Nouveau départ

  • 2016, ERIC BOMPARD, FIGARO, SOLITAIRE BOMPARD LE FIGARO, VOILE
    © Alexis Courcoux
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    © Alexis Courcoux
  • 2016, ERIC BOMPARD, FIGARO, SOLITAIRE BOMPARD LE FIGARO, VOILE
    © Alexis Courcoux
  • 2016, ERIC BOMPARD, FIGARO, SOLITAIRE BOMPARD LE FIGARO, VOILE
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  • 2016, ERIC BOMPARD, FIGARO, SOLITAIRE BOMPARD LE FIGARO, VOILE
    © Alexis Courcoux
  • 2016, ERIC BOMPARD, FIGARO, MACIF, SOLITAIRE BOMPARD LE FIGARO, VOILE
    © Alexis Courcoux

Engluée dans une dorsale tenace, la tête de flotte a dû batailler plus de sept heures pour retrouver le nouveau vent de Nord-Est, sans pouvoir empêcher ses poursuivants de revenir dans son sillage. Le classement général ne s’en trouve pas bouleversé mais les écarts très faibles et la dispersion de la flotte en longitude, peut donner lieu à pas mal de surprises d’ici la bouée BXA à l’entrée de la Gironde. ETA prévue à La Rochelle demain entre 12 et 14 heures.

Zone de transition, marasme, nasse, pot de glue, grand nulle part ! Dans la boite à images météorologiques, la dorsale ne dit rien qui vaille… Cette barrière sans vent entre deux systèmes est parfois pénible à franchir mais présente l’avantage en général d’être accompagnée d’un franc soleil. Rien ne va donc plus sur l’Atlantique ! Un petit front orageux s’est mêlé à la dorsale, avec à la clef nuages bas, lumière blanche et coups tordus. Un petit Pot au Noir breton pourrait-on se risquer « sauf que dans le Pot au Noir, le vrai, il y a trente nœuds sous les grains et t’as l’impression d’avancer ! » coupe Anthony Marchand. Le skipper d’Ovimpex – Secours Populaire est bien placé pour constater à 15 heures cet après-midi qu’ un nouveau départ se dessine à 100 milles de la bouée BXA. Un départ sous forme de jeté de dés si l’on refait le film de la course prise au piège depuis la première vacation du jour.

De 8 à 15 heures, le film à rebondissements

Ce matin, aux premières lueurs du jour, Yoann Richomme qui avait repris le leadership de l’étape semblait plutôt confiant. Premier à empanner pour récupérer le nouveau vent de Nord-Est, il pensait bien avoir mis le cap vers BXA sur la face arrière de la fameuse dorsale dès 9 h 30. « Je ne fais pas de marquage déclarait-il à la VHF. Je fais la route comme je l’entends. Elle suit celle de Charlie qui me sert de lièvre et c’est très bien ! ». Inséparables depuis la veille, les deux Skippers Macif naviguaient en effet collés-serrés, un peu décalés dans l’Ouest par rapport à Thierry Chabagny. Scenario bien différent une heure plus tard. Les premiers appels du vent à l’Ouest n’étaient que chimère. Obligés d’affaler leur spinnaker, les deux leaders progressaient péniblement à 1 nœud alors que les poursuivants continuaient leur route à plus de 5 ! Et c’est Thierry Chabagny, relancé dans son option « route directe » qui leur brûlait la politesse, avant de voir, de son côté, Eole le trahir. Dans son axe, une meute de cinq bateaux à portée de voix fondait sur lui à l’heure de l’apéritif : Ovimpex-Secours Populaire, Redshift, Sofinther-Un Maillot pour la Vie, Bretagne – CMB Performance, ce club des cinq s’offrait une nouvelle chance, motivé en diable, envoyant et affalant le spi au gré des nuages et des tâches de vent. A la VHF une heure plus tard, les langues commençaient à se délier. La lassitude pouvait s’entendre dans la voix et le vocabulaire aussi, avec quelques nouveaux noms d’oiseau pour la dorsale. D’autant qu’avec une flotte bien dispersée en latéral, les francs-tireurs ne manquent pas, à l’image d’un Gildas Morvan (Cercle Vert), franchement décalé à l’Est et assez rapide. De l’autre côté, Xavier Macaire (Chemins d’Océans) revenu comme un boulet dans l’axe des deux Macif et de Nicolas Lunven (Generali), reconnaissait que dans ce genre de situation, « il y a une petite part de chance …». Yoann Richomme qui voyait sa belle avance fondre sous la grisaille, avouait sa lassitude mais ne lâchait pas l’affaire : « J’ai l’impression que le vent va à nouveau tomber, c’est très aléatoire et c’est très long. Un coup à droite, un coup à gauche, un coup de génois, un coup de spi, je ne sais pas combien de fois on a changé de voile mais tu n’en finis jamais. On a hâte que ça rentre, qu’on ouvre les voiles pour faire route directe vers BXA et aller dormir. D’ici là, il faut être dans tous les bons coups !»

Délivrance

Le temps de raccrocher le combiné de la VHF, comme par miracle, sur le coup des 15 heures, voilà la mer qui commence à se rider plus franchement. A l’horizon débouché, les mâts des Figaro Bénéteau 2 reprennent un peu d’angle, les spis ont plus fière allure. Le voilà donc le Nord-Est, le vrai, cette gentille brise promise pour descendre à BXA encore distante de 100 milles. Après 7 heures de mistoufles et mauvais coups, la dorsale libère enfin la tête de flotte. Yoann Richomme conserve la tête sur le papier, suivi de Nicolas Lunven, Thierry Chabagny, Xavier Macaire et Charlie Dalin. Vincent Biarnes (Guyot Environnement) et Gildas Morvan sont revenus dans le match, Erwan Tabarly (Armor Lux) semble étonnamment décroché tout comme le« club des cinq », relégué à 4 milles. Si le classement de 15 heures, établi en distance au but, a bien-sûr sa valeur, il ne faut pas négliger les écarts en latéral de plusieurs milles qui joueront encore sur la pression et l’angle de vent. Libéré et relancé à 6 nœuds, Thierry Chabagny reconnaissait : « Si je n’ai pas plus de pression que les gars à l’Ouest, ce sera bon pour eux car ils ont un meilleur angle, on verra ! En tous cas, on a payé notre tribu à la pétole pour cette étape ! » Un tribu qui risque d’être encore lourd cette fin de journée et la nuit prochaine pour le reste de la flotte. Si le trentième pointe à « seulement » 12 milles, certains retardataires accusent jusqu’à 50 milles de retard. Le temps de récupération à La Rochelle avant le nouveau départ pour la dernière étape ne sera pas le même pour tous.

Ils ont dit :

Anthony Marchand (Ovimpex-Secours Populaire) :

« C’est compliqué parce que ce n’est pas une dorsale très classique où il fait beau, où le baro augmente, où tu cales ton empannage. Là c’est grain sur grain, on s’est d’ailleurs fait piéger, on a essayé de s’écarter et on est planté. Pendant ce temps, tous les petits copains à l’AIS se font la cerise… Ce qui est énervant, c’est de voir tous les autres passer comme une lettre à la poste sans nuage. Il y a un petit facteur chance qui rentre en jeu mais c’est comme ça. Je vois Gedimat collé, lui aussi, dans le nuage devant nous et les autres qui passent au Sud, je ne les vois plus trop à l’AIS. On verra bien à la sortie, peut-être qu’ils auront aussi un grain, on verra à la fin de la foire. Mais ça risque d’être long, parce qu’on ne bouge pas beaucoup et que la dorsale non plus. Ca va être un nouveau départ »

Xavier Macaire (Chemins d’Océans) :

« J’ai bénéficié d’un petit nuage qui m’a permis de très bien avancer et je viens d’en sortir. J’essaie de retrouver des petites risées sur le plan d’eau et je crois que je retouche. J’ai 5 nœuds alors qu’il y a une minute, mon spi se gonflait à l’envers. Je me suis retrouvé bien placé un petit peu par chance entre deux nuages. Ensuite, de voir les uns et les autres à l’AIS, ça permet de se positionner pour conserver le couloir le plus longtemps possible, j’en ai bien bénéficié. J’espère que ça va vite se décanter, mais je ne suis pas super optimiste par rapport au bulletin météo qu’on a eu ce matin »

Thierry Chabagny (Gedimat) :

« Ils ont un meilleur angle pour aller à BXA. Le seul truc qui peut me sauver, c’est la pression, il faut que j’en ai plus. Là, on a du vent qui est quasiment Nord, donc c’est celui qui va nous emmener jusqu’en bas. Il reste 95 milles à courir, on est sorti de la dorsale, on est quand même toujours sous l’influence de ce petit front qui est en train de se désagréger. Je crois qu’on a payé pour la pétole, on aura du vent jusqu’à la fin. Depuis le début de l’étape, je me sens bien, je suis content d’avoir franchi les grands caps en tête, notamment Ouessant et Sein. Je savais que la dorsale redistribuerait un peu. C’est bien revenu derrière, mais j’ai encore une carte à jouer, je repars avec les premiers, je suis conquérant. Comme j’ai fait un beau début de course, j’ai envie de bien finir ! »

Source

Rivacom

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