Tour 2015, une première réussie

© Morgan Bove/ASO

Il y a toujours un risque à mener une révolution, aussi positive soit-elle. Du choix du Diam 24 au changement de programme sportif, qui favorise désormais les raids côtiers au détriment des parcours de ralliement et le stade nautique plutôt que des parcours techniques, le Tour de France à la Voile est entré dans une nouvelle ère, qui a séduit les marins. Cette première édition du Tour de France à la Voile en Diam 24 conforte aussi la direction de l’événement dans le virage amorcé cette année.

Quel bilan tirez-vous de cette première édition de la nouvelle formule du Tour de France à la Voile ?

Jean-Baptiste Durier, directeur du Tour de France à la Voile :

« Les marins sont contents, les collectivités et les partenaires le sont également. Nous sommes très heureux de voir que le public accroche de plus en plus à ces régates qui se déroulent sous leurs yeux. On a aussi constaté que les gens se sont intéressés au contenu sportif du Tour. C’est le stade nautique qui a fait levier sur l’intérêt des spectateurs. On a le sentiment d’avoir posé des bases sportives pour l’avenir. Le bateau nous a rassurés également : on était en année une pour ce Diam 24. Certains se posaient des questions sur la capacité de résistance de ce bateau, avec les montages et démontages, et en fait, on n’a pas eu de retours sur la résistance du bateau. C’est un vrai point de satisfaction, car ce bateau monotype est aussi un actif du Tour. »

Comptez-vous, à l’avenir, garder ce tempo qui mène la caravane dans une nouvelle ville tous les deux jours ?

« On restera sur le même tempo de deux jours par ville. La question qui peut se poser est le passage à huit villes étapes au lieu de neuf, pour donner un peu d’air aux équipes. Mais ce n’est absolument pas tranché dans notre esprit. Ça fera partie des points d’échanges avec les équipes, auprès de qui nous allons mener une très grosse enquête de satisfaction à l’issue du Tour. Nous nous rendons compte que certains teams sont très fatigués et que d’autres pourraient encore tenir une semaine. Il faut parvenir à déterminer si c’est le rythme de la caravane qui pose problème, auquel cas il faudrait trouver les réponses à ce problème intrinsèque, ou si c’est une question de structuration des équipes. Certaines équipes amateurs, comme Dynamique Voile / HOMKIA, parviennent à embarquer dans l’aventure des copains qui participent au montage et démontage des bateaux, aux transferts, ce qui permet aux navigants de se reposer. On ajustera le curseur en fonction de la majorité, tout bêtement, parce qu’on construit ce Tour avec les équipages. Ils nous ont fait confiance pour cette bascule dans la révolution et on sait qu’ils sont de vrais partenaires. »

Il a pu se poser des questions sur les règles de jauge durant le Tour. Avez-vous prévu de travailler sur ce point ?

« Nous ne sommes pas à la manœuvre : il y a une classe, celle des Diam 24, et c’est à elle de travailler sur la jauge, si elle le juge nécessaire. »

Le format du stade nautique a apporté la voile au grand public, mais y-a-t-il des moyens, des formules sportives, qui permettraient à tous de comprendre instinctivement ce qu’il se passe sur l’eau ?

« Il y aurait une façon de rendre plus lisible ces stades nautiques. On ne ferait que des courses de qualification, on oublierait le système des finales Or et Argent avec les points qui se compilent au fil de la journée, et on garderait un très petit nombre de bateaux (5, 6 ou 7). Du 8e au 28e, les bateaux repartiraient au port avec les points attribués en fonction de leurs résultats cumulés du jour. Mais on remettrait à zéro le compteur des qualifiés qui régateraient pour les places de 1 à 7. Ainsi, la finale serait bien plus lisible : le premier de la finale remporterait la journée. Il y aurait de la dramaturgie. L’idée semble rassembler les skippers : s’il n’y a pas un trop grand nombre de bateaux finalistes, l’enjeu resterait limité à 5, 6 ou 7 points à perdre. A notre sens, ça rendrait lisible le stade nautique. On n’a pas franchi ce pas cette année, mais on a très envie de le faire dès l’an prochain. On va étudier ce point avec les équipages, en espérant pouvoir mettre ce format en place dès 2016. »

L’AVIS DES SKIPPERS :

Bernard Stamm (skipper de Cheminées Poujoulat) :

« Le Tour de France est un très bel évènement et sa formule spectaculaire a beaucoup plu aux quelque mille invités de Cheminées Poujoulat (salariés, clients, partenaires), d’autant qu’il les a mené dans les endroits où ils ont peu l’habitude d’aller tel que Gruissan, Marseille et Nice. »

Antoine Carpentier (skipper de Le Souffle du Nord) :

« C’est un gros changement par rapport au Tour de l’an dernier, mais je ne suis pas nostalgique. Nous ne pouvons pas naviguer de nuit avec nos Diam 24, mais nous avons préparé les raids côtiers comme d’antan. C’est un peu la même gymnastique d’esprit et ce format est agréable. »

Nicolas Bérenger (skipper de Beijaflore Sailing) :

« L’ancienne formule ne me manque pas : on a tous ses avantages sans ses inconvénients. On navigue toujours dans les cailloux, mais on ne se fait plus déchirer le ventre par le rappel pendant toute la nuit. Beaucoup de choses rendent ce Tour plus intéressant, à commencer par le bateau. Je crois que c’est beau depuis la terre mais, même à bord, on vit aussi ce côté spectaculaire. Le gros point positif de l’organisation, pour nous, c’est le service de restauration qui a été mis en place dans le paddock : il nous fait gagner énormément de temps alors qu’on est sur un timing très serré. Cela nous évite d’avoir à aller chercher à dîner, à faire des courses. Et, côté visibilité, le retour sur investissement est énorme. »

Gwen Gbick (skipper de Made in Midi) :

« Ce sont des bateaux qui glissent, qui volent, sur lesquels il faut être à l’affût quand rentre du vent un peu fort. Les stades nautiques offrent à voir des formats serrés qui envoient du spectacle et des croisements chauds ! »

Alain Daoulas (lieutenant de vaisseau, en charge de la voile sportive à l’Ecole navale) :

« Les champions sont désormais visibles, le stade nautique est devenu une arène de F1, il y a un retour sur investissement immédiat puisqu’on sait qui fréquente les plages et les médias… Certes, le Tour n’est plus fait de course au large au sens littéral, certes le format est adapté pour répondre à des heures de départ et d’arrivée certaines, mais c’est dans l’air du temps. Il faut en être. »

Xavier Revil (skipper de Spindrift) :

« Je veux aussi tirer un coup de chapeau à ASO, qui a superbement géré ce Tour alors que personne ne savait vraiment comment ça allait se passer avec les montages et démontages des bateaux. On était tous assez inquiets et ça s’est passé dans la bonne humeur, ça coulait, c’était un vrai plus. On était organisé en interne, mais ça a été plus facile, on ne s’est jamais senti fatigué par ça, parce que les parkings et toute l’organisation coulait facilement. C’était une belle et grosse caravane. »

LES CLASSEMENTS :

Classement général du Tour de France à la Voile 2015 :

  1. Spindrift : 747 pts
  2. Groupama : 747 pts
  3. CombiWest : 744 pts

Podium du classement amateur :

  1. Vannes Agglo – Golfe du Morbihan : 704 pts
  2. Normandy Elite Team : 544 pts
  3. Techneau : 503
  • Vainqueur du classement côtier : Spindrift
  • Vainqueur du classement technique : Groupama

Source

Agence Effets Mer

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