Attendu demain, François Gabart prêt à se battre pour la victoire

Onboard the IMOCA Open 60 Macif crewed by Francois Gabart and Michel Desjoyeaux during a training session before the Transat Jacques Vabre in the English Channel from Plymouth to Port la Foret after she won on her class the Rolex Fastnet Race.

© Christophe Launay

Depuis le cap Fréhel, dimanche 2 novembre, François orchestre une partition parfaite en tête de la flotte IMOCA. Et le voilà à quelques encablures de son rêve d’enfant : gagner la Route du Rhum ! Depuis deux jours, le skipper du 60 pieds MACIF a allongé la foulée pour distancer son dernier adversaire, Jérémie Beyou, d’une centaine de milles. Cet écart sera-t-il suffisant pour l’emporter ? La légende de la Route du Rhum s’est parfois écrite dans l’enroulement de la Guadeloupe et les dévents de ses montagnes.

L’arrivée de François Gabart devrait se conjuguer avec un alizé d’est-nord-est instable, avant un tour de l’île Papillon sous des grains parfois orageux et des vents irréguliers. Concentration totale exigée pour ces ultimes moments de course où un retour de Jérémie est toujours possible ! « La victoire sera d’autant plus belle qu’elle reste incertaine jusqu’au bout », martèle François, prêt à se battre pour une éventuelle régate finale. L’histoire pourrait même s’accompagner d’un record de course en IMOCA ; le charentais est attendu vendredi vers 19h HF à Pointe à Pitre, soit quelques heures de mieux que les 12 jours et 11 heures réalisés par Roland Jourdain en 2006.

Dans quelles conditions navigues-tu ? Les grosses chaleurs sont-elles là ?

Nous naviguons au portant, avec des vents qui faiblissent et moins de grains violents comparé aux derniers jours ; mais je reste vigilant, ils peuvent revenir. Il fait chaud, très chaud. L’avantage des grains, c’est qu’ils rafraîchissaient l’atmosphère ! Par contre, le vent n’est pas comme annoncé par les prévisions, il est un peu à l’envers. Le principal est que ça glisse, que ça avance vers la Guadeloupe. Surtout, l’écart est maintenant conséquent avec Jérémie et il semblerait que nous ayons à peu près les mêmes conditions. C’est plutôt rassurant. Car 100 milles, c’est un écart qui peut fondre comme neige au soleil, surtout au soleil caribéen !

Depuis mardi et en l’espace d’une nuit, l’écart avec Jérémie s’est creusé e 40 à 100 milles. Comment l’expliques-tu ?

Les conditions étaient très compliquées. Nous avons eu beaucoup de grains violents, il a fallu se battre. Je n’ai rien lâché mais j’imagine que lui aussi. Ai-je eu un peu plus de réussite ? ou a-t-il eu un petit souci technique dont il n’aurait pas parlé ? Je n’en sais rien… Personnellement, j’étais en forme, j’ai beaucoup barré et je n’ai pas trop ménagé ma peine. Je suis bien content d’avoir ce pécule d’avance.

Comment appréhendes-tu le tour de la Guadeloupe? Que peux-tu craindre ?

Les fichiers météo, à 150 milles de la Guadeloupe, ne sont pas bons. Nous connaissons tous les règles générales ; sous la Guadeloupe, il n’y a pas de vent ! Il suffit d’avoir une molle complète durant cinq heures, que les adversaires derrière touchent des alizés de 15-20 nœuds, et les petits copains reviennent à toi… Ce qui est sûr, c’est que cela va être très dur. Dans ma tête, je suis prêt à ce que Jérémie revienne au contact. Si c’est le cas, ce sera une régate sous la Guadeloupe. Je ne vais pas dire que je le souhaite mais si cela arrive, je serai là ! Et prévenez-le : les derniers milles seront durs à prendre ! Je ne vais pas me laisser faire… La victoire sera d’autant plus belle !

Jusqu’à maintenant, ta partition sur ta première Route du Rhum, semble parfaite. Est-ce ton point de vue et quels ont été les moments clés de ta course ?

C’est un peu tôt pour tirer des bilans. Mais oui, jusque-là, l’histoire est belle et j’espère qu’elle le sera jusqu’au bout. Pour l’heure, je suis content de ce que j’ai fait. Je sentais bien le bateau. Dès la Manche, j’ai attaqué, j’ai été le premier à tirer sur la barre pour aller chercher le front. J’ai eu des problèmes techniques dans le golfe de Gascogne, des moments difficiles comme ceux-là où je n’ai pas lâché. Et jusqu’à maintenant, je n’ai pas trop mal géré les retours successifs de Jérémie. Plusieurs fois, j’étais en tête et je rentrais dans les zones de molle en premier, comme lors de la dorsale entre le Portugal et les Açores. Et ça revenait par derrière. Après les Açores, pour récupérer l’alizé, le front est arrivé par derrière et Jérémie réduisait l’écart. Mais j’ai toujours réussi à avoir un positionnement et un contrôle qui faisaient qu’il ne me passait pas. C’est exactement ce à quoi je vais m’atteler dans les prochaines 24 heures !

Ta condition physique a-t-elle joué une part importante dans ta capacité à conserver le leadership?

J’étais bien et je le suis toujours. Je m’impressionne moi-même dans ma capacité à récupérer vite, facilement, c’est top. Physiquement, j’ai toujours été dans le match. Et j’ai la chance de n’avoir jamais eu le mal de mer de ma vie. J’ai beaucoup barré ces derniers jours, et vraiment, physiquement, je suis aux taquets. Jérémie est un garçon préparé également.

Si proche de l’arrivée, sens-tu déjà les saveurs exotiques de la Guadeloupe ?

J’ai une salade ananas-papaye dans mon sac de nourriture aujourd’hui, ça commence à être un peu tropical ! Le tour de la Guadeloupe, s’il est très compliqué sportivement, offre une transition exceptionnelle : tu sors de dix jours de mer et tu te retrouves sous le vent d’une île équatoriale. Les vents qui descendent de la terre peuvent être gavés d’odeurs hallucinantes quand on quitte un monde minéral plutôt pauvre en odeurs. Cela fait un chouette sas entre l’océan Atlantique et l’arrivée ; ces quelques heures près de la côte où des bateaux viendront peut-être. Il faut aussi en profiter. Ce sera difficile car il y a la pression sportive que je m’impose. Mais humainement, c’est un moment sympa à vivre.

Classement de 16h

  1. MACIF / François Gabart à 204 milles de l’arrivée
  2. Maître Coq / Jérémie Beyou à 97,92 milles du leader
  3. Safran / Marc Guillemot à 233 milles du leader

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WindReport'

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Mis à l'eau le: 13 novembre 2014

Matossé sous: Course au Large, IMOCA, Route du Rhum

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