Diam in progress

© Jean-Marie Liot/ASO

Après 14 jours de navigation, de raids côtiers à frôler les cailloux ou chercher les bonnes veines de vent sur les longs bords, ou à jouer entre deux portes dans le stade nautique, les équipages du Tour de France à la Voile ont beaucoup progressé dans la maîtrise de leur trimaran. Alors que s’annonce le money time, avec les deux derniers Actes à Marseille puis Nice, tout ce savoir cumulé va lui aussi nourrir le suspense.

De l’eau a coulé sous les Diam, depuis le raid côtier de Dunkerque, le 3 juillet. Sept raids côtiers et autant de journées en stade nautique ont permis à la totalité de la flotte de progresser, sur tout ce qui fait le Tour de France à la Voile : performance, logistique, sens tactique. « C’est clair, s’enthousiaste Christophe Gaumont, le directeur de course : le niveau de maîtrise a monté depuis Dunkerque. On le voit au niveau des passages de marques, des départs, des enroulés de bouées. J’irais jusqu’à dire que la flotte navigue plus proprement, avec plus de fluidité. » Parfois, cela se voit dans les classements, comme pour lafrancedunordausud.fr, bien plus souvent dans les bons coups que précédemment. « Sur le raid côtier de Gruissan, c’était la première fois qu’on jouait avec le vent, et on n’a fait que gagner, au fil du raid, résume Aurélien Ducroz. On est enfin capable de faire jeu égal en vitesse avec les leaders. Je crois qu’on commence à comprendre la bête ».

Dimitri Deruelle a connu une bonne journée de stade nautique, à Gruissan. Même si son skipper, Jérémie Beyou, faisait la moue après une finale Or en retrait par rapport au reste de la journée, le tacticien de Maître-Coq apprécie la tendance à la hausse : « On a bien progressé depuis le début du Tour. Techniquement au portant, on marche bien. Au près, en revanche, on est encore un peu en retrait sur le potentiel vitesse du bateau. Il faut encore optimiser les réglages et la conduite. C’est plein de petits détails qui font que les autres sont encore un cran au-dessus de nous. »

Sur le même ponton, Bernard Stamm a l’œil bleu-noir et, comme toujours, le verbe franc. « Si on progresse ? Ah bah ce n’est pas le jour pour poser la question, on a tout fait à l’envers aujourd’hui ». Puis le skipper de Cheminées Poujoulat atténue son septicisme : « Tout le monde utilise mieux son bateau et progresse en même temps. Je trouve qu’il n’y a, globalement, pas trop de casse. Vu les engagements, ça pourrait être un paquet d’allumettes. Ça frotte sur la ligne dans le stade nautique mais, comme les bateaux sont arrêtés, ça ne fait que frotter. Ça reste chaud sur les enroulés de bouées, où tu retrouves des bateaux arrêtés et d’autres qui déboulent à Mach 2. »

Même lorsque cela ne se traduit pas dans les résultats, les progrès peuvent être très sensibles, comme à bord de Lorina. « On a énormément progressé techniquement, raconte Bruno Staub, le skipper. On est comme un pilote face à un virage. On a d’abord constaté qu’on pouvait le passer à 110 km/h et, maintenant qu’on passe à 130, on regarde s’il n’y a pas moyen de prendre le virage à 150. »

« On a tous progressé en même temps »

« Les progrès sont difficiles à évaluer, estime Vincent Riou, le skipper de PRB. On est dans le relatif : on progresse par rapport à certains bateaux, on stagne face à d’autres. Je pense qu’on manœuvre mieux et on va tous plus vite. » « La flotte reste plus ou moins dans le même ordre, puisque tout le monde utilise mieux son bateau », analyse aussi Bernard Stamm.

Est-ce que ces montées en puissance et en confiance amènent à prendre plus de risques ? « Ça ne frotte pas vraiment plus, car tout le monde a compris que ça ne sert à rien de frotter, en réalité, estime Vincent Riou. Ce qu’il faut, c’est naviguer propre, ne pas concéder de fautes. C’est peut-être le progrès collectif à noter : ça navigue plus propre. » Au regard des statistiques, c’est à la fois vrai et pas vrai. Sur l’eau, le nombre d’actions du jury a évolué en deux temps. Peu d’actions à Fécamp (3 décisions sur le raid, 12 en stade nautique), beaucoup aux Sables d’Olonne (9 sur le raid, 42 dans le stade nautique), et presque rien à Gruissan (2 le premier jour, 10 le lendemain).

« Plus le niveau monte, plus la confiance se renforce, plus on se croise de près, juge Gwen Gbick, le barreur de Made in Midi. On ne va pas tarder à se croiser en survolant la coque d’un adversaire. Mais, de temps en temps, il est bon de se rappeler qu’on doit rester maître de son engin. » Un clin d’œil sans doute au dessalage spectaculaire du bateau girafe à Roses… Chez Vannes Agglo – Golfe du Morbihan, l’équipage amateur vainqueur pour la première fois lundi à Gruissan et beau sixième du classement général, les plus gros progrès ne sont pas techniques. « Avec les Diam Series, on a eu le temps de se caler techniquement et on a appris à rester lucide, raconte Matthieu Salomon. Depuis le début du tour, l’évolution est dans la maîtrise de notre fougue : avant, quand nous étions sûrs de nous, nous foncions tête baissée, quitte à perdre des places. Le Tour nous a enseigné l’art de la régularité, ce qui nous manquait foncièrement jusqu’alors. »

A chacun sa marge

Tout n’est pas parfait, évidemment. Bruno Staub espère trouver, à Marseille comme à Nice, des traces manifestes de progrès « dans la cohésion de l’équipe et la conjugaison des compétences qu’on a à bord ». Même quête dans l’équipage de Techneau, résumée par Nicolas Bouveyron, à bord depuis deux Actes seulement : « Les rotations à bord sont problématiques, nous n’avons plus le même équipage depuis Roses : deux sont partis, deux sont arrivés. On a une grosse marge de progression sur les départs, qu’on prend volontairement en retrait depuis le début du Tour. Là, à Gruissan, on a fait un pas en arrivant lancés sur la ligne au bateau comité. On a constaté qu’on avait progressé tout au long de la journée, c’est encourageant. Il nous reste à mieux communiquer sur les bouées, pour éviter que le barreur et le tacticien ne soient pas dans le même timing… »

Et devant ?

« Groupama est arrivé avec un niveau de maîtrise du bateau absolument édifiant, admire Christophe Gaumont. Il faut les filmer et diffuser les images de leurs manœuvres dans les écoles de voile, tellement c’est propre. Mais il n’est pas interdit de penser que ceux qui ont un tout petit peu plus progressé sont les actuels leaders de la flotte…»

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Agence Effets Mer

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