70 milles de discorde

  • © Alexis Courcoux
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A équidistance des Açores et du cap Saint-Vincent (Portugal), les 14 Figaro Bénéteau glissent toujours sous spi, à 9/10 nœuds de moyenne, dans un vent de nord mollissant et s’apprêtent à empanner pour faire cap au Sud. L’étalement latéral (70 milles), commence à être important. Aussi important que les divergences de points de vue pour aborder une situation météo complexe entre Madère et des Canaries.

Dette de sommeil

Ils sont encore un peu sonnés, groggys par ces quatre premiers jours de mer. 96 heures pendant lesquelles les marins ont traversé un front puis déboulé sous spi dans 30/40 nœuds de vent, sans jamais s’autoriser le moindre relâchement, au risque de casser le bateau ou de perdre le fil de la régate. Aujourd’hui, même s’il fait gris et un peu frisquet, les conditions sont devenues plus maniables. Et en même temps que la mer s’aplatie, les langues se délient. Plusieurs navigateurs sont revenus sur leur navigation dantesque au large du cap Finisterre (les images tournées à bord de 30 Corsaires, visibles ce soir sur le site internet de la course, en donnent un bref aperçu) et sur la fatigue accumulée depuis le départ de Concarneau. « On manque de sommeil » avoue Kito.
Côté matériel, tout le monde n’est pas ressorti indemne de ces 850 premiers milles de course : à bord de La Cornouaille, Martin Le Pape déclarait un spi lourd déchiré, en plus du solent déralingué lors du passage du front. Sur Guadeloupe 2, il a fallu monter au mât pour fixer l’antenne VHF, puis, c’est le petit spi qui a explosé. Nicolas Thomas et François Guibourdin font actuellement route sous génois, le temps de reprendre des forces. Pour tous, l’essentiel, désormais, est de combler la dette de sommeil et de recharger les accus.

Stratégies discordantes

La flotte évolue à équidistance des Açores et du cap Saint-Vincent (Portugal), sur la bordure ouest d’une dépression. Au programme de la journée : un long bord de spi tribord amure dans un vent de nord (20/25 nœuds) mollissant, puis, un empannage à caler en début de soirée pour faire (enfin) route vers Les Canaries. Depuis deux jours, les 14 équipages se sont placés pour aborder cette marque de parcours. Et chacun croise les doigts pour que son option soit la bonne. Avec 70 milles de décalage ouest-est, les stratégies commencent à être très marquées. Et leurs conséquences seront sans doute importantes d’ici 48 heures, quand les duos navigueront entre les archipels de Madère et ceux des Canaries, où la situation météo est très confuse.
Les hommes les plus à l’Ouest, Bretagne-Crédit Mutuel Performance, Scutum et Entreprendre en Cornouaille, se sont passablement rallongé la route. Ils tablent sur un vent plus soutenu et un meilleur angle d’attaque après avoir empanné. Les bateaux les plus à l’Est, Made in Midi, 30 Corsaires et Skipper Macif, misent sur le bord rapprochant, au risque de trouver des vents plus faibles, près du cœur de la dépression. La vérité se situera peut-être au centre, où Safran-Guy Cotten, Interface Concept et Generali ont décidé de jouer le compromis. Pour l’instant, les classements favorisent forcément les concurrents situés plus près de la route directe, avec en tête de liste, Skipper Macif.
Toutefois, la véritable hiérarchie ne devrait apparaître qu’au passage de La Palma (Canaries), dimanche prochain. En approche, la navigation sera perturbée par l’arrivée d’une autre dépression dont le centre génèrera des vents erratiques et de secteur indéterminé…

LES MOTS DES MARINS

Yoann Richomme, Skipper Macif, joint à la vacation de ce midi :

On a bien cravaché ces deux derniers jours. Je ne savais pas pour le Trophée de la Performance, c’est super. En ce moment, c’est très nuageux, on a du mal à se réchauffer car il fait encore frais. Il y a 20 nœuds de vent assez irrégulier. On va chercher un point d’empannage qui aura lieu la nuit prochaine. C’est difficile de se faire une idée du classement réel tant que tout le monde n’a pas recroisé. Ce qui est sûr, c’est que rien n’est joué, loin de là. Il y a deux jours, on avait 15 milles de retard, là on réintègre le paquet de tête. Ca va, ça vient, il y aura d’autres nouveaux départs. A bord, on se règle en fonction de nos sensations. Celui qui est de quart réveille l’autre quand il en a marre d’être sur le pont. En gros, les quarts se font entre 1 h et 3 heures. On essaye de donner à l’autre du temps pour se reposer. L’énergie du bord, c’est le moteur qui la donne. C’est le seul moyen de charge. L’hélice est plombée, mais on peut faire tourner l’alternateur, ça produit de l’électricité. On le fait tourner 30 à 45 minutes deux fois par jour. On embarque tous 60 litres de gasoil. Le pilote automatique ne consomme pas beaucoup parce que nous l’utilisons très peu, nous passons beaucoup de temps à la barre.

Laurent Pellecuer, 30 Corsaires, joint ce midi à la vacation :

Les conditions étaient terribles il y a deux jours. C’était très dur. Là, c’est paisible, la mer est peu agitée. 18 nœuds. Tranquille. On peut prendre un rythme plus sympathique. On s’est pris un coup de pied aux fesses au cap Finisterre. C’était phénoménal, des surfs à n’en plus finir. Le matériel qui souffre et le rythme qu’il faut tenir, sinon, on n’est plus dans la régate. La mer est toujours la même, elle nous en fait souvent baver, mais elle nous donne aussi du plaisir quand elle est conciliante Je me surprends toujours à résister, même quand c’est dur. Sur cette course, j’apprends de mon co-skipper. Elle emmène quelque chose, quelque chose que je ne connaissais pas.

LE CHIFFRE DU JOUR

  • 4000 : c’est le nombre de participants actifs qui disputent devant leurs écrans une Transat virtuelle grâce au jeu Live Skipper, partenaire de la course.

LE TROPHEE DE LA PERFORMANCE

  • Remporté par Skipper Macif avec 236,7 milles parcourus entre le 9 avril 12h et le 10 avril 12h.

Source

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