Le fond de l’air effraye !

© Antoine Beysens / www.antoinebeysens.com

La Course – Journée d’attente finalement vaine, hier dimanche, puisqu’aucun départ n’a pu être lancé. Pas même celui de la course de nuit tant attendue par les plus costauds. La faute à trop d’air, de ce Mistral qui décorne les bœufs et qui en, l’absence de bovidés, s’est contenté hier de priver les régatiers de la SNIM d’accéder à leur terrain de jeu. En toute frustration, évidemment, mais avec ce soupçon de soulagement qui permet à la fois de sauver le matériel et les apparences.

Le briefing du matin, pourtant, laissait entrevoir une issue favorable à ce qui allait être l’attente d’une journée. On apprenait que, sous l’influence d’une dépression au dessus de l’Italie se dirigeant vers le sud de la botte transalpine, étaient prévues des conditions d’air mollissantes. Mais le coup de mou s’est fait attendre et le 20 nœuds s’est transformés en 35 nœuds, avant de s’installer entre Pointe Rouge et Côte Bleue.
« Celui qui rêve se mélange à l’air », écrivait le poète libanais Georges Shehadé. Il ne parlait sûrement pas de voile mais ses quelques mots résument à merveille l’ambiance des pontons ce dimanche de Pâques. Après un premier report annoncé à 13 heures, puis un second à 15 heures, la sentence est tombé à l’heure du goûter. Et le décalage d’une heure, vécu dans la nuit de samedi à dimanche, est devenu celui d’une journée entière à cause de ce diable d’Eole, décidément drôlement en pétard.
Sur les pontons, l’amertume de l’annulation rejoignait celle de la bière. « Des regrets, c’est sûr, soupirait Mikaël Mergui (skipper de « Team Vision Future », GP 42, IRC-1). Il y avait potentiellement beaucoup de vent au portant (par rapport à la prévision d’un parcours côtier) et ces conditions nous étaient plus favorables qu’à notre principal adversaire « Speedy ». Après, c’est une chose de critiquer la décision du comité de course et une autre de l’assumer. On va noyer notre chagrin dans la bière tout en préparant celle de demain. »
Pour le dernier jour, donc, un départ plus tôt est prévu avec une mise à disposition sur l’eau à 10 heures. Objectif : enchaîner le plus de parcours possible jusqu’à plus soif.La phrase du jour – Bernard Amiel Président de la Société Nautique de Marseille : « Il faut respecter la décision du comité de course… » Rien à dire de plus sur une décision sage, prise dans l’intérêt des coureurs et des bateaux.

Sur les pontons – Jean Sans et le secret de la jauge IRC

Ce n’est pas la première fois qu’il vient à la SNIM. Il y a déjà participé sur Melges (huit fois), mais il ne cache pas ses plaisirs. Celui de naviguer, tout simplement, mais aussi d’être là, à Marseille. Le cadre, la convivialité, l’intimité. Pour un Lorientais, l’aveu prend une saveur toute particulière. Mais Jean Sans, aussi amoureux de la voile qu’il est, est aussi un inventeur : celui de la jauge IRC (International Rule Club). Rien que ça. L’occasion évidente de tenter de percer le secret. Autant vous le dire tout de suite, on n’en saura pas plus mais on apprendra pourquoi.
« L’UNCL et le RORC m’avaient demandé en 1983 d’inventer une nouvelle jauge pour les Cruiser Racer. La jauge IOR était phagocytée par les prototypes. Avec un collègue britannique, on a donc défini une nouvelle règle, le CHS (Channel Handicap System) qui, après avoir voyagé autour du monde, est devenue l’IRC. » Voilà pour la petite histoire.
Aujourd’hui, le secret de la jauge demeure. Ce n’est pas une légende. Un mystère entretenu qui a une raison simple : « afin que les architectes navals ne la tuent pas. Mais bien sûr, rajoute Jean Sans, la règle s’appuie sur des paramètres d’architecture navale que tout le monde connaît. Seule l’équation mathématique doit rester secrète afin d’assurer la pérennité des quelques 8000 bateaux qui, dans le monde, y sont rattachés. » Un exemple : l’autorisation des spis asymétriques, de plus en plus répandus.. « En fait, le secret de cette jauge est qu’il n’y a pas d’interdiction. Il y a juste un prix à payer qu’on estime juste pour tout gain de vitesse. »
Sur « Eleuthera », le Grand Soleil 44, Jean Sans navigue sans arrière pensée. Les formules mathématiques n’ont rien à faire sur l’eau…

Sur les pontons – Alain Fédensieu et le surf du Soto 40

Il connaissait déjà le talentueux bébé pour avoir participé à l’Audi Med Cup en 2011. Pas une découverte, donc, et lorsque Dominique Tian lui a demandé de skipper le Soto 40, nouveau Glen Ellen, Alain Fédensieu était déjà séduit. La monotypie, garante de l’égalité des armes, a eu le bon goût de coller aux exigences de la nouvelle génération, plus axée sur la glisse et le « fun ». « C’est un bateau simple et très actuel », juge le marin marseillais. « Mais c’est surtout un bateau très agréable qui ne demande qu’à surfer. Samedi, à 19 nœuds au portant, les sensations étaient fortes… » Petit bateau parmi les gros (IRC-1), le «Glen Ellen XXII» n’en est qu’au début de sa phase d’optimisation. « On doit être à 60 ou 70% des capacités du bateau », estime Alain Fédensieu. « Notre programme de préparation nous permettra de monter en puissance, en monotypie lors de la Copa del Rey à Las Palmas ou les Championnats d’Europe à Porto Cervo ou en IRC à la Giraglia, aux Voiles de Saint-Tropez ou au Tour de Corse. C’est toujours intéressant de s’amuser avec les GP42. »
Pour l’heure, l’équipage, mélange d’anciens et de jeunes, de marins expérimentés et d’autres qui ne demandent qu’à le devenir, se prépare à la course de nuit. Ils ne le savent pas encore mais ce sera pour rien. Semi-nocturne au mieux car le Mistral forcissant en cours de journée a longtemps laissé en suspens le départ du parcours côtier. « Sur ce fabuleux terrain de jeu, reconnu de tous, on est beaucoup à attendre la course de nuit. L’équation est parfaite avec des conditions musclées. On attend de belles glissades sous spi. »
Imaginer le rêve, c’est déjà rêver…

Les classements généraux après trois journées :

IRC 1 (quatre courses, trois retenues)
1/ Speedy (Marten 49, Hans Riegel, Bernard Xiberras, Fra)
2/ Team Vision Future (GP42, Jean-Jacques Chaubard, Sui)
3/ Tac Tic (First 47.7, Stephane Vesseau, Fra)

IRC 2 (quatre courses, trois retenues)
1/ Glen Ellen V (A40 RC, Dominique Tian, Fra)
2/ Jacanda (IMX40, Christian Dupont, Fra)
3/ Espritsud.net (J111, Thierry Bouchard, Fra)

IRC 3 (quatre courses, trois retenues)
1/ Prime Time (A35, Marc Alperovitch, Fra)
2/ Tchin Tchin (A35, Jean-Claude Bertrand, Fra)
3/ Jin Tonic Sequel (A35, Bernard Daurelle, Fra)

IRC 4 (cinq courses, quatre retenues) :
1/ Zulu (JPK1010, François Alicot, Fra)
2/ Fioupelan Faculté des Sciences (Elan 333 GTE, Frédéric Forestier, Fra)
3/ Solenn (A31, Ludovic Gérard, Fra)

Grand Surprise (quatre courses, trois retenues) :
1/ lesfousduvolant.com (Pascal Fravalo, Fra)
2/ Tigresse (Loïc Fournier-Foch, Fra)
3/ ASBPCE (Lionel Agard, Fra)

J80 (quatre courses, trois retenues) :
1/ Atria (Christophe Lenoir, Fra)
2/ La Nautique (Stéphane Sollari, Fra)
3/ Antarès (Eric Bussy, Fra)

SB20 (quatre courses, trois retenues) :
1/ Xcellent (John Pollard, GBR)
2/ Euro Voiles (Denis Infante, Fra)
3/ Cap 3 (Laurent Bernaz, Fra)

Day Boat (trois courses, trois retenues)
1/ Carbonara (Lionel Mallet, Fra)
2/ Bliss (Rémi Colace, Fra)
3/ Virago (Stéphane Couderc, Fra)

Source

Raphaël Mira

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