La mélodie du bon air

  • © Jacques Vapillon
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Le flip-flap des voiles a disparu pour une musique autrement plus douce, celle de la coque qui commence à glisser sur une mer plate. C’est un moment privilégié pour les marins : il signifie la fin de la période de doute et de tension nerveuse quand les voiles battent et que l’on se demande forcément si les concurrents hors de portée de vue ne sont pas en train de jouer les filles de l’air. Le vent devrait maintenant forcir progressivement de nord-ouest avant de basculer au secteur nord.

Enfin ! La première nuit de course n’aura pas été de tout repos pour les solitaires de la Mini Transat îles de Guadeloupe. Dans des airs évanescents, voire totalement absents, chacun a cherché à faire avancer au mieux sa machine, de manière à continuer à se positionner en pointe de flotte. Quelques solitaires anticipant sur le retour du vent par le nord-ouest ont tenté une route radicale, infléchissant leur trajectoire bien au dessus de l’ouest. A contrario, d’autres ont cherché à ménager chèvre et chou en gagnant dans l’ouest tout en essayant de gagner (un peu) sur la route directe. Pour l’instant, c’est le pari gagnant, puisque le groupe du nord affiche entre 10 et 15 milles de retard sur la tête de flotte. C’est le navigateur franco-américain Andy Abel (Pepen) qui mène la danse en série, quand chez les prototypes, Davy Beaudart (Flexirub) maintient la cadence en tête de flotte. Belle opération pour le skipper du plan Raison qui devrait creuser l’écart dans les prochaines heures, compte tenu des quelques heures de reaching attendues.

Récupération active

A quelque chose, malheur est bon. Pour cette première nuit de mer, les premiers retours des solitaires contactés par le PSP Flamant témoignent d’une entrée en matière en douceur. Même s’il a fallu veiller pour guetter les risées, tous ont profité des conditions météo pour engranger un peu de sommeil avant les longues cavalcades au portant. La tension des heures précédant le départ a fait petit à petit place à un véritable relâchement, un recentrage des esprits sur la marche du bateau. Pour beaucoup de navigateurs et spécialement les bizuts de la traversée de l’Atlantique, les nuits qui ont précédé le départ ont forcément été agitées : on ne s’embarque pas impunément dans une telle aventure, sans que par moments quelques pensées parasites ne viennent perturber un schéma de préparation en théorie idéal.
La Mini Transat îles de Guadeloupe perdrait aussi son caractère s’il n’y avait au sein de la course quelques esprits frondeurs, refusant de jouer les moutons de Panurge, même quand la logique des prévisions météorologiques impose une route quasiment obligatoire. A rebours de toute la flotte, le Russe Yury Firsov (Magnum Sport) a choisi de faire route au sud-est, faisant le pari de transpercer la bulle anticyclonique centrée sur le golfe de Gascogne. Un pari audacieux, qui ressemble à un « qui perd gagne ». Mais ne dit-on pas qu’entre un tour de force et un tour de cochon, la seule différence tient à la réussite ?

Ils ont dit (depuis le PSP Flamant)

Julien Pulvé (Novintiss – 880 – série)

« Le début de course n’a pas été facile, surtout en fin de nuit et ce matin. Cette situation avait beau être prévue, c’est toujours difficile d’anticiper ce qu’il va se passer dans ces zones de molle. Ces conditions sont éprouvantes car il faut sans cesse être dessus et il n’est pas évident de tenir éveillé quand il ne se passe pas grand chose. Ça fait plaisir de glisser à nouveau et de ne pas avoir les voiles qui faseyent. J’ai l’impression que je suis bien placé, mais j’en saurai plus au prochain pointage. »

Clément Bouyssou (Le bon Agent ! Bougeons l’Immobilier – 802- prototype)

« Le début de course se passe bien. Jusqu’à minuit, c’était très agréable avec une belle glisse sous spi. Puis le vent a molli progressivement par devant ce qui a entraîné un regroupement de la flotte. Quand les voiles flappent, c’est moins marrant… Mais, cette nuit calme a permis de bien dormir et de se mettre doucement dans le bain. »

Frédéric Denis (Nautipark – 800 – prototype)

« Dans la pétole, il y a une part d’aléatoire et c’est difficile d’anticiper. Il faut être dessus en permanence pour gagner chaque mètre. On va chercher la bande de nuages vers l’ouest qui matérialise le front, mais on ne sait pas très bien ce qu’on trouvera sur la route du cap Finisterre. »

Classement du 20 septembre à 18h (TU+2) :

Prototypes (Classement Eurovia Cegelec)

  1. Davy Beaudart – 865 – Flexirub à 1160,7 milles de l’arrivée
  2. Michele Zambelli – 788 – Illumia à 1,6m
  3. Alberto Bona – 756 – Onelinesim à 3,3m
  4. Vincent Grison – 679 – Roll my chicken à 4m
  5. Fidel Turienzo – 304 – Satanas à 4,3m

Séries (Classement Ocean Bio-Actif)

  1. Julien Pulvé – 880 – Novintiss à 1164,6m
  2. Yann Claverie – 579 – Map Product à 1,5m
  3. Patrick Girod – 824 – Nescens à 2,2m
  4. Sébastien Pébelier – 660 – www.mademoiselleiodée.fr à 3,2m
  5. Charly Fernbach – 869 – Le Fauffiffon Henaff à 3,4m

Source

Mini Transat / Cécile Gutierrez

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