Une étape couperet !

  • © Alexis Courcoux
  • © Alexis Courcoux
  • © Alexis Courcoux
  • © Alexis Courcoux
  • © Alexis Courcoux
  • © Alexis Courcoux
  • © Alexis Courcoux
  • © Alexis Courcoux
  • © Alexis Courcoux

En remportant avec panache cette troisième étape de La Solitaire du Figaro-Eric Bompard cachemire, Gildas Mahé (Interface Concept) frappe un grand coup : non seulement il déborde celui qu’on croyait indétrônable en tête de flotte, Yann Eliès (Groupe Quéguiner-Leucémie Espoir qui finit deuxième à seulement 27 secondes !), mais surtout il se rapproche sensiblement de Jérémie Beyou (Maître Coq) qui termine troisième aux Sables d’Olonne ! D’ailleurs, le classement général cumulé a écrémé les prétendants à la victoire finale…

Cette 45ème édition de La Solitaire du Figaro-Eric Bompard cachemire restera dans les annales : d’abord parce que deux vainqueurs potentiels ont cassé un hauban et durent abandonner : Yann Eliès qui démâtait à Wolf Rock lors de la première étape et Fabien Delahaye (Skipper Macif 2012) alors leader au général, qui ne pouvait revenir sur la flotte avec deux heures de retard au départ de Roscoff et piquait directement sur Les Sables d’Olonne lors de la troisième étape. Une troisième manche redoutable puisque certains prétendants au podium ont été tellement relégués dans les tréfonds à l’arrivée qu’ils n’ont quasiment plus aucune chance d’inquiéter les quatre ténors qui se tiennent en moins d’une demie heure…

La constante de Jérémie

Si Yann Eliès doit désormais revoir son objectif d’être recordman des victoires d’étape en s’inclinant lors des derniers milles (alors qu’il avait mené le train encore une fois pendant plus des deux tiers du parcours de 505 milles), il a tout de même démontré une aisance sur l’eau impressionnante. Le passage d’un front orageux à la hauteur de l’île de Ré lui aura été fatal : Gildas Mahé a mieux anticipé la rotation du vent à l’Ouest avec son retour par le large et il franchissait la ligne d’arrivée ce jeudi à 9h07’46, 27 secondes seulement devant Yann Eliès !

Car c’est en effet par derrière qu’est venu le danger et Jérémie Beyou (Maître Coq) réussissait encore une fois à monter sur le podium des étapes de cette édition (3 fois 3ème !) : à seulement 7’27 du premier aux Sables d’Olonne, le double vainqueur de La Solitaire (2005 et 2011) prend ainsi la tête du classement cumulé sur trois manches. Mais il était accroché par les jeunes Corentin Horeau (Bretagne-Crédit Mutuel Performance) et Charlie Dalin (Normandy Elite Team) qui ne concédaient que quelques minutes à ce trio de tête.

Cette constance aux avant-postes permet à Jérémie Beyou de s’emparer du classement général, mais comme ses trois poursuivants ont aussi été bien placés sur ces trois premières étapes, c’est un quatuor qui se tient en moins de 25 minutes… Alors que les suivants sont relégués à plus ou moins une heure comme Alexis Loison (Groupe Fiva, 5ème à 51’30), Erwan Tabarly (Armor Lux-Comptoir de la Mer, 6ème à 1h10’52), Paul Meilhat (SMA, 7ème à 1h19’21) ou Adrien Hardy (Agir Recouvrement, 8ème à 1h35’29). Ensuite c’est plus de deux heures d’écart ! Un abysse à l’échelle d’une Solitaire du Figaro-Eric Bompard cachemire…

L’étape râteau

Cette troisième étape de 505 milles au départ de Roscoff a été particulièrement exigeante puisque le tour de la pointe bretonne s’est effectué sous spi dans une belle brise, puis sous génois à partir de Penmarc’h, pour s’arrêter net à la pointe de Belle-Île. Un premier calme qui a regroupé tout le monde et qui a perduré : certains ont cherché à se démarquer, qui dans l’Est, qui dans l’Ouest mais au final, il fallait rester devant quasiment sur la route directe. Car une risée salvatrice provoquait une échappée de quinze solitaires, dont trois légèrement décrochés dans l’Est (Morvan-Rivet-Loison).

Au fil des heures, les écarts se creusaient fortement et au passage de la bouée ODAS mouillée au milieu du golfe de Gascogne, ils n’étaient plus que douze en moins de dix milles alors que le vent de Nord-Ouest avait accéléré le rythme. Le long bord sous spi serré vers la bouée BXA au large de l’estuaire de la Gironde ne changeait pas grand-chose à la hiérarchie, mais lors de la remontée vers Les Sables d’Olonne, le groupe de tête était déjà plus compact. La quatrième nuit était donc primordiale pour départager ces leaders, toujours emmenés par Yann Eliès mais talonné de près par Gildas Mahé.

L’arrivée d’un front orageux vers 2h00 au large de l’île de Ré redistribuait franchement les cartes puisque ceux qui avaient choisi d’aller à terre, perdirent énormément de terrain au point de se faire déborder par le deuxième peloton sur les derniers milles ! Et en tête, Gildas Mahé anticipait mieux le retour d’une brise d’Ouest pour coiffer sur le poteau (27 secondes) Yann Eliès. C’est donc avec une heure de retard ou plus, que certains prétendants au podium final arrivèrent aux Sables d’Olonne, perdant de grandes chances de revenir lors de l’ultime manche vers Cherbourg : Alexis Loison, Adrien Hardy, Thierry Chabagny, Gildas Morvan…

L’ultime Manche

Or c’est dans un régime perturbé voire orageux que le départ de la quatrième manche sera donné dimanche à 17h00 : le vent de secteur Ouest puis Nord-Ouest d’une douzaine de nœuds va obliger les solitaires à tirer des bords jusqu’à la pointe de la Bretagne où le vent va s’écrouler dans la nuit… Et ce petit temps devrait perdurer jusqu’à mardi matin ! Avant l’arrivée d’une dépression générant des vent d’Est (donc contraires) en Manche : encore une fois, les écarts peuvent être importants quand on sait que les coefficients de marée friseront les 80 dimanche, avec deux traversées de la Manche au programme…

Ordre d’arrivées aux Sables d’Olonne

  1. Gildas Mahé (Interface Concept) à 9h07’46
  2. Yann Eliès (Groupe Quéguiner-Leucémie Espoir) à 9h08’13
  3. Jérémie Beyou (Maître Coq) à 9h15’13
  4. Corentin Horeau (Bretagne-Crédit Mutuel Performance) à 9h16’56
  5. Charlie Dalin (Normandy Elite Team) à 9h19’38
  6. Erwan Tabarly (Armor Lux-Comptoir de la Mer) à 9h28’30
  7. Corentin Douguet (Un Maillot pour la Vie) à 9h40’11
  8. Isabelle Joschke (Generali Horizon Mixité) à 9h 41’ 02
  9. Paul Meilhat (SMA) à 9h43’03
  10. Vincent Biarnes (Guyot Environnement) à 9h50’39

Classement général provisoire après trois manches

1-Jérémie Beyou en 10j 01h 18’32
2-Corentin Horeau à 15’13 du premier
3-Charlie Dalin à 18’57 du premier
4-Gildas Mahé à 24’02 du premier
5-Alexis Loison à 51’30 du premier
6-Erwan Tabarly à 1h10’52 du premier
7-Paul Meilhat à 1h19’21 du premier
8-Adrien Hardy à 1h35’29 du premier
9-Corentin Douguet à 2h02’08 du premier
10-Thierry Chabagny à 2h11’16 du premier

Ils ont dit…

Gildas Mahé (Interface Concept) : 1er aux Sables d’Olonne

Les quatre nuits de mer ont été éreintantes : ça ne paraît pas mais je ne suis pas vraiment en forme ! Ce matin, je dormais à la barre… Je me rendais compte que j’étais en train de tomber : je me mettais une grande claque et je repartais ! Il n’y avait pas de vent ou trop instable : il fallait absolument resté lucide et réactif. Se mettre la tête dans l’eau, boire du café : tout pour rester en veille. Cela m’a permis de passer Yann (Eliès). J’étais pas mal revenu depuis hier avant BXA mais je suis tombé dans une molle : Yann est un peu parti mais j’ai vu du vent au large. J’ai affalé mon spinnaker en premier pour aller chercher cette risée. Il était à vingt mètres sous mon vent, mais j’ai pu me glisser devant lui. Je n’avais jamais fait un final comme ça !

Yann Eliès (Groupe Quéguiner-Leucémie Espoir) : 2ème aux Sables d’Olonne

Cela ne se joue à pas grand chose, mais suffisamment pour je ne sois pas devant. J’ai peut-être un tout petit peu moins protégé l’Ouest que lui. Gildas (Mahé) a bien navigué, il était toujours un peu derrière moi. Malheureusement, il n’y a qu’une place de premier. Il y en a derrière qui vont être plus déçus que moi. Malheureusement, je ne joue pas le général, il n’y avait que les victoires d’étape qui me plaisait, celle-là est ratée…

Jérémie Beyou (Maître Coq) : 3ème aux Sables d’Olonne

Je suis content d’être sur le podium de cette étape et surtout content de prendre la tête au général. C’était ça que j’avais en tête pendant toute la course, jusqu’au dernier mètre. Je n’ai pas contrôlé Corentin (Horeau), l’idée c’était d’arriver le plus vite possible. J’ai essayé de gagner mètre par mètre, place par place, je fais mon trou au classement, c’est mon objectif ! Ce n’est pas si facile que ça… Le plan ne se déroule jamais comme prévu.

Corentin Horeau (Bretagne-Crédit Mutuel Performance) 4ème aux Sables d’Olonne

Je suis très fatigué ! C’est l’étape la plus éprouvante que j’ai jamais faite… Quatre jours et quatre nuits de mer et ce matin, une molle ! Le vent faisait n’importe quoi, au près, sous spi : il fallait manœuvrer tout le temps. Mais je suis content parce qu’il y a des écarts importants avec le peloton : ça écrème au classement général. Il y a trois semaines à Deauville, je ne pensais pas en être là. Ce n’est que du plaisir et j’engrange.

Charlie Dalin (Normandy Elite Team) 5ème aux Sables d’Olonne

Je vais m’en rappeler longtemps : elle était dure cette étape ! Jusqu’au bout difficile quand l’espèce de front orageux est arrivé sur nous au large de l’île de Ré. Je n’ai pas très bien géré les premiers calmes de Belle-Île : je ne trouvait pas les réglages dans zéro nœud… Je voulais d’abord sur cette étape, bien partir, ne pas me taper un rappel individuel ! C’était important pour moi d’être dans le pack de tête dès la bouée de dégagement. Tous mes objectifs sont remplis.

Isabelle Joschke (Generali-Horizon Mixité), 8ème aux Sables d’Olonne

Pour moi, c’est une super manche, je suis très contente. J’ai réussi à me tirer du lot dans cette deuxième nuit qui était vraiment difficile. Après, je me suis retrouvée dans le bon wagon et je me suis accrochée autant que possible. En fait, il y avait quelque chose à jouer toutes les nuits, il fallait être en pleine forme pour attaquer. C’est une bonne progression pour moi d’avoir su identifier ces moments.

Gwénolé Gahinet (Safran-Guy Cotten) 12ème aux Sables d’Olonne

J’ai l’impression de faire les choses bien, à part le coup dans le Four où je suis passé à l’Ouest de Béniguet : ce n’était pas une bonne idée, mais je m’en sors bien quand même ! Comme quoi, le travail ça paye, à force de rabâcher, ça commence à rentrer. Je commence à bien me sentir à l’aise. Je tire comme enseignement qu’il ne faut jamais penser que c’est fini. C’est vraiment impressionnant d’ailleurs de voir comment certains peuvent revenir au dernier moment.

Adrien Hardy (Agir Recouvrement) 13ème aux Sables d’Olonne

Ce fut une belle étape dans l’ensemble, toujours aux avant-postes, dans le bon paquet. Malgré les zones de calmes, j’ai toujours réussi à m’en sortir. Sauf ce matin, à 15 milles de l’arrivée, nouvelle pétole qui n’était pas prévue. Je me suis retrouvé à hésiter, à naviguer en fonction des autres, tantôt au large, tantôt à l’Est, et puis j’ai perdu beaucoup. Au général, ça devient du coup très compliqué, je suis déçu.

Source

RivaCom

Liens

Informations diverses

Sous le vent

Les vidéos associées : La Solitaire du Figaro