Hier jeudi, le maxi-Trimaran Sodebo est arrivé à Brest. Amarré dans la marina du Château, le géant de 105 pieds y restera dans l’attente de la fenêtre météo que choisira le skipper de Sodebo pour partir et tenter de battre le record du tour du monde à la voile en solitaire. Une quatrième tentative pour Thomas Coville et un seul objectif : battre le temps de référence de 57 jours 13 heures et 34 minutes, détenu depuis 2008 par Francis Joyon sur Idec.
« Tout part de là… » lance Thomas Coville hier à son arrivée à Brest. Après plusieurs mois de préparation, le maxi-trimaran et son skipper sont désormais prêts à s’élancer à tout moment autour du monde, à la poursuite du temps. « Le maxi-trimaran Sodebo n’a jamais été aussi abouti, et je ne me suis jamais impliqué de la sorte sur un tour du monde. C’est une satisfaction pour moi et pour toute l’équipe d’être à Brest en temps et en heure pour lancer officiellement ce stand-by. » Accueilli comme toujours chaleureusement par les Brestois dans le port des « grands records », le navigateur de 45 ans le clame haut et fort, il n’attend qu’une seule chose, partir…
« La liberté d’y aller… »
Après neuf tours du monde, le marin a l’envie profonde d’y retourner, comme au premier jour… « Un hiver sans aller de l’autre côté de la planète, c’est un peu un hiver perdu pour moi, l’année dernière, ça m’a manqué d’autant que les coureurs du Vendée Globe ont eu de belles conditions. Sur 55 jours de course, il peut tout arriver ! C’est magique et en cela, c’est une vraie aventure même si mon job aujourd’hui est de tenter de réduire un maximum l’aventure. La difficulté est plus liée aux personnes que nous laissons derrière nous. Moi, j’ai l’ultime privilège de choisir et d’avoir la liberté d’y aller… » sourit Thomas qui avoue être d’autant plus enthousiaste qu’un autre joli projet l’attend à son retour. « Le fait d’avoir l’ex Geronimo et futur Sodebo Ultime en chantier à Vannes chez Multiplast, me permet de me projeter sur la suite. Dans un an, nous serons sur la Route du Rhum ! J’ai décidément beaucoup de chance. »
Le stand-by, une période délicate.
Dès aujourd’hui, le maxi-trimaran Sodebo est en configuration course, prêt à partir dès qu’une fenêtre météo favorable se présentera. Equipement, nourriture, tout est à bord, il ne manque plus que le frais – fromages, charcuteries et quelques fruits – qui seront embarqués le jour J. « La période d’attente n’est pas simple à gérer car il faut s’économiser tout en gardant de l’énergie et de la motivation. Il faut essayer de ne pas trop cogiter. Mes routeurs analysent les fichiers météo et m’alerteront dès qu’une fenêtre se dessine. Finalement, la liberté peut être contraignante, on a beau savoir que la fenêtre parfaite n’existe pas, on y croit ! Nous ajusterons nos exigences au fur et à mesure que le temps passe sachant que la fenêtre idéale se situe entre le 1er novembre et le 15 décembre.» Thomas et son équipe se sont fixés la date limite du 15 janvier 2014 pour s’élancer sur ce nouveau tour du monde en solitaire, le 4ème* pour le skipper de Sodebo.
Performeurs, alliés, confidents !
Dans sa quête de performance, le skipper du maxi-trimaran Sodebo s’est entouré de trois hommes de confiance : Jean-Luc Nélias, Thierry Douillard et Thierry Briend. Ils forment à eux trois la cellule de routage et guideront Thomas tout au long de son tour du monde. Les trois hommes se connaissent bien puisqu’ils ont participé cet été au Tour de France à la Voile sur Sodebo M34. Thomas a également partagé l’aventure de la Volvo Ocean Race sur Groupama avec Jean-Luc Nélias et Thierry Briend connaît le bateau sur le bout des doigts après plusieurs années à la tête du Team Sodebo.
Un trio à terre qui travaille en étroite collaboration avec Météo France et CLS**, partenaires du team Sodebo. Angle et force du vent, courant, état de la mer, état du marin, leur rôle sera de définir en fonction de ces données, la route la plus rapide autour du globe pour franchir la ligne d’arrivée à Brest en moins de 57 jours ! En attendant, Jean-Luc Nélias est concentré sur le départ : « Sur cette phase de stand-by, nous travaillons également avec Great Circle, une société belge qui robotise des données pour sortir les statistiques du « Best Start ». Notre exigence du moment est d’être à l’Equateur en moins de 7 jours, leur mission est de faire tourner des statistiques qui balayent un départ toutes les 3 heures sur 16 jours. Sur les 16 jours, nous avons 70 hypothèses d’évolution de la météo et nous regardons quel pourcentage nous permet d’être à l’Equateur le plus rapidement. »
Pas de départ immédiat
En veille depuis une semaine, la cellule de routage n’envisage pas à date un départ la semaine prochaine. Le Team Sodebo est confronté au même problème que les concurrents de la Mini Transat, coincés à Douarnenez. « La dépression qui génèrent des vents de Sud-Ouest, les empêchent de traverser et nous d’aller vite ! L’idéal est d’être au portant au départ de Brest et de rencontrer ensuite un alizé puissant. Cela signifie qu’il faut avoir un gros anticyclone des Açores qui à l’heure actuelle est quasiment inexistant, » conclut Jean-Luc Nélias.
Amarré dans la marina du Château, le maxi-trimaran Sodebo va donc devoir patienter un peu avant d’entamer cette course unique contre le temps… 57 jours 13 heures et 34 minutes pour faire le tour du monde en solitaire via trois caps, trois océans et un peu plus de 44 000 km théoriques.
*Thomas Coville a bouclé 3 tours du monde en solitaire : un en monocoque sur le Vendée Globe et deux en record sur le maxi-trimaran Sodebo.
*La société CLS est le leader mondial de la collecte de données environnementales, de la localisation et de l’observation des océans par satellites. Sur ce tour du monde, leur rôle est de fournir des informations sur le déplacement des glaces (icebergs, etc..)
