Des bricoles sous le sapin

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© Eric Bellion

Michel Desjoyeaux, double vainqueur du Vendée Globe en 2000 et 2008, est le premier à dire que chaque jour, il y a de la bricole à faire sur un tour du monde en solitaire. Après 43 jours de course, c’est bien ce qui prévaut dans les vacations et les messages envoyés par les marins. Arnaud Boissières et Jérémie Beyou en prennent pour leur grade. Le skipper de La Mie Câline a dû affaler sa grand-voile pour réparer une latte cassée, quant à Maître CoQ, c’est de l’eau qui rentre par le puits de foil et l’évent des ballasts. Pendant ce temps-là, les deux leaders déboulent à près de 20 nœuds et avalent les milles avec gourmandise : 449 milles en 24 heures pour Banque Populaire VIII !

5 Imoca groupés à la longitude du cap Leeuwin
Fabrice Amedeo (Newrest-Matmut) a doublé le deuxième point de passage du Vendée Globe, le cap Leeuwin, à 9h ce matin suivi 4 heures après d’Alan Roura (La Fabrique). Tous deux emmènent le groupe de cinq bateaux qui se tiennent en 200 milles. Dans quelques heures, ce sera au tour de l’Irlandais Enda O’Coineen (Kilcullen Voyager Team Ireland), puis de l’Américain Rich Wilson (Great American IV) et enfin d’Eric Bellion (CommeUnSeulHomme). Tous naviguent à présent dans des conditions agréables : un vent de nord-ouest pour 20 nœuds et une mer pas trop agitée, de quoi mettre le nez dehors, contrôler les points d’usure de l’accastillage et bricoler pour attaquer le Pacifique sud sereinement… Le prochain point GPS rentré dans l’ordinateur est désormais le cap Horn « Incroyable, je n’arrive pas à y croire. Ce sera sûrement le plus beau Noël de ma vie, même si mes proches me manquent. » écrivait Alan ce matin.

Bateau, boulot, dodo

Même si les jours se suivent mais ne se ressemblent pas sur la grande boucle planétaire, les marins n’ont que peu de temps pour penser à eux. « Le temps d’affaler la voile, changer le chariot cassé et la renvoyer, ça m’a pris 3 heures. C’est un peu rageant. Je bricole pas mal. Je subis un peu. J’ai encore un winch à réparer et ma journée sera bien remplie. » racontait Arnaud Boissières au Vendée Live ce midi. Réparation de voile également pour Nandor Fa et Fabrice Amedeo, et entrées d’eau conséquentes pour Jérémie Beyou dont la navigation n’est décidément pas un long fleuve tranquille. Deux fuites d’eau se sont déclarées (puits de foil et évent de ballast) et une déchirure récalcitrante dans la chute la grand-voile. « Une emmerde par jour sur le Vendée Globe paraît-il ! Je n’ai pas fait le compte, mais j’ai ma dose là » écrivait dans un message le skipper de Maître Coq toujours au coude à coude avec Paul Meilhat (SMA) à 15 milles d’écart.

7000 milles d’écart (12 600 km) entre Armel à 19 nœuds depuis 24h et Sébastien à 8,8 nœuds !
Il reste 33% de distance à parcourir pour le skipper de Banque Populaire VIII contre 63% pour le skipper de TechnoFirst-faceOcean ! Sébastien Destremau handicapé par de multiples avaries doit s’échapper d’une grosse dépression et ne peut donc pas progresser route directe vers l’est… Tout s’accumule pour les derniers qui peinent encore au nord des Kerguelen. En tête, on s’envole vers le cap Horn qu’Armel Le Cléac’h devrait doubler vendredi 23 décembre dans la journée. Alex Thomson (Hugo Boss) à 502 milles reprend des chiffres au compteur : 443 milles en 24 heures contre 449 pour Armel. Non mais ! Jean-Pierre Dick (St Michel-Virbac) navigue pied au plancher sur son foiler. Flashé régulièrement à 20 nœuds au gré des classements de la journée, le chevalier noir fonce au triple galop à frôler la barrière des glaces : 476 milles avalés goulument en 24 heures !

Messages du bord :

Thomas Ruyant, Le Souffle du Nord pour le projet Imagine, à 11h30 :

« J’ai deux Néo-Zélandais à bord de mon bateau. Nous sommes en train d’installer une motopompe pour essayer de vider le compartiment avant. J’ai 8 nœuds de vent et une mer plate. Je crois pouvoir dire que je vais sauver Le Souffle du Nord et que nous allons réussir à l’amener à bon port. Depuis le passage de la pointe Sud de la Nouvelle-Zélande, tout est sécurisé, je pense. Nous sommes à l’abri. Le bateau actuellement pique vers l’avant mais nous stabilisons la situation. »

Jérémie Beyou, Maître CoQ :

« Nuit difficile à bord de Maitre CoQ. Le vent a forci avec plus de 30 nœuds constant. 1 ris ou 2 ris et J2 à 120° du vent, le bateau avançait vite sans forcer. Je m’accorde une heure de sieste et en me réveillant, drôle de sensation, bateau comme arrêté, lourd. Après une rapide inspection, je découvre la soute à voile et le ballast avant sous le vent remplis d’eau.
L’évent de ballast sur le pont a sauté, remplissant la cuve sous le vent quand le bateau gîtait. Dans le même temps, le puits de foil, sous l’effet de la pression due à la vitesse pissait, geyser de l’eau dans la soute. »

Rich Wilson (USA) Great American 4 :

“Nous avons eu une longue conversation sur la VHF avec Enda O’Coineen. Il était sur le point de me dépasser. Il a des soucis informatiques, électroniques et avec son AIS et il ne pouvait pas me voir. Il avance comme un cinglé et il a croisé notre sillage à cinq milles derrière lors du dernier classement. Je sortais du cockpit et j’ai aperçu ses feux. Le moral est bon me dit-il. Enda a un bon esprit.”

Paul Meilhat, SMA

Le vent a pas mal faibli. On est toujours dans le vent de Sud, je n’arrête pas de changer de voile. Ca ira mieux dans 24h. On est en arrière de la dépression. On a récupéré du vent depuis deux jours. On a un passage difficile puisqu’on a rattrapé le centre. Au final, la situation n’est pas pire que ça, on arrive à avancer. On a beau faire tout ce qu’on veut, on est dans le même système. On ne peut pas trop s’échapper. J’ai été le premier à buter dans le petit temps. C’est bien que Jérémie (Beyou) soit à côté. Mais on ne peut plus se parler à la VHF. Je pense passer le cap Horn d’ici une semaine. Ce qui est dur c’est que le vent est très instable. C’est difficile de dormir car il y souvent des changements de direction et du réglage du bateau. »

Arnaud Boissières, La Mie Câline

« Je viens juste de finir de changer ma latte de grand-voile. Je viens de hisser la voile. Il y a un peu de vent. Le temps d’affaler la voile, changer le chariot cassé et la renvoyer, ça m’a pris 3 heures. C’est un peu rageant. Je bricole pas mal. Je subis un peu. Michel Desjoyeaux disait : « un jour, une emmerde sur le Vendée Globe ! ». J’ai encore un winch à réparer et ma journée sera bien remplie. Ca va être plutôt bien le long de l’Australie, ça va être de bonnes conditions. J’espère pouvoir profiter pleinement du bateau. Je n’ai pas d’appréhension pour le Pacifique, même si la transition entre l’Indien et le Pacifique n’est pas commode. »

Nandor Fa, Spirit of Hungary

« Nous avons des conditions musclées. Il fait très gris et il ne cesse pas de pleuvoir. J’ai 35 nœuds de vent d’ouest-nord-ouest et il fait très froid. Hier j’ai dû affaler ma grand-voile pour effectuer des réparations. J’ai profité d’une bonne fenêtre météo. Je pense vraiment à Stéphane. Je suis vraiment désolé pour lui, car nous étions si longtemps bord à bord et cela m’a bien motivé. Parfois on se parlait et il était très sympa. Louis Burton sur Bureau Vallée est à environ 550 milles devant moi et Conrad environ la même distance derrière. Du coup, je me sens assez seul ici, mais cela va bien. »

Source

Agence Mer & Media.

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