Sébastien Destremau (TechnoFirst-faceOcean) et pourquoi pas reprendre du terrain sur Romain Attanasio (Famille Mary-Etamine du Lys) et Didac Costa (One Planet One Ocean).

Soulagement pour Conrad Colman

« Franchement, j’ai eu peur de subir toute la férocité des mers du Sud mais j’ai gardé suffisamment de vitesse pour rester devant la tempête. J’ai évité le pire mais les conditions sont quand même toniques. C’est fantastique de naviguer dans les mers du Sud dans le gros temps. C’est ce que je suis venu chercher en participant au Vendée Globe. » Le Néo-Zélandais Conrad Colman est soulagé et heureux. Soulagé d’avoir évité le pire de la tempête, et heureux de naviguer dans des conditions malgré tout sportives, telles qu’il les aime. Conrad a profité de cette tempête pour bien creuser l’écart sur ses six poursuivants (Eric Bellion, Arnaud Boissières, Alan Roura, Fabrice Amedeo, Rich Wilson et Enda O’Coineen), relégués à un millier de milles. Conrad regarde aussi devant et part en chasse de Nandor Fa (8e sur Spirit of Hungary).

Stéphane Le Diraison et Paul Meilhat bientôt à bon port

Deux skippers qui ont dû abandonner le Vendée Globe vont bientôt ramener leur bateau à bon port. Après son avarie de vérin de quille, Paul Meilhat (SMA) s’est dérouté vers Papeete, en Polynésie. Il est tout proche de sa destination qu’il atteindra dans la soirée. Il va retrouver des membres de son équipe et évaluer les différentes options possibles pour la suite des événements. Repartira-t-il ou non hors course après avoir effectué les réparations ? On en saura plus dans les jours qui viennent… Quant à Stéphane Le Diraison (Compagnie du Lit-Boulogne Billancourt), qui navigue sous gréement de fortune depuis son démâtage il y a onze jours, il devrait arriver à Melbourne dans la nuit de jeudi à vendredi.

Enda O’Coineen (Kilcullen Voyager-Team Ireland) :

« Ces avaries sont la conséquence de trois semaines passées dans l’océan Indien. J’ai rencontré plusieurs petits soucis mais qui, réunis, engendrent un problème plus important. J’ai un souci avec mon pilote automatique, le rail de grand-voile et les moyens de communications du bateau. J’ai donc décidé de faire escale à l’île Stewart qui offre un meilleur mouillage. Ce n’est pas pour autant la fin de la course. J’effectuerai les réparations à mon rythme. Si je perds quelques jours, tant pis, mais j’espère pouvoir effectuer ces réparations. »

Conrad Colman (Foresight Natural Energy) :

« Le bateau saute sur les vagues, il est difficile de tenir debout même à l’intérieur. Et c’est aussi compliqué de travailler car il fait très froid. Au bout de deux ou trois minutes sur le pont, je ne peux plus sentir mes doigts ni mon nez. Il faut faire des opérations commando rapides et efficaces. Je vais me dégager des vents forts et après la situation sera moins dangereuse. Et je pourrai renvoyer de la toile pour essayer de rattraper Nandor (Fa). J’aurai de bonnes conditions pour aller vite. »

Stéphane Le Diraison (Compagnie du Lit-Boulogne Billancourt) :

« L’abandon n’est pas encore digéré, et ne le sera jamais vraiment. Je le vis comme un coup du destin, j’avais tout mis en œuvre pour ne pas avoir ce genre d’ennuis. J’ai été trahi par le matériel. J’ai eu le temps de repenser à ma course. Mon projet était très audacieux, j’ai récupéré le bateau il y a un an. Je n’oublie pas d’où je suis parti. Le bilan est très positif. Je n’avais pas l’expérience de l’IMOCA. Lors de mes prochaines courses dans cette classe ça ne sera pas la même histoire. Je connais beaucoup mieux le fonctionnement de ces bateaux et surtout leurs limites. Je vais me servir de cette mésaventure pour en tirer du positif. »

Paul Meilhat (SMA) :

« J’ai parcouru plus de 2000 milles avec un système provisoire pour la quille. Heureusement que ma destination n’était pas plus lointaine car le système commençait à montrer ses limites. Je suis un peu au bout du rouleau car le stress était élevé, pire que pendant la course ! Je suis soulagé et fier de ramener mon bateau au port. Mon équipe est arrivée hier. Ils s’occupent de l’organisation pour m’accueillir et trouver une place pour le bateau. Nous allons vérifier son état et nous verrons quelles sont les différentes options possibles pour la suite. Le but était bien de mettre le bateau en sécurité, on ne s’est pas projeté sur le reste. »

Pieter Heerema (No Way Back) :

« Je suis vraiment content de pouvoir repartir en course. Cela fait des jours que je suis à la cape pour travailler sur mes problèmes de pilote et je n’ai eu la solution que ce matin (heure française). J’utilise un pilote neuf, un vérin neuf, de nouveaux processeurs, un autre ordinateur… Je vais pouvoir accélérer en espérant que la technologie continue de fonctionner. »

Source

Agence Mer & Media.

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